Aux camarades et amis du Front de libération des organes mal en point

Cela fera bientôt trois semaines maintenant que je suis dehors. Je suis donc en retard pour vous remercier toutes et tous. Subvertissant la mesquinerie de la hiérarchie pénitentiaire, les liens tissés par votre soutien contribuèrent à entretenir les fondamentaux. Cette solidarité vécue, celle du camp des exploités et opprimés, renoue avec les convictions portant l’engagement.

Devant la porte de Bapaume, j’ai déjà dit mes trois champs immédiats de bataille :

– Celui de la maladie. Pour l’heure, il se présente bien : pas de traitement en cours, simplement des contrôles ;

– Celui défini par la non-application de la loi Papon-patrons. Les tergiversations sur mon propre dossier malgré des rapports médicaux pessimistes sont un des indicateurs des choix de classe de la justice éponyme ;

– Celui que pose l’exigence de la libération de mes camarades. Dans l’immédiat, la situation de Nathalie relève d’une véritable application de la loi de suspension de peine : depuis des années, son état de santé n’est pas compatible avec la détention. L’exigence de ces libérations est évidente pour Régis qui a fini sa peine de sûreté depuis 1999. À partir de février 2005, nos peines de sûreté seront toutes terminées.

Nous avons voulu changer de société et nous le voulons toujours. Le prix à payer fut lourd : 88 années de prison à nous cinq. Comparé aux pires de la barbarie capitaliste, si nombreux par les temps qui courent, ce prix reste relatif.

L’histoire révolutionnaire est une histoire de souffle long.

À bientôt, dans la rue, dans les luttes…

Le 5 juillet 2004

Joëlle Aubron

prisonnière d’Action Directe en suspension de peine

http://infos.samizdat.net/blog/page.php?p=1080