Le militantisme exotique : réflexions sur les films de yannis youlountas
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeArt/culture
Le mlitantisme exotique : réflexions sur les films de Yannis Youlountas
02.03.2018
Trois films dans l’air du temps : « Ne vivons plus comme des esclaves », « Je lutte donc j’existe » et le tout dernier « L’amour et la révolution ». Tel un chasseur d’images, ou plutôt de luttes, Yannis Youlountas prétend illustrer la résistance dans le sud de l’Europe. Les scènes s’enchaînent pour créer une apparence d’ensemble, pour représenter l’exotique avec le moindre effort. Et c’est ainsi que cet opérateur-explorateur s’invente une convergence de luttes et usurpe le rôle de l’expert. Nous sommes alors le public d’un spectacle. Notre rôle est réduit à consommer ces images et d’éprouver de l’admiration pour ce qui se passe ailleurs.
Comment mieux résumer ces films que par les paroles de leur réalisateur ? Yannis Youlountas décrit son travail cinématographique comme un voyage en terre de résistance et de luttes. Nous lisons également sur son site que c’est avec poésie qu’il délaisse l’analyse chiffrée pour un voyage émouvant. Et effectivement, il ne tente pas d’analyse. Il n’approfondit aucun sujet qui émerge de ses rencontres. Dans son deuxième film « Je lutte donc je suis » il tente cependant un fil rouge en déléguant la parole, entre autres, à Eric Toussaint -membre fondateur du CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers monde) mandaté par le gouvernement Syriza – qui voit la crise principalement comme une affaire comptable. C’est précisément ce type d’approche technocratique qui peine à relever les transformations que nos sociétés subissent ces dernières années. Les images représentant des luttes, qui ne manquent pas depuis 2008, s’inscrivent alors dans une relation de cause à effet, où la cause est l’austérité, pour citer le réalisateur lui-même, et l’effet l’agitation, ou pour être plus précis le manque de calme. Suivant la loi d’action-réaction, Youlountas nous invite à observer les réactions, et ceci à travers des cartes-postales en mouvement d’un zoo humain grandeur nature.
Des non-témoignages
Si l’intention du réalisateur est de récolter des témoignages ou bien de donner la parole aux luttes, cette parole ne nous parvient pas car il la fait disparaître dans son propre bavardage. Ces films sont constitués d’une immense quantité de scènes éparses : des luttes, des militant.e.s, des images d’émeute, des groupes politiques, des lieux, des initiatives, des partis politiques, des artistes d’envergure internationale, des paysans. Tout y passe. Comme un zapping. Faute de thème, toutes ces séquences isolées ne sont reliées que par des moyens purement techniques : une citation, de la musique, une superposition d’images. Comme si l’accumulation d’informations suffisait pour rassembler, dépasser les clivages et faire converger les luttes (dixit Florian Salazar-Martin, Maire Adjoint à la Culture de Martigues dans La Provence le 05/09/2015). Mais cette convergence n’existe que sur les écrans.
Youlountas donne ainsi l’impression que tout ce monde lutte ensemble. Mais quel est le lien, et dans quel récit, entre le NON du référendum en Grèce, la nostalgie de la résistance pendant la dictature des colonels (1967-1974) et les émeutes sur fond musical ? Que partagent les militants du centre médical autogéré à Exarchia (quartier dit « anarchiste » au centre ville d’Athènes) et la tenancière d’un bistrot privé qui se plaint des effets catastrophiques que subit le domaine du tourisme à cause de la crise ?
L’exotisme sensationel
Cette dernière précise que les visiteurs choisissent la Grèce pour « sa sauvagerie » et le « fond intrinsèque un peu libértaire » de ses habitant.e.s. Et ce fantasme, n’est pas seulement celui des touristes.
