Samedi 25 septembre. Valdivienne. Poitou. NOUS SOMMES PRES DE CINQ CENTS « FAUCHEURS VOLONTAIRES », SYNDICALISTES PAYSANS, MILITANTS ASSOCIATIFS ET POLITIQUES ET ELUS DE TOUS NIVEAUX, PRINCIPALEMENT DES VERTS ET QUELQUES UNS DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS. PAS DE SOCIALISTES ET AUCUN MESSAGE DE SOUTIEN DE SEGOLENE ROyal. Dommage alors que le parti socialiste s’est déclaré solidaire des faucheurs volontaires et que le premier geste politique de madame Royal a été de déclarer Poitou-Charentes « région sans OGM ». SI LES SOCIALISTES NOUS ONT DEÇUS, LE PREMIER MINISTRE NOUS A SCANDALISES.

A quelques encâblures de Chasseneuil du Poitou, au coeur de son fief politique, monsieur Raffarin a voulu démontrer que l’ordre règne chez lui…Et que les multinationales de l’agro-business peuvent compter sur lui pour continuer leur entreprise d’asservissement de l’ensemble de l’agriculture.

La parcelle de maïs transgénique est donc transformée en fortin, défendu par des centaines de gardes mobiles, en rangs serrés derrière des barrières et des chevaux de frise tandis que nous avançons sous la surveillance d’un hélicoptère de la gendarmerie : un déploiement de forces sans commune mesure avec la  » menace  » que nous représentons.

Nous savons que la parcelle est inaccessible, à moins d’un affrontement dont nous ne voulons pas. Notre seul objectif est donc de nous approcher de la ligne de gardes mobiles et de manifester pacifiquement au nom de la liberté de manifestation et d’expression prévue par notre Constitution.

Mais à cinq cents mètres de la « ligne de front » SANS QUE LES SOMMATIONS D’USAGE AIENT ETE LANCEES, NOUS RECEVONS UNE PLUIE DE GRENADES LACRYMOGENES ET OFFENSIVES dont l’intensité montre la violence qui est à l’oeuvre. Manifestement, ces militaires ont reçu des ordres précis QU’ILS EXECUTENT EN NOUS TIRANT COMME DES LAPINS.

UNE TRENTAINE DE PERSONNES, DONT UN JOURNALISTE, SONT BLESSEES PAR DES ECLATS DE GRENADES OFFENSIVES et doivent être conduites vers l’hôpital le plus proche ; des dizaines et des dizaines d’autres sont fortement affectées par les gaz lacrymogènes, victimes de vomissements, d’ étouffements ou d’évanouissements… »L’attaque » – il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette honteuse lâcheté d’Etat – dure près d’une heure avant que les sapeurs-pompiers ne viennent éteindre les débuts d’incendies allumés par les grenades des gardes-mobiles…

Scènes de chasse en Poitou. Raffarin peut être satisfait, il a démontré sa force et son autorité. LES MULTINATIONALES PEUVENT DORMIR TRANQUILLES, LE PREMIER MINISTRE VEILLE A LEUR BON GRAIN QUI POURTANT SEME L’IVRAIE !

Mais il paraît que nous sommes

« une poignée d’obscurantistes qui refusent le progrès et la recherche ».

Mais pourquoi n’explique-t-on pas que CES CULTURES D’OGM EN CHAMP OUVERT N’ONT RIEN A VOIR AVEC LA RECHERCHE, qu’il s’agit simplement pour les multinationales agro-alimentaires d’obtenir des autorisations de mise sur le marché ?

Pourquoi ne dit-on pas que L’ETAT COUVRE DES HORS-LA-LOI, DES DELINQUANTS ECOLOGIQUES QUI MENACENT DE POLLUTION D’AUTRES CULTURES ALORS QU’ILS NE SONT MEME PAS ASSURES POUR LES RISQUES QU’ILS FONT COURIR A L’ENVIRONNEMENT ET A L’AGRICULTURE ?

NOUS N’AVONS JAMAIS REFUSE LA RECHERCHE EN MATIERE GENETIQUE, mais à deux conditions : qu’elle soit financée par l’argent public et qu’elle se déroule en milieu confiné.

Toutes les études convergent en effet pour démontrer que la dissémination lors de cultures en plein champ est réelle et tous conviennent que nous ne connaissons pas à ce jour les conséquences de cette dissémination sur la bio-diversité et la sécurité alimentaire. Face à une telle incertitude, le principe de précaution – que le président de la République veut voir inscrit dans notre Constitution – s’impose. En empêchant de telles cultures ou en tentant de le faire, nous ne faisons que mettre en oeuvre la Charte de l’Environnement votée par le Parlement et donner une réalité aux propos généreux de monsieur Chirac sur les dangers de la fuite en avant en matière d’environnement !

Et c’est bien parce que le Parlement, où siègent quelques-uns d’entre nous, refuse obstinément de se saisir du débat sur les OGM que nous

« désobéissons ».

Que reste-t-il, en effet, comme autre moyen quand les arrêtés de centaines de maires interdisant les cultures OGM dans leurs communes sont cassés par l’Etat, quand on ne tient aucun compte des votes de plus de douze régions, quand on refuse l’organisation d’une conférence des citoyens, quand toutes nos demandes de commissions d_enquêtes parlementaires sont restées dans les tiroirs de l’Assemblée nationale ?

Une démocratie qui refuse le débat devant la société est une démocratie malade et affaiblie dont la légitimité de ses représentants est en péril. Faute de débat, transparent et contradictoire dans les lieux démocratiques, c’est la répression qui triomphe contre ceux qui demandent plus d’éthique et plus de droit.

Monsieur Raffarin ne devrait pas trop se frotter les mains après son coup d’éclat du 25 septembre, pas plus que ceux qui, dans nos propres rangs, nous accusent de « courir le risque d’être considérés comme des activistes associatifs » ou qui, dans la gauche bien pensante parlent « d’actes de vandalisme » et de « coups médiatiques bien éloignés de la gauche populaire ».

En croyant flatter l’opinion dans le sens du poil – alors qu’elle est majoritairement contre les OGM dans son assiette – ils prennent le risque de refermer encore un peu plus une société qui étouffe sous les tabous et ils donnent raison à ces milliers de français qui ne croient plus en la politique.

La gauche que nous aimons, la gauche que nous voulons, LA GAUCHE QUE NOUS DEFENDONS, C’EST CELLE QUI NE CALCULE PAS POUR DEFENDRE DES CAUSES JUSTES. Voilà pourquoi nous continuerons de désobéir aussi souvent que l’urgence et la nécessité l’exigeront.

-Francine Bavay, vice-présidente du conseil régional d_Ile de France,

-Martine Billard, députée de Paris,

-Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord,

-Cécile Blettery Duflot, membre du Collège exécutif des Verts,

-Mireille Ferri, vice-présidente du conseil régional d_Ile de France, porte-parole des Verts,

-Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts,

-Alain Lipietz, député européen,

-Noel Mamère, député de Gironde, maire de Bègles,

-Dominique Plancke, conseiller régional du Nord Pas de Calais,

-Natalie Riollet, membre du Collège exécutif des Verts.

http://www.monde-solidaire.org/spip/article.php3?id_article=1577

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