Rennes : agression raciste sur le campement de cleunay
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : AntifascismeImmigration/sans-papierEs/frontieresLogement/squatRacisme
Lieux : Rennes
L’article de Ouest Torch’ : “
Un rassemblement de soutien s’est déroulé spontanément ce samedi soir, à Cleunay. Des migrants affirment avoir été victimes d’une agression raciste la nuit dernière.
Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 3 h du matin, les migrants racontent avoir été agressés dans leur un camp de toiles de tente, derrière l’école Champion-de-Cicé.
« Des individus armés de chaînes ont semé la terreur par deux fois, expliquent les militants du collectif Un toit, c’est un droit, présents sur place avec le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Après avoir proféré des insultes racistes, ils ont renversé leurs maigres réserves alimentaires, puis ils ont pris la fuite en promettant de revenir. »
Plusieurs migrants se sont rendus hier à l’hôtel de police pour déposer plainte. Pour l’instant, les auteurs n’ont pas été identifiés. Des militants se relaient la nuit pour éviter une nouvelle intrusion. Ils réclament auprès de la mairie une prise en charge au camping municipal des Gayeulles, avec de meilleures conditions sanitaires et de la sécurité.”
http://untoitundroit35.blogspot.fr/2014/08/agression-raciste-sur-le-campement-de.html
Dans la nuit du vendredi 1er au samedi 02 août 2014, huit individus membres de l’extrême droite rennaise ont attaqué le campement de migrants situé derrière l’école Champion de Cicé à Cleunay. Nous reviendrons plus bas sur les conditions de cette attaque, menée principalement sur des femmes et des enfants en bas âge, qui n’aura heureusement pas fait de blessés, mais il nous paraît important de commencer ce texte avec une analyse un peu plus distanciée de la situation.
Toute politique de contrôle des flux migratoires contrevient de facto à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui stipule dans son article 13 que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État » et « a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »1 Il est toujours une bonne chose de rappeler cette simple vérité que l’intégralité des États à travers le monde feint d’ignorer au profit d’un « réalisme » que pour notre part nous ne partageons pas.
Cette violation se concrétise par des morts, de très nombreux morts, à nos frontières mais également au sein même de notre pays (selon le rapport 2013 du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies, au moins 16 000 immigrants sont morts entre 1998 et 2012 en essayant d’entrer en Europe – ce chiffre ne prenant bien entendu en compte que les décès connus de façon certaine).2
Cette politique meurtrière n’a pas été l’apanage d’une seule frange de l’échiquier politique français : d’un bord à l’autre, toutes les formations ayant été partie prenante d’un gouvernement ont encouragé, soutenu ou simplement cautionné la mise en place de lois liberticides ayant directement conduit à la mort, souvent dans d’effroyables circonstances, de milliers de migrants.3
Mais si la politique migratoire de la France et de l’Europe a toujours été fort coûteuse en vies humaines, elle a dans la période récente pris un tournant notable. Les durcissements législatifs successifs, en particulier depuis le début de ce nouveau siècle, ont entraîné une précarisation absolue des populations migrantes, ont généré des obstacles devenus quasi-insurmontables à l’accès à la nationalité française en complexifiant la possibilité de présence régulière des étrangers sur le territoire, ont permis même la remise en cause des titres de séjours de personnes séjournant, vivant avec des français-es et travaillant parmi nous depuis des décennies. Ces durcissements législatifs se sont accompagnés d’un discours étatique de plus en plus ouvertement raciste : de la droite à la gauche, la politique migratoire est aujourd’hui une politique raciste en tant que telle et non plus seulement une déplorable tactique politicienne flattant les bas instincts de nos concitoyens. Le glissement extrêmement dangereux s’est produit en à peine plus de dix ans, libérant une parole raciste d’une profonde agressivité qui n’était auparavant que marginalement présente dans le discours politique général.4
La combinaison de cet ensemble de dispositions techniques et de disposition d’esprit a accouché d’un système à la mécanique impitoyable, dont l’objectif et le résultat sont une essentialisation, une désocialisation et finalement une expulsion d’une façon ou d’une autre des personnes migrantes jugées indésirables. Progressivement, celles-ci seront en toute légalité dépouillées de tout accès aux droits les plus élémentaires (un toit, de quoi se nourrir et se vêtir, un accès à l’éducation…) après avoir vu dans bien des cas en ce qui concerne les demandes d’asile, leurs terribles vécus questionnés, mis en doute et finalement tout simplement niés.5 A l’humiliation et au déni de protection s’ajoute donc la descente aux enfers sociale, laissant les gens épuisés, placés sous anti-dépresseurs pour éviter qu’ils ne craquent, livrés à eux-mêmes sans accès à l’hébergement d’urgence, lui-même miné par le manque de moyens et de places d’accueil.6
La réalité très concrète entraînée par cette inique bien que légale mécanique, ce sont des enfants de moins de trois mois à la rue avec leurs frères et sœurs, avec parfois à peine un repas par jour faute de pouvoir avoir accès à un espace ou cuisiner les denrées fournies par les Restos du Cœur ou le Secours Populaire. Une honte, un crachat à la face de l’humanité.
