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La joie des gens, une joie de tous.

Tous l’ont vue, beaucoup ont écrit sur l’explosion populaire. Notre population a gagné la rue avec une joie immense et contagieuse. On sentait qu’elle vivait un moment spécial de sa vie. La fraternité était à fleur de peau, la communication humaine affleurait naturellement. Tant de jours et de nuits d’échec, tant de noirceur et maintenant l’aurore. Un parfum de triomphe contre l’ignominie innondait tout le monde. Un spectacle humainement beau. Nous nous aimions. Nous nous aimions avec le voisin, avec le parent lointain, … Nous avions envie de nous parler, de mnous dire des choses, d’en crier d’autres. Pour un moment est né la légion de frères, la confrérie de ceux qui, ensemble, avaient viré les méchants. Et sans manichéisme, c’était avoir viré les méchants, sans plus. Le meilleur des sentiments était là, avec des espoirs dans le lendemain et en prétendant laisser derrière nous la nuit de l’horreur. C’était un beau sentiment.

Nous avons jouit de la joie du peuple dont nous faisons partis, des émotions que nous avons vécues en ce moment avec leurs propres dimensions et contours, comme déliées d’autres réalités, de choses qui sûrement viendront après. Et nous avons jouit aussi, pourquoi ne pas le dire, des visages de haine et d’amertume de la bande de ceux qui perdaient. Faces décomposées qui tentaient de se montrer calmes et qui ne parvenaient qu’à témoigner d’une grimace dégoûtante de répugnance pour ce qui était en train de se passer : nous leur volions leur propriété. Les impunis, les maîtres, jusqu’à maintenant, de la torture, de la misère, des privatisations-cadeaux, étaient amers. Leurs petites combines, leurs prébendes prenaient également fin. Maintenant ce ne seront plus eux qui administreront les intérêts de ceux d’en haut, leurs propres et mesquins intérêts ne pourront plus non plus être satisfaits comme jusqu’à présent. (…) Quelle vie cruelle ! Ils souffraient ces misérables et cela véritablement réconfortait.

(…) ».