« Lettre de soutien à Cahuzac »

Ce n’est rien, il ne faut pas vous affoler, on en a vu d’autres…
Après tout si à 50ans, on n’a pas un compte en Suisse, c’est qu’on a raté sa vie…

Venez vous racheter avec nous en portant des pancartes, cela fera penser un peu à la révolution culturelle en Chine. Vous pouvez être sûr que l’on vous fichera une paix royale ; les gouvernements, les banques, le fisc, les industriels, les médias etc tous. C’est garanti (comme une montre en or). Mais faudra être à l’heure, le patron n’est pas riche…

On ne sait même plus par quoi commencer tant les kilomètres de casseroles de l’histoire s’étendent derrière les gouvernements ; des veines ouvertes des Amériques ?, des artères de l’Afrique de Lumumba ou Sankara ou du Rwanda de Paul Baril ?
Du « continent invisible » qu’est l’Océanie avec le nickel des Kanak jusqu’aux cancers de Mururoa ? Des défoliants du Vietnam, ou du latex de l’ex Indochine, de la Bhopalisation du monde ou de la Standard Oil Company, de Karachi ? des mensonges de Bush ou de Sarkozy ? Pasqua, Blair, Chirac, Giscard, Pellerin etc, de ceux des grippes H1N1 en bachelotage et autres enfumages médicamenteux ? des guerres humanitaires ou des mines d’Arlit ?, IBM, IG Farben, Goldman Sach ? Des retraites chapeau ou des bonus des ouvriers de chez Goodyar ? Des retraité chypriotes ou grec ? Non il faut mieux commencer par la fin : L’hiver nucléaire. Il faut rappeler aux bien-pensant Copé ou catho PS ou FN que dans cinq minutes, dans une semaine ou dans un an, si rien ne bouge  dans la tête de ces têtes de nœud, qu’un enfant adopté ou non, d’un couple marié ou non, hétéro ou non etc , s’il est irradié, c’est un enfant mort, et s’il est contaminé il ne mourra pas tout de suite mais le peu qu’il vivra, ce ne sera pas en bonne santé. Et que l’argent d’un compte en Suisse ne vaut guère son pesant d’or autour des vieilles marmites suisse de Mühleberg, Gösgen, Beznau etc et toujours pas d’odeur.
Alors on répète encore une fois pourquoi il y a plus de 400 personnes qui manifestent depuis 5ans tous les jours contre Le Mensonge d’État des gouvernements, industriels et militaires riches en armes à uranium appauvri. Ces personnes et les groupes qui les soutiennent organisent un forum indépendant scientifique et citoyen sur la radioprotection, http://independentwho.org/fr/2012/05/14/forum-geneve/
la publication est ici : http://independentwho.org/fr/livres/

Le prochain se fera en 2014 ; si rien ne bouge. Car le groupe risque de s’agrandir encore plus, cela a commencé par des russes, ensuite des japonais. Mais vu l’état de leur vieilles marmites, il est fort probable que nous voyons un jour prochain arriver des slovaques, bulgares, arméniens ou tricastains…

Les Sentinelles
Voyez-vous monsieur Cahuzac, j’ai accroché à ce rôle de vigie, www.independentwho.org il y a 5 ans, en voyant la photo de trois hommes d’un âge certain (ou d’un certain âge) dans un article de la revue « sortir du Nucléaire ». Parmi les trois noms de ces personnes (Fernex, Tchertkoff, Busby dont j’allais savoir plus tard que représentaient ces hommes) je reconnu celui que j’avais déjà vu dans un bouquin intitulé « Solange Fernex l’insoumise ». Cette femme remarquable était décédée un an auparavant. Il m’a semblé que cet homme poursuivait le chemin tracé par la mémoire de son épouse. Ils étaient tout prêts de mon travail et portaient une pancarte autour du cou, leur regard dirigé vers le bâtiment de l’OMS.
Je me suis dit que si ces hommes là portaient une pancarte comme cela, avec cet air solennel, c’est qu’il y avait sûrement quelque chose de très fort qui les poussait. J’ai voulu faire comme eux, on appelle cela le mimétisme.
Depuis, il y a beaucoup de choses qui se sont produites. Avec beaucoup de rencontres et de lectures, dans des luttes disparates , j’ai essayé de comprendre pourquoi on en arrivait là ; à cette situation générale ubuesque et dramatique. Beaucoup de choses se recoupent, à force de chercher on fini par trouver l’axe , « la voie ».

On commence par le premier :

À Fukushima, les leçons de Tchernobyl sont ignorées

2 – août – 2012
par Michel Fernex (Suisse) Professeur émérite de la Faculté de Médecine de Bâle, ex-consultant de l’OMS.

« De retour d’un voyage de dix jours au Japon, le Dr Michel Fernex dénonce mensonges et silences qui mettent en danger les populations contaminées par la catastrophe de Fukushima.

_Que retenez-vous de vos échanges avec des professeurs de la faculté de médecine de Fukushima ?

_ J’ai pu rencontrer quatre professeurs de cette université, en cardiologie, urologie, médecine interne et ophtalmologie. Des médecins qui semblent tout ignorer des affections liées à la contamination. Ils étaient très surpris de voir apparaître chez des sujets jeunes des infarctus du myocarde, du diabète, des maladies des yeux. Je leur ai parlé des travaux du professeur Bandajevsky, de Gomel, en collaboration avec l’institut indépendant Belrad, auprès des populations touchées par Tchernobyl. Ces études ont mis en évidence les liens entre contamination, notamment par le Césium 137, et ces pathologies.

Directive a été donnée à l’université de Fukushima de ne pas parler de nucléaire. Seul un jeune professeur d’écologie tente des études sur les conséquences de la catastrophe sur les enfants. Il subit des menaces. La majorité des universitaires sont disciplinés, ils ferment les yeux pour sauver leur carrière : c’est très grave. Un pays aussi fort en recherche que le Japon devrait approfondir les études sur les altérations génétiques induites par la contamination et développer des antimutagènes pour réduire les anomalies génétiques qui se transmettront de génération en génération.

