Meurtres d’etat et récupération politique
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Tout ça pose pas mal de questions. Ça fait toujours chaud au cœur, bien sûr, quand des personnes décident de se révolter concrètement contre la paix sociale imposée par l’État et le Capital et font voler les pavés et les cocktails molotov sur sur la police et les vitrines des banques. Ça n’est qu’un juste retour des choses, assez minime, envers le souffrances et les morts qu’infligent tous les jours ces institutions à travers le monde, et si l’espoir d’un monde nouveau doit un jour devenir réalité, ça passera forcément par la violence révolutionnaire.
Seulement, et comme souvent, il aura fallu que ce soit un mec blanc, impliqué (au moins de fait) dans une lutte politique, qui se fasse tuer par l’État pour qu’une telle riposte se mette en place. Très régulièrement la police assassine des gens, toujours en toute impunité, pour de prétextes plus ou moins insignifiants ; seulement, ces gens sont la plupart du temps pauvres, racisés et/ou minorisés d’autres manières. Et presque toujours, personne ne réagit à part leurs proches : pas de déclarations larmoyantes de ministres, pas de unes dans les médias bourgeois… et pas de manifs ni d’émeutes dans le centre de plusieurs grandes villes. Soyons clair-e-s, c’est très bien qu’une telle réaction se soit produite ; mais pourquoi ça n’est pas le cas quand ce sont des ouvrier-e-s berbères à la retraite ou de jeunes braqueurs/euses noir-e-s qui se font assassiner ? Leurs vies ont donc tellement moins de valeur, même aux yeux des anarchistes qui prétendent abattre toutes les dominations ? Alors oui, il y a des gens, et des activistes, qui réagissent comme ils/elles le peuvent contre les meurtres de la police à chaque fois qu’il se produisent, mais étrangement ça ne donne jamais lieu à un mouvement d’ampleur comme celui-ci. Tout ça semble puer le racisme et le mépris de classe, et il est désolant que tant de révolutionnaires anti-autoritaires hiérarchisent les crimes d’État de la même manière que les média bourgeois et racistes.
Autre chose de dérangeant dans ce mouvement de solidarité, c’est la tendance de tout le monde à tirer la couverture politique à soi. La conclusion des organisations réformistes, c’est qu’elles ont raison, que le projet de barrage au Testet doit être abandonné, et d’ailleurs si ça intéresse du monde elles ont des cartes d’adhésion à vendre. Beaucoup de groupes et d’individu-e-s prennent une position bien plus intéressante, celle que ce meurtre n’est qu’une agression policière parmi tant d’autres, que la répression d’État est partout et doit être combattue dans son ensemble. Sauf que quel que soit le cas, la personne tuée est bien souvent un prétexte politique et tout le monde en profite pour lui faire dire ce qu’il/elle veut : le ministre des keufs accuse les émeutier-e-s de salir sa mémoire, les émeutier-e-s eux et elles éclatent des banques en son nom… C’est très cool de défoncer des banques, mais pourquoi toujours en rajouter une louche en brandissant une victime des flics comme un martyr, comme une sorte de bouclier médiatique ? « On est tristes à cause de la mort de notre camarade, alors on va péter des vitrines ». Depuis quand y’a besoin d’excuses pour péter des vitrines ? Le capital faisait moins de mal avant que les keufs tuent un activiste ?
Pour ce que j’en sais, c’est à dire pas grand-chose, la personne tuée se définissait comme non-violente. Est ce qu’elle aurait vraiment aimé qu’on défonce des magasins et des camions de keufs en son nom ? Combien de gens ayant participé aux émeutes se sont posé la question ? Nos convictions révolutionnaires devraient se suffire à elles-mêmes pour justifier la violence contre l’État et le Capital, et je trouve assez dégueulasse à plein de points de vue de se servir d’un mort qui ne peut plus dire ce qu’il pense comme prétexte à l’action directe. Oui, c’est cool de profiter d’événements d’importance comme les manifs qui ont eu lieu pour faire une émeute en ville ; c’est juste extrêmement dommage que presque personne ne semble vouloir dire clairement que ça n’a pas grand-chose à voir avec la victime des flics, qu’il y a plein d’autres raisons de vouloir s’attaquer aux infrastructures capitalistes et que c’est pour ça qu’on est là, pas pour rendre hommage à qui que ce soit.
