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Le 9 février 2021, un article anonyme est publié, sous le titre «Charlie, voile, laïcité et racisme dans l’Education Nationale ». En ouverture, on y lit une apologie du crime de Samuel Paty, avec des arguments directement empruntés aux justifications islamistes de cet assassinat:

«Aujourd’hui, il y a un nouveau pins: «e je suis Samuel Paty ». « Je suis », un prof raciste, qui a cru pertinent de montrer des caricatures islamophobes, en les présentant comme un modèle à suivre de la liberté d’expression, et a discriminé ses élèves en proposant à celleux qui seraient choqué.es de sortir de classe

Mais le haut le coeur qui saisit à la lecture de cette prose digne de Daesh, continue ensuite, avec l’appel même pas voilé de l’auteur anonyme à perpétrer pour les mêmes motifs fallacieux un nouvel assassinat, en l’occurrence celui de Fatiha-Agag Boudjahlat: « Verra-ton bientôt des pins « je suis Fatiha-Agag Boudjahlat »? »

Et c’est à une vraie épuration de l’éducation nationale que l’auteur anonyme appelle: « Le racisme dans l’Education Nationale, ce n’est pas seulement le/la prof tellement raciste que sa haine saute aux yeux de tou.tes, c’est aussi le/la prof qui se dit antiraciste, républicain.e mais pense que «e le voile musulman est un objet de soumission de la femme »

Ce que l’auteur anonyme fustige chez ces profs c’est leur pensée, pas leurs actes  : le simple fait de penser que le voile est un instrument de soumission – ce que pourtant le syndicaliste révolutionnaire tunisien Tahar HADDAD, ancien étudiant de l’Université islamique de la Zitouna, avait déjà démontré dans les années 1930.

  • C’est à une véritable chasse aux hérétiques, à une police de la pensée qu’appelle ce texte, invitant à traquer les impurs: « luttez contre la gangrène, par tous les moyens.». Par tous les moyens

 Cet appel fait écho à un slogan très en vogue dans le milieu antifa «la gangrène fasciste on l’élimine ou on en crève ». C’est donc bien encore un appel à peine voilé à l’élimination physique que lance l’auteur de ce texte qui regrette par ailleurs que les profs qui ne plient pas face aux injonctions islamistes bénéficient de la «protection fonctionnelle, voire même de la protection policière ». Non, vous ne rêvez pas, l’auteur anonyme ne s’indigne pas que des profs soient menacés de mort par des islamistes, mais au contraire il regrette que les profs menacés soient protégés pour empêcher les terroristes islamistes de passer à l’acte !

Pourtant, pour paraphraser IAATA, ce qui a empêché Samuel Paty, comme les spectateurs du Bataclan ou les flâneurs des terrasses de 2015, de vivre leur vie c’est le pouvoir que quelques-uns ont pris de leur retirer la vie.

La CNT-AIT, organisation anarchosyndicaliste, ne partage pas tous les choix idéologiques de tous les profs menacé.e.s. Certain.e.s sont même de fieffés réactionnaires. Mais la lutte contre la réaction et pour l’émancipation se place sur le terrain politique, dans la liberté d’expression absolue et dans le débat voir même la polémique. Or IAATA a choisi de publier ce texte, mais de ne pas permettre d’en débattre, puisqu’aucun commentaire qui a pu être adressé au texte n’a été validé par les administrateuricess du site. En ce sens, IAATA s’éloigne radicalement de son ambition anti-autoritaire, pour au contraire servir de marchepied à une tentative même pas dissimulée d’infiltration islamiste en milieu militant.

  • Pour ce qui nous concerne, considérant que le silence ferait de nous des complices, nous cessons immédiatement toute publication sur IAATA tant que le collectif d’administration n’aura pas clarifié sa position vis-à-vis de ce texte et d’autres du même tonneau qui pourraient être publiées à l’avenir. Et d »ici là, nous tenons IAATA comptable de ce qui pourrait arriver demain à la vie de Fatiha-Agag Boudjahlat (ou d’autres critiques des islamistes).


Ni Dieu, ni maître,
Si tu veux être heureux, fout le bon dieu dans la merde !

CNT-AIT

 

 

texte paru dans Anarchosyndicalisme n°171.

Téléchargeable en ligne: http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article1096