Police partout! assemblées itou?
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Category: Global
Themes: Actions directesContrôle socialRépressionResistancesTestet
Places: Ariège
Police partout! Assemblées itou?
réflexions collectives de retour du Testet
Nous nous constituons en assemblée depuis plus d’un an en Ariège.
Nous nous réunissons une fois par mois pour apprendre à discuter, hors de l’urgence, de nos pratiques collectives et des luttes auxquelles nous participons. Certain.es d’entre nous se sont rendu.es au rassemblement du 25 octobre au Testet au cours duquel un manifestant a été tué par les gardes mobiles. Face à la confusion politicienne et médiatique, nous voulions soulever quelques questions qui nous semblent essentielles pour les luttes à venir.
• L’opposition au barrage du Testet exprime un refus de l’aménagement économique du territoire. Ici une carrière, là une éolienne, ailleurs une ligne de TGV ou un aéroport : en réaction à ces agressions et à cette dépossession, les habitant.es réagissent, les luttes locales se multiplient. Pas un hectare ne doit échapper à la valorisation marchande.
Ni à la police.
• Chaque jour, la police gaze, blesse, estropie. Elle tue aussi. C’est dans son rôle, elle est la main armée des dirigeants au pouvoir, de la classe dominante et possédante. Avec le meurtre de Rémi, cette réalité nous éclate à la figure, une fois de plus. La violence d’État exercée et justifiée avec cynisme a provoqué la colère de la rue. À côté des hommages à la mémoire de Rémi s’exprime aussi la haine d’un pouvoir assassin. Et la rue, son désordre, sa vie propre – et sale – ne peut qu’avoir tort, être coupable.
• Rémi Fraisse est le premier manifestant tué par la police en France depuis 1986. Cette fois, les médias s’acharnent à créer une image propre et récupérable de Rémi en invoquant son milieu social, son absence de casier judiciaire, son dit pacifisme. Sa mort est devenue une affaire d’État. La semaine précédente, la police toulousaine abattait Timothée Lake, un jeune homme du même âge, soupçonné de braquage et muni d’un pistolet en plastique. Un simple article dans la presse locale. Les morts qui comptent sont ceux que l’on peut utiliser pour se faire une place au chaud au gouvernement, dans l’opposition ou à la table des futures négociations sur le barrage du Testet.
• Les «casseurs» , «djihadistes verts», et autres «nihilistes noirs» ont envahi… la presse. Et tout le monde est sommé de se positionner, de se désolidariser. Journalistes, politiciens et militants autoproclamés «pacifistes» réactivent une opposition artificielle entre dits violents et dits non-violents. Cette stigmatisation permet de déshumaniser celles et ceux qui ne respectent pas la légalité, offrant ainsi un permis de tuer à une police militarisée. Comme si la police avait face à
elle des adversaires de force égale, des «professionnels de l’affrontement», des «combattants».
• Considérer qu’il est «violent» de casser une vitrine ou de jeter une motte de terre sur des militaires en armure revient à vider ce mot de son sens. Ces pratiques qualifiées de violentes ont existé de tous temps et coexistent avec beaucoup d’autres. Beaucoup de manifestant.es passent des unes aux autres. Une manifestation n’est pas un «cortège discipliné et pacifique». Si une manifestation ne porte pas en elle de menace de désordre, quel rapport de force peut-elle créer ?
• À l’heure où les vendeurs de solutions politiques dénoncent le fait même de se protéger de la police, la seule forme de violence tolérée devient celle exercée contre soi-même. Faire des grèves de la faim, se coucher devant des bulldozers, s’enterrer ou se dénuder à la merci de la violence étatique, n’est pas, pour nous, relever la tête face à la destruction organisée de nos vies. Nous refusons de nous soumettre au culte du martyr, à l’image choc qui ferait basculer l’opinion publique.
• Les questions de la confrontation avec la police, de la peur qu’elle suscite, sont inévitables et devraient être posées en assemblée au lieu d’être évacuées sous prétexte de pacifisme ou appropriées par des petits groupes. Quels rapports avons-nous à l’action directe, à l’illégalité ? Pourquoi et comment riposter ? Comment se protéger les un.es les autres ? Comment prendre en charge les conséquences judiciaires ? L’assemblée nous parait un outil indispensable pour fabriquer la confiance et la solidarité nécessaires à une action collective. A fortiori pour réagir à un événement aussi grave que la mort d’un manifestant.