De la même manière, dans les textes et les slogans publiés par des anarchistes et des révolutionnaires autour de ce meurtre, la lutte au Testet est généralement mentionnée rapidement. On y parle peu de ce qui s’y passe ou des motivations des gens qui y luttent, mais plutôt des violences policières en général. C’est clair que c’est nécessaire d’en parler, mais sur la nature même de cette lutte, sur les raisons qui ont amené là-bas la personne qui s’est faite tuer, on ne dit pas grand-chose, et ça donne l’impression que les personnes si promptes à partir en émeute pour venger quelqu’un avec qui elles auraient sans doute eu de gros conflits politiques ne s’y intéressent pas trop. Plus exactement, les textes sur le sujet parlent de la répression d’État, condamnent le projet de barrage parce qu’il enrichit de grands capitalistes (on les imagine bien avec leurs gros ventres et leurs cigares), mais c’est tout. Rien ou à peu près sur les milliers d’êtres vivants assassinés, les arbres abattus mais aussi toutes les plantes et les animaux qui vivaient dans cet écosystème. Rappelons que ce sont une dizaine d’hectares de forêt qui ont déjà été rasés pour le projet, ce qui n’a rien d’exceptionnel par rapport à la déforestation massive en cours sur la plus grande partie de la planète, mais représente cependant un nombre de vies incalculable.
Je ne sais pas quel était le point de vue là-dessus de la personne assassinée par les flics, pas plus que je ne connais réellement l’état d’esprit des personnes en lutte là-bas. Mais il est clair que la plupart des anarchistes et anti-autoritaires, une fois de plus, préfèrent se rassembler sur les éternels slogans simplistes contre les keufs et le capital, plutôt que de prendre en compte tous les êtres non-humains menacés ou déjà tués pour le barrage, qui n’ont pas droit à une émeute à chaque fois qu’on les massacre. C’est comparable avec l’approche de beaucoup d’activistes vis-à-vis de la ZAD de Notre-dame des Landes : on laisse l’écologie aux hippies pour s’occuper des « vrais » problèmes, comme si c’était un divertissement exotique, une espèce de préoccupation lointaine et un peu rigolote à laquelle on ne croit qu’à moitié, et pas une lutte nécessaire et urgente. Un grand nombre d’activistes, bourré-e-s de leurs privilèges d’humain-e-s vivant dans un pays riche et relativement épargné par la pollution et les catastrophes climatiques, se contentent de s’incruster dans une lutte pour y trouver l’occasion de caillasser quelques keufs. J’ai rien contre ça, mais quand est-ce que quelqu’un s’occupera réellement de sauver les forêts et les êtres qui y vivent ? Notre idéal révolutionnaire, c’est juste de piler des magasins en flammes, ou c’est de permettre de vivre sur Terre aux êtres vivants qui se font exploiter et massacrer à grande échelle ?
Ces derniers jours, j’ai l’impression que c’est juste très pratique pour plein d’activistes que les flics aient tué quelqu’un. Ça catalyse la rage, ça donne une raison de lutter et ça évite surtout plein de questions : pourquoi il faut en arriver là pour qu’il se passe quelque chose ? Pourquoi tout le monde s’indigne de la mort d’un mec blanc et pas des massacres et des oppressions perpétrées tous les jours par le système où on vit ? Et surtout, surtout, pourquoi tout le monde a ce besoin morbide et hypocrite d’avoir un martyr mort pour la cause, à qui on peut faire dire ce qu’on veut pour justifier nos actions ? J’espère sincèrement que nos luttes valent mieux que ça.
Une anarchiste
Je suis pas d’accord. C’est bien cette mort de trop qui m’a mis dans la rue pour la première fois.
Les illégalistes ou activistes sont pour le moment toujours les premiers à réagir et bravo d’ailleurs.
