Aux admirateurs de gauche de la syrie d’assad par fardouk mardam bey
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeResistances
Après des bombardements massifs par l’aviation russe qui ont duré quatre mois, l’armée de Bachar al-Assad et les milices chiites venues de toute part, mobilisées par les mollahs iraniens, ont donc fini par « libérer » Alep-Est. La libérer de qui ? De ses habitants. Plus de 250.000 personnes sont forcés d’évacuer leur ville pour échapper aux massacres, comme avant eux la population de Zabadani ou de Darayya, et comme ce sera le sort, après eux, de bien d’autres Syriens si le « nettoyage » programmé, social et confessionnel, se poursuit dans leur pays, couvert par une grande campagne médiatique d’intoxication.
Qu’en Syrie même des nantis d’Alep, toutes confessions confondues, se réjouissent d’être débarrassés de la « racaille » – entendre les classes populaires qui peuplaient Alep-Est – n’est guère étonnant. On l’a souvent observé ailleurs, la morgue des classes dominantes est universelle.
Que des mollahs chiites d’un autre âge fêtent l’événement comme une grande victoire des vrais croyants sur les mécréants omeyyades, ou proclament qu’Alep était jadis chiite et le redeviendra, peut aussi se comprendre quand on connait leur doctrine aussi délirante que celle de leurs émules sunnites.
Enfin, qu’ici même, en France, en Europe, des hommes politiques et des faiseurs d’opinion d’extrême-droite ou de la droite extrême marquent bruyamment, de nouveau, leur soutien à Assad est également dans la nature des choses. Ils n’ont que mépris pour les Arabes et les musulmans, et ils pensent aujourd’hui comme hier que ces peuplades doivent être menés à la trique.
Mais comment ne pas exploser de colère en lisant les déclarations favorables au régime des Assad, père et fils, proférés par des hommes et des femmes qui se disent de gauche, donc solidaires en principe des luttes pour la justice partout dans le monde ? Comment ne pas s’enrager en les entendant vanter l’indépendance, la laïcité, le progressisme, voire le socialisme d’un clan sans foi ni loi qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’État militaire, il y a plus de quarante-cinq ans, et dont le seul souci est de l’exercer éternellement ? « Assad pour l’éternité », « Assad ou personne », « Assad ou nous brûlerons le pays », scandent ses partisans. Et cette gauche-là acquiesce sous le prétexte qu’il n’y a pas d’autre choix : c’est lui ou Daech.
Or les Syriens qui se sont soulevés en 2011 n’ont attendu personne pour dénoncer vigoureusement les groupes djihadistes de toutes origines et de toutes obédiences, Daech en particulier, qui ont infesté leur soulèvement après sa militarisation forcée. Ces groupes, totalement étrangers à leurs revendications de liberté et de dignité, n’ont d’ailleurs pas tardé à s’attaquer principalement aux forces vives de l’opposition, civiles et militaires, et à sévir contre la population dans les zones qu’ils ont réussi à contrôler. Ils ont ainsi conforté Assad dans sa propagande, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, et lui ont notamment permis de se présenter en protecteur des minorités confessionnelles.
Ces mêmes Syriens ont souvent par ailleurs exprimé leur méfiance vis-à-vis des instances qui ont prétendu, et continuent de prétendre les représenter, et qui se sont révélées d’une effarante médiocrité. Espérant une intervention militaire occidentale qui n’était, de toute évidence, jamais envisagée par l’administration d’Obama, inféodés à tel ou tel pays voisin (l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie), divisés entre eux et inexistants sur le terrain, ils ont été incapables de formuler un discours politique cohérent à l’adresse du monde.
Mais ni l’intrusion des djihadistes ni les défaillances de la représentation autoproclamée de la révolution – ni tout autre argument brandi pour justifier l’injustifiable – n’infirment ces deux données fondamentales : la première, que les Syriens avaient mille raisons de se révolter, et la seconde, qu’ils se sont révoltés avec un courage exceptionnel, faisant face, dans l’indifférence quasi générale, à la terreur sans bornes du clan au pouvoir, aux ambitions impériales de l’Iran et, depuis septembre 2015, à une intervention militaire russe agréée par les États-Unis, qui a déjà fait des milliers et des milliers de victimes civiles.
