Nous avions déjà publié un article sur la Division Nationaliste Révolutionnaire  lorsqu’ils voulaient ouvrir un local à Tulle en mars 2018. Depuis, l’équipe de la DNR a changé, et le groupuscule refait parler de lui, en annonçant un rassemblement et un concert en Bretagne le week-end du 20 avril (date anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler), tout près de Rennes. Aux antifascistes locaux de se mobiliser pour que les néonazis ne se sentent jamais chez eux en Bretagne !

À l’époque où le Bastion Social ouvrait des locaux dans plusieurs villes, la DNR avait annoncé en mars 2018 vouloir ouvrir un local à Tulle, en Corrèze. Grâce à la mobilisation des habitant-e-s de la ville contre cette ouverture, cette tentative a finalement échoué ; depuis, ils n’ont pour ainsi dire plus fait parler d’eux, si ce n’est la présence d’un drapeau arborant leur logo lors du rassemblement de la Dissidence Française à Paris, le 13 mai 2018, devant la statue de Jeanne d’Arc. En octobre, ils étaient signataires de la marche de la Dissidence Française à Paris, mais sont restés invisibles. C’est seulement le 1er décembre qu’on a pu les revoir en petit comité (quatre individus) lors de l’assemblée annuelle de la Dissidence Française aux cotés de Serge Ayoub, de Gabriele Adinolfi et du secrétaire départemental du Parti de la France de Seine Saint de Denis, Laurent Spagnole.

Parmi les anciens, il ne reste aujourd’hui que Sébastien Dudognon (qui n’a lui-même rejoint la DNR qu’en janvier 2018). Cet ancien secrétaire départemental du Front National de la Jeunesse de Corrèze a été condamné en juin 2018 pour incitation à la haine raciale, suite à une publication sur Twitter. Dudognon a aussi créé une sous-section de la DNR, avec sa page Facebook DIES IRAE Catholicorum qui relaie des articles catholiques intégristes le plus souvent issus de la Fratérnité Sacérdotale Saint Pie X… Des choix étranges (mais qui sommes-nous pour juger et surtout comprendre les méandres sinueux d’un esprit habité par le national-socialisme ?) pour quelqu’un qui partage aussi des photos d’Electre, une actrice porno qui militait à la Dissidence Française et qui a trouvé le grand amour avec une gothique sataniste…

Un tatoué à la tête

Depuis quelque mois, la DNR a changé de chef, avec l’arrivée en son sein de Johann Faust, qui auparavant s’amusait à faire des tatouages à Nevers, et qu’on avait aperçu dans différentes conventions de tatouages. Il est vite devenu le chef de la DNR, probablement grâce à ses bons contacts avec des nazi-skins, et en faisant le ménage dans le groupuscule, écartant d’anciens militants, dont certains fondateurs de la DNR, les qualifiant de «  rouges  » (une sacrée insulte dans ces milieux !). Faust n’a d’ailleurs pas que des amis à l’extrême droite, critiquant les autres chapelles, invectivant plus particulièrement ses anciens potes de Combat 18 (lui qui rêvait d’en devenir le leader) ou Jeune Nation, en leur reprochant de n’avoir pas su progresser en 70 ans d’existence ! Début décembre, il remporte même un trophée lors du «  Hitlerians Art Festival  » : organisé par une page du réseau «  social  » russe VK gérée par un néonazi portugais (qui organise également un concours “miss Hitler” !), il s’agissait d’un concours de peintures, sculptures, et tatouages représentant des symboles nazis, et dont le gagnant ou la gagnante pouvait repartir avec un buste de Hitler… Quoiqu’il en soit, Johann Faust profite aussi de la DNR pour faire tourner son business, en faisant des tatouages lors de leurs événements, et tatouant le logo du groupe sur le corps des nouveaux membres ; il s’est aussi approprié la vente de vêtements à l’effigie de la DNR.

Leurs événements se réduisent en général à quelques rassemblements entre eux dans des coins paumés : cela dit, la DNR a quand même déjà organisé un concert en janvier 2019, qui est leur seule réussite à ce jour. Ce concert s’est déroulé dans la Nièvre , là où résidait leur chef, et avait en tête d’affiche le groupe Match Retour (groupe de Oi habitué des concerts néonazis) avec son chanteur Renaud Mannheim, ancien du Blood and Honour et du Bunker Korp Lyon.

Tous leurs autres événements se sont soldés par des échecs : la DNR annonce des rassemblements, puis quelques jours avant les reporte, ou les annule purement et simplement, comme par exemple sa tentative avortée de soupe populaire à Paris.Pour le reste, ne cherchez pas de programme politique, la DNR n’en a pas : son projet de société se résume à reprendre photos et slogans nazies.

