L’anti-terro fantasme (encore) le plateau

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Avec le renfort de la cellule anti-terroriste de Paris, ce sont 6 perquisitions et interpellations, pour GAV (jusqu’à 96H) qui ont eu lieu ce matin mardi 15 Juin, sur le plateau de Millevaches et autour.
Ces interpellations ont été vécues comme un choc par les habitant.e.s du villages, face aux moyens disproportionnés, la matinée se finissant par des gaz lacrymos.
Les enfants n’ont rien à reprocher à leur maîtresse.
Après plusieurs attaques de l’extrême droite, dont une giflette contre Micron, nous voyons ici une manœuvre politique, à 5 jours des élections régionales, pour brandir la peur de l’ultra-gauche en faveur de l’ultra centre gouvernemental.
Qui terrorise qui ?
Est-ce qu’une dégradation matérielle constitue une acte de terrorisme ?
Est-ce que saboter une antenne polémique et des véhicules d’entreprise, est plus ou moins terroriste que de débarquer cagoulés dans un village pour embarquer l’institutrice ?
« Cinq mois après l’incendie du relais des Cars (Haute-Vienne), l’enquête vient de faire un grand pas en avant avec l’interpellation, mardi 15 juin, en Creuse et en Haute-Vienne, de six personnes qui pourraient aussi être mises en cause dans les incendies criminels qui ont détruit des véhicules appartenant à Enedis, en février 2020, à Limoges. »
Voir toutes les infos « officielles » dans ce magnifique brouillon : https://www.lepopulaire.fr/limoges-87000/actualites/incendies-du-relais-des-cars-et-des-vehicules-d-enedis-a-limoges-six-personnes-interpellees-en-haute-vienne-et-en-creuse_13968274/
RDV dès 9H devant le comico central, 4 av Emile Labussière, 87100 LIMOGES, face à une gav qui peut durer 96H, pour soutenir les interpellé.e.s et décider de la suite.
Ce mardi 15 juin dès l’aube, un cortège de gardes mobiles, de gendarmes et d’encagoulés de la milice antiterroriste de l’ouest-parisien ont investi un petit hameau de la commune de Gentioux, en Creuse, sur le plateau de Millevaches . Cette petite bourgade de 350 âmes jusqu’ici surtout connue pour son monument aux morts anti-militariste, s’est réveillée brutalement avec l’annonce de l’arrestation musclée de l’institutrice de l’école communale, à trois semaines à peine de son départ à la retraite.
Il aura fallu quelques heures aux riverains rapidement attroupés devant les barrages d’hommes armés, nombreux et assermentés, pour comprendre de quoi il retournait. Quelques-unes au regard aguerri et à la mémoire vive, eurent tôt fait de reconnaître les glorieux insignes de la Sous-Direction Anti-Terroriste de sinistre mémoire dans ces campagnes reculées. Les fins limiers des beaux quartiers parisiens -qui avaient été rendus à leur ridicule premier au bout des 10 longues années de la pantalonnade de « l’Affaire Tarnac »- auraient donc tenté une forme de come-back raté à la manière de quelque pop-star déchue et alcoolisée.
A quelques jours d’élections territoriales que tout le monde semble ignorer, à part celles et ceux qui rêvent à leur tour d’infliger un camouflet au souverain du moment, l’opération téléphonée pourrait faire sourire. Les conseillers du prince, qui n’ont visiblement lu que le quatrième de couverture des œuvres complètes de Machiavel, ont cru bon de ressortir l’épouvantail de l’ultra-gauche « tapie dans l’ombre » de zones rurales en voie d’ensauvagement.
