Bure : témoignage sur les persquisitions du 20 juin 2018

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TÉMOIGNAGE SUR LES PERQUISITIONS DU 20 JUIN 2018
20 juin à 7h du matin : bruit de course dans l’escalier, je me réveille et saute du lit, quelques secondes plus tard des grands coups sont portés contre la porte et font résonner tout l’immeuble. Je n’ai pas le temps de crier pour leur dire que j’ouvre, que la porte est fracassée et que je me retrouve plaqué la tête au sol dans ma chambre, à moitié nu, par des policiers armés de tazer qui me menottent aussitôt. Un ami venu dormir à la maison subit le même régime.
Aussitôt ils s’enquièrent de l’absence d’A. avec qui je vis, ignorant que cette dernière travaille de nuit. Celle-ci, revenant du travail, courre vers l’appart en voyant l’immeuble envahi par les gendarmes. Elle est aussitôt placé en garde-à-vue ainsi que moi-même.
S’ensuit alors une fouille minutieuse de notre appartement qui va durer plus de 3h et aboutir à la saisie de tous les téléphones, disques durs, ordinateurs, clés usb, cartes SD, appareils photo, y compris ceux de l’ami de passage. Pour partie du matériel neuf, à peine remplacé depuis le dernier passage des mêmes gendarmes à notre appartement le 20 septembre dernier.
On m’assure qu’un serrurier repassera changer la serrure, plus tard on apprendra du voisinage que l’appartement est resté béant durant un temps, sans surveillance.
A. est emmenée pour perquisitionner son véhicule, le local associatif voisin auquel nous participons. Plus tard c’est sa chambre à son travail qui sera perquisitionnée.
A. ressort au bout de 48h de garde-à-vue. Pour ma part je suis prolongé à 72h et serais relâché au terme de 60h de privation de liberté. Près de 20h d’auditions sur mon engagement et la lutte à Bure avant d’être présenté devant un juge d’instruction qui me met en examen sous le chef d’inculpation de bande organisée sous prétexte des dégradations commises en marge des manifestations à Bure contre le projet d’enfouissement Cigéo. Le même régime que pour la criminalité organisée : ma garde à vue était prolongée en théorie jusqu’à 96h.
13 perquisitions ont été menées à l’encontre de personnes engagées dans les associations et collectifs en lutte contre le projet Cigéo. D’importantes saisies d’ordinateurs, de supports de stockage numériques personnels. De nombreuses convocations et auditions passées et encore à venir, 5 mises en examen, 2 placements sous statut de témoin assisté.
Un an d’écoutes téléphoniques, de surveillance filmée au quotidien, de filatures, des dizaines de questions inquisitrices en audition, pour un dossier creux qui accuse au final les gens de s’organiser pour militer. Et le refus de fournir des codes d’accès à notre vie privée sont systématiquement considérés comme une volonté de cacher quelque chose et menacé de poursuites.
Qu’est-ce que ça me fait ? Qu’est-ce que ça nous fait ? Dans 1984, O’Brien dit à Winston “Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement”. Quand un agent de police vous donne une description psychologique qu’il pense vous correspondre et qu’il fait des allusions à détails de vos conversations intimes et privées, vous ne pouvez plus parler au téléphone sans penser au troisième homme qui vous écoute. Quand on pénètre deux fois dans votre espace de vie et qu’on en fracture l’entrée avec violence pour vous mettre à terre, vous ne pouvez plus ne pas vous interrompre quand les portes claquent dans votre immeuble ou vous coucher sans appréhender d’être réveillés par des coups frappés à votre porte. C’est l’essence de la répression, lui faire prendre corps en vous, au plus profond de vous jusqu’à l’intolérable, le point de rupture, le renoncement.
