Déclaration du Collectif national des 200 (réunion du 1er juin)

Le Non est le choix de la France,il faut respecter le vote des citoyens !

Le rejet par les citoyens français du projet de traité constitutionnel est une
bonne nouvelle pour l’Europe. C’est un vote populaire antilibéral et européen qui
a mobilisé l’essentiel des forces vives du pays. C’est un vote de solidarité avec les
peuples européens. Nous rejetons avec indignation les accusations de
xénophobie et de replis sur soi qui sont une insulte au suffrage universel. C’est
un vote de gauche, d’exigence sociale, démocratique, environnementale, de paix,
de rejet des politiques libérales en France et en Europe. Le Non de gauche est
majoritaire dans le Non. Le Non est majoritaire à gauche. Le Non de gauche, pro-
européen, fait reculer la droite extrême. C’est un vote porteur d’espoir pour une
Europe solidaire.

Le Non de gauche a imposé un débat imprévu et organisé l’intervention populaire
sur la question de l’Europe. C’est un formidable acte de citoyenneté républicaine ;
il s’agit maintenant de donner du sens à la citoyenneté européenne.

La victoire du Non de gauche est à mettre à l’actif de toutes les forces qui y ont
contribué ; elle est le fruit de la dynamique unitaire qui s’est amplifiée tout au
long de la campagne et d’une formidable mobilisation de terrain et de conviction
menée par les centaines de collectifs unitaires qui se sont constitués. Merci et
bravo à toutes celles et tous ceux qui ont pris leur part de ce bien commun. C’est
une première victoire qui en appelle d’autres.

Aujourd’hui, les dirigeants français et européens prétendent que le Non français
ne doit pas arrêter le processus de ratification de la Constitution européenne. La
nomination du gouvernement Villepin et ses premières déclarations montrent que
le président de la République refuse d’écouter les exigences de la majorité des
électeurs. Nous dénonçons ce nouveau mépris du peuple et de la démocratie. S’il
est légitime que les autres peuples s’expriment, ce Traité est juridiquement et
politiquement mort. Il doit être retiré et une nouvelle discussion doit s’ouvrir au
grand jour et sous l’autorité des peuples sur les politiques économiques et
sociales et sur les institutions de l’Europe

Les Collectifs unitaires qui ont été l’artisan de cette victoire discutent
actuellement de leur maintien et de leur élargissement. Leur action doit se
poursuivre contre les offensives libérales, qu’elles soient internationales,
européennes ou nationales.

C’est nécessaire en France, par exemple contre la privatisation d’EDF et de GDF, la
fermeture des bureaux de poste, l’ouverture à la concurrence du transport
ferroviaire, la transposition des directives de libéralisation des services publics, la
remise en cause des droits des chômeurs dans le plan Borloo, les licenciements
collectifs, les projets de démantèlement du Code du Travail, etc.

C’est nécessaire en Europe. Le Conseil européen se réunira les 16 et 17 juin à
Bruxelles. Le choix de notre peuple doit y être respecté. Des mesures immédiates
doivent être décidées de remise en cause des politiques libérales qui viennent
d’être rejetées : retrait de la directive Bolkestein et des autres directives libérales,
annulation des mesures de libéralisation des services publics, mesures de
solidarité et de convergence sociale et fiscale permettant de lutter contre le
dumping social et les délocalisations, remise à plat de la politique agricole
commune alignée sur l’OMC, révision du statut et des missions de la Banque
Centrale Européenne et remise en cause du Pacte de stabilité monétaire,
annulation de la dette des pays pauvres.
Pour cela, nous appelons à participer aux délégations qui se rendront à Bruxelles
et à organiser une journée nationale de mobilisation le 16 juin à l’occasion de la
réunion de ce Conseil européen, avec notamment une initiative à Paris.

Dans le même temps, nous travaillerons à renforcer le débat dans toute l’Europe,
notamment dans les pays européens où il a été interdit ou escamoté. Le Non
français, fondé sur la volonté d’une autre Europe n’est pas isolé. Il n’y a pas un
« problème français », mais un problème de tous les peuples avec le libéralisme. Le
vote aux Pays-Bas le confirme. Des contacts existent, des déclarations et des
appels européens en soutien au Non français ont été publiés. Nous affirmons
notre volonté de contribuer à donner une nouvelle dimension à cette solidarité
européenne en construction.

Nous avançons l’idée d’une première réunion de travail, le 24 juin à Paris, de
toutes les forces européennes qui partagent les mêmes objectifs

Nous invitons les Collectifs à tenir de larges réunions publiques – ouvertes à
toutes celles et tous ceux qui veulent agir pour une Europe solidaire et combattre
les politiques de démantèlement social – où seront débattues l’appréciation de la
situation ouverte par le vote du 29 mai et des propositions pour une autre Europe
et pour une alternative au libéralisme.

Nous proposons aux Collectifs qui le souhaitent une rencontre de travail,
d’échange d’expériences, de bilans et de perspectives le 25 juin à Paris.

Paris le 2 juin 2005