[zad] un verger prend racine dans l’est !
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : EcologieResistancesZad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
Dans Nantes et sa région, plusieurs épiceries (GASE) et groupements d’achats autogérés ont vu le jour ces dernières années. Ces initiatives offrent une alternative aux rayons de la grande distribution (y compris celle estampillée bio-écologique), et refont de l’alimentation une question politique. Elles permettent l’accès à des aliments de qualité, à des tarifs avantageux, en favorisant des circuits courts ou des achats directs auprès de producteurs de la région. Ces groupements, à taille humaine et à l’échelle d’un quartier, s’inscrivent aussi dans des dynamiques de lutte et de solidarité.
Alors que la lutte anti-aéroport battait son plein, les rencontres entre des membres de ces épiceries et des habitant.e.s de la ZAD ont abouti à un projet de verger, sur les terres de la ZAD. En Octobre 2017, lors de la journée “De nouvelles terres pour de nouveaux projets” [1] (soutenue par une partie du mouvement anti-aéroport), nous clamions alors notre désir de dépasser l’autogestion des rayons pour aller vers l’autogestion de la production. Ce jour là, plusieurs dizaines de personnes solidaires creusèrent une cinquantaine de trous, prélude à l’implantation du verger, dans une parcelle prise pour l’occasion à un exploitant non engagé dans la lutte contre le projet d’aéroport.
Les arbres de notre verger sont plantés sur une parcelle de 6 hectares entourant la Noë Verte, à l’extrême est de la ZAD. A terme, le verger doit occuper 2 hectares. Le reste du champ est destiné à des productions céréalières collectives. Nous avons planté une cinquantaine d’arbres fruitiers l’an dernier. Nous avons aussi réalisé une culture potagère annuelle, avec une belle récolte de courges à la clé. Cet automne, nous planterons 50 arbres supplémentaires (de jolis pommiers et poiriers adaptés au climat de la région) et des arbustes à fruits rouges. Les fruits et légumes du verger sont destinés à la vente dans les épiceries, ainsi qu’aux réseaux de luttes et de solidarité (cagette deter’ [2], squats, cantines…).
Il nous semble indispensable pour un avenir commun d’établir des liens pérennes entre la ville et la campagne, ainsi qu’entre les luttes qui s’y déroulent. Notre choix d’une culture fruitière sur une petite surface participe de cet objectif, en permettant à chacun.e de s’investir sur zone, même en habitant à Nantes, sans ni réquérir une présence quotidienne (au contraire d’activités d’élevage ou de maraîchage par exemple), ni faire face à des obstacles pratiques ou techniques trop hauts à franchir. Et nous constatons ainsi avec joie l’étendue de nos apprentissages et rencontres depuis un an !
Ce verger marque aussi notre ancrage dans l’extrême est de la ZAD. Cette zone accueille une activité professionnelle de maraîchage (“aux petits oignons”), des cultures vivrières, des lieux de vie (le Haut-Fay, la Noë Verte), une forge, un atelier de sérigraphie, une conserverie collective…Le voisinage entre le verger (la production) et la conserverie (la transformation) est plein de sens et d’utilité. Nous mutualisons également du matériel, et des projets communs voient le jour. L’ensemble de ces liens est favorisé par la proximité spatiale entre les différentes activités. Il nous importe de les défendre.
Aujourd’hui, ce verger et nos liens directs avec les différentes activités et habitats de l’extrême est sont menacés par l’incertitude autour de l’avenir des terres. La parcelle est en effet une “zone conflictuelle”, revendiquée par son ancien exploitant. Ce dernier n’a pas pris part à la lutte anti-aéroport et a bénéficié de compensations sur des terres qu’il revendique désormais comme étant ses “terres historiques”. La solution proposée en lieu et place du verger (rétrocession et échange de parcelles) ne nous satisfait pas, car elle est opposée à nos choix de culture et porte atteinte aux liens existants entre nous en nous éloignant. Par ailleurs, les terres doivent revenir à celles et ceux qui les ont défendues [3]. Elles ne doivent pas bénéficier à l’expansion d’exploitations existantes et déjà bien trop grandes, mais au contraire revenir aux projets (agricoles, sociaux, de vie) déjà existants sur la ZAD, ou à de nouveaux projets respectueux du bocage.
Nous réaffirmons notre attachement à ce verger et à la parcelle qui l’accueille, ainsi que notre volonté de le défendre. En ce sens, des chantiers collectifs auront lieu dans les prochaines semaines :
le 20 Octobre, à partir de 14h : réalisation de trous pour les futures plantations
en Novembre, chantiers collectifs de plantation (annonces à suivre sur zad.nadir.org) Le collectif de la Bande de Gazon
[1 https://zad.nadir.org/spip.php?article4772 [2] https://lacagettedesterres.wordpress.com/ [3] https://zad.nadir.org/spip.php?article6128
On ajoutera que l’ancien exploitant a touché de grasses compensations financières, et propose des échanges avec des terres qui ne lui appartiennent pas…
et du coup les fruits de ce verger (privatisé par une fiche individuelle?) sur les terres de luttes vont partir vers les paniers bobo de nantes ou alimenter a prix libre le non marché de celleux qui défendent encore la zad ?
Pas de fiche sur le verger à l’heure actuelle, qui ne sera pas “privatisé” quoiqu’il arrive.
Pour la destination des des fruits (quand il y en aura) :
– dispo sur le non marché sous réserve qu’on soit sur zone ces jours là
– dispo à prix libre de soutien dans les épiceries/groupements d’achats autogérés
– don dans les squats ou à des cantines de luttes
Vive le verger de la Résistance