Les sections de la DNR dans l’Hexagone

Même si elles n’ont en général pour seule activité qu’une page Facebook animé par un militant, des sections DNR se sont ouvertes à Paris, en Alsace, en Aquitaine, dans le Sud et en Bretagne, où leur chef vient tout juste de s’installer.  Ces militants locaux semblent n’avoir aucune activité dans leur région, et autant qu’on puisse le savoir, aucun passé dans d’autres organisations, et ils sont visiblement assez isolés. ON peut donner en exemple un autre tatoueur, mais amateur, Yann Fralin, qui anime la section d’Agde, dont la page de son Facebook russe VK est un vrai poème :

En revanche, le « David Franck  » chargé d’une DNR dans l’Est (il habite à Nancy) n’est pas un inconnu pour nous : de son vrai nom Arnaud Largentier, c’est un militant plus aguerri, proche des organisations traditionnelles d’extrême droite, qui était auparavant au Parti Nationaliste Français. Largentier se déplaçait régulièrement lors des rassemblements organisés par le PNF, , et il est l’auteur de plusieurs textes publiés sur le site internet du PNF, “Jeune Nation” qui révèle chez lui une obsession des Juifs. Il était d’ailleurs allé voir Robert Faurisson un an avant son décès…

Les liens avec d’autres organisations d’extrême droite

On l’aura compris, la DNR assure la continuité du folklore à l’extrême droite, avec son chef et ses petits soldats en uniforme. Or c’est justement l’ego démesuré des chefs qui empêchent le plus souvent les différentes formations de ce genre de faire des choses ensemble. Comme on l’a déjà mentionné plus haut, c’est surtout avec la Dissidence française que des liens se sont tissés. Mais à Bordeaux, c’est plutôt avec Thomas Bégué, membre du Parti de la France  mais aussi animateur du bar le Menhir, où se retrouve toutes les branches de l’extrême droite bordelaise : c’est d’ailleurs Bégué qui avait fait le logo de la DNR Paris lors de son lancement en 2018. C’est probablement par l’intermédiaire de Sébastien Dudognon que le contact s’est fait, les deux compères étant des anciens du Front National, Dudognon comme secrétaire départemental du FNJ de Corrèze, et Thomas Bégué comme secrétaire départemental adjoint chargé de l’action militante en Gironde.

Du point de vue des autres groupuscules d’extrême droite, les militants de la DNR sont plutôt considérés comme des baltringues, une petite bande près à suivre leur chef dans tous ses délires : comme le résume (avec ses mots à lui) un militant de l’Action Nationale et Radicale (un groupuscule qui n’a pas grand-chose à envier à la bande de Faust), la DNR regroupe «  toutes les personnes ou groupe qui font du tort au milieu nationaliste … Le DNR composé de moitié de gitans… insulter des personnes qui sont dans le mouvements depuis maintenant des années, c’est pas normal ».

Un week-end en Bretagne pour l’anniversaire de Hitler

Depuis le début de l’année, la DNR annonce un rassemblement avec concert en Bretagne : tout d’abord prévu début mars, il a finalement été reporté au week-end du 20 avril, une date spéciale pour les néonazis puisque leur défunt Führer est né le 20 avril 1889. Quant au choix du lieu, il s’explique par l’arrivée récente de Johann Faust dans le Morbihan, là où d’autres militants de la DNR sont déjà installés. Le Führer de la DNR cherchait un logement du côté de Ploermel… Là où, dans la nuit du dimanche 31 mars au lundi 1er avril , plusieurs tombes ont été recouvertes de croix gammées. Si on en croit l’agent communal qui les a découvertes, interrogé par Ouest-France : « c’est la première fois qu’il y a des dégradations comme ça à Ploërmel. Nous n’avions jamais vu ça. »

Quoiqu’il en soit, ce rassemblement annoncé autour de Vannes devrait toutefois finalement se dérouler un peu plus au nord, à Plélan-le-Grand, une petite ville de 3000 habitant-e-s pas très loin de Rennes.

Pour le concert, les militants de la DNR espèrent avoir en tête d’affiche Amalek, un rappeur d’extrême droite qui vient de sortir de prison, surtout connu pour ses chansons homophobes et antisémites. Enfant de la balle nationaliste (son père Lionel Payet était un ancien responsable du Front National à Amiens), Pierre-Marie Payet, sous le pseudo Amalek,  a commencé ses élucubrations en faisant des quenelles devant la préfecture d’Amiens ; on le retrouve ensuite lors d’une manifestation anti-migrants à Calais ou lors de l’occupation de l’église Sainte Rita à Paris en juin- juillet 2016 ; enfin, il a fait le déplacement à Berzy le Sec au local des Black 7, les bikers de Serge Ayoub, pour un concert avec Kroc Blanc, un autre rappeur d’extrême droite.

Amalek a aussi fréquenté tout le petit milieu de la «  dissidence  » sur internet, d’abord aux côtés de Daniel Conversano avec lequel il s’est ensuite livré à une petite gue-guerre assez inintéressante : désormais, c’est surtout avec la petite bande d’Hervé Ryssen qu’il s’accommode le mieux, leur antisémitisme viscéral les rapprochant probablement.

Il n’est pas encore trop tard pour agir

Si ce rassemblement se concrétise cette fois-ci, il ne devrait peut-être pas attirer les foules, mais il est à craindre que certains d’entre eux se promènent à Rennes sur ce week-end. Ces énergumènes sont capables de tout et n’importe quoi, et ce ne serait pas étonnant d’entendre parler d’eux par le futur dans les colonnes des faits divers… C’est pourquoi, en dépit des apparences d’amateurisme du groupe, il est nécessaire de les empêcher de se développer et de s’organiser avant qu’ils ne passent à l’acte. À toute fin utile, vous pouvez contacter  la mairie de Plélan-le-Grand (Tél. 02 99 06 81 41, mail  : accueil@plelan-le-grand.fr) concernant les invités de ce week-end du 20 avril bien particulier que  ses administré.e.s vont devoir subir…

 

Voir l’article complet ici http://lahorde.samizdat.net/2019/04/04/bretagne-les-neonazis-de-la-dnr-refont-parler-deux/