Réflexions depuis l’attaque anarchique contre le pouvoir

Depuis quelque temps une idée se transforme dans l’esprit agité de quelques compagnons-nes, des idées sur la projection, des idées pour envisager de poursuivre sur la voie du conflit sans stagner, en prenant des mesures dans la pratique toujours avec nos claires convictions, en constante remise en cause, en constante réflexion.

En lisant les nombreuses contributions que des compagnons-nes ont faites autour du project insurrectionnel, également toujours attentifs-ves à chaque nouveau communiqué qui nous donne le sourire de se rappeler qu’il y en a toujours qui continuent d’attaquer, nous avons développé une période de discussion fraternelle intense, mais pas moins fructueuse.

Avec ce texte, nous voulons projeter les idées qui ont été le fruit de ce processus qui fait partie de la démarche de certain(e)s de celleux que nous rejoignons comme groupe, ainsi que toute autre réflexion que nous voulons partager dans l’objectif de contribuer la discussion ouverte, sans prétendre détenir une vérité absolue ni alimenter l’ego. Nous espérons que ceci soit clair.

Les nuances étant multiples sur ce que chaque individualité peut avoir comme project, nous sommes arrivé(e)s à la réflexion que s’il y a quelque chose que nous avons en commun c’est la nécessité d’étendre le conflit au-delà du simple fait d’intérrompre temporairement de la norme citoyenne, faisant de cela une accumulation d’expériences liées à l’attaque contre le pouvoir qui servent l’expansion du conflit en termes de portée de chaque coup mais aussi dans la durée dont celui-ci est susceptible de se prolonger en aspirant à la croissance de la pratique.

Sans besoin d’emmêler ceci plus que nécessaire, nous pouvons dire que le project insurrectionnel est le sujet de quiconque envisage l’attaque du pouvoir comme quelque chose de nécessaire, et pas seulement comme une aspiration de libération personnelle, mais aussi comme une avancé de la guerre sociale.

Pourquoi est-il nécessaire d’insister sur ce point? Parce que nos réflexions sont soulevées autour de cette idée, et bien sûr pour assumer que ce project soit une petite contribution dans un continuum historique de la lutte.

Dans chaque communiqué qui s’attribue une attaque revendiquée pour la guerre sociale, chaque groupe développe ses propres idées, expose ce qui lui semble nécessaire. Pour nous chaque communiqué a d’une part l’objectif de préciser l’intention de l’action, de projeter les idées du conflit et de clarifier les objectifs de chaque attaque. Ceci est précis, et c’est ce que nous espérions faire en tant que groupe en assumant la responsabilité d’être en guerre contre l’État, la Prison et le Capital.

Chaque mot porté par le communiqué transmet un message, chaque mot selon l’intensité que nous voulons montrer, ce qui est notre totale responsabilité, car c’est un message, et dans le langage de la guerre les hésitations ne sont pas permises, les misère non plus, non pas parce qu’elles n’existent pas, mais parce qu’il ne faut pas les montrer à l’ennemi. Si l’on décide de frapper la justification doit être aussi puissante que le coup, il ne s’agit pas d’un jeux, il ne s’agit pas de simples explications, il s’agit de clarifier qu’ici il y a des expériences qui sont transmises dans le risque de l’attaque, que l’objectif est d’attaquer sans jamais rétrocéder.

Depuis la lutte de rue il est possible que certain(e)s puissent penser que c’est exagéré, que c’est juste une hallucination, mais pour nous ça ne l’est pas. De là, nous nous positionnons clairement parce que nous avons déjà défini notre démarche, les expériences s’additionnent et nous font penser au-delà, parce que nous savons que la rébellion juvénile n’est pas ce qui définie les guerrier(e)s qui se proposent de continuer d’avancer dans l’attaque.

Bien sûr que certain(e)s ne le voient pas comme ça, car leur réflexion découle d’une longue liste de textes qui sont utilisés pour exprimer les faiblesses d’un contour de lutte fractionné, avec beaucoup d’immobilité et un nombre incalculable de critiques qui font ressembler l’action à une excuse pour allumer les ventilateurs qui serviront à jeter plus de merde à celleux que l’on suppose être des compagnons-nes qui semblent ne pas se réveiller de la léthargie peu solidaire qui réagit d’une forme pauvre à un contexte qui demande des gestes, de la propagande multiforme et de l’attaque bruyante.

Nous tenons à préciser notre point de vue parce que nous pensons que c’est une erreur, nous sommes, que ça nous plaise ou non, nous-mêmes responsables du fait que nos attaques soient vu ainsi. Nous croyons fermement que l’espace des revendications, des communiqués de solidarité, des gestes, doivent porter un message clair visant l’ennemi et qui ne dévoile pas des misères qui ont comme seul résultat celui de faire rire le flic imbécile qui surveille les réseaux contre-information. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’espace pour l’auto-critique ou la réflexion, nous pensons qu’ils sont nécessaires, donc nous faisons cette publication, mais clairement l’espace pour cela n’est pas dans les revendications, communiqués ou messages de solidarité avec nos compagnons-nes emprisonné(e)s.