Des maladies de la thyroïde apparaissent déjà, mais les cancers ont un temps de latence qui fait qu’ils ne séviront que dans quatre ans, tout comme les cancers du cerveau chez les enfants et plus tard chez les adultes. Le nombre de bébés de faible poids à la naissance augmente. Le nombre de naissances de filles baisse de 5 % parce que l’embryon féminin est plus vulnérable. L’évolution des maladies du nouveau-né et du mongolisme est encore gardée secrète.

_Comment les populations des régions contaminées vivent-elles aujourd’hui ?

J’ai rencontré des femmes réfugiées à Kyoto qui n’ont pas été informées des risques, ni des précautions à prendre, qui ne recevaient pas de nourriture propre. Dans la ville de Fukushima, les gens restent enfermés dans les maisons, ne jardinent plus. La radioactivité est excessive, même dans les cours d’école décapées. Le gouvernement veut renvoyer des familles actuellement à l’abri des radiations dans leurs quartiers d’origine encore très pollués.

Dans les campagnes, des petits paysans qui vivent en autarcie se nourrissent de riz contaminé. Un riz qui n’est plus vendable. Les paysans sont ruinés. Ils auraient besoin de pectine pour bloquer l’absorption des radionucléides et accélérer leur élimination.

_De la pectine de pomme ?

L’expérience acquise au Belarus montre que des cures de trois semaines de pectine de pomme vitaminée permettent de diminuer la charge de césium, donc de diminuer les dommages aux tissus. Ces cures peuvent être renouvelées tous les trois mois et doivent s’accompagner de mesures de précaution dans le choix et la préparation de la nourriture pour protéger notamment les enfants. Les autorités japonaises n’ont pas fait ce travail d’information et de prévention. En revanche, la traduction en japonais du Petit guide pratique d’une radio-protection efficace, écrit par Vladimir Babenko, de l’Institut Belrad, a été très vendue au Japon.

_Autrement dit, les leçons de Tchernobyl n’ont pas été entendues par les autorités ?

Non. Après la catastrophe, il n’a pas été distribué d’iode stable dans les trois jours. C’est une faute grave de ne pas prendre cette mesure de prévention simple pour éviter les maladies de la thyroïde et les souffrances. L’évacuation a été retardée, comme à Tchernobyl. Au-delà de 30 km, il n’y a pas eu d’évacuation et les gens partis volontairement ne seront pas indemnisés. Les règles internationales de protection radiologique n’ont pas été respectées : les doses admissibles de radioactivité ont été rehaussées, même pour les enfants qui sont pourtant cent fois plus sensibles aux rayonnements ionisants que les adultes. Les autorités soviétiques avaient refusé de franchir ces limites de doses. Les autorités japonaises ont accepté, sous l’influence du lobby de l’atome représenté par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique], venue sauver l’industrie nucléaire plutôt que les populations. Et l’OMS était complètement éteinte.

_Des dosimètres ont pourtant été distribués aux enfants ?

Le dosimètre donne une idée de l’irradiation externe, et non de la charge en radionucléides artificiels dans l’organisme. Les rayonnements internes chroniques sont dix fois plus pathogènes que les doses externes. Il faudrait régulièrement mesurer cette contamination interne et conseiller les familles sur la façon de vivre, de manger, de s’habiller en zone contaminée. Ce n’est pas fait. C’est criminel.

_Qu’est-ce qui vous a amené à aller à Fukushima ?

Mon impertinence. Il y a quelques mois, suite à la lecture d’un article du journal japonais Mainichi Daily News, j’avais envoyé un long article pour répondre point par point à des affirmations que j’estime fausses. Ma réponse a été publiée en entier et a fait le buzz au Japon au point que des Japonais, en particulier des associations de victimes, m’ont invité à faire une tournée de conférences. J’ai pu mesurer combien le lobby nucléaire est actif pour relancer les réacteurs alors que les victimes sont abandonnées. »

Propos recueillis par Élisabeth Schulthess et publié le 24/07/2012 dans l’Alsace
http://www.lalsace.fr/

http://independentwho.org/fr/2012/08/02/lecons-ignorees/

*************************************************sentinelle N°2
Le crime de Tchernobyl – Un modèle pour Fukushima

1 – avril – 2013
par Wladimir Tchertkoff (Italie) – Journaliste,
, membre fondateur de l’association « Enfants de Tchernobyl Bélarus »

auteur du livre « Le crime de Tchernobyl, le goulag nucléaire » edit acte sud

réalisateur de films et documentaires sur Tchernobyl notamment:

« Le Sacrifice »(2003), « Controverses nucléaires » (2004)

« Depuis un quart de siècle un crime humanitaire programmé se perpétue au cœur de l’Europe sous de hautes responsabilités dans la désinformation et l’indifférence générale de la civilisation occidentale technologiquement avancée. Pour préserver le consensus autour de l’industrie atomique militaire et civile, le lobby de l’atome et la médecine officielle condamnent sciemment, depuis 26 ans, des millions de cobayes humains à expérimenter dans leur corps des pathologies nouvelles dans le vaste laboratoire des territoires contaminés par Tchernobyl. Les enfants humains sont traités comme animaux de laboratoire, dont des experts français, allemands, ainsi que des ONG françaises comme CEPN, Mutadis Consultants, ETHOS et CORE, qui les observent, sont coresponsables.

Le même sort attend les populations japonaises et leurs enfants vivant dans les territoires contaminés par la catastrophe de Fukushima, car la même stratégie est en train de se mettre en place au Japon avec les mêmes protagonistes, les mêmes justifications pseudo-scientifiques et sous l’égide des mêmes autorités.

Pour l’attester, je présenterai ci-dessous les agissements des responsables aux différents niveaux d’implication du mal fait aux enfants biélorusses par la communauté scientifique et politique mondiale à Tchernobyl. Il s’agit tout d’abord de la gestion des conséquences de la catastrophe par les agences de l’ONU responsables du nucléaire et de la santé: l’AIEA promotrice des centrales nucléaires et l’OMS dont le but « est d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible. » Ces deux agences exécutent et cautionnent du haut de leur autorité scientifique et médicale la politique criminelle imposée par les 5 États membres du Conseil de sécurité dans le domaine du nucléaire en général et dans les territoires contaminés par les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima en particulier.