Mais penser que la plus grande partie de l’extrême gauche française et de l’anarchisme ne se réveille uniquement lorsque la victime est blanche si possible avec des dreadlocks, un prénom qui respire le terroir, et bien évidemment qui travaille dur, alors là je dis non.
Mais maintenant que tu le dis, t’as vu des noirs dans la manif ? Je suis parti à 17h de la place du Cirque car d’une, après les affrontements la manif était cuite et de deux, les branleurs à scooter ni politisés ni conscients de quoi que ce soit concernant Sivens ou NDDL y prenaient place. Pourquoi ?
Parce qu’ils galèrent et sont exploités comme nous, voire pire.
Alors pour passer le temps, ils contemplent ceux qui luttent et qui crèvent, juste pour ça comme des crétins de petits bourgeois.
Et puis merde, ils sont attirés encore et toujours par le fric, la propriété et tout ce qui s’en suit…
En te lisant, j’ai l’impression que quoi qu’on dise quoi qu’on fasse entre exploités, on en a pas encore fait assez pour eux (les arabes et les renois), nous les chômeuses-eurs blancs(?) concerné(e)s par la politique.
J’ai levé le poing pour Rémi Fraisse et je le léverai encore pour n’importe quel(le) autre exploité(e) assassiné(e) par l’État capitaliste néo-libéral.
Quitte à rager, l’indifférence des nantais par rapport à Djamel Chaar me met toujours encore plus en rogne.
Je suis un anarchiste communiste révolutionnaire (je sais, c’est pompeux) et je me vois pas manifester à mort pour des sauterelles (que j’aime énormément mais quand même beaucoup moins q’un être humain).
L’humanité avec un grand H très peu pour moi.
Mais c’est bien l’humain qui domine les autres espèces à l’heure actuelle alors pour arriver à vivre en harmonie avec les éléments terrestres quels qu’ils soient, il faut d’abord s’occuper entre nous de nous.
Si on veut épargner les éco-systèmes, c’est avant tout sur le terrain politique avec la sacro-sainte “Économie” (sujet préféré des français des sondages) qu’il faut agir.
Faire admettre dans la rue ou à la télé que ce système détruit tout, à commencer par la richesse redistribuée aux gens permettra de valider nos alternatives concrètes comme les ZAD, l’insurrection, le désarmement.
Et si Rémi Fraisse mort est le déclencheur de tout ça, et bien que veux-tu y faire ?
On n’appartient plus qu’aux vivants quand on est décédé.
J’ai conscience que mes propos sur les français en couleurs et les jeunes à scooter sont généralistes et superficiels voire racistes, mais c’est le fruit d’une observation et d’une réflexion personnelle, ce n’est que ma vérité d’un jour.
Je vais d’abord dire ce sur quoi je ne suis pas d’accord avec le texte et le précédent commentaire ; primo : je suis révolutionnaire, la « lutte » à Sivens ou NDDL ne l’est pas, ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Question : c’est quoi le futur qu’il y a derrière ces luttes ? Le futur constitue l’élément central de tout projet révolutionnaire ; où est-il derrière NDDL ou Sivens ? Nulle part. Quel argument avancent les « révolutionnaires » de NDDL ou de Sivens pour défendre leur « lutte » ? Ça sert d’exemple. D’exemple de quoi exactement ? D’exemple de lutte contre le capitalisme ? Sérieusement ? Vous en êtes encore à Blanqui qui pensait que les actions exemplaires allaient entraîner tout le monde derrière lui ? Ça fait un moment qu’on sait que ce n’est pas comme ça que ça marche !
Non, ce qu’il y a derrière NDDL et Sivens, c’est « faire quelque chose, n’importe quoi plutôt que rien du tout, quelque chose qui ne sert à rien plutôt que rien du tout, contre le système ». Malheureusement, le cirque politicien autour de la mort du jeune à Sivens montre bien que ce genre d’action arrange grandement le pouvoir et la bourgeoisie !
