Communiqué d’Esther Flerch-Lügmann :

Cher(e)s ami(e)s,

La classe politique a montré l’écart entre la population et le circuit fermé des prises de décisions dites démocratiques qui relie les pouvoirs de la finance, les instances étatiques, et les relais médiacratiques. La propagande tyrannique qui a fait office de campagne en faveur du oui à une constitution anti-démocratique, n’a pas empêché les débats protestataires de se faire entendre des classes sacrifiées par la logique libérale et socio-libérale. La question des principes constitutionnels pour une Europe des peuples et non des groupes financiers, a ainsi été posée malgré les tentatives de diversion et toute la dénégation des « décideurs », devant le désastre social et humain causé par le libéralisme dans tous les pays d’Europe, où règne sans partage l’économie de marchés.
Parmi les expressions du mépris affiché par les élites officielles et les tenants du pouvoir établi au sens large, il y a le rejet des volontés progressistes, sur le motif de l’absence d’alternative crédible à la constitution qu’on a tenté de vous imposer. Entendre : une alternative cependant conforme aux dogmes de l’économie de profit. Comme s’il avait fallu détenir un projet clef en mains, prêt à penser et à imposer aux populations, dans la tradition de ceux qui s’approprient les instances démocratiques et les projets sociaux pour les tourner au service d’intérêts économiques particuliers ou de groupes, depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale.

Au contraire des méthodes du capitalisme qui joue continuellement sur les consensus les plus captieux, il nous appartient d’élaborer un projet nouveau, qui restaure l’économie satisfaisant les besoins en limitant sévèrement la trop libre finance, et en remettant à plat les valeurs sans lesquelles le contrat social cache la guerre insidieuse de chacun contre chacun. Cela signifie sans aucun doute qu’il faudra ne plus compter ni sur les médias pour relayer les initiatives démocratiques, ni sur les politiciens pour les porter. Les compromis qui autrefois permettaient l’aménagement d’espaces de vie au sein de l’hégémonie des partis politiques associés aux puissances de l’argent, révèlent rétrospectivement aux yeux du monde leur caractère illusoire et captieux. Soyez conséquent en rompant, par principe, avec toute institution ou projet qui prévoit de pouvoir récupérer les mécontentements que le système produit. C’est cette cybernétique de l’exploitation qui réactive constamment la spirale de la misère en recréant un pouvoir séparé qui agit pour son propre compte.
L’attitude dénégatrice du Pouvoir face aux réalités qu’il a amplifiées et aggravées ces dernières décennies dans l’hexagone et dans le monde, le montre désormais avec assez d’évidence.

Citoyens de France, mais aussi d’Europe, n’écoutez plus ceux qui vous intoxiquent pour vous faire accréditer les leurres du capitalisme, aussi bien libéral que d’Etat, et vous faire consentir aux asservissements que cela implique. Unissez-vous, au quotidien, et hors des partis, hors de tout groupe d’intérêts, de manière imprévisible et officieuse, avant tout sur les modes de l’amitié, donc de l’entraide. Ne comptez sur aucune institution pour faire la démarche à votre place, elle ne ferait que se servir de vous une fois de plus encore. Fédérez-vous cependant, et déterminez des objectifs de luttes communs et non exclusifs, comme cela a été le cas et le sera encore contre la fausse constitution des libéraux. Soyez le plus imprévisibles possibles, en vous dérobant à la logique de la domination dans son ensemble. Luttez contre les puissances, sans jamais tomber vous-mêmes dans la quête de puissance. Soyez confiants et déterminés. Et souvenez-vous – car ce n’est pas une raffarinade – que la liberté et la justice ne sont que des mots résonnant dans l’air, et des formes vides propices aux nouvelles tyrannies, si elles ne sont animées par l’élan de la fraternité.

Le 02 Juin 2005, Esther Flerch-Lügmann, (FTP XXI ).