Cette politique se fonde, pour se donner une apparence de scientificité, sur une véritable stratégie de l’ignorance qui n’a rien de scientifique. Le tour de passe-passe du lobby nucléaire consiste à utiliser l’expérience des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki pour expliquer Tchernobyl. On explique qu’en présence des faibles doses de rayonnement dans les territoires de Tchernobyl, comparées aux doses très élevées du flash de l’explosion des bombes, il est à priori impossible que les pathologies observées soient causées par l’accident. Or les deux évènements et les mécanismes qui portent atteinte à la santé ne sont pas les mêmes. L’un n’explique pas l’autre. Il n’y a pas eu l’explosion d’une bombe atomique à Tchernobyl. Il y a eu deux explosions de nature atomique (excursions de puissance) et un incendie qui a duré 10 jours. Aujourd’hui le fond radioactif ambiant et surfacique autour de la centrale est faible. Mais d’énormes quantités d’éléments radioactifs artificiels ont été éjectés lors de l’explosion thermique et dispersés par l’incendie à de grandes distances au gré des vents et des pluies. Ces éléments de longue durée contaminent l’environnement, les plantes, les animaux et les êtres humains. Ils ont détruit la santé et la vie de centaines de milliers de jeunes liquidateurs qui ont ingéré et inhalé les particules radioactives en travaillant autour de la centrale, et ils contamineront les générations futures. Les atteintes génétiques et périgénétiques se manifesteront chez les descendants des liquidateurs et seront transmises ensuite aux générations suivantes, occasionnant des maux que la première génération n’aura pas connus (1).

L’OMS et l’AIEA ne reconnaissent qu’une cinquantaine de décès des premiers liquidateurs engagés et environ 9000 cancers supplémentaires jusqu’en 2056, alors qu’en 2001 les données officielles d’Ukraine et de la Fédération de Russie annonçaient déjà 10% de décès survenus et 30% d’invalides parmi liquidateurs engagés (ils étaient plus de 800 000 en provenance de toute l’URSS). Les 2 millions de paysans et plus de 250 000 enfants biélorusses, qui vivent dans les territoires radioactifs, seraient tous indemnes du fait de l’accident de Tchernobyl. La grande quantité des maladies, qui se multiplient et s’aggravent d’année en année au Bélarus, est attribuée officiellement au stress, à la «radiophobie », à l’alcoolisme des parents…

Abel Gonzáles, directeur de l’AIEA en radioprotection et sûreté des déchets, vice-président de la CIPR, directeur de l’agence de radioprotection argentine, délégué de l’Argentine et de l’AIEA à l’UNSCEAR et conseiller à l’OMS a déclaré à la conférence de Kiev (4–8 juin 2001) filmée par la télévision suisse, qu’il était impossible en présence de ces faibles niveaux de radioactivité d’avoir la preuve d’une corrélation entre la radioactivité et les maladies, que c’était « un problème épistémologique insoluble ». Il a dit textuellement « nous n’avons aucun moyen de connaissance directe à ce niveau. Nous ne savons pas ! ».

Nous savons par contre que le Professeur Bandajevsky a fini en prison et en exil parce qu’il a pulvérisé cette prétendue ignorance par des recherches scientifiques rigoureuses, qu’il a effectuées pendant 9 ans. Étant anatomopathologiste et non physicien comme M. Gonzales, Youri Bandajevsky maîtrisait ce « moyen de connaissance directe » qui manquait soi-disant au fonctionnaire de l’AIEA, lequel refusait d’en reconnaître la possibilité. Bandajevsky a découvert la corrélation, il a établi la preuve du lien de cause à effet entre les radionucléides incorporés à faible dose et la destruction des organes vitaux.

Au cours de mes enquêtes, j’ai découvert que des experts français, membres d’organisations non gouvernementales ont un rôle d’exécutants actifs dans cette politique néfaste, qui condamne les enfants du Bélarus à souffrir de toutes les maladies inconnues de l’atome sans radioprotection et sans assistance médicale qualifiée. Ces organisations françaises, financées par les pays riches d’Europe ont recueilli des données sur la contamination des habitants, leur ont donné des cours sur la façon d’éviter une contamination excessive, mais n’ont pas soigné les enfants contaminés qu’ils observaient. Pire, elles ont refusé de distribuer aux enfants fortement contaminés l’additif naturel à base de pectine, qui accélère l’élimination des radionucléides de l’organisme et maintient les niveaux de contamination des enfants en-dessous du seuil à partir duquel les lésions aux organes vitaux deviennent irréversibles.

Qui sont les protagonistes de cette histoire commencée il y a 26 ans, quels sont leurs buts, de quoi s’agit-il exactement?

Face à l’inaction et aux mensonges du gouvernement Soviétique sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, qu’il a contestés dès les premières heures en réclamant l’évacuation des habitants dans un rayon de 100 kilomètres de la centrale en feu, le physicien Professeur Vassili NESTERENKO, académicien, directeur de l’Institut de l’énergie nucléaire de l’Académie des sciences du Bélarus, limogé de son poste en juillet 1987 comme alarmiste et semeur de panique, quitte définitivement cet institut d’état en 1990 et crée l’Institut de radioprotection indépendant « Belrad », pour venir en aide aux enfants des territoires contaminés. Dans les villages les plus contaminés du Belarus il organise 370 Centres locaux de contrôle radiologique, où il forme les médecins, les enseignants, les infirmières à la radioprotection, et les familles à la façon de traiter les aliments pour diminuer la contamination. Financés d’abord par le gouvernement pendant la brève période de « démocratisation », aujourd’hui ces centres sont fermés suite à la reprise en mains de la situation par le lobby atomique.

En 1996, Nesterenko adopte avec succès l’additif alimentaire à base de pectine de pommes, recommandé par les Ministères de la Santé russe et ukrainien comme adsorbant du césium137. En un mois de traitement la charge en radionucléides de l’organisme de l’enfant peut baisser de 60-70% (2).