La liberté ne se perd que quand on y renonce et je n’ai pas l’intention d’y renoncer ! No pasaran !
voir aussi la vidéo-témoignage de Etienne Ambroselli, avocat des anti-Cigéo mis en garde à vue: «On cherche à nous terroriser» : https://youtu.be/M_Hf6pV5FfA
Bure, le 28 juin 2018
« On est à Bure, on fait ce qu’on veut ! »
(entendu lors d’une perquisition du 20 juin 2018 de la bouche d’un gendarme)
Entre le mercredi 20 et le jeudi 21 juin 2018, 14 perquisitions ont eu lieu dont 12 simultanées dans des lieux de vie de militant.e.s anti-CIGEO. Ces perquisitions, parfois menées dans la plus complète illégalité, (en l’absence de mandat présenté aux occupant.e.s,) semblaient cibler des personnes particulières afin qu’elles soient auditionnées ou placées en garde à vue. Ainsi plus d’une douzaine de convocations pour des auditions ont été distribuées, et 9 interpellations ciblées ont eu lieu. Après des gardes à vue de 36 à 60h, 2 personnes sont relâchées sans suite pour le moment, 2 personnes obtiennent le statut de témoin assisté et 5 personnes sont mises en examen avec un contrôle judiciaire. Ce contrôle comprend des interdictions de territoire, des interdictions de se voir entre personnes concernées par l’instruction et une interdiction de quitter le territoire national.
L’État et son lobby nucléaire ont montré une fois de plus que la seule réponse qu’il savent apporter aux critiques légitimes des opposant.e.s à CIGEO, la méga poubelle de Bure, est une réponse répressive. Cet acharnement répressif se manifeste au travers de l’ouverture d’une instruction pour association de malfaiteurs, pilotée par le juge d’instruction Kevin Lefur . Ce dernier, obéissant aux logiques des nucléocrates, peut ordonner des perquisitions de tous lieux et des arrestations, des écoutes et des filatures de toute personne étant liée de près ou de loin avec la lutte contre CIGEO, et ce jusque la fin de l’instruction qui devrait durer au moins un an et s’étendre plus probablement sur plusieurs années. Une première vague de perquisitions avait déjà eu lieu dans ce même cadre le 20 septembre 2017.
La peine, c’est la procédure
Quand l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) et l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) pointent du doigt les risques énormes liés au projet CIGEO, quand près de 3000 personnes se retrouvent dans les rues de Bar-le-Duc pour dénoncer ce projet absurde, demander la fin du nucléaire et affirmer leur solidarité aux militant.e.s locales, l’État abat sa dernière carte pour imposer sa poubelle nucléaire : la répression. Pour les personnes vivant à Bure et dans les environs, la vie est déjà rendue complexe par une présence policière accrue : plusieurs patrouilles par heure, contrôles et fouille de véhicules et des personnes… Sortir sans sa carte d’identité, c’est risquer une vérification d’identité de 4h ; laisser traîner un couteau suisse (et même une pelle à tarte) dans la portière de sa voiture, c’est risquer une garde à vue et des poursuites pénales pour transport d’arme. Quand on parle d’État d’exception à Bure, on fait état de toutes ces mesures qui rendent pénible la vie au quotidien afin que ce bout de territoire se vide toujours plus de ses habitant.e.s et surtout de ses opposant.e.s à la poubelle nucléaire.
L’’instruction ouverte pour association de malfaiteurs décuple les activités répressives contre les militant.e.s, et, en brisant des vies, tente de broyer cette lutte. Ainsi, des personnes installées depuis des années, se retrouvent avec des interdictions de territoire qui les privent de leur vie sociale tissée sur la durée. Des personnes qui luttent depuis des années contre ce projet se retrouve dans l’interdiction de se voir, cassant toute possibilité d’organisation politique. En recherchant jusqu’aux personnes participant aux approvisionnement de nourriture et en mettant en place des filatures et des écoutes généralisées, l’État diffuse la peur parmi tou.te.s les opposant.e.s et tou.te.s les habitant.e.s. La défense collective contre cette attaque judiciaire est d’autant plus compliquée que les personnes concernées n’ont pas le droit de se voir et que le dossier d’instruction est protégé par le « secret d’instruction ». La procédure en cours est chronophage, mobilise des personnes pour la parer, diabolise les mis.e.s en examen aux yeux de voisin.e.s et des personnes qui découvrent les chefs d’inculpation. Elle prend ce temps si utile pour lutter. Cette instruction a pour unique but de paralyser la lutte et d’imposer le projet mortifère de la poubelle nucléaire à Bure.