Ces dernières années, une fascination s’est créée autour des luttes des pays du sud de l’Europe, et notamment en Grèce et en Espagne. Ces sociétés sont idéalisées, les milieux militants sont sublimés, le cocktail Molotov est idolâtré. On s’y rend pour s’évader, la conscience tranquille : on ne fait pas juste du tourisme (c’est bien cette démarche-là qui a donné lieu au Volontourisme, désormais institutionnalisé). Nous apercevons bien l’explorateur-opérateur chez Yannis Youlountas qui se charge de relayer à son public francophone ses aventures exotiques dans les milieux militants du sud.
Mais toutes les séquences de ces films sont systématiquement extraites de leur contexte. Elles sont recontextualisées dans un montage qui vise à provoquer des émotions. Et ceci s’adresse à une autre société, et notamment aux pays européens francophones. Le sensationnalisme s’avère une fois de plus être un bel outil. La pitié revient de plus belle. Notre baroudeur ne s’est pas gêné de demander ce qu’une grecque aurait à transmettre à un ami français imaginaire (un peu comme écrire au père Noël). Comme il ne s’est pas gêné d’illustrer la fameuse crise, sur une bande-son un peu tristounette, par des plans sur des sans-abris, des gens qui dorment dans un train de nuit (!), tous et toutes filmé.e.s à leur insu. Et enfin, il enchaîne avec des images d’enfants insouciants qui jouent et de personnes en exil qui mangent, qui font du sport et qui s’intéressent à la civilisation grecque (à une statue de Sophocle plus précisément !). Bien évidemment, cela sous-entend une reconnaissance de la part de ces personnes en état de vulnérabilité.
L’appropriation et l’héroïsation
Or la réalité sociale ne peut pas être représentée à travers ce fétichisme voyeuriste et sensationnaliste. Yannis Youlountas en est très bien conscient. En mettant en place un exotisme par tous les moyens possibles, il s’offre une distance de sécurité entre son public francophone et les terres de son périple. Ainsi il se donne la possibilité de revendiquer aisément sa place dans son récit : il se fait passer aux yeux des spectateurs pour quelqu’un de l’intérieur, pour celui qui a réussi à pénétrer dans les milieux militants locaux. Étant donné que Yannis Youlountas souhaite transmettre l’enthousiasme, les utopies en marche et la joie de créer, il a besoin, pour y parvenir, de planter un décor de misère dans lequel se produisent des héros et des héroïnes. Il se place alors sur les côtés des personnes qu’il choisit de sublimer. Dès lors, il peut se présenter en tant que camarade anarchiste grec. Il se flatte alors d’être à la fois le messager et l’expert.
Et il n’oublie pas que la fin justifie les moyens. Afin de pimenter ses aventures et affirmer sa place, il inclut dans son montage des séquences qu’il n’a pas filmé lui-même, sans pour autant nous en informer. Yannis Youlountas emploie la même tactique lorsqu’il se met à écrire (ou à parler). Il n’hésite pas de s’approprier d’une assemblée publique et s’inventer la qualité de membre de l’assemblée d’occupation de l’Ecole Polytechnique à Athènes pour signer son article « Athènes sur un volcan » (par ailleurs bourré d’impertinences et de comparaisons foireuses). Comme il n’hésite pas à nous exposer, toujours en tant qu’expert, « les dessous de l’assassinat de Pavlos Fyssas » ou bien de nous expliquer en 8 minutes « Comment aider la résistance grecque ».
Or ce concept de résistance grecque est monté de toutes pièces. Et Yannis Youlountas en est certainement au courant.
Source : https://renverse.co/Le-militantisme-exotique-reflexions-sur-les-films-de-Yannis-Youlountas-1407
Comment c’est insultant de parler d’exotisme pour un binationnal franco-grec qui, de plus, fait beaucoup contre les notions de frontières. C’est même à la limite d’un titre confusioniste.
Sachant qu’il passe demain en procès, assigné par les fachos de defend europe (avec Jean-Jacques Rue) c’est franchement d’une bassesse sans nom de l’attaquer sur cet aspect. Y’a parfaitement le droit de le critiquer, de pas apprécier ses films, mais cet argument là c’est totalement malhonnête.