Et lorsque l’État, à force de loi, de police et d’administration, à force de harcèlement, a fait tout le mal qui était en son pouvoir contre ces gens qui dans leur pays d’origine ont souvent été victimes des pires sévices, il reste encore une dernière étape pour les contraindre à quitter le territoire : les nazis.
Revenons-en à notre campement de migrants : aboutissement des étapes évoquées plus haut et mises en place à tous les niveaux par le Parti Socialiste (État, Région, Préfecture, Conseil Général, Métropole et mairie), il représente l’ultime étape de harcèlement légalement possible pour contraindre les migrants à quitter le pays.7 Il avait été demandé à la mairie de Rennes de fournir aux migrants qui y logent l’accès au camping municipal, pour que les conditions minimales d’hygiène et de sécurité leur soient garanties. La mairie a refusé et a initié une procédure d’expulsion du parc où ils se sont installés.8 Ils sont donc contraints de dormir dans des tentes, sans accès à l’électricité, sans eau potable à moins de quelques centaines de mètres alors qu’un gymnase pourvu de douches se trouve à trois pas de leur point de chute. Parmi eux, des enfants en grand nombre, quelques adolescents, des femmes et quelques rares hommes.
Sur les coups de 03h00, dans la nuit du 1er au 02 août 2014, huit personnes ivres, certaines titubant littéralement, ont fait irruption au campement, armés de chaînes et barres de fer : insultes racistes, multiples coups de klaxon et dérapages en voiture ont lancé les hostilités. Puis les individus sont entrés dans le camp proprement dit et ont saccagé les installations de cuisine et de vie collective et la nourriture qui se trouvaient en son centre, commentant entre eux la vie des migrants : « regarde : ils vivent comme des porcs, ils mangent comme des chiens ! » Loin de se contenter de cela, ils ont également donné coups de pieds et de chaînes sur les tentes, dans lesquelles, tétanisés, les migrants et leurs enfants sont restés enfermés.
L’attaque raciste aura pu se dérouler presque sans interruption durant une heure-et-demie avant que les fascistes, lassés, n’aillent cuver leur haine ailleurs.
On est chaque jour un peu plus écœuré par les agissements de l’extrême droite, mais il faut bien le dire, les circonstances sont cette fois assez particulières. C’est une sorte de vomi bien particulier que doit abriter le crâne de ces porcs, qui ont tiré du plaisir à prolonger leur fête entre amis en allant humilier et terroriser des enfants étrangers. Des individus se sentant autorisés, libres de pouvoir à leur guise et durant plus d’une heure harceler celles et ceux qui n’ont plus comme recours que de camper dans les parcs. Ce samedi, c’est sans le moindre doute la lie de l’humanité, qui a titubé dans les rues de Cleunay à trois heures du matin.
Dans la chaîne des responsabilités, on n’oubliera pas de citer Breizh Info, fausse agence de presse et véritable organe de propagande d’extrême droite, qui a régulièrement cherché à faire monter la tension à l’encontre des migrants présents sur Rennes et des associations qui les soutiennent. À peine un mois avant les faits,9 un nouvel article au contenu mensonger est venu s’ajouter à la longue liste des précédents. Breizh Info ne sort pas de nulle part : il s’agit d’une création de Yann Valérie, ancien membre du Bloc Identitaire, puis ex-dirigeant de Jeune Bretagne, avant qu’il ne rejoigne à nouveau Adsav-PPB qu’il avait quitté il y a de cela une dizaine d’années.10 Avant la création de Breizh Info, celui-ci s’en était déjà violemment pris aux squats de migrants, en particulier à l’occasion de l’expulsion imminente du squat de Pacé en novembre 2012.11 Très consultée par l’extrême droite bretonne, cette plate-forme habilement présentée aura su à n’en pas douter atteindre parmi d’autres les coupables de cette attaque raciste.
