Comme les billes de mercure; résistons ensemble avril/mai 2018, n° 172
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Anti-répressionAntifascismeImmigration/sans-papierEs/frontieresQuartiers populairesRacismeRépression
Comme les billes de mercure…
Dans les lycées, le pouvoir s’attendait à une résistance face à la sélection sociale et territoriale que représente le « parcours sup’ ». Or un combat s’est levé… mais pas de la part de ceux qui en sont directement les victimes : les lycéens. Les matraquages, exclusions, intimidations préalables ont fait leurs œuvres… ces derniers n’ont pas, ou très peu, bougé. Ce sont les étudiants qui manifestent, occupent, bloquent contre une agression qui, pourtant, ne les concerne plus directement.
Et les cheminots ? Ils ne luttent pas pour une augmentation de salaire, pour eux-mêmes, mais, entre autres, contre la suppression de leur statut… qui ne frappera que les futurs embauchés.
Il en va de même pour les zadistes de Notre-Dame-des-Landes… Ils ont gagné, fait reculer l’État, et on leur promet des situations en règle… à la seule condition qu’ils abandonnent la lutte collective qui leur a justement permis de gagner, qu’ils rentrent dans la « normalité » du monde du profit.
L’équipe Macron ne comprend plus, elle flaire le danger : la mise en cause par la lutte de cette société de rapaces capitalistes et de leurs règles. Le pouvoir est surpris, mais frappe sans pitié. Se sentir obligé d’envoyer 2 500 gendarmes robocops, des hélicoptères et blindés contre quelques centaines de zadistes ou des centaines de CRS contre des amphis occupés est un aveu de faiblesse. Les fascistes ont bien saisi ces failles de l’État et sortent de leur trou, comme à la fac de Montpellier.
Ces trois luttes qui défient les règles nous laissent donc entrevoir une autre société, juste et fraternelle : la fin du « chacun pour soi », du « premier de cordée », du « tu es ce que tu mérites », chers à la Macronie.
Vous connaissez le mercure ? Répandu, il forme de minuscules billes, des sphères parfaites, brillantes, miroirs de la réalité. Mais celles-ci sont en équilibre instable. Soit elles se dispersent, soit elles convergent, entrent en contact, les forces moléculaires invisibles les unissant, créant des billes de plus en plus grosses et puissantes. Il en est ainsi aujourd’hui avec les luttes des cheminots, étudiants, zadistes, retraités, sans-papiers, réfugiés, postiers, personnels de la santé, de l’éducation, des EHPAD… Elles sont aussi belles que les billes de mercure. De leurs convergences pourrait naître un autre avenir.
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