D’une part, ça met l’accent médiatique sur des « luttes » sans perspective aucune, je le répète. Derrière, ça mène à des manifs où il n’y a pas l’ombre d’une discussion, pas l’ombre d’une réflexion, il n’y a plus que le réflexe anti-flic, et la police en joue, il n’y a qu’à lire les compte-rendus de la manif de Nantes pour le voir. Sans parler du fait que personne n’a pour l’instant évoqué la provocation policière que constituent la plupart des « casseurs » – les auteurs des violences pendant les manifs étudiantes de 1986 sortaient de la Préfecture de police avant d’aller aux manifestations, pour ne prendre que cet exemple.
D’autre part, à quoi servent des manifs où il n’y a aucune réflexion, aucune discussion, aucun meeting ? Le rôle d’une manifestation est de chercher la solidarité et de se réunir pour discuter, comprendre, chercher ce qu’il faut faire pour se battre. Où a-t-on discuté de tout cela à Nantes ? Les provocations anti-flics et les castagnes qui les suivent sont typiquement des sabotages de manifestations, et elles ne seront réellement intéressantes que lorsqu’elles auront MIS À LA PORTE les auteurs de violence, parce que là on pourra discuter du mouvement et de ses perspectives.
Enfin, il est clair que les actions type NDDL et Sivens sont d’un incroyable localisme, d’une étroitesse d’esprit inouïe ! Elles ne défendent aucunement la « nature », qui a depuis longtemps été transformée dans ces endroits-là. Elle réagissent à des problèmes qui se posent à une autre échelle sur les continents pauvres – voir le reportage d’Elise Lucet sur la pollution qu’entraîne la fabrication des téléphones portables ! Et surtout, par rapport aux guerres et à la misère que génère le capitalisme partout sur la terre, NDDL et Sivens sont misérables, ridicules, minuscules ! Un petit, microscopique bout de la lorgnette !
Terminons par une question : même si l’aéroport de NDDL ne se fait pas, même si le barrage de Sivens ne se construit pas, ça change quoi à la question ? Les Indignés et les étudiants anti-CPE avaient une toute autre largeur de vue : eux savaient très bien que c’était la question du futur que nous propose ce système que leur mouvement posait. Ça n’est AUCUNEMENT LE CAS de Sivens…
En réponse au Vieux sympathisant : on peut pas tout dire sur sa pensée utopique dès qu’on s’exprime.
Alors je vais te dire la mienne, c’est bel et bien un communisme libertaire tel celui prôné par Kropotkine, promu en anarchisme libertaire par Malatesta.
Ça c’est pour le début de mon apprentissage, il y en a encore d’autres pensées à découvrir dans des bouquins qui se passent sur d’autres continents où les révolutionnaires ont pensé et agi.
J’ai réalisé un jour sur une colline indienne, au petit matin, le solstice d’hiver s’éclipsant, que la théorie donc la réflexion et non le libre arbitre, les tripes quoi, sont prioritaires à tout mouvement de masses.
Il y a un tel boulot à pratiquer sur les consciences des individus pour les amener à se convaincre par eux-mêmes qu’il y a urgence (s’il n’est pas déjà trop tard) à se révolter pour de bon sans autre but que d’échapper à la misère, cette salope, première faucheuse du capitalisme.
Que pour une fois, dans ce pays, le pouvoir soit stoppé net dans ses “projets” corrompus. Que la corruption , fléau parasitaire de toute société au “mérite”, à la reconnaissance matérielle, aux privilèges dérobés au plus faible, soit dévoilée sur les “grands” médias à la vue de tous, et bien moi ça me fait mieux respirer.
Je ne respire bien dans ce pays que lorsqu’on entre en scène, nous les pauvres politisés donc à l’extrême gauche, et la scène c’est TF1, I-Télé, bref toutes ces merdes bien utiles à la société du spectacle.
Je ne désespère pas qu’à la télé et à la radio, prenant avec ruse l’antenne (de force s’il le faut), quelques personnes revendiquées chômeurs, casseurs, “racailles” dénoncent avec virulence ces complots ploutocrates et à la fois expliquent nos demandes, nos propositions, nos idéaux de manière enfin novatrice telle la SCOP de Lepage & Cie.
Ce samedi-là, il ne s’agissait pas de parler du constat des choses ni des propositions ou des échanges envers la Lutte.