Mais il ne faut pas oublier non plus de revenir sur les responsabilités de la mairie de Rennes : suite à l’agression commise par la bande de nazis, celle-ci a de nouveau refusé un hébergement en camping municipal, alors même que la sécurité des personnes est engagée. Leur seule réaction sera de passer un coup de téléphone aux forces de police, leur demandant de faire quelques rondes à proximité du campement. Ces évènements ne sont en réalité que la triste continuité de sa politique anti-migrants menée tout au long des années passées, avec une morgue croissante.
Cela mène tout de même à tirer de conclusions que nous jugeons profondément déplaisantes. Au vu des positions politiques tenues par l’État français et des dispositifs de diverses natures conçus pour les voir mises en œuvre ; au vu de l’adhésion servile à cette politique et à ces dispositifs que l’on retrouve à chaque échelon, de l’État à la commune ; au vu surtout de la persistance à maintenir dans une situation de danger les victimes de cette politique et de ses dispositifs : on ne peut que s’interroger sur la place que tiennent quelques nazis ivres dans cette structure qui nous paraît tout de même bien s’accommoder de leurs exactions.
Nous ne sommes pas conspirationnistes : nous ne croyons pas un seul instant que le PS et l’État utilisent sciemment les groupuscules fascistes pour les lancer contre les migrants et leurs soutiens. Nous sommes persuadés en revanche que ceux-ci se lavent les mains de leurs méfaits récurrents et de plus en plus violents,12 parce que dans une certaine mesure, cela contribue à rendre la vie insupportable à ces migrants qu’on voudrait voir quitter le pays.
En un mot comme en cent, nous pensons que le Parti Socialiste et l’État sous-traitent la dernière étape du harcèlement à l’encontre des populations migrantes. Et si un drame doit survenir, comme Carrefour lorsqu’une usine fabriquant ses vêtements s’effondre sur ses ouvriers,13 1ils pourront se retourner contre le sous-traitant et faire une opération de communication les dédouanant de toute responsabilité.
Tout cela pour pouvoir de façon plus efficace que la droite mener la politique qui est celle de la social-démocratie : une politique capitaliste et pro-patronale s’appuyant sur la division des travailleurs-ses.
Autant le dire tout net : nous trouvons que cette tambouille a comme un goût de cendres et nous ne sommes pas sûrs d’aimer ça.
1.La Déclaration universelle des droits de l’Homme est lisible à cette adresse : https://www.un.org/fr/documents/udhr/
2.Between 1998 and 2012, more than 16,000 persons have been documented to have died in attempting to migrate to the European Union.* It should be noted that this statistic includes not only deaths caused at sea, but also in various other ways, including suffocation in trucks, car accidents, frostbite, police violence, hunger strikes, landmines, or suicide in detention, highlighting many of the dangers involved in irregular migration pathways. « Entre 1998 et 2012, on a pu attester la mort de plus de 16 000 personnes dans leurs tentatives de migrer vers l’Union Européenne.** Il doit être noté que cette statistique inclut non-seulement les morts survenues en mer, mais également dans des circonstances diverses telles que l’étouffement dans des camions, les accidents de la route, les morts dues au froid, aux violences policières, aux grèves de la faim, aux champs de mines ou aux suicides en détention, révélant par là les nombreux dangers qui parsèment les routes de l’immigration irrégulière. » François Crépeau, Rapporteur Spécial sur les droits de l’Homme des migrants, Report of the Special Rapporteur on the human rights of migrants, François Crépeau – Regional study: management of the external borders of the European Union and its impact on the human rights of migrants, page 6, 24 avril 2013. Traduction réalisée par nos soins. Le texte original du rapport est consultable ici : http://www.ohchr.org/Documents/HRBodies/HRCouncil/RegularSession/Session23/A.HRC.23.46_en.pdf *As estimated by the Council of Europe Committee on Migration, Refugees and Displaced Persons, « Lives lost in the Mediterranean Sea: Who is responsible ? », April 2012. See generally: http://www.unitedagainstracism.org/pdfs/listofdeaths.pdf ** « Estimations de La Commission des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées du Conseil de l’Europe, « Vies perdues en Méditerranée : qui est responsable ? », avril 2012. Voir également : http://www.unitedagainstracism.org/pdfs/listofdeaths.pdf Le rapport est consultable à cette adresse : http://assembly.coe.int/CommitteeDocs/2012/20120329_mig_RPT.FR.pdf
3. On trouvera un utile rappel de ces réformes successives sur le site du Gisti (http://www.gisti.org/spip.php?article19) et de la Cimade (http://www.lacimade.org/poles/defense-des-droits/rubriques/80-historique).
