Le tract ci-dessous a été distribué par des libertaires à Nantes samedi 3
avril 2004 dans la manifestation syndicale pour l’emploi et à laquelle se
sont joints des chômeurs, chômeuses, précaires, intermittent-e-s,
recalculé-e-s, etc. La manif a rassemblée 800 personnes environ.
La dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie, c’est vote toujours…
SEULE LA LUTTE PAIE !

Au-delà des revendications légitimes et justifiées des précaires, des
chômeurs et des chômeuses, du refus de la régression sociale tous azimuts
– après les retraites, la sécu… -, il faut s’interroger sur la place du
travail dans notre société

Les luttes sociales autour du travail ont toujours comme dénominateur
commun l’illusion du plein emploi. En effet, face aux licenciements
abusifs, à la déstructuration des services publics et à l’accroissement
de la pauvreté, les seules alternatives proposées sont celles de la
responsabilisation des entreprises, et la revalorisation du travail. Or,
dans une société capitaliste le but est de générer le maximum de profit,
en aucune façon il ne s’agit d’améliorer les conditions de travail des
salarié-e-s. Ainsi, plutôt que de défendre l’idée d’une valeur sociale du
travail qui n’existe plus, plutôt que d’accepter des emplois de plus en
plus précaires, c’est l’essence même de l’économique qu’il faut remettre
en question.

Le productivisme qui caractérise nos sociétés détermine nos rapports
sociaux. Nos choix, nos désirs, nos existences ne sont plus gouvernés que
par « l’avoir ». L’emploi, de plus en plus précaire, représente alors le
seul horizon possible pour accéder au monde des marchandises, à la
société de consommation. Confondant alors travail et revenu, être sans
emploi rend impossible la réalisation de nos besoins vitaux, l’emploi
étant considéré comme une nécessité pour accéder à une « vie digne et
épanouissante ». On ne parle que de croissance alors que le progrès
social n’est pas dans un accroissement sans cesse de produits de
consommation « kleenex » mais dans le partage des richesses créées tant
au Nord qu’au Sud. Produire toujours plus, c’est détruire toujours plus.
Il nous faut arrêter cette course au gaspillage destructeur basé sur
l’exploitation et la domination de la nature et des êtres humains.

Le chômage, présenté comme la plaie de nos sociétés, n’en demeure pas
moins une donnée essentielle pour l’économie capitaliste. L’acceptation
des travaux les plus pénibles, des contrats les plus précaires, toutes
les transformations du procès du travail concernent les classes sociales
les plus défavorisées. Considérés comme de véritables réservoirs de main
d’œuvre, malléable et corvéable à merci, les chômeurs et les chômeuses
sont les cobayes de ces nouvelles formes de régulation du travail qui ne
visent qu’à la flexibilité, plus de précarité, plus de soumission, moins
de résistances (RMA, annualisation du temps de travail…). L’Europe de
demain, c’est une Europe encore plus libérale où la concurrence entre les
« travailleurs » se soldera par un appauvrissement de pans entiers de la
population. C’est un apartheid social généralisé qui se met en place.
Seule la solidarité active entre les exploité-e-s en développant des
alternatives anticapitalistes pourra imposer un rapport de force contre
les dominants (économiques, politiques…).

C’est pourquoi il faut plus que jamais lutter contre le modèle de
sociétés capitalistes que l’on veut nous imposer. Résister partout et
toujours, changer nos modes de consommation, exiger le partage des
richesses, créer un monde où seul subsisterait le travail socialement
utile.

C’est pas le travail qu’il faut aménager, c’est le capitalisme qu’il faut
éliminer !

Convergence libertaire, 3 avril 2004

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