L’appel des groupes écologistes au Thabord

L’appel des groupes écologistes à une marche pour le climat au Thabor, dans la continuité de leur précédent appel, s’ancrait dans une volonté de sortir du verrouillage des cortèges hors du centre-ville. La réponse de la préfecture ne s’est pas faite attendre : à 11h, le parc était complétement fermé, les camarades fouillé-es, contrôlé-es puis expulsé-es vers la manifestation inter-syndicale qui devait partir au même moment de la place CDG.

A cette occasion 3 camarades sont interpellé-es, ils et elles seront relaché-es dans la soirée avec un rappel à la loi. La volonté des flics était explicite : disperser au plus vite la formation d’un cortège dans le vieux Rennes et concentrer les personnes en lutte dans un même endroit pour mieux les encadrer.
Le comité de mobilisation de Rennes 2, en plus de s’opposer fermement au bouclage du centre-ville qui dure depuis des années, soutient que la stratégie des camarades était la bonne : multiplier les cortèges pour mieux déborder le dispositif de maintien de l’ordre.

Mélange des cortèges et bagarre avec des pompiers

Coté Charles de Gaulle, les flics ont attaqué à plusieurs reprises la tête de cortège dès le 1er tour ; d’abord quai de Chateaubriand, puis à République ou le canon à eau combiné au gaz lacrymogène a repoussé les camarades dans le cortège syndical. Arrivé boulevard de la Liberté, deux cordons de flics s’apprêtaient à attaquer les manifestants tentant de se regrouper à l’avant.
Et alors que toute l’attention était porté sur la charge à venir, un groupe de pompiers aidé du service d’ordre de la CGT en a profité pour attaquer brutalement par derrière des manifestant-es menacé-es par les forces de l’ordre.
Au cri de “va bosser !” (plutôt étonnant un jour de grève) et profitant de la présence des policiers positionnés à quelques mètres, ils ont frappé au visage et dans le dos des camarades alors que ces dernier-es étaient sous la pression des flics et ne pouvaient même pas se défendre face aux coups qui leurs étaient portés.
Une des camarades, mise au sol et frappée par plusieurs pompiers à coups de poings sur la nuque (à quelques centimètres du coup du lapin), aura cinq cervicales déplacées.

A ce moment là, il n’y avait aucun affrontements ni aucune attaque portée contre les grandes agences immobilières du boulevard. Et contrairement à qui a pu être publié dans la presse poubelle de Ouest-France, il ne s’agit pas d’une réaction à une pseudo “infiltration” ou d’une tentative imaginaire de vol de petit camion des pompiers.
Ce que nous avons pu voir, c’est bien une attaque par derrière contre des personnes qui remontaient le cortège pour échapper à une violente charge de la police qui n’a d’ailleurs pas manqué d’arriver quelques minutes plus tard.

Le motif de cette attaque lâche et opportuniste de ces pompiers et du SO CGT plus proches des forces de l’ordre que de ceux qui leur font face était clair : au fond il s’agissait de pousser à des arrestations, et de virer non seulement du cortège syndical, mais de la manifestation en général des gens qui n’incarnaient pas à leurs yeux la norme sociale fixée par les centrales syndicales : des jeunes, des étudiants-es, des chômeurs-es, des gilets jaunes…

Attaquer d’autres manifestants-es de cette manière c’était tenté d’imposer physiquement que la seule forme acceptable de mener la lutte c’est de faire grève avec sa boite, sa corporation. A leurs yeux, la manifestation n’est là que pour se mettre en scène dans des défilés pacifiés qui font leur énième tour des quais sans qu’il ne s’y passe rien.
Pourtant, pour des millions de gens qui sont au chômage, pour ceux et celles qui sont seul-es ou quelques un-es à faire grève dans leur entreprise, pour les étudiant-es, les intérimaires, pour les gilets jaunes qui continuent de se battre, la manifestation c’est souvent le seul endroit où l’on peut agir concrètement.

Une journée de grève, une barricade un blocage d’une raffinerie, une coupure d’électricité dans une ZAC ou la casse de vitrines d’agences immobilières ont au fond toutes la même fonction : avoir un impact économique réel, et construire le rapport de force avec le gouvernement, avec le patronat, contre ceux et celles qui nous exploitent.
Pour nous, il ne faut pas opposer la grève à l’action menée en manifestation, mais réfléchir à comment permettre au plus grand nombre de faire les deux.

Mais lorsque la foule s’est retrouvée péniblement à CDG autour d’une énorme sono qui diffusait la Salsa du Démon et une vapeur planante de saucisse, après que les cheminot-es se soient fait chargé-es par les forces de l’ordre pour leur extorquer un compresseur qui simulait quelques grosses détonations, nous avons eu la sensation que nous n’étions pas encore près du but…

Quand la police tente de dépouiller les manifestant·es

Après ce retour difficile du cortège à son point de départ, la décision a été prise par une partie des manifestant-es de rentrer ensemble en métro à Rennes 2 pour discuter collectivement de ce qui venait de se passer. C’était sans compter sur une dernière embuscade des flics locaux.
Ceux-ci nous attendaient depuis un moment à la sortie du métro en guettant l’arrivée de rames pleines de camarades.
Prétextant des contrôles, ils n’ont finalement interpellé personne mais ont profité des fouilles pour récupérer la totalité des affaires de manif ainsi qu’un certain nombre d’effets personnels.
Si l’objectif premier semblait être de prendre systématiquement les protections utilisées par les gens en manifs, le vol des portables, de vêtements, de clés et d’argent liquide montrait bien l’intention d’infliger une punition économique supplémentaire ciblées contre des jeunes précaires (les personnels syndiqués de l’université ayant été épargnés).

Et alors que les camarades se rassemblaient dans l’université après ce racket pitoyable par les forces de l’ordre, l’un d’entre nous est arrivé en courant pour nous prévenir : des policiers en civil procédaient à la perquisition d’un appartement à deux pas de la fac, prétendument pour vérifier l’identité d’une étudiante arrêtée plus tôt dans la journée. C’en était trop : toute les personnes présentes, rejointes plus tard par les personnels réunis en AG et la présidence, se sont ruées avenue Gaston Berger où une barricade enflammée de plusieurs mètres fut dressée en travers de la voie, en signe de protestation contre cette intervention intolérable de la police dans la métro Villejean et autour de l’université. Après un face-à-face aux portes de la fac, les flics ramenés à la hâte pour encadrer les pompiers ont fini par se tirer une bonne fois pour toute. Enfin !

En attendant la prochaine assemblée générale et de nouvelles grandes journées de mobilisation, il nous semblait important de faire le récit de cette journée plutôt calamiteuse, et rappeler à l’occasion quelles sont les bases fondamentales défendue à Rennes 2 pour un mouvement social victorieux :
 Que la multiplication des initiatives et des cortèges est nécessaire pour dépasser le dispositif policier et accèder aux points stratégiques de toute la ville.
 Qu’il faut surmonter l’opposition entre la grève classique et les actions en manifestation.
 Que l’université doit rester un lieu ouvert où les gens peuvent s’organiser sans subir a répression là où ils vivent, travaillent ou luttent !