4. Il n’est pour autant pas question de dire ici que ces propos n’existaient pas : nous n’oublions en aucune manière les « bruit et l’odeur » ni autres « la France ne peut accueillir toute la misère du monde ».
5. En 2012-2013, seules 14% des demandes d’asile ont été satisfaites en France, contre 77,72% en 1981… Plus d’information à cette adresse http://sos-net.eu.org/etrangers/chiffre3.htm et sur le site de l’OFPRA (http://www.ofpra.gouv.fr).
6. Sur Rennes, les services de l’État affichaient par exemple un taux de 49 % de réponses positives pour l’hébergement d’urgence en janvier 2012 et de 17 % en octobre 2013, alors même que l’article L 345-2-1 du code de l’action sociale spécifie que « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychologique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’urgence ». Un ensemble de données est trouvable sur le site de l’association Un toit c’est un droit (http://untoitundroit35.blogspot.nl/).
7. Voir à cette adresse l’appel initiant la création du campement : http://untoitundroit35.blogspot.nl/2014/07/urgent-migrants-la-rue.html
8. Cette procédure d’expulsion (qui ne peut se faire en urgence étant donné les circonstances) est motivée par l’unique plainte d’une personne âgée, ne pouvant plus selon ses dires, avoir accès à « son banc » pour lequel elle paie pourtant des impôts. Concernant le refus d’hébergement en camping municipal, se rendre à cette adresse : http://untoitundroit35.blogspot.nl/2014/07/les-migrants-veulent-aller-aux.html
9. Clandestins à Rennes : un réseau bien huilé et subventionné, Breizh Info, 11 juillet 2014. En ligne à cette adresse : http://www.breizh-info.com/14386/actualite-politique/clandestins-rennes-reseau-bien-huile-subventionne/
10. Pour plus d’information concernant ces trois formations politiques, se reporter à nos dossier consultables en ligne. Collectif Antifasciste Rennais, Les municipales et le Front National, La di…débilosa…sion, la dé-dia-bo-li-sa-tion – bref : les mensonges à l’épreuve des faits, mars 2014. En ligne à cette adresse : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2014/03/les-municipales-et-le-front-national/ Collectif Antifasciste Rennais, Adsav-PPB, Jeune Bretagne et Génération Identitaire, Fusions, arnaques et traîtrises à la chaîne : éléments de réflexion sur l’extrême droite en Bretagne, mars 2013. À consulter ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2013/03/dossier-adsav-ppb-jeune-bretagne-et-generation-identitaire/ Collectif Antifasciste Rennais, Les identitaires aux législatives de juin 2012 en Bretagne, 40 pages pour revenir en détail sur les manœuvres de l’extrême droite, mai 2012. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ Collectif Antifasciste Rennais, ADSAV, la raclure national-folkloriste, mai 2008. À lire à cette adresse : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2008/05/adsav-la-raclure-national-folkloriste/
11. « […] 300 familles de délinquants, puisque clandestins, venues d’Asie, d’Afrique et des anciennes provinces soviétiques, occupent illégalement l’ancienne maison de retraite de Pacé [.] Elles ont été aidées dans leur coup de force par une association subventionnée et classé à l’extrême gauche, le DAL35 (4 rue Monseigneur Vincent, 35 000 Rennes) qui n’a jamais été inquiété alors qu’elle mène depuis des années de nombreuses actions d’occupation totalement illégales, toujours à destination d’un public majoritairement clandestin. […] Avertie par les riverains et les militants locaux excédés, l’association Jeune Bretagne a décidé de réagir fermement et rapidement. […] Nous n’avons que faire des arguments angéliques qui feraient passer ces délinquants clandestins pour des réfugiés politiques dans la souffrance. […] Faut-il attendre des situations extrêmes comme à Marseille, où les habitants d’un quartier ont délogé, par la force, un camp de Roms, pour que les autorités réagissent ? […] Nous exigeons l’expulsion immédiate, par charters et aux frais des pays d’origine, de toutes ces familles de clandestins. Nous réclamons l’arrêt des subventions attribuées à l’association DAL35, association qui prône la préférence étrangère face à son propre peuple et qui mène quotidiennement des actions illégales de réquisition et d’occupation. […] C’est pour faire entendre la colère d’un peuple qui ne souhaite pas et ne laissera pas la Bretagne devenir la triste et sale copie des grandes métropoles françaises que nous organisons ce rassemblement, mercredi 7 novembre, à 18 h […] Plus que jamais, les bretons doivent rester maîtres chez eux ! » Tract de Jeune Bretagne, 12 octobre 2012. Toujours en ligne à cette adresse : http://lvci.hautetfort.com/archive/2012/10/12/pace-35-mercredi-7-novembre-a-l-appel-de-jeune-bretagne-expu.html
12. Ces évènements ne cessent de s’aggraver. C’est le cas en ce qui concerne le passage à tabac et la tentative d’enlèvement dont a été victime Séverine, une militante de Calais (https://www.facebook.com/pages/Calais-Ouverture-et-Humanit%C3%A9/174026419459683?hc_location=timeline), les coups de feu tirés sur un concert organisé par RESF à Clermont-Ferrand (http://lahorde.samizdat.net/2014/01/18/clermont-ferrand-lextreme-droite-ouvre-le-feu-devant-un-concert-de-soutien-aux-etudiants-sans-papiers/), la projection d’acide sur des membres de la communauté Rrom à Paris (http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140519.OBS7628/jet-de-produit-nocif-sur-le-matelas-de-roms-a-paris-l-accuse-relaxe.html) ou encore l’effrayant incendie d’un camp Rrom à Marseille (http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120928.OBS3913/marseille-un-camp-rom-evacue-et-incendie-par-des-riverains.html).
