Arrestations du 15 juin : synthèse et nouveau rendez-vous
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Anti-terrorismeRépression
Lieux : CreuseHaute-vienne
Une semaine plus tard, on peut résumer les événements ainsi :
- Des perquisitions ont été menées mardi 15 juin dès 6h du matin dans au moins six lieux différents en Creuse et Haute-Vienne, avec l’intervention de plusieurs dizaines de policiers et gendarmes armés assistés du personnel et des moyens (y compris de surveillance) de la sous-direction de l’anti-terrorisme. On apprendra dans la journée que l’enquête est liée à des dégradations matérielles ne mettant pas en danger les vies humaines : l’incendie de véhicules d’Enedis en janvier 2020 et l’incendie d’antennes de télé, radio et téléphonie aux Cars (sud de Limoges) en janvier 2021.
- Six ou sept personnes ont été interpellées (la septième ayant peut-être « seulement » été convoquée pour audition dans la journée), et cinq autres perquisitionnées et entendues pendant l’intervention. Pour toutes, du matériel a été saisi : ordinateurs, téléphones portables, documents, objets personnels…
- Six personnes ont été placées en garde-à-vue mardi 15 juin, à Nieul, Saint-Junien, Bellac, Aixe-sur-Vienne et Limoges (gendarmerie et commissariat central).
- Trois personnes ont été libérées sans poursuites jeudi 17 juin.
- Les trois autres ont été présentées à une juge d’instruction au tribunal de Limoges vendredi 18 juin. Elle les a mis en examen : pour deux d’entre elles pour destructions en bande organisée par moyen dangereux (dont destruction de biens relevant d’ »intérêts fondamentaux de la nation ») ; et, pour la troisième, pour association de malfaiteurs en lien avec ladite bande organisée.
- Cette juge d’instruction a demandé un placement en détention provisoire pour les deux premières, et un contrôle judiciaire pour la troisième. Le juge des libertés a refusé, ce qui est assez rare, ces deux placements en détention provisoire demandés par la juge d’instruction et le procureur. Les deux personnes sont aussitôt sorties du tribunal, sous contrôle judiciaire, vendredi 18 juin. Cependant nous apprenons au moment de publier cet article que le parquet a fait appel de ces deux remises en liberté : cela signifie qu’une audience d’appel se tiendra bientôt sur cette question, dont l’issue sera peut-être une décision de placement en détention. Notons par ailleurs que les trois mis en examen ont interdiction de voir les autres mis en examen et/ou les autres gardé.e.s-à-vue.
- Les questions posées lors des auditions ont permis de commencer à comprendre le récit policier en cours de construction (après en avoir constaté les fuites dans les colonnes du Populaire et de la Montagne). Les personnes ont notamment été interrogées sur leur activités et liens sociaux au sein de collectifs ou d’associations limousins estimés semble-t-il trop contestataires : la Chorale des Résistances sociales, le Cercle Gramsci, La Bogue, et plusieurs autres associations ou collectifs.
- De très gros moyens de surveillance ont été utilisés depuis plusieurs mois. Après l’incendie des Cars, les téléspectateurs avaient été privés pendant plusieurs jours des doses quotidiennes d’Éric Zemmour et de Cyril Hanouna. L’heure était grave. La nation était touchée. La police a mis en place des filatures et des écoutes téléphoniques. Elle a mis des micros dans les maisons et dans les véhicules. Elle a installé des keyloggers sur les ordinateurs. Et relevé de l’ADN un peu partout.
- Des « trombinoscopes » ont été présentées aux gardé.e.s-à-vue. Les flics prétendent que les relevés d’ADN incriminent une ou deux personnes arrêtées. Et ils disent avoir un autre ADN, masculin, dont ils recherchent toujours activement le « propriétaire ».
- La présence dans sa bibliothèque de l’excellente Revue Z a été présentée à une des personnes interpellées comme un élément à charge. Motif : un des textes de revendications d’incendie serait inspiré d’une page de la revue !