« Usurpation du rôle de l’expert » et « absence d’analyse » juste avant la critique « d’approche technocratique »…
Non seulement ça semble confus, mais également:
C’est vraiment si compliqué de réfléchir par soi-même ?
Pour de la critique ou des propositions objective hein. Évidemment.
Après Ne vivons plus comme des esclaves et Je lutte donc je suis, le réalisateur franco-grec Yannis Youlountas revient avec un nouveau long métrage : L’amour et la révolution. Vous pouvez voir la (longue) bande annonce qui suit ainsi que ses réponses aux quelques questions que nous lui avons envoyées.
lundimatin : Bonjour Yannis. Tu viens de terminer ton prochain film « L’amour et la révolution ». Sur l’affiche, on peut lire le sous-titre « Non, rien n’est fini en Grèce ». Qu’est-ce qui n’est « pas fini » selon toi ?
Yannis Youlountas : Ce sous-titre est notre réponse aux médias occidentaux qui, en Europe, laissent croire que tout est fini en Grèce. Cette désinformation intervient de deux façons. Tout d’abord un silence impressionnant, par rapport aux années précédentes, signifiant qu’il ne se passe plus grand-chose et que la situation s’est améliorée. Ensuite, quand la Grèce est brièvement évoquée, il ne s’agit que de chiffres incomplets et de déclarations mensongères. Les agences de presse parlent de croissance. Mais quelle croissance ? La croissance pour qui ? La croissance de quoi ? Avec la chute de moitié du coût de la main d’œuvre et des infrastructures, la Grèce est devenue un paradis pour les capitalistes, mais un enfer pour la plupart de ceux qui y vivent. Tsipras et les dirigeants européens claironnent depuis leurs salons feutrés que le plus dur est passé, alors qu’il ne fait que commencer. La situation sociale et écologique est dramatique, mais au milieu des ruines, des initiatives montrent que rien n’est terminé. Par exemple, depuis deux ans et demi, le mouvement social a accueilli de façon formidable, dans de nombreux squats, des dizaines de milliers de réfugiés et migrants qui ont ainsi pu échapper aux camps que l’Etat grec a mis en place ; des camps indignes conçus, pour la plupart, par des technocrates français envoyés par Bernard Cazeneuve début 2016. Et puis il y a les nouvelles résistances, mais là encore, motus en occident.
Dans la (longue) bande annonce que tu viens de mettre en ligne, une grande importance est donnée au groupe Rouvikonas. Peux-tu nous en parler un peu plus, étant donné que leurs actions semblent avoir une grande résonance en Grèce, mais restent fortement méconnues ici ?
Le groupe Rouvikonas est né il y a trois ans. Son nom signifie Rubicon en français, ce fleuve romain qui représentait la limite à ne pas dépasser. C’est une organisation politique anarchiste qui se définit comme une « opposition dans la rue » à l’action du gouvernement et de l’Etat. Une opposition directe qui frappe par surprise, mais sans jamais faire de victimes, tous les lieux où s’organise la destruction des conquis sociaux et du bien commun. Par exemple, Rouvikonas a détruit les locaux de Tirésias, organisme au service des banques qui avait conçu un grand fichier des personnes surendettées, ou encore le bureau du Taiped chargé de la privatisation du bien commun, ainsi que beaucoup d’autres temples de la bureaucratie au service du durcissement du capitalisme. Ces derniers mois, Rouvikonas a multiplié sabotages, occupations, y compris au sommet du pouvoir, blocages d’événements, par exemple les négociations avec la troïka. Rouvikonas défend aussi les victimes de la violence des patrons en organisant des représailles et soutient parallèlement des actions de solidarité indépendantes du pouvoir et des ONG. La plupart des membres de Rouvikonas sont des ouvriers, des étudiants, des chômeurs, hommes et femmes, qui ont simplement choisi avec courage et persévérance de ne pas laisser faire, quoi qu’il en coûte. Ils sont de plus en plus nombreux. Yorgos, l’un des fondateurs, qui intervient dans « L’amour et la révolution » est, à lui seul, sous le coup de 40 procès et risque plusieurs années de prison. Notre film comme les précédents a pour but, entre autres, de soutenir ces luttes à la fois en les faisant connaître, mais aussi de les aider à payer les amendes et les cautions. Nous ne sommes pas des reporters venus filmer à la sauvette pour faire du fric sur le dos de ceux qui résistent. Nous sommes des membres du mouvement social que nous connaissons bien et au service duquel nous agissons, d’Est en Ouest et d’Ouest en Est. Le cinéma est une arme. Une arme pour riposter, donner à voir et à penser autre chose, susciter l’envie d’agir en suggérant de multiples formes. C’est une arme contre la résignation, à condition de ne pas nous enfermer dans l’uniformité et le sectarisme, car il y a plein de façon d’agir. C’est aussi un moyen de soutenir nos prisonniers politiques, ainsi que nos principales initiatives solidaires autogérées : squats de réfugiés et de migrants, cuisines sociales, structures autogérées de santé, automédias. Fin 2013, nos compagnons d’Exarcheia ont commencé à utiliser l’expression « film solidaire ». Une expression qui nous plait bien et qu’on a conservée depuis.