Mais bien de répondre avec notre libre arbitre, nos tripes quoi, au décès d’une personne comme vous et moi tuée pour ses idées.
Si tu veux aider les congolais, prends le pouvoir ici, sur ton territoire avec tous ceux qui sont concernés par la RDC (Y’en a pas beaucoup mais ça va ici on parle français comme là-bas) puis joue sur les rapports diplomatiques, industriels, financiers et là tu l’auras ta révolution mondiale avec de belles nations, si j’ai bien compris ton post.
Non je plaisante, car bien évidemment quand on pense anarchie, on pense à tous sans limites territoriales.
Pour répondre à ta.. Euh votre (pardon) dernière question : les manifs du CPE menées en partie dans les médias à l’époque par B.Julliard, au P.S. aujourd’hui, n’appelaient qu’au retrait du CPE et pas plus.
Quand aux Indignés, on les attends encore. Sont pas devenus anars depuis ?
Mais t’as raison pour Sivens, Rémi Fraisse aussi maintenant trouve que c’est pas futuriste.
Bon bah voilà. Bing !
Salut et Fraternité !
p.s. : Si tu captes pas pourquoi NDDL ou n’importe quelle autre lubie d’oligarques, si petite soit-elle, est importante pour un réveil révolutionnaire, alors tu as perdu la joie de vivre. Mais non, hein ?.
« Il y a un tel boulot à pratiquer sur les consciences des individus pour les amener à se convaincre par eux-mêmes qu’il y a urgence (s’il n’est pas déjà trop tard) à se révolter pour de bon sans autre but que d’échapper à la misère, cette salope, première faucheuse du capitalisme. »
Eh bien, j’attends la « pratique » derrière cette théorie purement et simplement blanquiste ! La question de la « révolte » se pose d’ailleurs sur un point : ça veut dire quoi ? En 1792 déjà les Sans-culottes disaient : « révoltés, encore un effort ! Vous deviendrez révolutionnaires !», ce qui veut bien dire que ce n’est pas la même chose.
La démocratie bourgeoise s’accommode tout à fait de l’arrêt des « projets corrompus » et du « dévoilement de la corruption », c’est exactement ce qu’est en train de faire le gouvernement chinois au moment où j’écris.
Moi aussi je considère que le meurtre par la police d’un jeune est répugnant ; mais je pense clairement et j’affirme que ceux qui l’ont amené à aller se battre avec les flics SANS AUCUNE PERSPECTIVE DERRIÈRE sont aussi responsables de ce meurtre que le lanceur de la grenade !
Quant à la vision que tu as du CPE et des Indignés en Espagne, on voit tout de suite une chose : tu n’y étais pas ! Les questions posées par ces mouvements concernaient le futur que la société nous réserve, et la volonté de le prendre en main nous-mêmes, ce qui a une autre ampleur que d’empêcher la construction d’un barrage – dans une perspective à moyen terme de réchauffement climatique catastrophique, soit dit en passant !
Dès qu’on commence à parler de futur, on voit poindre… une SCOP ! C’est ça votre perspective ??? L’auto-exploitation pure et simple (c’est vrai, j’oubliais, la plupart des Anarchistes ne comprennent rien aux questions économiques…) ? C’est ça que vous voulez mettre en avant à la télé et à la radio ???? La riante perspective que voilà ! En tout cas, une chose est sûre : aucun révolutionnaire n’a jamais mis cette perspective en avant ! Et ça n’a rien à voir avec une perspective révolutionnaire de toute façon. C’est pourquoi d’ailleurs effectivement, tu n’as rien compris à mon post : la perspective communiste, ce n’est aucunement « une révolution mondiale avec de belles nations », c’est la DESTRUCTION des nations.
Au passage, j’attends qu’on me démontre « pourquoi NDDL ou n’importe quelle autre lubie d’oligarques, si petite soit-elle, est importante pour un réveil révolutionnaire »; ça n’a pas l’air d’être si simple, Nicolas ne s’y risque d’ailleurs pas…
Salut VSGI, tu réponds aux trois d’un coup ou uniquement à moi ?