- Le parquet et ses carpettes ont bien démontré une fois de plus leur paranoïa contre ce qu’ils appellent « l’ultragauche », leur empressement et leur grossièreté, prêts à tout confondre et tout mélanger dans un unique marécage séditieux.
Une opposition à cette opération s’est heureusement manifestée dès le départ et toute la semaine, notamment à Gentioux par une mobilisation sur les lieux de l’interpellation (30 personnes au moins pendant l’intervention), puis une assemblée d’une centaine de personnes le soir même ; des rendez-vous quotidiens devant l’hôtel de police de Limoges qui ont rassemblé de 30 à 80 personnes, et parfois subi une lourde pression policière (contrôle d’identité suivi d’une vérification au poste toute la nuit pour deux personnes, encerclement et menaces d’une trentaine de flics pour 30 personnes le lendemain…) ; un rendez-vous samedi 19 juin, place d’Aine, a permis de constituter un comité de soutien avec environ 80 personnes ; les échanges publics des proches et de leurs soutiens ont permis à tous de partager la dénonciation de cette opération, y compris dans son aspect politique et médiatique, et la détermination à ne pas se laisser indimider.
- des communiqués de plusieurs structures ont été publiés pour dénoncer ces interpellations et méthodes (voir plus bas)
- un nouveau rendez-vous est donné par le comité de soutien :
retrouvons-nous
samedi 26 juin
11 heures au jardin d’Orsay
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Pour lire l’appel du comité de soutien et les différents communiqués -> https://labogue.info/spip.php?article1044&lang=fr
petites réflexions et partages de savoir (incomplet) sur les keyloggers :
Il est très difficile de contrer techniquement les keyloggers. En effet les plus modernes prennent des screenshots de l’écran lors des clics souris/frappes claviers.
Il existe deux types de keyloggers :
– sous forme logiciel (software). Dans ce cas utiliser TAILS permettrait de se protéger.
– forme physique (hardware). Dans ce cas, il faudrait utiliser TAILS avec le « screen keyboard ». Cela ne protègerait pas par contre contre la prise de capture d’écran.
Ne pas avoir internet sur la session TAIL empêcherait le transfert des données aux proprios du keylogger, mais momentanémen uniquement puisque le dispositif physique peut disposer d’une carte mémoire. Tout retour de la connection internet permettrait l’envoi des fichiers stockés ainsi.
Une solution serait d’utiliser deux ordis sous TAILS :
– un qu’on suspecte d’avoir un keylogger physique (A)
– un autre ordi (B)
de rédiger et de chiffrer ce qu’on veut transmettre sur A hors connexion. Et de l’envoyer en utilisant la connexion de B. Puis évidemment de nettoyer le support numérique ayant servi au transfert.
Comme cela, rien n’a été transmis depuis A et B (et le support de transfert) n’ont vu que des informations chiffrées.
Plusieurs propositions pour se protéger :
– mettre sous clef et chiffrer les outils numériques afin de compliquer la tâche des espions.
– installer des « témoins » permettant de savoir si l’ordinateur a été compromis
– utiliser wireshark pour détecter des transferts d’informations inhabituelles
– réduire l’usage des communications numériques au strict nécessaire
– utiliser des outils physiques temporaires
Mardi 15 juin 2021, des interventions policières ont eu lieu dans plusieurs lieux en Limousin avec l’appui de la sous-direction anti-terroriste (SDAT), menant à des interpellations et/ou perquisitions pour 12 personnes. Une semaine plus tard, 3 sont poursuivies en justice et un comité de soutien est monté (et remonté). Des événements publics sont en préparation. Prochain rendez-vous samedi 3 juillet juin à 11h au jardin d’Orsay.