En 1994, Nesterenko fait la connaissance du recteur de l’Institut de médecine de Gomel, l’anatomo-pathologiste et médecin Youri BANDAJEVSKY, qui effectue depuis 1991 des recherches sur l’étiologie des pathologies nouvelles chez les habitants des territoires contaminés. Avec sa femme Galina, pédiatre et cardiologue, Bandajevsky découvre que la fréquence et la gravité des altérations morphologiques et fonctionnelles du cœur augmentent proportionnellement à la quantité de césium radioactif incorporé dans l’organisme. Il décrit la « cardiomyopathie du césium » : troubles cardiaques chez le petit enfant, chez l’adolescent et l’adulte, avec atteinte dégénérative du myocarde (muscle cardiaque). La mort subite survient à tous les âges, même chez l’enfant. Au-delà de 50 Becquerels par kilo de poids du corps, des lésions irréversibles apparaissent dans les organes vitaux.

À partir de 1996, l’Institut « Belrad » et l’Institut de Gomel travaillent en parallèle. Nesterenko sillonne les villages et concentre ses mesures sur la contamination interne de l’organisme par le césium137 au moyen de spectromètres pour rayonnement humain fournis par des ONG occidentales. Les deux instituts montrent qu’avec un régime alimentaire pauvre en Cs137 chez l’enfant et l’animal de laboratoire, on peut éviter des dommages irréversibles au niveau des organes vitaux. Des voies de recherche totalement nouvelles pour la science sont ouvertes.

En avril 1999, les deux scientifiques sont invités par le Parlement biélorusse à faire partie d’une commission chargée de vérifier le Registre des doses et l’utilisation des fonds de l’État par l’Institut de médecine radiologique du Ministère de la Santé dans ses recherches médicales sur les conséquences de l’accident de Tchernobyl. Leurs conclusions déplaisent aux membres de la commission proches du Ministère.

Ils signent un rapport séparé et l’envoient au Conseil de Sécurité du Belarus, responsable de la santé de la population. Celui-ci fait retirer le Registre des doses par le Ministère de la santé et l’invite à le revoir « d’urgence sur la base des conclusions » de Nesterenko et de Bandajevsky. Ce dernier envoie un Rapport au Président Loukachenko, dans lequel il critique sévèrement les travaux de l’Institut du Ministère et montre qu’un seul milliard de roubles sur 17 a été dépensé utilement en 1998 par celui-ci. Dans la nuit du 13 juillet 1999 il est arrêté sur la base du décret de Loukachenko contre le terrorisme. Le 18 juin 2001, il est condamné sans preuves pour corruption à 8 ans de prison par le tribunal militaire de la Cour Suprême du Belarus.

ETHOS. – Entre-temps, en 1996, un groupe de chercheurs français, dénommé ETHOS (ONG sans but lucratif, loi 1901), vient s’appuyer sur le centre de contrôle radiologique du village Olmany géré par le Professeur Nesterenko, pour recueillir ses données de mesures et se former à la radioprotection dans les territoires contaminés de Tchernobyl. ETHOS est une émanation du CEPN (Centre d’étude sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire), créé en 1976 par EDF (Électricité de France) et par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Le lobby nucléaire français est activement représenté !

Un des objectifs d’ETHOS était d’écrire pour l’Union Européenne un ouvrage sur la gestion des accidents atomiques et des régions contaminées par des radionucléides de longue durée de vie, en définissant « un dispositif de gestion durable de la qualité radiologique et de la confiance sociale »(3). Pendant trois ans, de 1996 à 1998, ETHOS capitalise les données des mesures du Centre d’Olmany, utilise le personnel formé et équipé par Nesterenko pour effectuer les mesures de radioactivité des aliments sans indemniser la technicienne pour le surplus de travail occasionné. Une cohabitation fortunée et fructueuse pour les Français jusqu’au jour où ETHOS fait chasser Nesterenko du village Olmany et de 4 autres villages du district de Stoline par les autorités biélorusses.

En fait, le consortium ETHOS avait appris la leçon de V. Nesterenko et récolté ses données qu’il s’appropriait maintenant pour le supplanter. Un véritable plagiat mais avec cette tare fondamentale : la mission d’ETHOS, programmée par le lobby nucléaire français, avait une limite statutaire infranchissable qui excluait le versant sanitaire : ETHOS n’avait pas compétence en matière de santé des habitants.(4) Que venait-il donc faire à Tchernobyl s’il n’avait pas cette compétence essentielle ?

J’ai commencé à le comprendre lorsqu’un ami sociologue qui collaborait avec ETHOS m’a dit que Jacques LOCHARD, dirigeant du projet ETHOS, était du CEA et que sa définition de leur tâche se résumait dans cette formule surprenante : « nous devons occuper le terrain ».

Terminée la formation chez Nesterenko, ETHOS a pu se présenter en Europe comme référence scientifique en radioprotection dans les territoires de Tchernobyl pour devenir coordinateur du Programme international CORE (coopération pour la réhabilitation des conditions de vie dans les territoires biélorusses contaminés par Tchernobyl), dont les membres fondateurs sont le Comité de Tchernobyl du gouvernement du Bélarus, le Programme de développement des Nations Unies, les ambassades de France et d’Allemagne, La Commission Européenne, la Direction pour le développement et la Coopération de Suisse, l’Unesco, la Banque mondiale et quatre districts du Bélarus.

Le 18 juin 2003, j’adressais au nom de l’Association Enfants de Tchernobyl Bélarus une critique détaillée de ce Programme aux Députés et aux autorités politiques et institutionnelles européennes. Dans la note d’accompagnement je précisais :

« Ce Programme fait abstraction des problèmes de santé dans une région où plus de 80% des enfants sont malades suite à la catastrophe de Tchernobyl, alors qu’ils n’étaient que 20% avant 1986. Le Mémorandum du Programme CORE prévoit un audit indépendant au bout de 5 ans d’activité, pour en évaluer l’efficacité. Nos critiques doivent être prises en compte dès l’origine de ce Projet, car la catastrophe sanitaire dans les territoires contaminés s’aggrave et s’amplifie comme une épidémie majeure. Les populations contaminées, abandonnées depuis 17 ans par la communauté internationale, ne peuvent pas attendre ces 5 années supplémentaires d’un projet qui ne prévoit pas d’intervention médicale qualifiée. »

Pas de réponse. Le rôle de cette opération ETHOS-CORE est devenu clair depuis qu’un article du Monde (20.02.08) a révélé que « La France se prépare aux conséquences d’un accident de type Tchernobyl sur son sol », et que l’ASN, (Autorité de sûreté nucléaire) avait lancé une étude sur le retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl, confiée à la société Mutadis Consultants, coordinateur d’ETHOS.

