Hier, à Caen, a eu lieu une nuit debout. Vers 18h les installations se montaient, les discussions commencaient. Se sont mis en place des commissions pour discuter en petit groupe de différentes choses à proposer pour la nuit debout de ce soir.

L’ambiance était festive. A été décidé de rester sur la place la nuit, de prolonger l’occupation de cette place vide et inutile qu’est la place Saint-Sauveur. Vers 1h, la police s’est montrée. Après plusieurs coups de pressions invisibles (fermeture de l’éclairage public, de l’électricité etc) la Brigade d’Intervention et la BAC, sous les ordres de Jean-François Papineau, directeur départemental de la sécurité publique a commencé à menacer la centaine de personnes décidée à ne pas lacher l’espace de lutte que constitue cette Nuit Debout. D’abord gazeuse à main puis grenades lacrymogènes de dispersion. Quelques jets de cannettes en protestation devant la démesure de la répression. Les opposant-e-s s’engouffrent ensuite vers la rue aux fromages en continuant, dans la fumée des gaz lacrymogènes, de scander des slogans : “tout le monde déteste la police”, “c’est la rue qui gouverne”, “police nationale milice du capitale”, “état d’urgence, état policier” etc. Le cortège stagne afin de ne pas reculer directement sous la pression. Un agent de la BAC fond sur le cortège et se fait repousser, Papineau en personne se jette à son tour dans la mélée et tente d’interpeller un-e camarade. Le sang-froid des opposant-e-s permet d’empêcher l’arrestation par l’homme le plus dangereux et armé de la ville de Caen. Des bacqueux suivent pour venir en aide à leur chef et matraquent à tour de bras les premiers rangs. Des Flashballs sont utilisés. Ca recule rue Ecuyere et rue Saint-Pierre, puis, ca se disperse en petit groupe dans le centre-ville.

La répression fut impressionante et démesurée. Cela témoigne d’autre chose à l’échelle nationale : si les nuits debouts tiennent ci-et-là, c’est bien lorsqu’elles ne gènent personne et s’avèrent inefficace. Lorsqu l’appropriation d’une place bourgeoise dans un centre-ville bourgeois commence à se prolonger, l’Etat envoie ses gardes-chiourmes sur les foules. Cela posera la question, aussi, de la conflictualité dans une lutte et de la violence. Aujourd’hui, en (f)Rance, des gens armés par l’Etat peuvent briser une occupation de place, molester les personnes qui s’y réunissent. Que les pacifiques et les militants de la négociation se le tiennent pour dit : la police frappe et ne discute pas, ce n’est donc pas avec des mots que l’on se défendra. Nous devons prendre acte de la violence légitime d’état et nous organiser si nous voulons que les nuits debouts continuent.

La répression ne nous fera pas plier, flics, baqueux, RG, hors de nos vies.