Nous étions à nouveau plusieurs milliers, dans les rues de Rennes, pour dire non à l’aéroport et affirmer que nous ne laisserons personne se faire expulser de la Zad.

Ces derniers jours, nous avons bloqué des rocades, à pied, à vélo, en voiture ou en tracteur. Nous avons entendu Johanna Rolland, maire de Nantes, se plaindre de la déplorable image de sa ville, indissociablement liée « aux tensions autour de l’aéroport ». Nous savons donc que nous allons dans le bon sens. Il n’y a que trois choses qui peuvent les faire reculer : l’atteinte à leur image de marque, les calculs politiciens pour les prochaines élections et la peur d’un désordre qu’ils ne sauraient pas gérer.

Ce samedi, nous avons voulu retourner sur la rocade, y construire une cabane. Évidemment, les flics ont dit non, en tapotant sur leur lance-grenade. Ils sont prêts à nous faire tâter de leur violence légale, mais aujourd’hui nous avions mieux à faire.

Nous constatons le bellicisme de nos ennemis, et le mutisme de celui qui pourrait faire office de juge de paix. Ils ont beau jeu de faire les sourds : s’il ne se passe rien, c’est eux qui gagnent. Mais il se passe quelque chose : une manif se reforme en direction du centre-ville. La centaine de tracteurs et les centaines de vélos avaient pris les rues du matin comme pour une parade, une démonstration de force. Il s’agit maintenant pour les piétons d’être mobiles et insaisissables.

Le centre-ville, ses rues étroites, son déballage de marchandise, son « activité économique », ses braves bourgeois à maintenir en sécurité. Depuis les manifestations suite à la mort de Rémi Fraisse, les flics rennais s’étaient fait une spécialité d’interdire le centre historique aux cortèges trop indisciplinés. Ils nous attendaient sur la rocade, il a suffi de faire demi-tour pour les prendre de court. Une grosse centaine de personnes a atteint le centre commercial du Colombier, puis la place de la République, pour finir place Sainte-Anne. Aux cris de « Vinci dégage, résistance et sabotage », avec quelques bombes de peinture pour laisser des traces de notre passage. Et quelques coups dans les nouvelles vitres sécurit et sur la caméra de surveillance du commissariat de la rue de Penhoët.

Ceci est à prendre comme un deuxième avertissement, après le coup de semonce du 9 janvier. Il n’y a pas assez de flics en France pour protéger les rocades, les zones d’activités, les rues commerçantes, les lieux de pouvoir, et toutes les cibles d’une lutte déterminée. Pour le moment, les barrages sont filtrants, les manifs sauvages se contentent de peinture. Mais s’ils acculent le mouvement, nous tenterons tout pour ne pas perdre la Zad, état d’urgence ou pas.

Hollande peut bien continuer de se taire, et Valls de fanfaronner : la Zad grandit, notre détermination est intacte, et nous n’avons pas dit notre dernier mot.