Mais la lutte n’est plus une lutte locale : avec des comités de soutien et d’action qui se forment et se consolident partout en France et au delà, la résistance prend une tournure internationale. Ainsi, 55 rassemblements ont eu lieu mercredi 27 juin 2018. Ielles veulent museler l’opposition locale à CIGEO, mais ielles n’ont pas compris que cette opposition est totale ! Les comités de soutien et d’action, les milliers de personnes présentes lors de la manifestation du 16 juin à Bar-le-Duc, sauront boycotter la concertation organisée par les pouvoirs publics autour du nucléaire à la rentrée pour organiser leurs propres concertations autogérées ; sauront suivre l’exemple des MONSTRES de CIGEO (campagne lancée sur le site lesmonstresdecigeo.noblogs.org) et prendre pour cible partout où ils sont atteignables les sous-traitants et soutiens de CIGEO ; et saurons enfin se retrouver nombreu.x.ses du 3 au 10 septembre autour de Bure pour une semaine d’ateliers et de mobilisation afin de stopper la construction de la voie ferrée qui servira aux transport des déchets, l’installation du transformateur électrique qui alimentera CIGEO et le défrichement du bois Lejus.
Un commentaire déjà publié (et caché) a été (encore) caché. On propose que la personne creuse dans son propre jardin pour enfouir les déchets radioactifs, plutôt que de les envoyer ailleurs. Bon sauf que ça polluera la nappe phréatique pour tout le monde autour, alors ptet il faudra trouver une autre autre chose.
Au risque de se répeter, enfouir les déchets n’est PAS une solution. Cf https://www.bfmtv.com/societe/bure-eboulement-sur-le-futur-site-d-enfouissement-de-dechets-nucleaires-2-blesses-946522.html
S’ils savent même pas creuser, comment croire qu’ils pourront assurer l’étanchéïté ?
Bref la propagande de CIGEO a d’autres endroits pour s’étaler.
ha bon si je suis pour l’enfouissage,je dois enfouir chez moi !!
quelle bétise,,c ‘est le même type d'”argument” des racistes: tu aimes les migrants? prends en chez toi !!si j’étais aussi crétin je dirais: tu préféres avoir les déchets radioactifs en surface? ok mets dans ton jardin !!!
voila le niveau intellectuel des opposants à bure !!!
et en plus ils censurent à qui mieux mieux, vrai stals de service.
en fait vous avez vraiment peur d’une vraie discussion censée et respectueuse des avis.
la zad a accouché de ça : ces crétineries dignes d’une cours de récré.
déjà si tu savais lire spartacus,ou du moins juqu’au bout t’aurais compris qu’en fait non l’enfouissement c’est une fausse solution parce que pas maitrisé et risque de contaminé le sol. Alors peut être pas dans 50 ou 100 ans mais cigéo est incapable d’assurer l’étanchéité. La seule solution si on a un peu de respect pour nos dscendants avec nos conneries, c’est les laisser accessible qu'”au moins ils savent où sont nos déchets et surtout qu’ils soient accessibles.
et si toi si tu savais comprendre tu aurais vu que ma critique portait surtout sur l’illogism,la bétise crasse de l’argument “enfouis les dechets chez toi”
cela me semble essentielle de discuter intelligement et honnêtement.
Ensuite aucune solution n’est 100% maitrisée, aucune,moi aussi j’ai lu des experts.
chacun a les siens !!
oui le risque industriel est toujours là,enfouissage ou en surface ! aucune solution n’est maitrisée je le répete car c ‘est le nœud de la discussion.
le zéro défaut n’existe ni sur l’enfouissage ni sur la solution en surface.
avec le nuk c ‘est encore plus flagrant . c’est pour cela que je suis pour l’arret des centrales nucléaires.
En attendant oui,comme la majorité des voisins de ces centrales ,je préfére la solution enfouissage sous 500m de roches plutôt qu’a l’air libre (ou quasi)