Alors, est-elle vraiment indépendante et anti-impérialiste cette « Syrie d’Assad » où l’Iran et la Russie agissent comme bon leur semble, conjointement ou séparément, et dont le destin dépend uniquement désormais de leurs accords ou désaccords ? Que les admirateurs de gauche de ladite Syrie lisent le traité léonin signé avec la Russie, le 26 août 2015, lui accordant des privilèges exorbitants et une totale et permanente immunité quant aux dommages causés par les raids de son aviation.
Peut-on sérieusement qualifier de laïque un régime qui s’est employé dès sa naissance, pour s’imposer et durer, à envenimer les relations entre les différentes communautés confessionnelles, qui a pris en otages alaouites et chrétiens, qui a lui-même présidé à la contamination de la société syrienne par le salafisme le plus obscurantiste, qui a manipulé à son profit toutes espèces de djihadistes, et pas seulement en Syrie ?
Est-ce du progressisme que de promouvoir le capitalisme le plus sauvage, appauvrissant et marginalisant des millions de citoyens, cette masse démunie qui survivait dans les faubourgs des grandes villes ? C’est elle qui a été la principale composante sociale de la révolution, et c’est elle qui a été aussi la cible privilégiée du régime, avec son artillerie lourde, ses barils d’explosifs et son armement chimique. « Tuez-les jusqu’au dernier », réclamaient littéralement les chabbîha (nervis des Assad) depuis le début du soulèvement… et qu’on laisse la nouvelle bourgeoisie « progressiste » piller tranquillement les richesses nationales et entasser ses milliards de dollars dans les paradis fiscaux !
Faut-il encore, après tout cela, rappeler les crimes contre l’humanité commis par Hafez al-Assad, en toute impunité, durant ses trente ans de règne sans partage ? Deux noms de lieu les résument : Hama où plus de 20.000 personnes, peut-être 30.000, ont été massacrées en 1982, et la prison de Palmyre, véritable camp d’extermination où les geôliers se vantaient de réduire leurs suppliciés en insectes. C’est de cette même impunité que certains, hélas de gauche, voudraient faire bénéficier Bachar al-Assad, le principal responsable du désastre, de ces plus de dix millions de déplacés, ces centaines de milliers de morts, ces dizaines de milliers de prisonniers, de la torture et des exécutions sommaires dans les prisons, de l’interminable martyre de la Syrie.
Et ce martyre, tant que les bourreaux ne seront pas vaincus et punis, préfigure tant d’autres dans le monde – un monde où la Syrie aura disparu.
Farouk Mardam Bey (historien et éditeur franco-syrien)
http://souriahouria.com/aux-admirateurs-de-gauche-de-la-syrie-dassad-par-farouk-mardam-bey/
On peut être contre l’impérialisme et la politique occidentale au Moyen-Orient sans pour ça être des « admirateurs de gauche » du régime syrien. Mais c’est ce que refusent de reconnaître les propagandistes de l’Axe du Bien comme l’auteur de ce pamphlet manichéen.
Hollande peut être satisfait, tous ses arguments sont développés ici, les mêmes qui sont martelés par les médias du pouvoir. La Syrie, l’Iran et la Russie semblent être les seuls protagonistes de cette guerre. Les Etats-Unis et l’Europe ne sont évoqués que pour fustiger leur lâcheté de n’avoir pas réagi comme en Irak (1 et 2), en Afghanistan, en Serbie, en Libye…, dont on connaît tous les effets bénéfiques sur les populations civiles.
