Antitrrorisme : porte explosée, perquisition et garde à vue pour marianne, étudiante soupçonnée de fréquenter « l’ultra-gauche »
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Répression
Lieux : Pays basque
C’était le 8 février dernier, dans la ville d’Ustaritz. Une étudiante de 28 ans, Marianne, dort tranquillement dans son petit studio de 20m2. Elle entend un gros boum alors qu’il fait encore nuit : « J’ai cru que c’était un coup de pistolet. Et du coup, j’ai cru qu’ils avaient tué quelqu’un dans le couloir » pense celle qui imagine l’arrivée de malfaiteurs. En réalité, il s’agit d’une quinzaine d’agents du RAID et de la DGSI, la police politique de l’Etat Français, qui viennent de faire sauter sa porte avec un explosif. Lumières bleues, cris, boucliers, et armes pointées sur elle, un cauchemar au réveil. « J’étais terrorisée. J’ai cru que j’allais mourir. Ils m’ont menottée ».
Comme dans une farce grotesque, les agents anti-terroristes demandent si elle a des explosifs ou des armes. Mais ils savent pertinemment qu’il n’y a rien dans ce petit studio étudiant. Marianne voit des débris de sa porte, son lieu de vie est retourné : « je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont fait ça, parce qu’ils savaient très bien que je n’étais pas mêlée à l’affaire, je ne comprends pas pourquoi ils sont venus me chercher avec tout ce fracas ». La pure volonté de faire peur, d’intimider ?
La maison a été encerclée par cinq véhicules de la police antiterroriste, Marianne est emmenée avec la tête cagoulée, comme dans les mauvais films. Elle est jetée en garde à vue pendant près de 2 jours sans autre forme de procès. Elle sera relâchée sans aucune charge après 36H enfermée et des interrogatoires par des policiers venus de Paris.
Qu’est-ce qui peut bien justifier un tel délire ? Marianne aurait tout simplement « vécu durant le premier confinement en Dordogne avec certains personnes qui ont été interpellées trois mois plus tôt ». Début décembre, le gouvernement mettait en scène une « opération anti-terroriste » visant des « militants d’ultra-gauche » accusés de posséder de l’eau oxygénée et des produits courants « pouvant peut-être » servir à fabriquer des explosifs. Ils sont depuis derrière les barreaux alors que les éléments de cette affaire sont inexistants.
Avec l’arrestation de Marianne, c’est un pallier supplémentaire qui est franchi. Après avoir monté une affaire de toute pièce, la police politique organise une descente anti-terroriste chez une étudiante qui aurait « côtoyé » des suspects. A ce rythme là, on peut arrêter une grande partie de la jeunesse de ce pays. Pendant ce temps là, l’extrême droite s’arme réellement, et se prépare à la guerre civile.
Devons nous nous habituer à se faire humilier et kidnapper par des agents cagoulés parce que nous participons à des mobilisations sociales, ou pour nos amitiés supposées ? Tout semble mur pour le retour du fascisme.
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Source : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/une-spectaculaire-operation-antiterroriste-fait-pschitt-a-ustaritz-1615831712
le style paraphrase de france bleue est franchement très interessant, mais un peu creu le discours innocentiste, à la longue.
en effet, les histoires de montage ça sent pas bon … à force de vouloir faire croire que tout n’est que montage et conspiration policière on finit par dire que les casseurs dans les manifs c’est des flics, ou que les sabotages c’est l’oeuvre de l’État pour avoir une excuse pour réprimer la gentille « contestation sociale ».
Au passage, dans les années 80 au Pays Basque, les barbouzes du GAL faisaient sauter des bagnoles avec leurs occupants et mitraillaient dans des bars du petit Bayonne, et de nombreux militants basques pourrissent en taule depuis des décennies, y compris en France, foutus dans les taules à l’autre bout du pays pour les couper de leurs liens sociaux et familiaux. Voilà la violence de l’État.
Des milliers de gens en Espagne se sont retrouvés derrière les barreaux, accusés d’appartenance à ETA, parce qu’ils avaient parfois installé la sono lors d’un rassemblement ou avait été vus à une manif. Des gens très jeunes ont subi des tortures physiques, dans les années 2000, parce qu’ils trainaient dans les mauvais bars et avaient les mauvais amis. Et bien évidemment, c’es gens ne faisaient pas tous partie d’ETA, mais ils étaient tous indépendantistes, et c’est ça qui était attaqué par l’État espagnol et français.
Aux yeux de l’État leurs simples idées les rendaient coupables, et c’est ça qu’il faut prendre en compte … l’État savait très bien que chacune de ces personnes était susceptible de se mettre à agir autrement qu’en allant en manif, et il fallait donc leur faire passer l’envie de passer le rubicon. Sauf qu’en réalité la rage face à la violence étatique en a poussé certains justement à militer autrement, et c’est ça l’erreur que fait l’État à chaque fois, de placer la barre de la violence assez haute, ce qui provoque des réponses équivalentes en face.