2 novembre 2014
Assemblée Al Païs
« Si une manifestation ne porte pas en elle de menace de désordre, quel rapport de force peut-elle créer ?»
Que voilà bien une curieuse façon de poser les choses ! Une manifestation, PAR DÉFINITION, ne crée pas de rapport de force autre que la force qu’elle montre par sa massivité, ou la capacité de ses participants à discuter pour définir comment parvenir à s’opposer victorieusement à l’État !
Nous n’avons pas d’autre force que notre unité et notre conscience ! Il n’y a qu’une seule situation où il faut se battre avec la police : quand elle nous empêche de nous rassembler pour montrer notre unité ou discuter. Tout le reste, c’est de la provocation policière, et rien d’autre !
Le rapport de force s’instaure par L’EXTENSION du mouvement, sa PRISE EN MAIN face aux flics sans uniforme que sont les syndicats et partis officiels. Il n’y a de toute façon, jusqu’aux combats révolutionnaires – c’est-à-dire la prise de pouvoir – aucune autre façon d’établir un rapport de force avec l’État. Et certainement pas en affrontant les CRS au cours d’une action qui ne mènera à rien comme à Sivens ou à NDDL ! Ces mouvements ne participent d’aucune prise de conscience, d’aucun rapport de force ! Ils ne mènent de toute façon qu’à des impasses.
Ce qui empêche la police d’y intervenir comme elle le veut et de les balayer brutalement n’est aucunement leur quelconque force, c’est l’indignation que cela provoquerait au sein de la classe ouvrière en France. Mais les occupations elles-mêmes ne rencontrent qu’indifférence chez les exploités : ce n’est ni leur terrain, ni leurs méthodes de lutte ! Et chaque baston avec les flics à la fin d’une manif participe du sabotage de la solidarité, de la réflexion, de l’unité, de tout ce qui fait la force d’un mouvement !
Dès que vous aurez réfléchi à votre isolement, vous vous apercevrez que la seule chose qui fait de Sivens ce qu’il est, c’est que la police a eu la bêtise d’y tuer un manifestant. De toute façon, cette lutte est tout-à-fait récupérable par l’État : les manœuvres d’EELV, le battage médiatique autour le démontrent amplement !
t’as pas besoin de venir nous réciter tes manuels mao d’il y a 40 ans toutes les deux minutes tu sais…
ta “classe ouvrière” existe pas. t’as eu encore un bel exemple aujourd’hui avec des ouvriers qui ont défilé à lo’appel du MEDEF pour la construction de l’aéroport et pour qu’on leur donne encore un peu de boulot pour s’occuper…
tes schémas sont carrément à la bourre sur le monde. les gens s’en branlent de la révolution. y a ceux qui courent après un boulot, cherchent à sauver leur couple, maintenir un équilibre entre leur vie de merde et leurs rêves inaccessibles, leurs envies, et le flic dans leur tête, et y a ceux qui crachent dans la soupe, qui veulent rendre leurs rêves accessibles et se fabriquent, tout seuls ou à plusieurs, des poches d’oxygène dans ce monde d’asphyxie.
tu peux passer d’une catégorie à l’autre, en pas longtemps ou prendre des années à le faire, tu peux retourner en arrière t’avouer vaincu, et puis revenir chargé à bloc 6 mois ou 10 ans plus tard. tu peux sauter d’une poche d’oxygène à l’autre, les cumuler, jamais te sentir bien dans l’une, plus vouloir quitter l’autre, mais ça c’est pas une histoire de ‘classe’, c’est une histoire de vécu, d’humanité, de rencontres.
y a des maos qui appelaient ça la révolution permanente. ils étaient probablement moins rigides et cons que toi.
nique les classes, les juges et les flics (même ceux sans uniformes qui sympathisent avec on sait pas trop quoi).
vive les humains, mort à tout ce qui fait d’eux ce ramassis de connards amers, envieux et cafardeux.
vous écrivez “les médias s’acharnent à créer une image propre et récupérable de Rémi en invoquant son milieu social, son absence de casier judiciaire, son dit pacifisme.” sans même voir que l’une des difficultés du pouvoir (média compris) est d’arriver à réinstaurer la coupure “bon manifestant” “casseur”, par ce que ce mort là était intégré, cultivé, fils d’élu.
Merci de s’essayer à proposer des analyses concrètes de situation concrètes, de pas se payer de mots