Mon premier post répondait à Une Anarchiste en expliquant mon point de vue sur le choix d’honorer en une marche la mort d’une seule personne tuée par l’autorité, quelle soit noire ou blanche, avec ou sans-papiers.
Mon second message dit à Vieux Sympathisant, avec trop de sarcasmes sans doute, pardon, que faut pas cracher dans la soupe quand pour une fois, plein d’exclus, comme on les appelle, se réunissent pour une bonne cause.
Et qu’il ne croit pas à la prise de parole médiatique violente, tonitruante, celle qui envahira et recouvrira tous les dogmes capitalistes, ne serait-ce que 30 secondes à l’antenne, qui hurlera le mot, la phrase, l’idée qui fera taire Valls, Pujadas, Lagardère et consorts devant tous celles et ceux qui comprennent le Français ?
Y’a pas de frontière autre que celle de la langue.
Maintenant, va falloir me lâcher avec Blanqui, les nations et les Scops dont JE N’AI PAS PARLÉ.
Errico Malatesta, c’est pas Auguste Banqui.
La SCOP où il y a Franck Lepage, c’est pas Fralib.
Le communisme libertaire c’est vivre sans monnaie, sans propriété, sans prisons, sans armée et armement, sans frontières, sans salariat et défaire le pouvoir par une gouvernance démocratique directe. Ça sera déjà pas mal. Belle Utopie, non ?
C’est tellement fou d’y penser que je me suis mis dans la peau d’un anarchiste individualiste tendance pacifiste violent.
Je ne veux pas passer d’une Monarchie Républicaine, ici en France, à l’Anarchie Sociale car la population mondiale n’est pas prête, elle est réfractaire à ce qu’elle ne connait pas : les valeurs authentiques du marxisme et de l’anarchisme.
Donc les personnes comme nous, sensibles à ces choses, doivent s’unifier d’abord sur la simple théorie, à savoir les revendications précises sur le constat quotidien dans nos vies, bref tout ce qu’on veut et ne veut plus.
En présentant le mieux possible aux masses le constat accablant de la situation sur Terre en 2014 pour le genre humain “civilisé”,
nous retiendrons l’attention, séduirons en fait le peuple paupérisé, puis nous gagnerons notre place dans la vie politique française (oui en France: c’est là que je vis), là où nous sommes invisibles.
L’économie, ça prend du temps pour expliquer.
La corruption, elle, permet, en la dénonçant, de mobiliser directement l’individu face à l’ordre établi car il n’y croit plus, justement, dans cet ordre et cherche quelque chose pour remplacer cette calamité. Et là on arrive !!
Pas besoin d’assos, de partis ou de mouvements d’indignés pour réfléchir entre convaincus. Mettre les gens au pied du mur dans la rue, au micro, exiger d’eux qu’ils soient prêts à tout perdre, leur famille pour commencer, combien en restera-t-il ? C’est les furieux que l’on a vus dans cette manif qui resteront et eux c’est plus que de simples Indignés philosophes avec un PEL.
Le CPE ? Tu es bloqué en 2006 ? Et l’ANI, la convention UNEDIC, t’as vu les étudiants, les lycéens dans la rue ?
J’espère que tu as compris que tu n’as rien compris à mes deux premiers posts, peut-être celui-ci te sera compréhensible.
Dernière chose, quand on est révolutionnaire on propose sans avoir peur du ridicule. J’attends que ça: passer à la télé-subversion pour voir si une fois dans ma vie je pourrai débattre en étant considéré comme un intervenant crédible.
Ah oui d’accord, VSGCI et Vieux Sympathisant sont la même personne, ah merde.
Bon ça marche quand même, hein.
J’ai commis une autre faute en interprétant mal le mot localisme dans votre premier commentaire qui m’a mené à parler de nation, je sais même plus pourquoi.
Alors quand je vous parle de nations, je comprends un peu tard que ça, c’est pas vous.
Et puis sympathisant communiste révolutionnaire internationaliste, c’est pas encore anarchiste donc j’avoue, excusez.
Je comprends votre désarroi face à ce spectacle.