Le seul qui s’en tire bien, c’est notre président bien-aimé, quel malheur qu’il ne se représente pas…
Conflit en Syrie : les éditocrates s’habillent en kaki
“Comme les escargots lorsque tombent les premières gouttes de pluie, à chaque projet de guerre humanitaire et à chaque intention de lâcher quelques bombes, les va-t-en guerre sont de sortie. Guerre du Golfe, Yougoslavie, Kosovo, Afghanistan, guerre du Golfe la suite, Libye, les médias aiment donner la parole aux GI-Joe de la pensée géopolitique. Avec le conflit en Syrie, ils sont particulièrement nombreux… et particulièrement en forme. […]”
Lire la suite :
http://www.acrimed.org/Conflit-en-Syrie-les-editocrates-s-habillent-en-kaki
On aura décidément tout lu de la part de certains bien connus ici pour leurs analyses d’une stupidité sans pareilles
Ou l’on apprend sur un commentaires ci-dessus que Farouk Mardam-Bey et son article serait du “manichéisme pro hollande”
il est pourtant l’auteur de ces livres
Jérusalem. Le sacré et le politique, Babel, Actes Sud, 2000
Le droit au retour. Le problème des réfugiés palestiniens, coll. L’actuel, Sindbad, Actes Sud, 2001
Être arabe, Actes Sud, 2005
Les ancêtres liés aux étoiles, Actes Sud Beaux Arts, 2008
Sarkozy au Proche-Orient, coll. L’actuel, Sindbad, Actes Sud, 2010
C’est quoi vos prochaine accusation, celle de dénoncer Farouk Mardam-Bey comme un “Islamophobe” ou un “partisan du camp occidental”
Être Arabe par Farouk Mardam-Bey:
Peut-on encore être arabe en ce début du XXIe siècle ? Que signifient exactement les mots “arabité”, “arabisme”, “nationalisme arabe” ? Continent les Arabes ont-ils réagi, tout au long du XIXe et du XXe siècle, aux défis de la modernité occidentale ? Pourquoi la question palestinienne a-t-elle joué un rôle aussi déterminant dans leur histoire contemporaine ? A quand remonte le divorce qu’on constate partout entre gouvernants et gouvernés ? Quelles sont les chances réelles de la démocratie dans des pays où le despotisme et son ennemi complémentaire, l’islamisme radical, dominent la vie politique ? Qu’en est-il enfin, ici, en France, de la montée du communautarisme, de l’antisémitisme et de l’islamophobie ? Dans cette série de sept entretiens réalisés à Paris entre novembre 2004 et juin 2005, deux intellectuels arabes, l’un syrien, l’autre palestinien, répondent sans ambages à ces questions, bousculant au passage bien des idées reçues colportées aussi bien par les Occidentaux que par les Arabes eux-mêmes.
La propagande Assado Poutinienne semble hélas faire la pluie et le beau temps ici, il suffit juste de lire la teneur de certains commentaires pour être rapidement fixé sur les réelles intentions des deux commentateurs précédents
« C’est quoi vos prochaine accusation, celle de dénoncer Farouk Mardam-Bey comme un “Islamophobe” ou un “partisan du camp occidental” »
Islamophobe j’en sais rien, je ne connais pas ce quidam, mais « partisan du camp occidental » c’est le moins qu’on puisse dire en lisant son article qui reproche à l’Occident de ne pas avoir fait la même chose en Syrie qu’en Irak, Afghanistan, Yougoslavie ou Libye.
Quand on insulte les anti-guerre en les traitant d’« admirateurs de gauche de la Syrie d’Assad » et de faire de la « propagande Assado Poutinienne », on peut s’attendre à la réponse du berger à la bergère : c’est justement très « Assado-Poutinien » de ne pas accepter la moindre critique et de ne pas dévier de la pensée unique officielle. Ici, c’est la pensée Hollande, que Mardam-Bey se garde bien de critiquer.
France Inter et le négationnisme tranquille
Alors qu’Istanbul et Bagdad continuent de pleurer leurs morts, le chroniqueur Bernard Guetta, « l’expert » autoproclamé ès relations internationales de France Inter, a cru bon de nous livrer ce matin [*] ce qu’il considère être la raison véritable des violences terroristes qui ont secoué le Moyen-Orient et l’Europe en 2016…
http://www.ujfp.org/spip.php?article5314
Mais l’UJFP fait certainement partie des “admirateurs de gauche de la Syrie” !
