Communiqué de presse de la Nation Euahlayi – 12 Août 2013

Goodooga, Nation Euahlayi, dans la région occidentale supérieure de New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud, le plus peuplé des États australiens).

Ghillar, Michael Anderson, coordinateur de l’Union Souveraine et désormais coordonnateur du Conseil Exécutif provisoire des peuples Euahlayi a déclaré aujourd’hui :

« Le 3 Août 2013 à Dirranbandi, Queensland, une réunion des principaux membres et aînés de la famille Euahlayi a décidé d’envoyé une lettre à Sa Majesté la reine Elizabeth II, l’informant que les gens du Euahlayi ont affirmé leur statut permanent d’Etat souverain. »

Cette décision fait suite à une correspondance antérieure avec Buckingham Palace. Le 24 Juillet 2010, j’ai écrit (sous le nom naturel donné par le peuple Euahlayi, Ghillar) à Sa Majesté la reine Elizabeth II pour lui poser les questions suivantes :

– Pouvez-vous nous fournir les documents déclarant la guerre contre les peuples de la Nation Euahlayi

– Ou ceux déclarant que les peuples de la Euahlayi ont volontairement cédé leur souveraineté à la Grande-Bretagne.

Notre plus récente correspondance rappelle à Sa Majesté que son agent de correspondance principal, Mme Sonia Bonici, nous a écrit depuis Buckingham Palace le 24 Août 2010 :

« En tant que souverain constitutionnel, Sa Majesté agit par l’intermédiaire de son représentant personnel, le gouverneur général, sur les conseils de ses ministres australiens, et c’est à eux que votre appel doit être dirigé. »

J’ai aussi reçu une lettre adressée à « Ghillar » du Bureau du Secrétaire officiel du gouverneur général (signée par Mark Fraser OAM, secrétaire officiel adjoint au gouverneur général) répondant pour et au nom de la reine Elizabeth II, dans laquelle le représentant australien nous annonce :

« J’ai le regret de vous signaler que je ne peux rien ajouter de plus à ma réponse du 7 Juillet et que je suis incapable de fournir aucun des documents que vous recherchez. »

De toute évidence, les chefs de gouvernement en Australie sont incapables de produire des documents légitimes qui permettent de justifier et perpétuer leur gouvernance sur nos terres et nos eaux à l’intérieur de nos frontières.

Nous pouvons comprendre les craintes de l’Australie lorsque nous affirmons notre souveraineté. A Mabo, en 1992, la Haute Cour d’Australie a déclaré que la question de la souveraineté autochtone est une question qui appartient à une autre juridiction et ne peut être traitée par les tribunaux municipaux (autrement dit, les tribunaux australiens locaux, y compris la Haute Cour d’Australie). Selon le juge Brennan de la Cour Mabo :

« L’acquisition par la Couronne de sa souveraineté sur les différentes parties de l’Australie ne peut être contestée devant une cour municipale australienne. » [Au paragraphe 83]

En outre, le jugement de Mabo est grandement préoccupant, car tout en reconnaissant les droits et intérêts permanents des peuples premiers sur leurs terres en vertu du droit et des coutumes autochtones, il crée des dilemmes juridiques graves.

Cela est évident dans leur jugement, au paragraphe 43, où les juges interrogent, sur différents plans, la prétention de l’Australie à la souveraineté sur les peuples autochtones et leurs terres..

Le jugement montre une extrême préoccupation quand il est stipulé au paragraphe 44 que :

« la reconnaissance par la Common Law des droits et intérêts des habitants autochtones sur les terres d’une colonie établie serait exclue si cette reconnaissance entraînerait la remise en cause d’un principe fondamental de notre système juridique. La proposition selon laquelle la couronne est devenue le véritable propriétaire de toutes les terres coloniales lors de son installation est soutenue au mépris des droits des peuples autochtones et des intérêts. »

La Déclaration d’Indépendance Euahlayi affirme que nous sommes la premier peuple souverain (première Nation État/first Nation State) à occuper nos terres et leurs eaux, régies par nos lois et nos coutumes. Si l’État australien a un problème juridique ou politique à l’égard de sa souveraineté et de sa gouvernance en raison de notre déclaration de statut d’État souverain, il est de son droit de négocier avec nous au sujet de l’avenir de son rôle au sein de nos frontières. En d’autres termes, s’il veut une relation avec nous, ils doit négocier.

Le fait que le gouvernement du Commonwealth propose un référendum pour inclure aborigènes et insulaires dans leur Constitution raciste de Grande-Bretagne montre bien la pré-existence de notre souveraineté. Nous avons toujours affirmé que notre souveraineté n’a jamais été cédée à la puissance colonisatrice. Les relations de l’Australie avec la Couronne britannique et l’avenir de l’Australie en tant que nation est un problème qui ne concerne qu’eux.

