Battons nous contre le viol… et que creve le patriarcat !
Catégorie : Local
Thèmes : Archives
Lieux : Nantes
Battons nous contre le viol … et que crève le patriarcat !
Pourquoi ce texte ?
Ce texte n’a pas pour but de faire le procès d’individu en particulier mais bien de réinterroger le cadre patriarcal, de questionner nos pratiques et surtout de proposer un cadre politique et non pas psychologique aux discussions sur la question du viol qui ont lieu en ce moment dans des réseaux nantais.
Il nous est apparu nécessaire d’écrire ce texte à la lecture d’un mail arrivé il y a quelques mois sur indymedia Nantes et d’autres réseaux militants. Ce mail appelait au lynchage d’un mec ayant violé une nana au Danemark. Il nous semblait important que notre parole de femmes/libertaires/féministes puisse alimenter la réflexion collective. Il est fondamental de revenir sur la définition du viol, sur la façon dont le patriarcat conditionne nos vies. Il est essentiel de construire nos propres formes d’intervention face à des actes qui sont inacceptables (qui ne soient pas celles de la justice bourgeoise).
Le viol c’est quoi ?
Un viol c’est une relation sexuelle non consentie, avec ou sans pénétration, avec ton/tes compagnons, avec un inconnu, avec ou sans violence physique. Le viol ce n’est pas seulement l’image stéréotypée d’un gros méchant type qui nous poursuit avec une arme dans une rue sombre, mais c’est aussi un moment où on n’entend pas notre NON.
NON, c’est NON
« pas maintenant » ça veut dire NON
« j’ai un copain/une copine » ça veut dire NON
« peut être plus tard » ça veut dire NON
« non merci » ça veut dire NON
« tu n’es pas mon genre » ça veut dire NON
« va te faire foutre » ça veut dire NON
« maintenant laisse moi tranquille » ça veut dire NON
« ne me touche pas » ça veut dire NON
« je t’aime bien, mais… » ça veut dire NON
« allons juste dormir » ça veut dire NON
« je ne suis pas sûre » ça veut dire NON
« tu as, j’ai trop bu » ça veut dire NON
« pffff » ça veut dire NON
« j’ai mal à la tête » ça veut dire NON
« le silence » ça veut dire NON
« … » ça veut dire NON
Le privé est politique
Le viol est un acte social ancré dans le cadre patriarcal. Il n’est qu’un des aspects du système d’oppression auquel nous sommes soumises. C’est pour cela que le viol nécessite une réponse collective et politique.
Nos relations charnelles sont le fruit de siècles de conditionnement. Les femmes ont tellement intégré les outils de leur propre oppression et les hommes sont tellement bien installés dans leur place de dominant que ça n’est pas sans conséquence sur nos vies dites « privées ».Toi, mec, souviens-toi de toutes les fois où tu n’as pas pris en compte les désirs, les envies, le non-désir de ta ou ton partenaire. Es-tu vraiment sûr de considérer comme sujette ta partenaire dans l’acte amoureux ? (lascive, passive, j’attends tes assauts mon amour…) Ne considères-tu pas ta bite comme l’unique outil de plaisir sexuel ? Souviens-toi que tu as des doigts, des genoux, des oreilles, une bouche, et déculpabilise-toi de ne pas bander ! Les femmes participent à la négation de leur propre désir/plaisir en le transposant dans le désir/plaisir de leur partenaire – tu bandes donc je suis, tu craches donc je jouis… La violence existe dès lors qu’on ne peut pas dire non et l’éducation sexuelle des filles consiste à leur apprendre à dire oui (libération sexuelle quand tu nous tiens…).
Il s’agit de construire ensemble un environnement favorisant l’épanouissement de chacunE.
Justice bourgeoise et logique revancharde. Quelle alternative pour que crève le
patriarcat ?
Le viol est un acte social ancré dans le cadre patriarcal, il ne s’agit cependant pas de nier la responsabilité individuelle du violeur. Les nanas victimes ont besoin d’être reconnues comme telles. Néanmoins nous refusons les réponses que donne la justice bourgeoise qui ne reconnaît pas le viol comme la partie émergée de l’iceberg patriarcal mais comme un acte d’individu déviant. L’Etat viril se dédouane de sa responsabilité en traitant les viols comme des bavures isolées, occasionnelles d’affreux psychopathes. Nous ne croyons pas en la punition d’Etat, ni prison, ni camisole chimique.
Même si ça peut faire du bien, nous doutons de l’efficacité d’actions revanchardes et justicières (lynchage, tribunaux populaires, exclusion…) sous couvert de cohérence politique. Il s’agit de ménager les personnes mais pas le patriarcat. Nous croyons en la transformation des individus car nous pensons que toute personne est susceptible d’évoluer et que cela relève de notre responsabilité individuelle et collective.
Des féministes libertaires nantaises
Le viol n’est qu’un des aspects emmergés de l’iceberg patriarcal. Il y a aussi le rapport à la violence. Pour les hommes la violence est légitime (quoique de plus en plus souvent ça dépend du milieu et de la cause). Pour la femme c’est interdit. Et cet interdit est très bien interiorisé. Au point que j’ai vu dans un concert de punk féministe des filles crier au pogo violent alors qu’il y avais juste 2/3 mecs tout secs qui sautaient gentiment. La seule personne qui pogotait un peu c’était moi, jeune militante nantaise. Ce n’est qu’un exemple de moindre importance.
Nous, femmes, ont le droit d’être violentes. Nous avons le devoir de répondre viollemment aux oppressions que nous subissons qu’elles viennent d’hommes trop entreprenant, des patrons ou de l’Etat.
Nous, femmes et hommes, devrions déconstruire les shémas que nous impose la société et nous écouter les uns les autres pour construire des rapports différents non plus entre personnes de sexes différents mais entre individus apportant des différences constructives
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