“non aux extraditions”
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Mardi 11 mai au soir, la phrase “Non aux extraditions” a été bombée sur l’écran du cinéma Lucernaire à Paris pendant la projection d’un film, tandis que le texte ci-dessous était distribué :
BUONANOTTE A QUEI GIORNI?
Sous ses airs de drame psychologique, le film qui va être projeté ce soir n’a rien d’innocent. Il est l’adaptation d’un livre infâme, écrit par Laura Braghetti, une ancienne militante des Brigades Rouges qui a marchandé la vie de ses camarades contre sa libération. Une collabo qui renie et condamne la violence révolutionnaire pour embrasser celle de l’Etat.
Bellocchio poursuit sur le terrain culturel la neutralisation des conflits passés afin d’assurer la pacification du présent. La vaste opération répressive commencée en Italie par le plomb policier, les arrestations de masse et la torture, continuée par les lois spéciales, l’isolement carcéral et le système des repentis, est perfectionnée aujourd’hui par les agents salariés du spectacle.
Les intellectuels de gauche, qui n’ont jamais pardonné à la génération partie à l’assaut du ciel d’avoir attaqué le racket de leurs partis et syndicats, se vengent maintenant avec leurs livres et leurs films. Quand ils ne reproduisent pas ouvertement le point de vue des flics, ils mystifient de façon plus subtile les raisons et le contexte de la subversion armée des années 70. Dans ce refoulement organisé, ceux qui ont pris les armes sortent de nulle part, apparaissent comme des psychopathes isolés et, surtout, n’ont rien à dire au présent. La partie est finie, en avant les historiens et les psychologues ! Pour la défense de la démocratie !
Non, la partie n’est pas finie.
Des révoltes sociales continuent de se répandre et d’exploser de par ce monde basé sur l’argent et la domination.
En France, en Italie et ailleurs, des révolutionnaires croupissent toujours en taule parce qu’ils n’ont pas renié leur choix. Des dizaines de réfugiés italiens risquent à nouveau d’être extradés et de finir leurs jours derrière les barreaux.
L’Etat n’a jamais cessé sa guerre ; au contraire, ses lois d’urgence ont été élargies à la société entière, sa propagande justifie tout massacre au nom de la démocratie et de la civilisation.
Dans cette guerre, il n’y a pas de spectateurs.
CONTRE TOUTES LES EXTRADITIONS
LIBERTE POUR LES MILITANTS D’ACTION DIRECTE
A BAS TOUTES LES PRISONS
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