Celui-ci ou un autre doit en amener un autre plus responsable, plus légitime, aux yeux d’une doxa d’extrême gauche qui rechigne, quand c’est pas de l’hostilité, à partager son terreau idéologique avec des petits nouveaux qui cassent, les vilains.
« Le communisme libertaire c’est vivre sans monnaie, sans propriété, sans prisons, sans armée et armement, sans frontières, sans salariat et défaire le pouvoir par une gouvernance démocratique directe. »
C’est ce que tous les communistes ont toujours mis en avant, je suis donc d’accord sur ce point.
Maintenant, il s’agit de parler des moyens d’y parvenir, et là, il y a un GROS problème.
Qui est capable de mettre cela en place ? Et de quelle manière ? Là est la question centrale en ce qui me concerne.
Non, nous ne devons pas nous « unifier d’abord sur la simple théorie, à savoir les revendications précises sur le constat quotidien dans nos vies, bref, tout ce qu’on veut et ne veut plus ». La « simple théorie », c’est plus compliqué que ça, et chez les révolutionnaires le plus important est le futur. Il s’agit pour nous de nous battre aujourd’hui pour construire le futur en tirant les leçons du passé. Et tout cela ne se fait pas sans principes politiques, ni sans comprendre de quelle façon nous pouvons ne pas tomber dans l’idéologie dominante – ce qui est très facile : il suffit par exemple de croire que l’accès aux médias bourgeois est fondamental pour s’expliquer et se « faire connaître » ! La classe ouvrière a DÉJÀ une place dans la « vie politique française », et la bourgeoisie le sait parfaitement ; sinon, ça fait beau temps que les salaires auraient été divisés par deux ou trois, que la Sécu ne rembourserait absolument plus rien, que les conditions de travail auraient empiré d’un facteur X. La bourgeoisie sait parfaitement qu’elle ne peut pas faire cela pour l’instant, mais il suffit de l’écouter parler pour savoir qu’elle en rêve.
Qui renversera le capitalisme ? La classe ouvrière, classe historique porteuse unique d’une société supérieure au capitalisme parce que dernière classe exploitée, parce que classe porteuse d’un projet politique historique, parce que seule classe qui peut détruire consciemment le capitalisme. Pas le « peuple paupérisé » dont je ne sais pas ce que c’est.
Donc, question : comment doit-on s’y prendre pour renverser le capitalisme ? Par quels moyens ?
Par la révolution communiste mondiale, le renversement conscient de tous les États, l’expropriation de la bourgeoisie, la création d’organes de pouvoir : les conseils ouvriers. Le rapport de force n’est aucunement limité à la France, c’est pourquoi je soutiens la seule organisation communiste internationale qui existe, la seule en tout cas qui a conscience qu’il faut se centraliser à ce niveau. Ce n’est pas une première : la Troisième Internationale à sa fondation en 1919 avait déjà ce souci. Ce n’est pas en regardant la situation actuelle qu’on peut comprendre l’impact qu’aurait dans le monde une révolution ouvrière en Europe ; et des ouvriers, il y en a pratiquement partout, dans tous les pays, ça ne se limite pas aux ouvriers d’usine – une vieille vision sociologique stalinienne parfaitement mensongère – mais à tous ceux qui sont exploités par le salariat. Ça fait déjà plus de monde, non ?
Les « masses » et le « genre humain civilisé » – où est le genre humain non-civilisé, SVP ? – savent très bien à quoi ressemble la société, c’est eux qui la font fonctionner. L’enjeu n’est aucunement là ; l’enjeu, c’est : quoi faire ? Et comment utiliser notre force ?
Voilà pourquoi je dis, je dirais et continuerai à dire que les SCOP, c’est purement et simplement du réformisme : croire que l’on peut changer la société par petites touches de « socialisme ». On a déjà connu ça, et le futur ne sera pas une SCOP géante. Rien à voir avec une lutte révolutionnaire donc.