Le quartier d’Exarcheia est connu pour être le foyer contestataire et subversif historique d’Athènes. Tu sembles dire qu’il serait en « danger », qu’entends-tu par là ?
En effet, le pouvoir en Grèce et en Europe veut en finir avec Exarcheia, comme avec toutes les zones de résistance et d’expérimentation. En plus, ce quartier d’Athènes que la police peine à pénétrer sert de base à la plupart des groupes révolutionnaires qui le harcèlent, visibles ou invisibles, dont le plus connu est Rouvikonas. En Grèce, la propagande médiatique contre Exarcheia est énorme. Souvent ridicule. Parfois abominable. Par exemple, il est dit qu’Exarcheia est l’épicentre de la drogue à Athènes, alors que nos compagnons font la chasse aux dealers de drogues dures qui sont, à l’inverse, protégés par les flics à l’ouest du quartier, de façon très visible. L’État et la mafia ont tout intérêt à répandre l’aliénation et l’illusion dans les rangs de ceux qui leur résistent. Bref, c’est tout le contraire de ce que raconte la télé. L’épée de Damoclès au-dessus du quartier est double. La stratégie des conseillers de Tsipras est de gentrifier progressivement Exarcheia : projet d’une station de métro, grands travaux, aménagements, mais aussi achats de nombreux logements par des hommes d’affaires chinois invités de la dernière foire économique de Thessalonique (consacrée aux relations Grèce-Chine) pour les transformer en Airbnb, et par conséquent hausse des loyers… Pendant ce temps, le chef de la droite, Kiriakos Mitsotakis, promet solennellement de « nettoyer Exarcheia dès [son] premier mois », sitôt la future alternance passée, en évoquant un immense déploiement de forces de police, une opération quasi-militaire. Même si on prend sa menace au sérieux, la première des réponses a été une tornade de caricatures et de parodies satiriques. Bref, un grand éclat de rire dans le quartier et bien au-delà en Grèce.
Après les émeutes massives de 2008, les mouvements sociaux quasi continus et l’effondrement économique du pays, de nombreux observateurs extérieurs s’attendaient à de possibles grands bouleversements politiques. Certains mettaient leurs espoirs dans Tsipras pendant que d’autres voyaient dans son élection une impasse inéluctable dans la politique classique. Trois ans plus tard, qu’en est-il ?
