Sauf que… Comme à Marseille où le SO syndical joue des gros bras contre les révoltés plus déterminés, ou à Lille où l’Intersyndicale appelle les flics à faire leur boulot et à tabasser et encabaner les fameux black-blocs, à Caen choix a été fait de la dissociation. Tous les moyens sont bons pour réduire les peines face aux tribunaux, y compris balancer d’autres rebelles plus iconoclastes et moins respectables que de biens sympathiques délégués syndicaux. Il faut dire que ça devient la mode même dans les milieux radicaux… Passant par la personne d’Elise Brand, baveuse de son métier, qui avait il y a bien longtemps mené un procès pour un squat autonome, gilets jaunes et black-blocs en prennent donc pour leur grade dans la plaidoirie. Cela donne à peu près ceci : c’est pas nous, ce sont les méchants gilets jaunes qui ont bloqué la plateforme. Cela pourrait en rester là que ce serait déjà beaucoup trop… Sauf qu’Elise Brand, sous ordres syndicaux probablement, en rajoute une couche : la présence syndicale est liée à la pesante et curieuse menace de black-blocs issus du quartier de la Guérinière… 

 

Une dissociation face à un tribunal n’est pas une chose anodine. Elle renforce les discours du pouvoir et ses représentations, tout en jetant en pâture aux flics et juges des révoltés. Par cette dissociation, ces syndicalistes soutenus par l’Intersyndicale ont choisi leur camp : celui du pouvoir et de la contestation encadrée et respectable. Au passage, cette dissociation ne les a même pas empêchés de perdre leur procès. Pas une once de solidarité ne mérite d’être perdue pour ce genre de crevures, au contraire. 

Vive la liberté, vive la révolte contre tous les pouvoirs, vive les luttes autonomes !

[Reçu par mail]

Extraits d’un article des journaflics du Liberté (Caen) publié le 04.02.2020:

« Mardi 4 février 2020, plusieurs centaines de salariés d’Enedis et de syndicalistes de la CGT s’étaient rassemblés devant le Palais de justice de la Presqu’île, à Caen (Calvados). À l’intérieur, cinq de leurs camarades comparaissaient devant le juge des référés de la chambre civile du tribunal de grande instance, dans une salle d’audience elle aussi pleine comme un œuf.
Nicolas, Josée, Didier, Céline et Mickaël, dont les prénoms s’affichaient sur les T-shirts rouges de leur comité de soutien, avaient été assignés par leur employeur, pour avoir participé au blocage de la plateforme Serval de Mondeville, du 14 au 27 janvier 2020, dans le cadre de la grève contre la réforme des retraites.
Initialement programmée mardi 28 janvier 2020, cette audience avait été reportée pour permettre aux agents et à leur avocate de préparer au mieux leur défense. Me Elise Brand explique : « En signe d’apaisement, les agents ont mis fin au blocage et ont repris le travail. Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’un réel blocage puisque seuls trois camions en dix jours n’ont pas pu rentrer. Malgré cela, Enedis a maintenu son action ! Quand un conflit social est terminé, on se met autour d’une table et on discute, on ne doit pas plaider ! » […]
L’avocate souligne le rôle pacificateur des syndicalistes présents sur le piquet de grève. S’appuyant sur les constats d’huissier, qui ont noté la forte présence de « gilets jaunes », chaque matin, devant les grilles de Serval, elle estime qu’ils ont participé à calmer les esprits : « Il y avait également des « black blocks ». Si les syndicalistes n’avaient pas été là, cela aurait pu dégénérer… »
Malgré ces arguments, les juges du tribunal de Caen ont donné raison à Enedis, en ordonnant aux cinq agents assignés de laisser libre l’accès à la plateforme Serval. Dans le cas contraire, ils devraient s’acquitter d’une astreinte de 500 € par jour. »

[hxxps://actu.fr/normandie/caen_14118/blocage-dune-plateforme-logistique-pres-caen-justice-donne-raison-enedis_31237358.html]

D’autres récits de journaflics sur cette comparution:

  • hxxps://www.lamanchelibre.fr/actualite-839999-caen-cinq-syndicalistes-au-tribunal-pour-le-blocage-d-une-plateforme-d-electricite
  • hxxps://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/cinq-salaries-d-enedis-condamnes-a-caen-pour-le-blocage-d-une-plateforme-logistique-1580837990