Lors du meeting de Marseille du jeudi 12, les confédérations syndicales ont sonné l’heure de la retraite, chacune à leur manière : l’une en décrétant une grève générale qu’elle sait présentement impraticable, l’autre en évoquant un appel aux parlementaires, les deux en disposant du jeudi 19 juin comme nouvelle journée « d’action ».
Cette suite-là était donc contenue dans le début et il ne nous reste plus qu’à refaire le chemin de l’aller, en mauvaise troupe moins nombreuse, harcelée par les cosaques du système en place. L’usure va s’accélérer, évidemment : dans le spectacle qui régit notre quotidienneté, les luttes sociales mal gouvernées ont une dynamique d’extinction qui leur est propre. Cela passe par des actions retardataires, dites « gauchistes », des appels poignants au repli en « bon ordre », quelques manipulations médiatiques désormais superflues.
1995 avait sonné, assez faussement, un réveil du mouvement social : 2003 pourrait être l’année de son enterrement. Pourquoi pas, après tout ? Nous en avons un peu marre de chanter « bellaciao » et « motivés, motivés » ; marre de marcher sur des échasses pour faire croire que l’on subvertit par là une manifestation intersyndicale ; marre des shadoks qui nous disent ce que l’on sait déjà depuis 1871 ; marre des drapeaux, des badges, de tout l’identitaire. Nous sommes un vaste parti – au sens historique du terme – et il nous reste à le découvrir.

Von Clausewitz