Ce seraient donc 7 personnes qui ont été arrêtées ce mardi lors de perquisitions en différents endroits du vieux Limousin, pour être emmenées toutes sirènes hurlantes de leurs domiciles éventrés vers l’ex-capitale régionale et les sous-sols du commissariat central ou d’autres geôles à proximité. Jusqu’à 96H de garde à vue pour « destructions en Bande Organisée » les y attendent avant leur éventuelle redirection vers les juridictions compétentes. La dispersion des endroits de perquisition et la diversité des personnes interpellées ou convoquées, investies, chacune à leur endroit, dans les luttes sociales et culturelles du Limousin, laisse penser à une forme de pêche à la grenade où, ne sachant où chercher, on veut remuer le fond.
La presse régionale relaye bientôt cette opération rondement menée par la coopération inter-services de la police judiciaire de Limoges, du groupe de recherche de la Gendarmerie Nationale et nous explique enfin, à l’heure des nouvelles du soir, ce qu’on peut bien reprocher à l’institutrice et aux 5 autres interpellé.e.s.
Les voici donc publiquement accusées d’avoir participé à des faits de « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation ». L’incendie, en début d’année, d’antennes TDF de diffusion de la TNT et de la téléphonie mobile, ayant privé l’espace de quelques jours 1,4 millions de personnes de leurs programmes TV préférés aux premières heures de la pandémie et du déploiement du réseau 5G… Et puis aussi un autre incendie, non élucidé, qui traînait dans les cartons, celui-là sur des véhicules Enedis en pleine campagne d’installation des mal-aimés compteurs intelligents Linky.
Quoi qu’on pense de ces actes, on peut se demander ce qui a bien pu pousser à de tels déploiements de forces pour cueillir des personnes isolées, facilement convocables et trouvables, connues de toutes et tous et vivant au grand jour.
M.C, est institutrice, directrice d’école, habitante engagée dans la vie de la commune, connue et appréciée du plus grand nombre, comme toutes les autres personnes arrêtées ce jour, pêle-mêle, infirmière, chargée de cours à la fac, menuisière, potière, maçon…
En traitant ces personnes de la sorte, le parquet et les forces de l’ordre ne font pas que rejouer la désastreuse pièce politico-judiciaire de Tarnac, elles infligent un nouvel affront à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas au cours du monde tel qu’il va, qui se voient une nouvelle fois instrumentalisées dans le petit théâtre d’ombres des services de renseignement français et leurs vulgaires effets d’entraînement pré-électoraux.
Le plateau de Millevaches était déjà le terrain d’entraînement privilégié pour les manœuvres militaires aériennes et terrestres du fait de sa faible densité d’habitants, ainsi que le théâtre quotidien d’une dévastation systématique des sols et de l’eau par la filière industrielle du bois. Il semble aussi devenir un des terrains d’expérimentation habituel de très politiques manœuvres de fabrication d’« ennemis intérieurs ». Sortes de croquemitaines des confins, dans la famille des clowns tueurs, on avait les « épiciers terroristes », on aura désormais les institutrices incendiaires. Bravo !
Démontrons aux mauvais scénaristes du pouvoir que leurs ficelles sont usées et que plus rien ne pourra contenir le dégoût et la colère que partout ils suscitent, en assurant un soutien massif et sans ambages aux interpellé.e.s du 15 juin.
A très vite.
Des riveraines et riverains consternées.
PS : nous apprenons qu’une des 6 personnes encore en garde à vue à ce jour vient d’être libérée sans charge ce mercredi soir. Un second rassemblement de soutien devant le commissariat central de Limoges aura lieu jeudi 17 à 18h, un comité de soutien est en cours de constitution : https://labogue.info/spip.php?article1040
– 6 arrestations et un média indépendant attaqué : interview de personnes perquisitionnées –
Mardi 15 juin, à l’aube, dans un petit village du Limousin, des dizaines de véhicules de forces de l’ordre, gendarmes cagoulés et autres groupes « anti-terroristes » débarquent de Paris. C’est la commune de Gentioux, 350 habitants, qui est visée. L’institutrice de l’école communale, 57 ans, est embarquée par les agents au visage masqués. Elle est à trois semaines de la retraite. Les voisins et voisines, paniqués, qui tentent de s’opposer à ce qu’ils vivent comme un enlèvement, sont gazés.