Les objectifs de cette démarche étaient : « d’évaluer la pertinence de ce retour d’expérience dans le contexte social, économique et politique de la France et de l’Union européenne ; d’en dégager des enseignements dans la perspective d’un dispositif préventif de gestion post-accidentel».

Le rapport de synthèse du 19 mars 2007 intitulé « Retour d’expérience de la gestion post-accidentelle dans le contexte biélorusse » est signé par Gilles Hériard-Dubreuil (Mutadis Consultants), Jacques Lochard (CEPN), Henri Ollagnon (Institut National Agronomique de Paris-Grignon) tous trois initiateurs du programme européen CORE.

Ainsi, soutenu politiquement et financièrement par le Lobby et les États nucléaires, ETHOS, qui s’occupait en apparence d’aide aux problèmes causés par la catastrophe de Tchernobyl, constituait en fait un barrage à la reconnaissance de la catastrophe sanitaire, que les scientifiques indépendants comme Nesterenko et Bandajevsky révélaient à travers mille obstacles. Pour le lobby il s’agissait en fait de définir une qualité radiologique pour instaurer la confiance sociale (sic) en cas de catastrophe. L’information scientifique fournie par les enfants-cobayes contaminés restait inaltérée pour les observateurs occidentaux, puisque la charge corporelle interne en radionucléides n’était pas modifiée par un adsorbant que CORE refusait de financer. Un puzzle mondial de blocages par compartiments apparemment indépendants, finalisé à la collecte de données utiles à la gestion des suites d’un accident atomique majeur dans un des pays riches d’Europe. Youri Chtcherbak, médecin et écrivain, dirigeant en 1990 du mouvement des Verts ukrainiens, élu député au premier Soviet Suprême “ démocratique ” de l’URSS m’a raconté qu’un professeur français, auquel il a demandé ce qu’il considérait comme la chose la plus importante dans cet accident, lui a répondu. « C’est très intéressant! Jamais je n’aurais pu me livrer à une telle expérience dans mon laboratoire, maintenant je peux l’observer. » « Vous pouvez imaginer le cynisme et le comportement de ces gens! », m’a-t-il conclu.

J’ignore si Chtcherbak pouvait imaginer alors que le cynisme qui l’indignait préfigurait en fait ce crime programmé au niveau des États européens: refuser une prophylaxie par un produit naturel efficace et bien toléré comme la pectine aux enfants de Tchernobyl pour étudier comment gérer les conséquences d’une catastrophe chez nous. Cela est intolérable.

J’avais écrit à Jacques Lochard : « La radioprotection dans les territoires contaminés de Tchernobyl est impossible sans la science, appliquée à l’organisme de chaque enfant et aux aliments qu’il absorbe. C’est ce que le Ministère de la santé du Belarus ne veut pas faire, pour pouvoir continuer à publier ses données statistiques générales et fausses. C’est le motif de son opposition au travail du Professeur Nesterenko avec les spectromètres pour le rayonnement humain, dont les mesures concrètes révèlent les vraies doses de contamination. Ces mesures sont essentielles pour la prophylaxie ciblée de chaque enfant et pour l’établissement de la corrélation entre la charge des radionucléides incorporés dans l’organisme et les nombreuses maladies étudiées par l’anatomopathologiste Bandajevsky. Mais elles révèlent également l’ampleur réelle de la catastrophe de Tchernobyl, qui ne fait que commencer. Ne pas s’occuper de science, mais seulement d’éducation et de support sociologique, peut devenir un alibi de couverture, qui laisse les choses en l’état dans « l’ignorance et dans l’incertitude »(6). Vous avez raison de souhaiter que les Biélorusses prennent eux-mêmes leur destin en mains. Les Biélorusses ce sont d’abord les scientifiques comme Nesterenko. Soit leurs connaissances imposeront une politique de radioprotection authentique, soit il n’y aura pas de radioprotection du tout. Sans ces scientifiques, les pauvres paysans pris au piège, sans moyens ni connaissances, n’auront jamais la force de faire face à leur destin. Les 370 Centres de Nesterenko doivent être rétablis. »

Wladimir Tchertkoff

1 – #Goncharova R.I. & Ryabokon, 25-26 October 1994, Conf. « Radiobiological Consequences of Nuclear Accidents »

2 – SWISS MED WKLY 2004;134:24–27 · www.smw.ch

3 – Publication internationale dénommée SAGE à laquelle a participé l’académicien Vassili Nesterenko. Physicien de niveau international, liquidateur de Tchernobyl dès les premières heures, spécialiste en radioprotection et meilleur connaisseur de la contamination des territoires du Bélarus, il était logique de s’adresser à lui pour ce « retour d’expérience » fondamental. Comme les 4 autres rédacteurs étrangers de SAGE Nesterenko a fourni sa contribution écrite à l’ouvrage. Il avait l’assurance de la part du CEPN que son texte sur les mesures de radioprotection (mesures anthropogammamétriques, cures de pectine, information des enfants, des parents et des enseignants) serait repris tel quel dans le projet SAGE. En réalité l’essentiel des mesures qu’il préconisait et les 4 points de ses recommandations en prévision d’un accident majeur dans la conclusion de son texte n’ont pas été insérés dans la publication. Le fait d’avoir conservé le nom de Nesterenko parmi les auteurs en tête de l’ouvrage suite à cette censure est un acte moralement répréhensible des responsables de la publication.

4 – M. Henry Ollagnon, de l’Institut National d’Agronomie Paris-Grignon, membre de l’équipe ETHOS, préconisait un développement durable dans les territoires contaminés pour assurer leur réhabilitation. Lors de la conférence de Stoline en novembre 2001, il a déclaré au professeur Michel Fernex : « on fait du bon boulot, mais les enfants sont de plus en plus malades ».

5 – Déclaration du Président de l’Académie des sciences du Belarus, en décembre 1999, confirmée par le Vice-ministre de la santé du Belarus à l’audition parlementaire sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, en avril 2000.