Notre prétendu pro palestinien et “anti impérialiste” habituel qui ne connait pas Farouk Mardam-Bey , pourtant ses articles sont régulièrement publiés, cités, et repris par de nombreux sites pro Palestiniens dont celui-ci
http://www.france-palestine.org/Etre-arabe
A mince l’UJFP que nous cite notre expert en géopolitique de café du commerce qui annonce des débats avec…. Farouk Mardam-Bey.
http://www.ujfp.org/spip.php?article4153&lang=fr
Table-Ronde autour du récent livre collectif “Palestine : le jeu des Puissants”.
http://www.ujfp.org/spip.php?article2572&lang=fr
C’est dingue comme Farouk est « Pro Hollande » et « Pro pensée unique »
Bernard-Henri Lévy, épargnez aux Syriens votre soutien! Par Burhan Ghalioun, écrivain, professeur à la Sorbonne, Subhi Hadidi, écrivain et journaliste, et Farouk Mardam Bey, éditeur.
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/270511/bernard-henri-levy-epargnez-aux-syriens-votre-s
Tu en veut d’autres comme ça, merci de t’être RIDICULISE a plate couture et surtout de nous démonter ta grosse Inculture crasse ainsi que ta décomposition politique.
POUR pour le reste des captures d’écrans de tes brillants commentaires ont été faite. On va d’ailleurs se faire un plaisir d’envoyer celles-ci à des camarades Syriens qui risquent de rire autant qu’avec les analyses a cinq centimes de tes amis Collon , Bricmont, Kimyongur et le mythomane mulitivestes Pierre Piccinin
il est vraiment « pro Hollande » notre ami Farouk Mardam Bey Farouk la preuve ….
Grâce à son patient travail à l’Institut du monde arabe et aux éditions Actes Sud, où il dirige la collection « Sindbad », ce Syrien de 62 ans est parvenu à imposer de nombreux écrivains arabes dans le paysage littéraire français.
Que ce soit dans les couloirs des éditions Actes Sud, où il dirige la collection « Sindbad », ou dans ceux de l’Institut du monde arabe (IMA), dont il est conseiller culturel, vous ne trouverez personne pour dire du mal de lui. C’est peu dire que Farouk Mardam-Bey est aimé et respecté par tous. D’ailleurs, comment résister à cet homme charmant et discret, à la barbichette impeccable et à la voix douce et mélodieuse qui se teinte d’un léger accent oriental ?
Ce Syrien raffiné, né à Damas en 1944, a élu domicile en France après ses études de droit pour y apprendre les sciences politiques. Bibliothécaire à l’Institut des langues orientales pendant quatorze ans, il se forme « sur le tas » à l’histoire, une discipline qu’il affectionne particulièrement. Et qui l’amène à écrire, en 1992, en collaboration avec le Libanais Samir Kassir assassiné en juin 2005 à Beyrouth, Itinéraires de Paris à Jérusalem, la France et le conflit israélo-arabe. De 1989 à 1995, il est directeur de la bibliothèque de l’IMA. Son grand ami Pierre Bernard, le fondateur des éditions Sindbad en 1972, disparaît en 1995. La maison est rachetée la même année par Actes Sud, et Farouk Mardam-Bey devient directeur de la collection.
Dix ans plus tard, il fait le bilan : « C’est une très bonne chose d’avoir été racheté par Actes Sud et ça a été une chance pour la littérature arabe ! Sindbad sort une vingtaine de livres par an : c’est une maison d’édition à part entière. » Sindbad publie des classiques, mais aussi de la littérature contemporaine et des essais. Elle abrite plusieurs collections : la « Bibliothèque de l’islam » (textes de mystiques), la « Bibliothèque turque » (littérature classique ottomane), l’« Orient gourmand » (textes culinaires), « L’Actuel » (livres politiques), la « Petite Bibliothèque Sindbad » (poètes classiques et contemporains) et les « Illuminations » (Les Dits du Prophète, Les Dits de l’imam Ali).