13. L’usine Rana Plaza, située au Bangladesh, s’effondre en 2013 sur ses ouvriers, tuant 1 135 d’entre eux. Pour plus d’information, voir : http://www.sudouest.fr/2014/04/22/effondrement-meurtrier-d-une-usine-de-textile-au-bangladesh-ou-en-est-on-un-an-apres-1532868-4803.php et http://www.ethique-sur-etiquette.org
http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2014/08/attaque-raciste-sur-un-camp-de-migrants/
A Calais, dans la soirée du lundi 28.07.2014, une militante associative a été victime d’une tentative d’enlèvement et accablée d’insultes : « Salope, pute à migrants, on va s’expliquer… », La présence de passants au moment de l’agression a permis à cette bénévole de s’enfuir. Mais que ce serait-il passé si son agresseur avait réussi à la forcer à entrer dans la voiture de son complice ? Cette bénévole a été violentée parce qu’elle a exprimé et affiché publiquement sa solidarité envers les personnes migrantes présentes à Calais et qu’elle s’est battue pour leurs droits et leur dignité.
A Calais, ce cas n’est pas isolé. Le 06.06.2014, sur le boulevard Gambetta, une jeune bénévole est injuriée (« Cul à migrants ») et violemment bousculée par deux femmes. Là encore, seule l’interposition d’un passant lui permettra de s’en sortir. Le 29.06.2014, un militant associatif circulant en voiture rue de Marrakech se retrouve poursuivi par deux hommes armés de tonfas, de matraques télescopiques et de bombes lacrymogènes.
A Calais, ce n’est plus uniquement la parole xénophobe et raciste qui s’est banalisée dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Le règlement de compte et l’agression dans l’espace publique tendent désormais à se multiplier.
Cette augmentation d’actes de violences n’est pas le fruit d’une génération spontanée. Elle est le résultat d’un climat, tant au niveau local que national, entretenu par certains responsables politiques. Comment ne pas faire le lien entre l’appel à délation lancé par la sénatrice et maire Natacha Bouchart relatif aux squats ouverts par les militants No Border et les exilés et l’irruption, quelques jours plus tard, d’un groupuscule d’extrême droite (« Sauvons Calais »), dont le leader, Kévin Rèche, s’affiche avec Marine Le Pen et porte fièrement une croix gammée sur le torse ?
Comment se fait-il que certains membres ou sympathisants de ce groupe « Sauvons Calais », pour protester contre l’occupation d’un bâtiment vide à Coulogne, aient pu à plusieurs reprises lancer une pluie de projectiles (pierres, cocktails Molotov) sous les yeux de forces de police impassibles ? Une chose est sûre, dans le combat contre le racisme et le fascisme, les autorités municipales et préfectorales ont mesuré les conséquences de leurs choix qui ne pouvaient que susciter et démultiplier la haine.
Désormais, à Calais comme ailleurs en France, l’extrême droite radicale ne se cache plus. Elle s’exprime et agit dans l’impunité, au mépris de tous les principes démocratiques : garanties liées à un Etat de droit, liberté d’expression, lutte contre la diffamation raciste, etc… Ce qui se passe actuellement à Calais est dramatique et profondément inquiétant. Ne pas réagir serait la pire des solutions.
No pasaran !
Des citoyens et citoyennes mobilisés contre le racisme et l’extrême-droite