Manif du 10 octobre à toulouse : un gros cortège de tête, une manif sauvage et au moins une arrestation
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeCortège de têteLoi travail 2016RépressionResistances
Tout commence avec une bonne centaine de lycéen-nes (et quelques soutiens), bien décidé-es à se montrer dans cette manif.
Le petit cortège démarre de St Sernin, pour se placer devant la CGT entre Arnaud B et Compans. De vigoureuses discussions s’amorcent avec le service d’ordre de la cgt qui part d’un fait irréfutable : « de toute façon, vous resterez pas devant ». Leurs arguments vont des plus débiles (« qu’est ce que vous venez foutre dans notre manif ? ») aux plus rigolos (« prenez votre carte à la CGT et allez manifester avec l’UNEF »).
Finalement, le cortège tient bon et s’élance en tête de manif vers Arnaud B où il est rejoint par des centaines d’étudiant-es puis par le pink bloc, le witch bloc et plein de non-encarté-es.
Le cortège festif et deter est composé de plus de 1000 personnes (1500 ?). On peut y entendre deux sonos bruyantes, plein de chants et slogans (« les CRS dans la Garonne ! ») ; des boules de peinture sont jetées sur des banques, des flics et des assurances ; trois fachos qui filmaient la manif se font confisquer leur smartphone et reçoivent quelques bleus en compensation.
Seul hic, on se demande ce que le NPA n’a pas compris dans le mot d’ordre : « cortège indépendant des partis et syndicats ». On devra leur dire que le P de NPA, c’est pour « parti ». A grand renfort de drapeaux, quelques lourdos d’entre eux se sont mis en tête de jouer les leaders étudiants et se sont placés devant les banderoles du cortège. Leur mégaphone avait du mal à couvrir les réguliers » tout le monde déteste le npa ! « .
Arrivé au terme de la manif classique à françois verdier, une grosse majorité du cortège ne veut pas en rester là et part en manif sauvage. Les accès sont verrouillés, les flics sont partout. Il ne reste plus qu’à remonter la manif en poussant les syndicalistes et travailleurs à nous rejoindre.
La flicaille est prise de vitesse au niveau de l’espace Saint George. Tout le monde s’engouffre dans le quartier Peri. La course devient frénétique, des poubelles sont renversées, des vitrines d’agence immobilière et de boite d’intérim sont défoncées, des « hourras » retentissent dans la foule. Une allégresse de courte durée. Une lourde charge de CRS et baqueux vient frapper plusieurs personnes au hasard, avec une arrestation à la clef. Ils en profiteront pour gazer tantôt au poivre, tantôt à la lacrymo. Ce qui reste de la manif sauvage repart avec les flics au cul vers le point de dispersion de la manif classique.
Même si tout n’a pas été parfait, cette manif peut être considérée comme une réussite, en oubliant évidemment pas d’apporter tout notre soutien à la personne arrêtée. C’est la première fois depuis longtemps qu’un cortège autonome, massif et offensif se retrouve dans les rues de toulouse.
Il s’agit maintenant de créer des cortèges où la police ne puisse pas rentrer quand elle le décide, d’apprendre à se protéger en portant foulard et masque de plongée, d’être assez fort-es pour envoyer chier les leaders autoproclamés et autres petits récupérateur de mouvement, d’être assez ouvert pour faire venir toujours plus de lycéen-nes, étudiant-es et précaires(ou pas) avec nous, et aussi et surtout d’être assez inventif-ves pour voir plus loin que les manifs ponctuelles, qui vont fatalement finir par nous lasser.
Bref, on continue de s’organiser, on a la patate et on n’a pas finit de les pourrir !
On se rechecke le 19, bisous !
http://iaata.info/Manif-du-10-octobre-un-gros-cortege-de-tete-une-manif-sauvage-et-au-moins-une-2237.html
Dans un article titré « Les policiers toulousains inventent la “technique du glissement” pour sécuriser les manifs », France 3 revient le harcélement pratiqué par la police sur les cotège. Un flic explique ainsi comment depuis plus d’un an à Toulouse ; une équipe mixte composée de baqueux et de membres des compagnies d’intervention (casque avec deux bandes jaunes) ciblent les personnes qu’ils considèrent comme « à risque ». Nous reproduisons ici l’intégralité de l’article, qui pourrait peut-être alimenter la réflexion sur nos propres stratégies de déplacements en manif ?
La tactique dites du « glissement »
C’est comme ça que l’articile désigne la présence permanente des flics autour du cortège. Il faut remarquer que nulle mention n’est faite des voltigeurs, certainement que cette part du dispositif donne une image moins glamour.
Placées sur les flancs du cortège, des groupes d’intervention accompagnent, à quelques mètres, les manifestants qui paraissent le plus potentiellement dangereux.
« Potentiellement dangereux », les journalistes fidèles ne tiquent pas sur cette qualification toute policière. La suite est à l’avenant…
Au moindre incident, ils interviennent tout de suite, en pénétrant la manifestation et en exfiltrant le trublion. Rapide, efficace et économique parce que cela demande beaucoup moins d’effectif que les méthodes traditionnelles.
« Exfiltrer » du vocabulaire guerrier qui laisse présager d’une situation tendu d’affrontement violent. Et de quelles économies nous parle-t-on ? Pas celle d’heures perdues en garde à vue.
On apprend plus loin que la « tactique » doit êre exporté à la fRance entière, de quoi faire se pamer nos fidèles cerbères…
Cette tactique particulière, inventée à Toulouse il y a un an et demi, s’est avérée efficace et a permis de diminuer considérablement la casse des véhicules ou des vitrines. Les manifestations toulousaines sont ainsi mieux sécurisées à tel point que d’autres préfectures en france adoptent cette méthode.
https://iaata.info/France-3-se-felicite-du-maintien-de-l-ordre-a-la-toulousaine-2246.html
« Même si tout n’a pas été parfait, cette manif peut être considérée comme une réussite ».
Ah bon ? Et vous avez réussi quoi ?…
« tactique particulière, inventée à Toulouse il y a un an et demi »
Avoir des unités mobiles sur les flancs du cortège, ça fait des années que ça se pratique dans plusieurs villes de France, notamment Paris et Nantes. Ici, on était quelques un-e-s à appeler ça « un dispositif à l’allemande ». Une manif en 2011 avait déjà été collée des deux côtés par des keufs en armure à Nantes, et le même type de procédé est utilisé par des groupes de dizaines de BACeux depuis longtemps. Ça s’est simplement généralisé en 2016 pendant la Loi Travail.
Notons qu’à Nantes, passé un certain seuil, quand le cortège de tête est vraiment massif, les flics restent à distance. On l’a vu le 10 octobre. En revanche dès que la manif s’amenuise, la police revient au contact sur les flancs. C’est une façon de mettre les manifestants sous pression quand le rapport de force s’affaiblit.