Une légitimité complémentaire de notre action vient de la Déclaration d’Indépendance américaine. Au cours de l’expansion impériale des nations européennes, la Grande-Bretagne a perdu une guerre civile sur le continent américain face à George Washington et ses partisans des treize États américains coloniaux existants. Les représentants de ces treize États, y compris des hommes célèbres comme George Washington, George Adams et Thomas Jefferson (qui allaient tous devenir plus tard présidents) ont été parmi ceux qui ont signé la Déclaration d’Indépendance américaine.

Le statut d’État-Nation américaine a été confirmé plus tard dans leur Cour suprême dans l’affaire Underhill – vs – Hernanadez, 168 US 250 (1897). Cette affaire a établi une jurisprudence qui est maintenant acceptée dans la communauté internationale comme une doctrine juridique. Elle conclut :

« L’annexion d’un territoire nouvellement découvertpar un État souverain est un acte d’État, qui ne peut être contesté, contrôlé ou perturbé par les tribunaux de cet État. »

Cela est souvent considéré par les peuples des Premières nations comme un principe inacceptable fondé sur le colonialisme. Néanmoins, les peuples des Premières nations de l’Amérique ont obtenu la reconnaissance de leur souveraineté indépendante, et traitèrent d’État à État avec de nombreuses premières nations dans le processus de construction de leur indépendance économique. Le 9 Juillet 2013, l’ambassadeur américain a affirmé cela lors d’une discussion publique dans le Grand Hall de la Maison du Parlement, à Canberra, avec le professeur George Williams à propos du Jour de la Constitution australienne (nommée « Journée AusCon »). La discussion a été diffusé en livestream par le programme ABC Big Ideas.

Nous savons aussi que depuis longtemps le gouvernement du Commonwealth est très inquiet au sujet du droit des Premières Nations d’affirmer leur souveraineté et de vouloir éviter le modèle américain à tout prix. Le 3 Mars 1981 Le ministre des Affaires autochtones, Pierre Baume a conseillé :

« Il se peut que, parallèlement au développement de la CNA (Conférence Nationale des Autochtones, fondée sur le droit australien), une « communauté » aborigène australienne se développe et va se développer au point où, si les modèles des États-Unis sont suivis, il pourrait devenir approprié de parler d’un accord entre cette communauté organisée et le Commonwealth comme d’un « traité ». Cependant, le procureur général a récemment informé le Premier ministre dans une lettre datée du 15 Juillet 1980, qu’eut égard aux connotations du mot «traité» dans le contexte international, il serait très souhaitable d’éviter le mot « traité » par rapport à l’accord, et qu’à la place, un terme comme « Makarrata » pourraient être utilisé si, après un examen complet, il a été jugé approprié. Il a poursuivi en disant que s’il serait possible d’inclure dans l’accord la distinction entre leur communauté et la communauté australienne, il serait également nécessaire d’intégrer des dispositions visant à faire en sorte que l’accord ne soit pas interprété comme étant analogue à un traité entre des États-nations séparés. Pour déterminer si ces dispositions devraient y figurer, il convient de tenir compte de tout risque que, en l’absence de dispositions suffisamment explicites à l’effet contraire, une demande puisse être faite afin que la convention accorde un statut sur lequel les Autochtones pourraient fonder un droit d’auto-détermination comme un « peuple souverain » […] Je constate que la résolution par la CNA demande un traité d’engagement entre le gouvernement australien et la « nation autochtone ». Pour les raisons mentionnées ci-dessus l’utilisation de ce mot doit être évitée par le Commonwealth. »

La Déclaration d’Indépendance Euahlayi et la formation du Conseil Exécutif provisoire Euahlayi ont précédée de manière appropriée la Journée internationale des peuples autochtones du monde, le 9 Août 2013, qui avait comme thème de cette année :

« La construction d’alliances entre les peuples autochtones : Mettre en place et honorer des traités, accords et autres arrangements constructifs

Le thème vise à souligner l’importance des arrangements entre les États, les citoyens et les peuples autochtones qui ont été conçus pour reconnaître les droits des peuples autochtones sur leurs terres, établir un cadre pour les relations de voisinage et nouer des échanges économiques.

Ces accords décrivent également la vision politique de différents peuples souverains vivant ensemble sur le même terrain, selon les principes de l’amitié, la coopération et la paix. »

 

Traduction, Collectif Anarchiste du Haut Fay : http://blogs.mediapart.fr/blog/bob-92-zinn/170813/australie-declaration-de-statut-d-etat-souverain-de-la-nation-euahlayi

Source : http://nationalunitygovernment.org/euahlayi-nation-declares-independence-and-asserts-pre-existing-and-continuing-statehood