Il n’y a pas de doute possible : l’élection de Tsipras a été une catastrophe. Après six mois d’agitation stérile aux côtés du pitre Varoufakis, la « capitulation » de Tsipras a assommé une grande partie de la population. Un choc qui a provoqué une immense résignation, une sorte de dépression, d’apathie profonde durant de longs mois pendant lesquels la plupart des pires lois sont passées comme une lettre à la Poste, sans résistance ou très peu. Même l’aile de gauche de Syriza qui a fait sécession a été laminée par le TINA de Tsipras et ses larmes de crocodile à la télé grecque. Dans le mouvement social, avant son arrivée au pouvoir, les avis à ce sujet étaient partagés. Malgré nos divergences fondamentales, certains se disaient naïvement qu’il limiterait un peu la casse en attendant mieux, d’autres ne croyaient pas du tout à une amélioration mais pensaient que l’arrivée de son parti aux affaires ferait tomber les masques et ouvrirait un boulevard aux composantes révolutionnaires. Mais la plupart craignaient ce qui allait finalement arriver : l’anesthésie quasi-totale du mouvement social durant plus d’un an, d’abord devant le spectacle de la bataille, puis celui de la défaite. Depuis, nous avons pris acte et essayons d’activer la résistance et les solidarités sous de nombreuses formes. L’Etat ayant abandonné la plupart de ses prérogatives sociales pour ne garder que les plus répressives, nous proposons l’autogestion et l’auto-organisation parmi les moyens non seulement de survivre, mais aussi d’expérimenter un autre futur.
Ton film met en lumière des pratiques d’auto-organisation et de lutte très diverses, de l’aide aux migrants à la lutte contre la construction d’un aéroport, d’actions offensives et symboliques contre les lieux de pouvoir aux manifestations émeutières. Comment tout cela s’articule ?
Il n’y a pas de recette miracle ni de vérité absolue. A chacun d’essayer, d’inventer, d’expérimenter là où il se trouve, avec ceux qui l’entourent. La lutte contre le projet d’un nouvel aéroport à Kastelli, en Crète, n’est pas exactement la même que celle que j’ai pu voir à Notre-Dame-des-Landes. Par exemple, il n’y a pas à proprement parler de ZAD, d’occupation effective des terrains concernés (600 hectares sur lesquels 200 000 oliviers seraient coupés). Les gens qui résistent vivent dans la ville principale et les villages alentours, ils cultivent les terres qu’ils refusent de céder, organisent des concerts et des débats, et sabotent autant que possible les conférences des bureaucrates envoyés pour convaincre les habitants. L’abandon du projet d’aéroport en France a été une immense joie pour eux, car ils suivaient depuis longtemps la lutte exemplaire de Notre-Dame-des-Landes ; même si, on le sait, rien n’est fini, notamment pour l’avenir de la ZAD. Autre différence : en Grèce, le mouvement social se divise beaucoup moins sur la question de la violence. Les émeutes sont rarement décriées dans nos rangs. La diversité des formes d’actions est plutôt admise comme légitime, respectable et même nécessaire. D’autant plus que la violence subie, politique, économique et sociale, provoque une immense colère un peu partout. Tout le monde ne descend pas dans la rue dans le but de brûler une banque, mais peu râlent quand ils assistent à cela. De toutes façons, nos compagnons émeutiers ne sont pas là pour discuter sur le macadam : ils ne veulent plus de ce monde, de ses banques, de ses boutiques de luxe arrogantes ; ni des symboles du pouvoir ni des valets casqués qui le servent. Ils font ce qu’ils jugent bon de faire, sans que personne ne les gêne. Quant aux migrants, lors de leur arrivée massive en 2015, nous avons rapidement perçu cette nouvelle épreuve comme un défi : celui de montrer concrètement de quoi nous étions capables. Le mouvement social a rapidement ouvert un grand nombre de nouveaux squats, à commencer par le Notara 26 à Exarcheia dès le mois de septembre 2015, pour accueillir ces visiteurs et les inviter à s’organiser eux-mêmes avec le soutien des « solidaires ». C’est depuis une expérience formidable d’émancipation individuelle et sociale. Ce mélange de population est une grande richesse à Exarcheia et ailleurs en Grèce. Il permet d’échanger, de multiplier les initiatives et de propager l’idée de changer la vie bien au-delà des convaincus, des férus de politique et d’Histoire, parmi les premiers opprimés du capitalisme : les migrants de la guerre et de la misère.