Au total, 7 personnes sont arrêtées et remontées vers Paris pour des gardes à vue « anti-terroristes » qui peuvent durer 96 heures. L’Etat les accuse du crime abominable de « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation ». C’est à dire l’incendie d’antennes de télé et de téléphonie mobile. Une coupure télé assimilée à du terrorisme. En plus des arrestations, la police a perquisitionné d’autres domiciles, notamment des personnes liées à des médias indépendants locaux, pour saisir leurs ordinateurs. Une pure manœuvre d’intimidation.
Une opération qui rappelle fortement « l’affaire Tarnac », en 2007, qui avait eu lieu juste à côté. Des personnes concernées expliquent à Nantes Révoltée : « sur la journée il y a eu plusieurs descentes à 6H dans 4 maisons avec cagoules, gilets pare balles […] le reste de la journée des équipes ont mené des perquisitions avec interrogatoires chez au moins 8 personnes. »
Concernant les perquisitions, elles ont eu lieu « sous statut de témoins et de témoins assistés avec des fouilles intégrales des maisons, des saisies de matériel informatique, des prises de notes sur les différents livres politiques et autres documents militants, des prises d’ADN », et des interrogatoires. La police débarque chez des gens suspectés de rien pour ficher leurs lectures et leurs empreintes génétiques. « Les enquêteurs posaient des questions sur les activités politiques, ils manifestaient un grand intérêt pour une chorale militante de Limoges et un site d’information participatif, La Bogue, ainsi que les liens amicaux et politiques avec les personnes en garde à vue ». Finalement « il y a eu peu de questions sur les faits, mais plus sur les activités et les relations ».
Les flics vont noter des descriptions détaillées des intérieurs des maisons, une façon de profiler des modes de vie, parfois chez de simples familles. Il règne une « impression d’humiliation, d’impuissance, d’intimidation, qui laisse la place à la paranoïa : on a peur au moindre bruit, on craint une nouvelle descente surprise. Et en même temps on a de la colère et de la rage face à l’injustice. »
Pourquoi une telle mise en scène, un tel coup de pression sur « l’ultra-gauche » alors que la violence d’extrême droite ne cesse d’augmenter ? « Il s’agit d’un coup médiatique, en pleine période électorale tout en faisant peur et en fichant des personnes perçues comme trop à gauche ». Des mobilisations ont déjà eu lieu localement. Une banderole de soutien à l’institutrice arrêtée a été déployée et la façade de la mairie de Gentioux a été couverte d’une inscription : «fuck le 17» ou encore «ma maîtresse m’a radicalisée».
Pourquoi la police a-t-elle ciblé le média La Bogue ? «Cibler un média indépendant constitue un procès d’intention reposant sur la publication du communiqué de presse de revendication. Ce communiqué a d’ailleurs été publié auparavant par la presse locale […] il s’agit d’un procédé similaire à l’affaire Tarnac, consistant à utiliser des procédures judiciaires pour de la communication médiatique et pour créer une figure repoussoir, mystifiée, fantasmée : “l’ultra-gauche”.» Pendant ce temps, les fascistes diffusent à jets continus leur idéologies sur toutes les antennes.
Derrière cette opération visant à terroriser les opposants et opposantes politiques, notons l’ironie de la situation : une coupure de télévision de quelques heures est qualifiée par l’Etat de « terrorisme », mais l’attaque d’un petit média indépendant fait partie de «l’Etat de droit».