Quant aux ZAD, c’est assez proche de ce que racontent les staliniens : il existerait des endroits particuliers où le capitalisme n’aurait pas cours. On sait à quoi ça a abouti…
Au fait, il faut arrêter les pannes de mémoire : le CPE, ça a été autre chose que les luttes syndicales contre ceci ou cela – luttes partielles, parcellaires, où on enferme les exploités sur LEUR problème administratif avec l’UNEDIC ou autre chose ; la lutte anti-CPE a reçu des motions de solidarité du monde entier, y compris d’une université israélienne ; en Europe, des gens voulaient savoir ce qui se passait en France – vu le black-out entretenu par toute la bourgeoisie sur ce qui se passait. Les étudiants ont été en délégation dans les entreprises, aux bureaux de l’ANPE, pour y chercher la solidarité ; ils ont intégré dans leurs manifestations les sans-papiers, en soutenant que la lutte de ces derniers était la même que la leur. L’élément central de cette lutte était le futur : le nôtre, ou celui que la société nous réserve ? Ce questionnement n’est AUCUNEMENT celui de Sivens ou de NDDL, où l’on se contente benoîtement de la situation actuelle, avec les petits paysans cultivant leurs champs sans trop polluer, on l’espère…
Je ne suis pas bloqué sur le CPE et les Indignés ; ce sont simplement les deux dernières luttes qui ont posé les jalons de la solidarité, de la morale telle que les exploités la comprennent, les deux dernières luttes qui ont fait progresser la conscience des exploités qu’il leur faut prendre leur futur en main. Ce n’est pas le cas de Sivens, d’ores et déjà récupéré par l’État sous la forme d’EELV, ni de NDDL, qui n’a RIEN à proposer.
Quant à ceux qui se tapent avec les flics, si vous n’avez pas encore compris que c’est TOUJOURS une provocation policière et que les « casseurs » sont TOUJOURS de mèche avec les flics…
Bien d’accord avec tout ce que vous dîtes.
J’attendais avec impatience votre réponse, j’en avais besoin pour réfléchir suite à mes commentaires fidèles à mon manque de savoir.
J’ai pu revoir des extraits télévisés du combat anti-CPE en 2006, et j’ai vu tout ce que vous disiez, que ça allait bien au-delà d’un retrait de loi, que les lycéens et étudiants se posaient la question de notre futur comme rarement on l’a vu depuis. Et que le monde entier les regardait.
Je suis resté aveuglé par la starification de certains de ses leaders médiatiques puis par la trace que les médias en ont laissé (agressions en bande pendant les manifs, extrême-droitisation du gouvernement avec P.Bismuth).
Alors oui, vivement qu’un mouvement de masse comme celui-là revienne dans la rue, avec la foi révolutionnaire comme les indignés espagnols.
La classe ouvrière bien sûr ! Le peuple paupérisé ou pas, c’est bien trop large pour ne recouvrir que les révolutionnaires communistes, le prolétariat et le sous-prolétariat.
C’est difficile d’en parler aujourd’hui car les travailleurs passent d’un poste de travail à l’autre, capitalisent pour les mauvais jours, individualisent leurs carrières, leurs compétences qui nous disent, faute de posséder les moyens de production.
L’état d’esprit des ouvriers-ères, travailleurs-euses ne voit plus la politique politicienne comme une solution mais comme un problème.
Voilà pourquoi on avance pas, qu’on va dans le mur. Et sans faire de théorie, j’aimerais que la classe ouvrière se prononce pour 2-3 revendications clairement originales.
Genre une télé marxiste-anarchiste sur la TNT, dans laquelle l’imagination des programmations fera son trou dans les cerveaux disponibles.
Qui dira aux gens que le système politique français n’est pas démocratique ? Et c’est quoi une démocratie représentative avec un chef de clan ? Qui osera demander le démantèlement des compagnies dite de sécurité ? Qui virera le foot ?
Est-ce que ceux qu’on appellent les casseurs genre ACAB ou les gitans, punks à chiens, dealers de shit, peuvent débattre, confronter leurs idées avec l’extrême gauche légitimée par le jeu républicain ? Où ça ? Dans la rue pour l’instant.
Dans la rue, on n’a jamais le temps de débattre correctement alors en avant les comités de grèves partout, pour tous.