C’est une impression lointaine et donc peut-être erronée, mais il semble que la situation grecque soit étrangement « gelée ». D’un côté il y a un gouvernement réduit à une impuissance évidente, de l’autre des forces subversives nombreuses et bien organisées, mais restreintes à un état « minoritaire ». A quoi ressemble, selon toi, l’avenir à moyen terme du pays ?
Le monde n’a jamais changé du fait d’une majorité. De plus, il faut souvent bien peu de choses pour que tout bascule très vite. Le plus souvent quand on ne l’attend pas. En Grèce, nous assistons à une véritable gestation depuis neuf ans, bientôt dix. Nous sommes passés par toutes les étapes. Des étapes très formatrices : des émeutes qui ont fait trembler le pouvoir mais n’ont pas réussi à le faire tomber, des grèves générales répétées mais sans lendemain, des occupations et des assemblées sur des places qui ont attiré beaucoup de monde mais qui tournaient un peu en rond, des lieux autogérés qui proposaient des alternatives alléchantes mais sans vraiment gêner le système économique dominant, des tentatives syndicales et électorales qui ont échoué lamentablement, des démonstrations d’ouverture et d’accueil par-delà les frontières mais sans parvenir à obtenir des papiers pour tranquilliser nos amis migrants, des actions de sabotage et de blocage qui ont montré que le pouvoir est un géant aux pieds d’argile et que sa puissance n’est bâtie que sur du vent et des simulacres, mais beaucoup n’ont pas osé faire de même par peur des conséquences juridiques. La leçon de cette période exceptionnelle est sans doute qu’une seule façon d’agir ne suffit pas, que la diversité est notre richesse, que le respect mutuel parmi ceux qui luttent devrait nous accompagner partout et qu’on ne sait pas d’où viendra la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Mais une chose est certaine, c’est que pour sortir de l’impasse mortifère, changer profondément la société et sauver la vie, nous n’avons pas d’autre choix que l’amour et la révolution.
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/220118/l-amour-et-la-revolution-le-prochain-film-de-youlountas
des commentaires de trollage on été retirés.
un autre commentaire a été retiré parce que critiquer un personnage public c’est possible (même pour dire qu’il n’y a qu’une seule façon de voir, celle personne qui critique…) mais par contre la famille demeure du domaine privé, les choix de ses membres ne peuvent donc pas être critiqués sur des pré-suposés.
Durant l’été 2017, une expédition raciste a tenté d’entraver le sauvetage en mer des migrants en mer Méditerranée par les ONG. Telle une milice fasciste, les principaux dirigeants identitaires européens ont affrété le « navire C-Star » contre les associations humanitaires et les personnes qui fuient la guerre et la misère, parmi lesquelles des enfants.
Heureusement, sur l’une et l’autre rive, des centaines de militants antiracistes et antifascistes se sont mis en réseau pour les en empêcher. Dès lors, la débâcle de l’expédition Defend Europe a été retentissante : première alerte en Egypte, blocage du bateau à Chypre, abandon du projet d’escale en Crète, manifestations en Sicile, nouvel abandon en Tunisie, panne au large de la Libye et, enfin, capitulation au large de Malte suivie de la fuite des chefs identitaires européens.
Quelques mois après cet échec total, Defend Europe contre-attaque en justice pour se venger.
Les chefs identitaires allemand, français et italien de Defend Europe poursuivent Yannis Youlountas, seul membre visible du réseau antifasciste Defend Mediterranea, opposé à l’action de Defend Europe, pour « diffamation » et « injures publiques », principalement pour l’utilisation du mot « nazi » dans plusieurs communiqués tels que : « Les nazillons toujours coincés sur leur bateau », « La croisière nazie s’amuse », « Un navire d’aide aux migrants envoyé au secours des nazillons en panne » ou encore « Décidément, le bateau nazi au pavillon mongol nous fait beaucoup rire ».
Ils poursuivent également Jean-Jacques Rue, journaliste satirique et ami de Yannis, pour avoir partagé et commenté, avec beaucoup de colère, de verve et non sans humour, l’une des publications de ce dernier.