6 – En 1958, un an avant la signature de l’accord qui formalisait la soumission de l’OMS à l’AIEA dans le domaine des effets des rayonnements ionisants sur la santé (28 mai 1958 WHA 12.40), l’OMS a publié le rapport d’un groupe d’étude qui analysait les « questions de santé mentale, que pose aux populations l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques ». Le rapport concluait par ce souhait : « Cependant, du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude et qui, pour citer Joseph Addison, le poète anglais du XVIII siècle, saurait “ chevaucher l’ouragan et diriger la tempête ”. » (Rapports Techniques, No 151, pp. 59, OMS, Genève, 1958.) Une légitimation prophylactique de l’ignorance programmée et du mensonge.


Article publié en décembre 2012 dans “Japanese Scientists”
source: http://independentwho.org/fr/2013/04/01/crime-tchernoby…hima/

*************************************************sentinelle N°3

Experts Nucléaires: Une Déconstruction.

28 mars 2011
par Chris Busby (Royaume-Uni) – Chimiste, Physicien, Secrétaire du CERI,
Epidémiologie citoyenne du cancer

 » Depuis l’accident de Fukushima, nous avons vu se succéder une kyrielle d’experts nous demandant de ne pas nous inquiéter, nous disant que les doses sont trop basses pour cela, que l’accident n’est en rien comme celui de Tchernobyl, etc. Ils apparaissent à la télévision et nous lisons leurs articles dans les journaux et en ligne. Fort heureusement, la majorité de l’opinion publique ne les croit pas.

Je suis moi-même apparu à la télévision aux côtés de ces gens. Un exemple fut Ian Fells, de l’Université de Newcastle racontant, après avoir soutenu sur BBC News que l’accident n’était en rien comparable à celui de Tchernobyl (ce qui est faux), et que les niveaux de radiations étaient sans conséquences (ce qui également faux) , que le problème principal était que les ascenseurs ne fonctionnaient plus. « S’il vous est arrivé d’être, comme moi, dans une situation où les ascenseurs ne fonctionnent pas », se laissait-il aller à ajouter, « vous comprendrez de quoi je parle ».

Ce que tous ces gens ont en commun est leur ignorance. On serait en droit de penser qu’un professeur d’université connaît son sujet. Mais ce n’est pas le cas. Presque tous ces experts qui se montrent et pontifient n’ont en fait effectué aucune recherche à propos des radiations et de leurs effets sur la santé. Ou alors, s’il l’ont fait, ils semblent être passés à côté des données et des références essentielles.
Je laisse de côté les plus mauvais élèves, ceux qui sont liés à l’industrie nucléaire, comme Richard Wakeford, ou plutôt Richard D, comme il a choisi de s’appeler sur le site web qu’il a mis sur pied pour m’attaquer, « chrisbusbyexposed ».

Je l’ai vu intervenir plusieurs fois à la télévision avec pour sous-titre « Professeur Richard Wakeford, University of Manchester » . Au fait, Wakeford est un physicien, son PhD fut obtenu en Physique des Particules à Liverpool. Mais il n’a pas été présenté en tant que « ex-Théoricien auprès de British Fuel à Sellafield » . Cela peut avoir donné aux téléspectateurs une fausse impression. Avant cela, nous avions vu un autre mauvais élève, Malcom Grimston, intervenant à propos des radiations et de leurs effets sur la santé, présenté sous le titre de « Professeur à l’Imperial College ». Grismeton est en fait un psychologue, et non pas un scientifique, et son champ de compétence était les causes des craintes de l’opinion publique vis-à-vis des radiations, et les moyens d’agir sur leur manière « émotive » de voir les choses. Mais son déficit de compétence scientifique ne l’a nullement empêché d’expliquer à la radio et à la télévision en quoi il n’y avait rien à craindre de l’accident de Fukushima. Les doses étaient trop basses, même pas aussi mauvaises que celles de Three-Mile Island, tout juste au niveau 4, le bla-bla habituel.
Plus récemment, nous avons vu Georges Monbiot, que je connais, qui ne connaît rien non plus aux radiations et à leur effet sur la santé, écrivant dans The Guardian en quoi l’accident avait changé sa vision de l’énergie nucléaire (était-ce une manifestation de son « instant Kirkegard » ? a-t-il craqué ? ») puisqu’il comprend à présent (et qu’il va même jusqu’à reproduire un graphique criminel à l’appui de sa démonstration) que les radiations sont en fait tout-à-fait OK et que nous ne devrions pas nous faire de souci à cause d’elles. Pourtant Georges en sait plus, ou du moins il devrait en savoir plus, puisqu’il m’avait demandé il y a quelques années en quoi radiations internes et radiations externes ne pouvaient pas être prises en compte comme ayant les mêmes effets. Il a choisi d’ignorer ce que je lui avais dit, et a préféré écrire en son nom (avec références) et a derechef réapparu favorable au nucléaire dans son article suivant.

Alors quid de Wade Allison ? Wade est spécialiste de médecine nucléaire et Professeur à Oxford. J’ai choisi de lui consacrer quelques lignes, car il symbolise et cristallise pour nous les arguments du physicien stupide. Il nous rend service, ce faisant, car il constitue vraiment une cible facile. Tous les arguments sont rassemblés en un point. Physiciens stupides ? Ne vous y trompez pas, les physiciens sont stupides. Ils se rendent stupides par une croyance mystique en des modèles mathématiques. Le bon vieux piège de la logique positiviste de Bertie Russel . Et, alors qu’ils peuvent être appropriés pour évaluer le stress induit dans du métal, ou encore pour ce qui concerne l’Univers (encore qu’il faille noter qu’ils semblent avoir perdu 90% de l’Univers, le fameux « matière noire »), ils ne sont pas appropriés, et même incorrects à un point effrayant appliqués aux stress chez les humains et autres êtres vivants. Mary Midgley, la philosophe, a écrit à propos de la Science comme Religion. Eh bien, les médecins nucléaires en sont les prêtres. J’ai pris la peine de regarder de plus près l’article de Wade Allison pour la BBC, mais aussi son livre, il y a quelques mois. Il commence comme tous les autres, en comparant les accidents. Il écrit :
« Plus de 10 000 personnes sont mortes dans le tsunami du Japon, et les survivants ont froid et faim. Mais les medias se focalisent sur les radiations nucléaires, dont personne n’est mort et dont il est improbable que personne ne mourra »;

puis on passe à Three Mile Island: « aucun mort dont nous ayons connaissance »;

puis à Tchernobyl:
«Le dernier rapport de l’ONU , publié le 28 Février, confirme un nombre de morts connus de 28 parmi les travailleurs de la sécurité, et de 15 cas fatals de cancer de la thyroïde chez des enfants qui auraient pu être évités si l’on avait distribué des pastilles d’iode (comme c’est le cas maintenant au Japon)»