Farouk Mardam-Bey, qui précise n’accepter que les manuscrits de langue arabe, défend une politique d’auteurs. Il aime travailler dans la continuité, comme avec le poète palestinien Mahmoud Darwich, dont il vient de publier le recueil Ne t’excuse pas, ou l’Égyptien Sonallah Ibrahim. Celui-ci a publié son premier livre chez Sindbad en 1985, et son dernier, Amrikanli (J.A.I. n° 2338 du 30 octobre 2005), est sorti l’année dernière. « Nous sommes fidèles, ce qui permet de leur faire un nom. Ce qui n’est pas chose facile avec la surproduction actuelle ! Certains écrivains arabes ont réussi à s’imposer dans le milieu littéraire français, comme Darwich et Naguib Mahfouz. En 2003, le Libanais Elias Khoury a vendu plus de 10 000 exemplaires de La Porte du Soleil. Quant à la littérature classique, contrairement aux idées reçues, elle se vend ! Ce sont des livres que les gens gardent. »
Aujourd’hui, Sindbad est l’une des rares collections à défendre la littérature arabe en France, ce que regrette Farouk Mardam-Bey : « Un éditeur ne peut pas couvrir la littérature de vingt pays ! Il faut que d’autres se mêlent de cette histoire, qu’il y ait du défi. Dans le monde arabe contemporain, ce qui se fait de mieux, c’est ce que produisent les écrivains et les artistes. Il faut en parler. »
Quand ça commence comme ça : « Notre prétendu pro palestinien et “anti impérialiste” habituel… », on peut présager ce que sera la suite !
Personne n’est à l’abri de la critique, pas même Farouk Mardam-Bey, et même si c’est un « vrai » pro-palestinien par rapport à d’autres…
On est en train de parler d’UN texte particulier, et pas de faire une biographie. Quant aux menaces, elles RIDICULISENT surtout ceux qui les profèrent et qui montrent leur niveau politique : « POUR pour le reste des captures d’écrans de tes brillants commentaires ont été faite. On va d’ailleurs se faire un plaisir d’envoyer celles-ci à des camarades Syriens qui risquent de rire autant qu’avec les analyses a cinq centimes de tes amis Collon , Bricmont, Kimyongur et le mythomane mulitivestes Pierre Piccinin » ! ! ! ! !
C’est très drôle de voir des gens qui conspuent l’UJFP quand elle PARTICIPE à des débats avec le PIR ou autres pestiférés s’en servir comme argument quand ça les arrange et ne plus parler d’un seul coup de « grosse Inculture crasse et de décomposition politique ».
La reconquête de la ville de Mossoul, ou de ce qui en restera, ne signifiera pas sa libération. Ce sera par contre la cinquième fois que Mossoul changera de mains depuis le début du conflit, si on prend pour repère 2003, année de l’invasion américaine de l’Irak. Mossoul va passer après des combats longs et meurtriers des mains de l’E.I (l’État Islamique) à celles du gouvernement irakien actuel. L’armée irakienne officielle est « accompagnée » par les peshmergas kurdes d’Irak et par les milices chiites. La Turquie se tient en embuscade. Les appétits et rivalités des forces en présence promettent de nouvelles saignées dans cette ville majeure du Moyen-Orient.
Pour faire bonne figure, le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a annoncé le début de la bataille de Mossoul le 17 octobre 2016. Barack Obama, toujours président américain, a affirmé lui aussi qu’il s’agissait d’une opération irakienne. Tous les grands médias de la Communauté Internationale des Etats Impérialistes se sont alors enthousiasmé pour cette offensive, un peu partout elle a été présentée comme le nouveau Débarquement de Normandie, elle est devenue « la mère des Batailles » pour se débarrasser de l’État Islamique.
La réalité de cette opération c’est que 100000 soldats irakiens y participent mais qu’elle est dirigée par 12 généraux américains et encadrée par 6000 soldats américains au sol. Selon des chiffres qui datent de septembre 2016, les USA ont réalisé 15803 attaques aériennes sur l’État Islamique depuis septembre 2014 (1). La France, quant à elle, a réalisé plus de 900 frappes en Irak et Syrie depuis septembre 2014 dans le cadre de l’ « opération Chammal » (2) en « neutralisant » 1415 cibles. Cela a permis de reprendre à l’État Islamique des villes comme Tikrit, Falloujah ou Ramadi, une ville de 350000 habitants rasée à 80% (3) sans que cela ne soulève le cœur d’aucun droits-de-l’hommiste. Dans le cas de Mossoul, les plus d’un million de résidents ne sont pas montrés comme étant aussi les victimes des frappes américaines et de l’offensive terrestre irakienne, bien qu’il est certain qu’un grand nombre d’habitants de Mossoul mourront. Au contraire, les civils sont décrits comme des captifs attendant avec impatience d’être libérés des terroristes de l’État islamique et de leurs coupeurs de têtes.