Ils leur demandent à tous les deux des sommes colossales (plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun) non seulement dans le but de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de mettre en grandes difficultés ces deux militants aux revenus modestes. Jean-Jacques Rue risque même jusqu’à 3 ans de prison pour un soi-disant appel au meurtre, alors que c’est, au contraire, l’action de vouloir gêner les actions de sauvetage en mer qui est à l’évidence une mise en danger de la vie d’autrui.
Le procès aura lieu le mardi 27 mars 2018 à 13h30 au Tribunal correctionnel de Nice.
Nous vous invitons à venir soutenir et rencontrer Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue durant trois moments de discussion, de partage, de convergence de luttes et de solidarité par-delà les frontières :
LUNDI 26 MARS À ANTIBES au cinéma Le Casino (avenue du 24 août)
18h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia – Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg (57 minutes) qui raconte l’aide internationale apportée aux exilé.e.s bloqué.e.s en Grèce et au mouvement social grec à travers le regard de 4 enfants participant à un convoi venu de France, de Suisse et de Belgique.
19h30 Rencontre avec Yannis Youlountas, Jean-Jacques Rue et plusieurs personnages des films
20h30 Projection de L’Amour et la Révolution – Non, rien n’est fini en Grèce de Yannis Youlountas (1h17) qui raconte l’actualité des luttes et des solidarités en Grèce, notamment avec les exilé.e.s
21h50 repas partagé
MARDI 27 MARS À NICE devant le Palais de Justice
13h30 RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN FACE A LA XENOPHOBIE
(avant et pendant le procès de Yannis et Jean-Jacques)
MARDI 27 MARS À NICE à la salle de FSGT (27, rue Smollet)
Accueil et rencontre, dès la fin du procès
19h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia – Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg
20h30 débat « Construction de la solidarité par-delà les frontières »
puis repas partagé et musique !
Comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques
et
SOlidarité MIgrant.e.s COllectif 06 : Artisans du monde 06, ATTAC France, Citoyens solidaires 06, Défends Ta Citoyenneté !, FCPE, FSU 06, LDH section de Nice, Ligue des Droits de l’Homme Paca, Mouvement de la Paix, MRAP 06, Planning familial 06, RESF 06, Roya Citoyenne, Solidaires 06, Solidaires étudiant.e.s Nice, Syndicat des Avocats de France, Vallées solidaires 06
Réseau antifasciste DEFEND MEDITERRANEA
et d’autres collectifs, organisations et associations de France, de Grèce et d’ailleurs.
Liste en cours, nous contacter à l’adresse courriel ci-dessous (collectifs, organisations et associations uniquement).
Contact comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques : yetjj@youlountas.net ou 06 18 26 84 95
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/98485
Oui et alors ?
C’est pas parce que Youlountas passe devant le juge que son oeuvre est immunisée contre la critique, ni que ses comportements et ses accointances devraient rester intouchables. La critique est aussi et surtout valable pour les individus se réclamant de l’anarchisme sinon aucune critique des orgas et des petits-chefs en leur sein n’émergerait, ni les accusations de harcèlements, d’agression sexuelles et de violences conjugales.
Youlountas a appelé à voter Syriza, copine avec des altercapitalistes comme Eric Toussaint et Serge Latouche (ami de Alain de Benoist), il a défendu son ex boss Siné un franchouillard pas possible (la voix de son maître ?) et défendu Pierre Rabhi proche de l’extrême droite anthroposophes, des chefs d’Etat comme Tomas Sankara. Youlountas semble être un opportuniste de premier choix.
C’est pas parce que les détracteurs de Youlountas passent sur Indymedia qu’ils sont immunisés contre la critique, ni que leurs textes devraient rester intouchables.
C’est bizarre cette manie de refuser toute critique des purs et durs de la vérité « révolutionnaire ».
il y a clairement du trolage par une/des personnes malvaillantes, on a dû retirer un autre commentaire. Et pour être franc.he.s la question se pose de la validité de cet article et de certains commentaires, basés sur des infos tromquées ou manipulées et sans la moindre référence tangible… on va en discuter.