C’est d’une ignorance à couper le souffle. Le Professeur Steve Wing, aux USA, a mené une enquête épidémiologique sur les effets de Three Mile Island, avec à la clé des résultats publiés dans des revues à comité de lecture. Des procédures juridiques sont régulièrement tranchées sur la base des données cancérologiques mises en évidence suite à la contamination de Three Mile Island.
Mais passons à Tchernobyl. Les effets de l’accident de Tchernobyl sont massifs et démontrables. Ils ont été étudiés par de nombreux groupes de recherche en Russie, en Belarus, en Ukraine, aux USA, en Grèce, en Allemagne, en Suède, en Suisse et au Japon. La matière publiée dans des revues scientifiques à comité de lecture est énorme. Des centaines d’articles témoignent des effets, de l’augmentation du nombre des cancers de même que d’un large spectre d’autres maladies.
Mon collègue Alexey Yablokov, de l’Académie des Sciences Russe, a publié une synthèse de ces études dans les Annales de l’Académie des Sciences de New York(2009). Avant cela, en 2006, lui et moi avions collecté des reviews de la littérature russe sur cette question, produites par un groupe de scientifiques éminents et publiés dans le livre Tchernobyl, 20 ans après. Le résultat : plus d’un million de personnes sont mortes entre 1986 et 2004 comme conséquence directe de Tchernobyl.

Je vais maintenant me référer brièvement à 2 études occidentales de Tchernobyl qui invalident les assertions de Wade Allison.
La première est une étude des cas de cancer dans le Nord de la Suède menée par Martin Tondel et ses collègues de l’Université de Lynköping. Tondel a examiné les taux de cancer par niveau de contamination et a mis en évidence que dans les 10 ans suivant la contamination par Tchernobyl de la Suède, on a assisté à une augmentation de 11% des cancers pour chaque unité de 100Bq par mètre carré de contamination. Etant donné que les chiffres de l’AIEA pour la contamination du site de Fukushima sont de 200 à 900 kBq/m2 jusqu’à 78 Km du site, nous pouvons nous attendre à une augmentation de 22% à 90% des cas de cancers chez les personnes vivant dans ce périmètre au cours des 10 prochaines années.
La seconde étude à laquelle j’aimerais me référer est celle que j’ai menée moi-même. Après Tchernobyl, des cas de leucémie infantile ont été relevés dans 6 pays et effectués par 6 groupes différents : d’Ecosse, de Grèce, du Pays de Galles, d’Allemagne, de Belarus et des USA. Les augmentations n’ont été notées que chez les enfants en gestation au moment où est survenu la contamination : cette spécificité est rare en matière d’épidémiologie. Il n’y a pas d’autres explication que Tchernobyl. Les leucémies ne peuvent pas être mises sur le compte d’un virus inconnu ou d’un échange avec d’autres populations, ce qui est l’explication préférentielle pour les clusters de leucémie infantiles. Il n’y a pas d’échange avec d’autres populations in utero. Et pourtant les «doses» étaient très faibles, bien plus basses que le «bruit de fond naturel». J’ai donc publié cette preuve indubitable qui démontre que le modèle actuel simulant le risque s’avère faux pour ce qui est de l’exposition interne, et ce dans 2 revues, en 2000 et en 2009. Cette découverte a, de fait, débouché sur la création par le Ministre de l’Environnement Michael Meacher d’un nouveau Comité chargé de l’Examen des Risques d’Emission Internes (CERRIE). Richard Wakeford siègeait dans ce comité en tant que représentant de BNFL et s’est présenté à moi comme «le Rottweiler de BNFL». Aucun changement, là non plus.

Wade aborde ensuite une comparaison de contaminations:

«Qu’en est-il, donc, de la radioactivité relâchée à Fukushima ? En quoi est-elle comparable à celle de Tchernobyl ? Regardons les données chiffrées. Le taux le plus élevé relevé à 19h le 22 Mars, toutes préfectures confondues, était de 12kBq/m2 (pour l’isotope radioactif du césium, le césium 137).

Une carte de Tchernobyl du Rapport de l’ONU montrant les régions hachurées correspondant à des taux allant jusqu’à 3 700 kBq/m2 dans certaines zones, et non hachurées là où les taux sont inférieurs à 37 kBq/m2. En termes simples, cela signifie que les retombées radioactives de Fukushima équivalent à moins d’ 1% de celles de Tchernobyl.»

Mais l’AIEA elle-même, qui n’est pourtant pas particulièrement connue pour son indépendance de l’industrie nucléaire, rapporte que les niveaux de contamination jusqu’à 78 Km étaient de 200 et 900 kBq/m2. Et Wade s’est montré particulièrement sélectif dans les données qu’il a retenues, pour rester correct.
La définition que donnent les Nations Unies d’un territoire contaminé correspond à un critère de 37 kBq/m2, comme il l’écrit, mais sur toutes les cartes publiées, les périmètres j s, y, pspu d, la zone d’exclusion contaminée des 30 km est définie par 555 kBq/m2 et au-delà. Cela est un fait. Pourquoi nous a-t-il induits en erreur ? Au passage, cela signifie qu’il y a 555 000 désintégrations radioactives par seconde pour un mètre carré de surface. Pouvez-vous croire, vous, que cela puisse être sans danger ? Non. Et vous avez raison.
Et un autre calcul peut être fait. Puisque les données de l’AIEA montrent que ces niveaux de contamination de 200 000 à 900 000 désintégrations par seconde par mètre carré existent jusqu’à 78 Km de Fukushima, cela nous permet déjà de calculer que la contamination est en fait pire que celle de Tchernobyl, et non pas moins de 1% de celle de Tchernobyl, comme Wade l’affirme. Car l’aire définie par un rayon de 78 Km donne donne une surface 19 113 Km2, comparée à la zone d’exclusion de Tchernobyl qui ne couvre que 2 827 Km2. Soit 7 fois moins.