Cet article sera mis à jour au fil des informations. Il restera encore un certain temps en Une, afin de relayer autant que nécessaire le soutien aux personnes inquiétées dans cette histoire et la nécessaire dénonciation de l’arbitraire et de la surveillance ambiants
Dernières infos (au 30/06) : retour sur le rendez-vous du 26 juin et prochaines échéances
Un appel du parquet contre la remise en liberté de deux des trois mis en examen ; une suspension administrative en guise de double-peine pour la troisième, directrice d’école à deux semaines de la retraite ; des personnes perquisitionnées mais non poursuivies, sans statut, qui restent privées de leurs ordinateurs, téléphones et/ou effets personnels après avoir eu à ranger leurs maisons fouillées : voilà les dernières nouvelles de l’opération du 15 juin. Prochain rendez-vous du comité de soutien le samedi 3 juillet au kiosque du jardin d’Orsay (au-dessus de la place des Carmes). Résistance !
Lors du rendez-vous du samedi 26 juin, une centaine de personnes se sont retrouvées au jardin d’Orsay pour dénoncer ensemble l’opération policière du 15 juin.
Quelques propositions très concrètes ont émergé de cette assemblée :
– se retrouver à nouveau tous les samedis, au moins jusqu’au 15 juillet (date de l’appel contre la remise en liberté pour deux des mis en examen)
– encourager la mise en place de comités et/ou rendez-vous locaux menant leurs actions de manière indépendante, notamment dans les différentes communes où les flics sont intervenus : des comités partout plutôt qu’un organe centralisateur, et des rendez-vous du samedi pour les relier entre eux !
– proposer une tournée en Limousin avec plusieurs dates, en articulation avec l’idée précédente : soirée débat + repas de soutien + concerts, où on pourrait inviter différents intervenants, ainsi que la chorale des résistances sociales et tous les musiciens qui souhaitent prendre la scène en soutien aux personnes inquiétées dans cette histoire.
– proposer des rencontres publiques via des structures ou associations touchées par cette affaire.
– collecter des fonds à toutes ces occasions pour aider les personnes mises en cause dans leur bataille juridique.
– préparer activement le 15 juillet pour qu’un maximum de monde soit présent lors de l’audience d’appel.
On peut ajouter à ces propositions de l’assemblée d’autres idées qui sont apparues depuis lors :
– amener avec soi à chaque occasion textes, poèmes, chansons, interventions diverses, inspirées par la situation
– amener également des banderoles, et/ou prévoir d’en réaliser sur place
– diffuser des informations largement, par tous les réseaux, de manière à faire vraiment connaître cette affaire et rassembler du monde
– intervenir dans les rues, par exemple pendant le festival Urbaka, avec tracts, banderoles et chansons
– organiser un pique-nique après l’assemblée de ce samedi, qui pourrait lui aussi être l’occasion de rencontrer du monde dans la rue (un pique-nique étant également proposé dans le cadre d’Urbaka)
Et enfin une information pour ceux et celles qui ne l’auraient pas encore eue : la directrice d’école mise en examen a été ce lundi convoquée par l’inspecteur d’académie, qui l’a SUSPENDUE DE SES FONCTIONS. Logique dégueulasse de la double-peine, contre laquelle le représentant syndical, la mairie et les parents d’élèves qui se sont exprimés n’ont rien pu faire (jusqu’ici).
En plus du numéro de téléphone (06.23.44.31.52), un mail de contact a été créé : comite15juin[aro-base]riseup.net, et la page facebook du comité existe toujours (SoutienArrestations15juin)
Retrouvons-nous !
Multiplions les initiatives pour dénoncer cette mascarade !
Prochains rendez-vous :
– Samedi 3 juillet et 11 juillet à Limoges (11h au jardin d’Orsay)
– Mercredi 7 juillet pour le comité de soutien à Gentioux (précisions à venir)
– Jeudi 15 juillet devant le tribunal de Limoges pour dénoncer la demande du parquet de placement en détention de deux des mis en examen