[lyon] communiquÉ à la suite de la manif du 1er mai
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- Un appel avait été fait pour former un bloc antifasciste, révolutionnaire et autonome, ouvert à toutes et tous. C’est pourquoi le Pink bloc a aussi rejoint ce cortège en tête de manif, ainsi que les jeunesses révolutionnaires, les gilets jaunes et toutes les personnes souhaitant un espace pour une pratique politique plus revendicative et offensive. Le tableau fait plaisirs : de nombreuses personnes d’horizons sociaux et politiques différents se retrouvant autour d’une énergie collective déterminée.
Le cortège se forme en déployant 5 banderoles à l’avant, plus deux banderoles du Pink bloc à l’arrière du cortège, toutes aussi belles les unes que les autres. Malgré la pluie, il y a une bonne ambiance, les chants anticapitalistes commencent à s’élever, les fumigènes à s’allumer et le cortège à avancer.
Le bloc avance lentement pour rester compact et ne pas se détacher du reste de la manif. Au bout de 300 mètres, Jackie, leader de l’UD CGT de Lyon vient à l’avant de notre bloc et nous demande d’aller plus vite car ils n’arrivent pas à avancer. Le bloc accélère donc le pas mais nous réalisons que la CGT n’avance pas pour autant. Une personne vient nous voir et nous informe qu’elle aurait entendu un flic en civil, dire à un responsable de la CGT, qu’ils allaient procéder à des arrestations dans le bloc. Le bloc s’arrête pour attendre le reste de la manif, mais trop tard. La manœuvre entre CGT et police était déjà en place, un cordon de plusieurs dizaines de CRS encercle le bloc dans son dos. Le bloc comprend qu’il est en train d’être nassé, les banderoles se retournent pour faire face à cette ligne de police mais nous sommes entouré-es.
Immédiatement une première charge fonce dans le Pink bloc et leur arrache les banderoles. Le bloc explose suite aux percées de flics par devant, à l’arrière et sur les cotés en simultanée. Les flics se replient aussitôt et le bloc se reforme pour se sécuriser. Il ressort les banderoles mais dans la foulée, une deuxième charge beaucoup plus violente est opérée. La CGT, qui n’a toujours pas bougé de sa ligne, regarde le spectacle, cacahuètes à la main.
Cette charge entraine interpellations et plusieurs blessé.es dont deux femmes qui se font tirer au sol par la bac et voler leur portable. Leur tord ? Avoir filmé la charge des CRS depuis le trottoir. Mais pour les médias, la CGT et les autres, elles font surement partie des fameuses casseuses infiltrées. Aucun-es militant-es ne méritent de subir de telles violences et encore moins celles et ceux qui filment les violences policières.
Suite à ça, le bloc, sans banderole de protection et avec plusieurs interpellé-es est obligé de se replier dans le cortège syndical. Les violences subies et la trahison de la part de la CGT ne passent pas. Une partie du bloc veut demander des compte au SO de l’UD CGT LYON mais ceux et celles-ci sont renvoyé-es de façon paternaliste, propre au SO de la CGT. En effet, nous avons pu entendre “rentre chez ta mère trouver du travail”, ” dans quelle boite tu travailles hein, moi je travaille, moi je suis soignant ” (pass d’humanité sorti à plusieurs reprises). Il y avait comme un relent de Zemmour et de Cnews dans la bouche de l’UD CGT Lyon. Nous n’avons rien à prouver. Nous n’achetons pas notre légitimité sur des déclarations. Nous luttons.
Des provocations sont faites de part et d’autres et le service d’ordre commence à pousser violemment les gens du bloc. S’en suit plusieurs échanges de coups avant qu’une charge de CRS vienne à la rescousse du SO et éparpille les militant-es du bloc sur tout le long du cortège syndical.
Du coup, de petites actions sont entreprises le long du cortège comme quelques tags, attaques de banques et des cordons de police trop près du cortège. En somme, une réadaptation efficace qui a su garder une offensivité malgré les trahisons de toutes parts. C’est à ce moment-là qu’un militant Jeune communiste de la CGT deliveroo vient agresser un militant du bloc. Il leur reproche de mettre en danger des travailleur-es sans papiers de deliveroo venu-es manifester, en attaquant la police. Les militant-e-s tentent de lui expliquer pourquoi ils et elles ont du remonter le cortège, que c’est à cause du SO de la CGT etc. Mais il ne laisse pas les militant-es du bloc s’exprimer, alors ceux-ci décident de s’éloigner en finissant par lui dire “tu veux pas nous laisser parler, alors nous aussi on s’en fou de ce que tu dis “. Le militant jeune communiste a alors transformé ces propos dans un communiqué sur des pseudos insultes racistes de la part du bloc. Pour rappel, se servir des sans papiers comme bouclier politique c’est de l’instrumentalisation et c’est dégueulasse. Considérer que des sans papiers ne sont pas capables de gérer un danger, c’est raciste et colonialiste. Mais pas étonnant venant d’hommes blancs de la JC Lyon.
Les militant-e-s du bloc, dégouté-e-s par cette manifestation, se disperseront rapidement en fin de manif. Depuis, nous nous interrogeons sur les différents communiqués de l’UD CGT Lyon qui demande à la police d’être plus répressive ; sur les menaces de l’UCL ; sur les délires conspirationnistes de la CGT selon lesquels le bloc serait composé de flics infiltrés et de personnes issues de l’extrême droite. Nous sommes également étonné-e-s que la CGT Lyon, l’UCL Lyon, la JC Lyon et la Jeune Garde Lyon n’aient communiqué aucun message de soutien aux personnes violentées par la police pendant cette manifestation. Pas de soutien non plus aux personnes interpellé-es dont un journaliste. D’ailleurs, au moment ou nous écrivons, un des militants dort en prison en détention provisoire. Cet oubli dans leur communiqué est très grave sachant que ces organisations se pavanaient dans les rassemblements anti-violence policière et contre la Loi sécurité globale, quand ceux-ci étaient encore instagrammables.