Toutes ces batailles et ces bombardements sont aussi des carnages. Les Russes n’ont pas le monopole des massacres contrairement à ce que tente de faire croire la couverture médiatique sur Alep. Mais selon « notre » propagande de guerre, « nos » bombardements sont propres. Ils ne tuent que d’affreux égorgeurs. Les populations civiles ne sont pas touchées.De toute façon, qui peut le vérifier ? Quand une bombe de la « coalition » touche une école à Mossoul et tue 28 écoliers, on présente l’argument imparable que « Daesh » se sert de « boucliers humains » et donc que la responsabilité de toutes les morts incombe à l’État Islamique.
Depuis l’été 2014 et la prise sans coups férir de Mossoul, l’État Islamique est devenu l ‘ennemi public numéro 1 de la Communauté Internationale des États impérialistes. L’État Islamique est subitement devenu une sorte de monstre tout-puissant qui menace de dominer le monde. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. C’est uniquement depuis le jour précis où le Kurdistan irakien et les vastes ressources du Nord de l’Irak ont été sous sa menace qu’il est devenu « notre » principal ennemi. Pas avant. D’un seul coup, le monde de la « démocratie capitaliste », unanime, laissant de côté tous ses désaccords internes, s’est dressé pour désigner son nouveau diable.
On passe ainsi d’un diable à un autre. Auparavant, il s’agissait, au moins pour l’Europe et les États-Unis, de Bachar Al Assad, et un peu avant encore il s’agissait de Muammar Khadafi. Les motifs d’intervention et les figures du « Mal absolu » ne manquent jamais dans cette région de « l’Orient complexe ». Mais Daesh ou État Islamique est la figure négative la plus consensuelle. Daesh a en effet pour vertu de faire disparaître sous de nobles apparences de « lutte pour la civilisation » tous les intérêts et les coups tordus en jeu, des luttes d’intérêts qui ont ravagé successivement l’Afghanistan, la Somalie, la Libye, l’Irak et la Syrie. Intérêts qui activent des dizaines de pays et d’organisations para-étatiques, prêts à en découdre dans le contexte de la seconde crise générale du capitalisme. La cible Daesh cache au moins partiellement que les guerres en cours sont avant tout des guerres inter-impérialistes, c’est-à-dire des guerres entre plusieurs centres impérialistes.
Il nous faut une lecture profane, matérialiste et anti-impérialiste des conflits. Pour cela nous avons besoin de replacer les guerres en cours dans leur contexte historique et de comprendre les intérêts tout à fait matériels qui les sous-tendent. La façon dont les acteurs prennent conscience de ces intérêts et entendent les mener au nom de la « civilisation », du « califat » ou de la « Grande Turquie » n’expliquent pas les faits historiques, pas plus que les idées héroïques qu’avait en tête Christophe Colomb en posant son pied en Haïti ne peuvent expliquer la domination européenne qui a suivi ses expéditions.
Les États-Unis sont intervenus en 2003 contre « l’oppresseur Saddam Hussein » et officiellement pour installer un régime démocratique et supprimer les facteurs qui développent le « terrorisme islamique ». Les États-Unis ont alors installé un régime sectaire à dominante chiite et d’autre part ils ont mis sur pieds un régime bourgeois client dans le Nord kurde de l’Irak, . L’occupation s’est soldée par une insurrection dès 2004 qui a fini par être battue vers 2007. Mais l’occupation de l’Irak et la guerre sectaire qui a suivi ont fait de 600000 à 1,4 million de morts et 4 millions de déplacés. Elle s’est soldée par un bond en avant sans précédent des forces fondamentalistes islamiques qu’elles soient chiites ou sunnites. Ce sont ces conditions et l’opportunité offerte par la guerre en Syrie depuis 2011 qui ont fait naître l’État Islamique par des forces issues d’Al-Qaïda mais avec un programme nouveau de contrôle de territoire. L’État islamique est donc un enfant de la guerre, il ne tombe pas du ciel ou du cerveau d’un stratège « djihadiste ». Son armature est celle de cadres militaires et civils, des dirigeants de l’ancien État irakien pour la plupart, qui sont partie prenante d’un conflit depuis des années. Une fraction de la bourgeoisie bureaucratique irakienne, humiliée, écrasée et reléguée, prend sa vengeance à travers le canal de Daesh.