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Plus d’infos sur : https://labogue.info/
Appel à rejoindre le comité de Soutien de l’affaire du 15 juin
Ce samedi 19 juin à 11heures place d’Aine, à Limoges
Nous, premiers témoins et soutiens des personnes mises en cause par les arrestations du mardi 15 juin en Creuse et Haute-Vienne,appelons au rassemblement des soutiens les plus nombreux, ce samedi 19 juin à 11 heures, place d’Aine, à Limoges
Nous avons vu des policiers armés et cagoulés arrêter sept personnes ce mardi 15 juin à 6h, une scène brutale et choquante pour les voisins et amis présents sur place à cause de la débauche de moyens parfaitement disproportionnés qui a été déployée : la Sous Direction Anti Terroriste (qui s’est déjà tristement illustrée en Limousin lors de l’affaire Tarnac), le Peloton Spécial d’Intervention de la Gendarmerie, la police judiciaire et la gendarmerie du secteur, rien que cela : une dizaine de voitures pour interpeller une institutrice chez elle, avant sa journée de travail. Une rafle matinale, accompagnée de perquisitions, qui s’est déroulée au même moment à différents endroits du Limousin avant de conduire ses sept victimes dans les commissariats de Limoges, Saint Junien, Bellac, et d’autres encore, pour une garde à vue pouvant durer jusqu’à 96h.
Ils ont entre 45 et 70 ans : une directrice d’école, une potière, un plombier, une menuisière, un chargé de cours à l’université et une infirmière, à avoir fait les frais de cette opération ; ce sont surtout des citoyens, parmi les (trop) rares engagés professionnellement et bénévolement au service des gens et de la collectivité.
On les soupçonne de « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation » et d’« association de malfaiteurs » suite à deux événements : l’incendie, en début d’année, d’antennes TDF de diffusion de la TNT et de la téléphonie mobile, et celui un an auparavant de véhicules Enedis. Rien en tout cas qui ressemble de près ou de loin à des actes de terrorisme, alors que ce sont bien les moyens de l’antiterrorisme (SDAT, garde-à-vue prolongée) qui sont employés : la seule répercussion de l’événement en question a été une coupure de télévision de quelques jours. Absolument rien qui justifie qu’on déploie un dispositif aussi démesuré ; n’aurait-on pas pu les convoquer simplement dans le cadre de l’enquête ? C’était sans compter la montée de la violence d’État qui s’est opérée ces derniers temps à l’égard de tout citoyen par les moyens de plus en plus étendus donnés aux forces de police et l’élargissement des mesures d’exception de plus en plus intégrées au droit commun.
L’opération ressemble à un coup de filet assez large et mal ajusté pour faire du renseignement sur des gens dont les engagements humanistes déplaisent au pouvoir. Au moins trois perquisitions ont même été menées chez des personnes convoquées finalement en tant que témoins ! Il ne manquait plus que le spectre de l’ultra-gauche pour les amalgamer dans un discours grossier qui justifie la mise en scène policière, à quelques jours à peine des élections régionales et départementales qui verra surtout s’affronter l’ultra-droite et un ultra-centre de plus en plus extrémiste.
Nous constituons aujourd’hui un comité de soutien pour que ces personnes, prises malgré elles dans la trame de cette sordide pièce de théâtre politique ne soient pas isolées et puissent se défendre contre la violence qui leur est faite sans se retrouver broyées par cette grande machine à fabriquer des ennemis intérieurs que nous avons déjà trop vue à l’œuvre.
Nous constituons également ce comité pour dénoncer ensemble la radicalisation sans frein d’un pouvoir aux abois, qui use de terreur et de surveillance pour masquer sa peur d’avoir un jour des comptes à rendre à tous ceux qu’il maltraite au quotidien.
Tout cela alors même que quatre des personnes arrêtées ont déjà été relâchées sans charges !…
Nous donnons donc rendez-vous ce samedi à 11 heures, place d’Aine, à Limoges, pour une réunion publique et une conférence de presse ; nous appelons tous les soutiens à rejoindre ce comité.
A samedi !
Rejoignez-nous, contactez-nous, soutenez le comité par des dons et des interventions publiques. Notre numéro : 06.23.44.31.52
https://www.facebook.com/SoutienArrestations15juin