- Quand pourrons-nous espérer de la part de prétendu.e.s « camarades » de ”gauche”, syndicalistes et autres, un respect de la pluralité des moyens d’action dans la rue ?
Nous vivons l’une des périodes les plus répressives de ces dix dernières années. L’état français actuel est un gouvernement policier, dirigé par des cadres largués sur les questions sociales autant que sur la défense des droits des femmes et des personnes lgbtqia+, par des incompétent-e-s, seulement bon-ne-s à restreindre les droits sociaux à coups de décrets et de lois plus liberticides les unes que les autres. Si nous refusons de rentrer dans les rangs mesurés et pacifiés des cortèges d’organisations politiques moribondes ou bien folkloriques et virilistes (bien que les nôtres n’en soient pas complétement exemptés), ce n’est pas par gout puéril de la contradiction, mais bien parce que les urgences nous paraissent actuellement bien trop nombreuses et leurs conséquences trop graves.
L’heure ne peut pas être à la demi-mesure.Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de rester soumi.e.s au calendrier politique de la CGT et consorts, ni nous contenter des maigres parcours que les préfectures veulent bien nous accorder, (ou bien docilement obtempérer lorsqu’elles interdisent nos manifestations). Les trop rares rendez-vous syndicaux traditionnels ne peuvent évidemment pas suffire à combattre la politique du gouvernement Macron/Darmanin, ni à endiguer la catastrophe que nous promet la propagation décomplexée d’idées d’extrême droite dans toutes les franges politiques du pays.
- Nous, antifascistes autonomes refusons de calquer notre programme politique et nos comportements sur les exigences de la CGT en matière de manifestation. Notre objectif est révolutionnaire et notre lutte se construit de fait sur le long terme et ne peut tout simplement pas se calquer sur les seules dates de mobilisations décrétées par les syndicats. Nous respectons les moyens d’action qui divergent des nôtres.
Si la playlist habituelle de la camionnette de tête ou bien les slogans d’un lieutenant jouant du tambour et du mégaphone convient à certain.e.s, nous n’avons jamais empêché quiconque de les suivre. Mais quand ces dernièr.e.s suivent le chemin d’une collaboration étroite avec la police, nous ne pouvons le tolérer. Aussi, quand ces mêmes organisations se permettent de mentir dans leurs communiqués officiels en nous accusant et nous menaçant, nous nous devons de le faire remarquer.
Quoi qu’il en soit nous resterons toujours déterminé.e.s à ne pas nous laisser écraser par quelconque force réactionnaire d’où qu’elle vienne. Emancipons nous des centrales syndicales, partis politiques, l’état et la police.
Construisons l’autonomie
Syndicat interprofessionnel de la presse, des médias, de la culture et du spectacle CNT
jeudi 6 mai 2021
Le 1er Mai, Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, à Paris, 21 syndicalistes de la CGT ont été blessés et 4 d’entre eux ont fini à l’hôpital, victimes de coups, de jets de projectiles et de liquides acides, en même temps que du matériel syndical était vandalisé ou détruit. Cette violence qui touche aujourd’hui ces militant·e·s, précédée et accompagnée d’injures et de harcèlement, touche tous ceux et toutes celles qui s’investissent, luttent et travaillent pour organiser et défendre la classe laborieuse contre le système d’oppressions établi par la société capitaliste.
Peu importe les raisons, les prétextes ou les justifications? : attaquer des travailleurs et des travailleuses qui viennent donner de leur temps pour célébrer le 1er Mai, faire de cette journée, sinon un moment de victoire, au moins un temps de revendication contre les offensives antisociales répétées de l’État et du patronat, un temps de fierté et de solidarité entre nous tou·te·s, c’est s’en prendre à tou·te·s les militant·e·s qui ont choisi de s’organiser au sein de structures syndicales, c’est lancer un cycle de violences qui ne peut qu’aller crescendo – jusqu’où? ? –, c’est lamentablement réjouir les Lallement, Macron, Le Pen, Roux de Bézieux et consorts et leur dire « ?continuez à détruire nos acquis, on a mieux à faire? ».
Face à ces violences inacceptables et aux accents fascistes, nous apportons tout notre soutien aux camarades de la CGT.
La boucle est bouclée, les bureaucrates pseudos syndicalistes révolutionnaires ou pseudo libertaires préparent leurs reconversions bureaucratiques. Quant à ceux et celles qui ont fait de la composition avec les syndicats et les partis politiques une idéologie, il serait temps de prendre acte du réel et des fonctions a minima contradictoires de telles structures.
L’appareil de la CGT n’est plus en mesure d’offrir autre chose au patronat que de pacifier les luttes et aider au maintien de l’ordre ; ils et elles espèrent sans doute obtenir quelques contreparties et reconquérir une hégémonie politique perdue…
Rien de nouveau sous le soleil rouge du stalinisme et de leurs supplétifs en milieu “libertaire” ou “autonome”. Ce qui l’est au contraire, c’est cette obsession de la composition qui s’est emparée des “radicaux” et des “radicales”, de Notre Dame des Landes au cortèges du 1er mai…