Dans cette période, en l’absence évidente de force révolutionnaire soutenue par les masses, c’est l’État Islamique qui va recruter largement et qui va être applaudi face à un régime terriblement oppresseur dirigé par des irakiens chiites et totalement aligné sur les intérêts impérialistes. L’État islamique s’est présenté comme une alternative à tout ce qu’avait mis en place les impérialistes américains et les élites corrompues d’Irak. Il s’est présenté comme une source de nouvelle justice, comme un opposant aux frontières coloniales.
Patrick Cockburn, un journaliste du journal anglais The Independent, , estime aujourd’hui qu’environ 30% des habitants de Mossoul soutiennent l’État Islamique. Ce n’est pas par masochisme. Même si l’EI est détruit comme un État administrant un territoire, il reste un mouvement qui a de nombreux adeptes. Il ne peut évidemment pas être une voie d’émancipation par son sectarisme et ses lois oppressives. Mais aujourd’hui, le fondamentalisme religieux est l’expression la plus courante d’opposition au monde impérialiste tel qu’il est. Il est une forme de rupture et de recours dans un monde de désolation même si il ne peut pas être chose qu’une impasse réactionnaire. Le fondamentalisme islamique armé est un phénomène complexe. D’une part, il a été et il peut être un bras armé des régimes compradores du Golfe ou même directement un bras armé des impérialistes européens et américains. L’Afghanistan de 1979 à 1989, la Libye des « rebelles » djihadistes sponsorisés par l’OTAN en 2011 ou les « rebelles » syriens soutenus par les régimes du Golfe, la Turquie ou les États-Unis en sont des exemples transparents. Mais le fondamentalisme est aussi le drapeau de résistances nationales. Ce fut le cas dans les insurrections durant l’occupation de l’Afghanistan depuis 2001, de l’Irak depuis 2003, du Liban en 2006 face à l’invasion sioniste.
La situation actuelle au Moyen-Orient est celle d’un Irak et d’une Syrie qui sont le théâtre de conflits directs et indirects entre plusieurs groupes et puissances locales et mondiales. En Irak, les kurdes irakiens, le gouvernement, les milices chiites, la Turquie s’opposent et veulent chacun contrôler Mossoul. Les Saoudiens et Qataris et d’autre part l’Iran et la Russie s’opposent en Syrie. Les impérialistes européens et américains ont soutenu la dénommée « opposition modérée » et les kurdes syriens selon leur agenda propre, d’abord pour renverser Bachar Al-Assad, désormais pour reprendre Raqqa. Les lectures qui expliquent la situation comme étant une révolution démocratique face au tyran Bachar ou celles qui au contraire présente l’État syrien comme un fer de lance de la lutte anti-impérialiste sont aussi erronées l’une que l’autre.
Quelle doit être la position en France des militants révolutionnaires et internationalistes ?
D’abord, il faut marteler cette évidence léniniste qui semble t-il a été « oubliée » : nous devons nous opposer à notre « propre » impérialisme, l’impérialisme français, et démystifier sa propagande sur la « guerre contre le terrorisme ». Cela implique de dénoncer publiquement la guerre menée par la France en Syrie, en Irak et dans le Sahel. Cela implique de ne pas accompagner l’une ou l’autre des solutions impérialistes. Cela implique aussi de ne pas participer à la propagande négative sur la Russie mais cela ne signifie pas soutenir l’impérialisme russe comme un meilleur impérialisme que les autres.
Deuxième point. Nous ne devons pas accepter de tomber dans un soutien indirect à l’impérialisme américain et européen au nom de la défense de la « cause kurde » ou du soutien à la « révolution réprimée » de Syrie. Quelle que soit la sympathie politique que des courants de gauche peuvent avoir pour des « rebelles démocrates » ou pour le « confédéralisme démocratique » défendu par le PKK et sa branche YPG en Syrie. Il n’y a pas de pouvoir populaire là où le ciel, les ressources, les armes sont aux mains des puissances étrangères qui dominent toute la région et qui décident des mouvements de troupes.