Ces réflexions proviennent du processus que nous vivons de forme collective et individuelle, ce qui a contribué et donné des commentaires, et nous avons jugé importants à l’heure de nous projeter au-delà de la continuité de la lutte de rue et des sabotages que nous essayons de mener à bien pendant ce temps.

Alors que nous avons décidé que notre processus en tant que groupe a accomplis son étape, nous voulons aussi donner un sens aux expériences qu’il nous a permis de gagner, en les traduisant dans cette contribution qui rend compte des différences entre le commencement et ce que nous avons généré à posteriori le long de ce processus, soulignant surtout la coordination à laquelle nous sommes arrivé, laquelle coûte souvent plus que nécessaire à cause de préjugés sans fin qui deviennent un non-sens, alors que dans la pratique elle est en fait l’exploitation de la combinaison des volontés. Nous espérons sincèrement que cette petite expérience puisse servir aux compagnons-nes qui sont à l’écoute.

Chronologie des actions (*)

Il y a eu plusieurs actions dont nous avons pris la responsabilité en tant que GAC et d’autres acronymes utilisés comme stratégie et sécurité, toutes revendiquées. Avec des brochures, depuis l’anonymat et/ou sur des pages de contre-information. La continuité dans l’attaque était, est et restera notre principal moteur, nous agissons avec prudence, responsabilité et organisation, plus d’une fois la spontanéité et la chance était avec nous. Nous propageons de différentes façons notre position anarchiste, avec l’intention de contribuer à la lutte. Cela nous fait aussi prendre des distances -ce qui ne veut pas dire que ceci soit des bavardages- Nous agissons sans méthodes verticales, sans chef ni dirigeant, sans recette magique ni modèle de comportement à suivre et bien sûr loin de ceux qui cherchent à répandre de forme aimable à la société un anarchisme vidé de tout son potentiel révolutionnaire, le convertissant à des pratiques inoffensives qui vont jusqu’à s’assimiler à des organisations culturelles. Nous agissons horizontalement, avec le soutien mutuel et la solidarité, valeurs et pratiques essentielles de l’anti-autoritarisme. Nous étendons les pratiques de lutte violente qui ont accompagné l’anarchie depuis son existence, depuis l’illégalité, avec l’attaque diffuse et multiforme, cherchant à la propager, l’affiner et la rendre puissante, afin d’étendre le conflit jusqu’à un point de non-retour.

* Voir Contra Info:

• Barricades et gaz butane contre le 26 commissariat de Pudahuel.

• Barricades, attaque contre le siège du PDI et des affrontements avec la police avec des cocktails Molotov dans le UAHC (Siège Condell) 1

• Barricades et affrontements avec la police avec des cocktails Molotov dans le UAHC (Siège Condell) 2

• Barricades et affrontements avec la police avec des coktails Molotov à JGM (Université du Chili) 3

• Barricades et rochers sur la ligne ferroviaire commerciale dans la commune de Talagante.

• Pancarte / proclame: Le Feu et le plomb aux bâtards de flics!

• Affrontements avec la police dans les quartiers pauvres, émeutes jusqu’au cimetière général et barricadé le Alameda 4

• Barricades et le gaz butane en chemin de fer train de marchandises dans la commune de Talagante.

• Les affrontements contre la police dans les quartiers pauvres de Villa Francia.

• Communiqué conjoint répondant à l’appel du Décembre Noir des prisons grecques.

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1 Dans la presse chilienne: “Des cagoulés attaquent le siège du PDI avec des cocktails Molotov.” La police a déclaré qu’ils sont sortis de l’Université de l’Humanisme Chrétien afin de protester pour les causes anarchistes. (…) Selon la police, sur place a été retrouvé des brochures faisant allusion à des causes anarchistes et n’y a pas eu de détenu(e)s.

2 Dans la presse Chilienne: “Des cagoulés ont été les protagonistes des incidents avec la police en face de l’U. de l’Humanisme Chrétien”. (…) La police a essayé de disperser la manifestation en utilisant deux canons à eau et des gaz lacrymogènes, ce à quoi les manifestants ont répondu en lançant des bombes incendiaires. Le trafic est resté perturbé sur la rue Condell, entre la Providencia et Rancagua, et une caserne de la brigade criminelle a dû fermer ses portes pour se protéger des incidents.

3 Dans la presse Chilienne: “Les incidents provoquèrent des coupures de la circulation dans la région de Macul et de Grècia”. (…) Autours de 20h25 ce soir, les sujets ont commencé à faire des barricades et à bruler des pneus, de sorte que le personnel des Forces Spéciales arriva sur place. Les soldats ont été attaqués avec des coktails molotov ce qui a causé des coupures dans la circulation.

4 Dans la presse chilienne: “Des hommes cagoulés ont provoqué des incidents après la marche pour le Coup d’Etat”. Le canon à eaux des Forces Spéciales a commencé à agir alors que les hommes cagoulés jetaient des pierres et des objets contondants sur la police. (…) La situation la plus préoccupante est la menace d’incendie inicié par des cocktails Molotov sur une succursale de la banque Super Caja. L’incendie a été contrôlé par le canon à eau de la police.

Via Emboscada