Troisième point. La lutte contre la guerre est une lutte contre la guerre intérieure non déclarée en France. Dans le capitalisme actuel, des millions de vies ne comptent pour rien pour le capital. Cela concerne des millions de vies en France. Dans le climat de guerre impérialiste, cette (sur)population est désignée comme n’étant pas légitime et comme dangereuse culturellement étant donnée la composition multiculturelle de la classe ouvrière de France. Le racisme a donc aujourd’hui peu de rapport avec la peur de l’inconnu et de l’étranger. Il est aujourd’hui nourri en France par le discours sur l’identité menacée. Une division hiérarchique et racialisée de la population active mondiale et française est ainsi légitimée. Le racisme n’est donc pas un malentendu qui pourra s’effacer par plus de respect et de tolérance. Il est dans le contexte de l’ordre économique, politique et social actuel tout à fait rationnel et il existera aussi longtemps que cet ordre existera.
Voici selon le Comité Anti-impérialiste les trois axes qui permettent d’initier une lutte déterminée contre la guerre impérialiste. Mais nous avons fait l’expérience que dans les courants nominalement anti-impérialistes en France il n’existait pas à l’heure actuelle de force prête à se positionner clairement sur l’ensemble de ces trois axes. Il existe en effet des freins politiques majeurs, dont l’un d’entre eux concerne l’utilisation de la question kurde. Il importe donc de se positionner sur cette question ( Un prochain texte traitera de cette question).
1Les bilans des frappes sont régulièrement communiqués par les ministères de la Défense des pays de la « Coalition » puis ils sont repris par les médias de grande audience. Le nombre de frappes est en fait un outil de communication et de promotion de chaque armée impliquée.
2 L’argument essentiel de l’opération « Chammal » était de sauver les populations du Nord de l’Irak d’un génocide programmé. La France considère à ce sujet que la légitimité internationale est offerte par la résolution 2170 du Conseil de sécurité de l’ONU du 15 août 2014. Depuis les attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015 et les attentats du 13 novembre 2015 du Bataclan, des terrasses de Paris et du Stade de France, les Autorités françaises invoquent l’article 51 de la charte des Nations-Unies portant sur la « légitime défense ». Ce terme « Opération Chammal » désigne en fait la participation française à la coalition des principaux États impérialistes flanqués de leurs affiliés, leurs clients et leurs relais au sol, dans leur lutte contre L’EI .Officiellement « Chammal » est la réponse française à la demande d’aide du gouvernement irakien en termes de soutien aérien dans la lutte contre le « groupe terroriste Daesh ». Initialement la France s’interdisait de bombarder des cibles en Syrie faute de « légitimité internationale ». Allez savoir pourquoi, la question de cette légitimité est finalement passée aux oubliettes.
3Une délégation de l’ONU du PNUD (programme de développement) se rendant sur place le 6 mars 2016 s’est dite « stupéfaite ». Il n’existe plus d’infrastructures, de ponts, de conduites d’eau, d’écoles. Un rapport publié en février 2016 chiffre à 5 700 le nombre d’immeubles partiellement détruits et à 2 000 ceux entièrement détruits. Source : Le Monde, 7 septembre 2016, Hélène Sallon, « Ramadi, ville martyre puis abandonnée » .
Comité Anti Impérialiste
Janvier 2017
https://anti-imperialiste.org/
histoire de couper court au trollage de cet article le temps qu’il soit modéré les commentaires passent en modération à priori; une petite partie a été nettoyée, y’en aura sans doute d’autres… ne passeront que les commentaires avec argumentation politique.
Un mois que l’article attend d’être modéré. Apparemment aucun-e modo ne se sent les compétances de le faire. Du coup on verra ça en réunion commune, en attendant je le passe en débat.
Il est quand même assez drole de voir à quel point plus personne ne commente quand on annonce qu’on passe les comentaires en modération “à priori”, comme quoi c’est bien du trollage !