J’en viens maintenant aux effets sanitaires. Wade nous sert la plupart des arguments habituels utilisés par les physiciens bêtes. Nous sommes tous exposés à un bruit de fond naturel dont la dose est de 2mSv/an et les doses relevées lors de l’accident ne sont pas significativement plus élevées que ce niveau. Par exemple, le Gouvernement japonais commet apparemment une erreur lorsqu’il demande aux gens de ne pas donner de l’eau contaminée à l’iode 131 à hauteur de 200Bq/litre à leurs enfants, puisqu’il existe un taux naturel de radiation dans le corps humain de 50Bq/l, et que donc 200 ne pourront pas faire beaucoup de mal. L’erreur est commise à cause des craintes de l’opinion publique, qui a apparemment contraint la Commission de Radioprotection, ICRP, à fixer la dose annuelle à 1mSv. Mais Wade, lui, sait mieux ce qu’il devrait en être, il fixerait la limite à 100mSv. C’est un vrai dur. Il dégaine de son ceinturon :

«les patients qui suivent une radiothérapie reçoivent généralement une dose de plus de 20 000 mSv appliquée à des tissus vitaux proches de la tumeur traitée. Ces tissus ne survivent que parce que la dose est répartie sur un grad nombre de jours, ce qui donne le temps aux cellules saines de se restaurer ou de se remplacer. Un changement de point de vue est nécessaire dans notre attitude vis-à-vis des radiations, à commencer par l’éducation et l’information du grand public.»

Mais, mon Cher Wade, ces gens sont d’habitude assez âgés, et ils décèdent habituellement avant d’avoir pu développer une seconde tumeur. Il y a des centaines d’études pour corroborer cela. Et de toutes façons, cette irradiation externe n’est pas le problème. Le problème, c’est l’irradiation interne. L’iode 131 n’est pas répartie dans tout le corps, elle se trouve dans la glande thyroïde et s’attache aussi aux cellules sanguines : d’où les cancers de la thyroïde et les leucémies. Et il existe toute une liste d’éléments radioactifs qui se fixent à l’ADN, du Strontium-90 à l’Uranium. Le corps humain n’est pas une vulgaire éprouvette que l’on soumettrait à des contraintes physiques. Le concept de dose qu’utilise Wade ne peut être utilisé pour les expositions internes. L’ICRP en a convenu elle-même dans ses publications. Et dans une interview qu’il m’a accordée en 2009, le Dr Jack Valentin, ex-Secrétaire Scientifique de l’ICRP, l’a concédé, allant même jusqu’à faire une déclaration selon laquelle le modèle de risque, celui qu’utilisent tous les gouvernements pour évaluer les effets des accidents tels que celui de Fukushima, n’était pas sûr et ne pouvait pas être utilisé. Vous pouvez visionner cette interview sur Internet, sur http://www.vimeo.com.

Et pourquoi le modèle de l’ICRP n’est-il pas sûr ? Parce qu’il est basé sur la «dose absorbée». Soit un taux de radiations moyen exprimé en Joules divisé par la masse de tissus vivants à laquelle elle est appliquée. 1 milliSievert est 1 milliJoule d’énergie dilué dans 1 Kg de tissus. Et en tant que tel, il ne fait pas de différence entre vous prévenir que vous faites face à un feu, et vous avertir que vous êtes en train de manger un morceau de charbon ardent. C’est la distribution locale d’énergie, qui est le problème. La dose délivrée par une seule et unique particule alpha à une cellule est de 500mSv ! Tandis que la dose de cette même particule pour tout le corps est de 5 x 10-11 mSv. C’est-à-dire 0.000000000005mSv. Mais c’est la dose appliquée à la cellule, qui cause les dommages génétiques et le cancer. Le taux de cancers par dose utilisé par ICRP est basé entièrement sur une irradiation massive aiguë de type Hiroshima, où l’irradiation moyenne par cellule était la même pour l’ensemble des cellules.

Et quid des Nations Unies et de leur déclarations à l’emporte-pièce à propos des effets de Tchernobyl auxquels Wade se réfère ? Ce qu’il faut que vous sachiez, c’est que les organes des Nations Unies qui s’occupent d’irradiation et de santé sont compromis par leur biais en faveur du complexe nucléaire militaire, qui était occupé à tester des bombes à hydrogènes dans l’atmosphère au moment de l’accord, et à relâcher tout le Strontium, le Césium, l’Uranium et le Plutonium et autres matières qui devaient être à l’origine de l’épidémie actuelle et croissante de cancers. Et la dernière des choses qu’ils auraient voulu aurait été de voir des médecins et des épidémiologistes les empêcher de faire joujou. L’AIEA et l’Organisation Mondiale de la Santé (WHO ou OMS), ont signé un accord en 1959 pour éliminer toute vélléité de recherche des médecins de l’OMS, des scientifiques nucléaires, des physiciens de l’AIEA : cet accord est toujours en vigueur. Les Nations Unies ne se réfèrent pas, ni ne citent la moindre étude scientifique qui réfuterait leurs affirmations sur Tchernobyl. Il y a un immense fossé entre le tableau que nous donnent à voir les Nations Unies, l’AIEA, l’ICRP, et le monde réel. Et le monde réel est de plus en plus étudié, et de plus en plus de rapports sont publiés dans la littérature scientifique : mais aucune des autorités responsables des citoyens ne prend bonne note de ces preuves.

Comme on dit dans le métro de Londres : «mind the gap» («attention à la marche/l’écart»).

C’est précisément ce que devraient faire Wade Allison et les autres experts auxquels je viens de me référer, dans leur propre intérêt. Car s’il existe un endroit où ce vide est en train de se combler aussi rapidement que brutalement, c’est dans les tribunaux. Je me suis porté expert dans plus de 40 dossiers impliquant irradiation et effets sur la santé. Ces dossiers comprennent des cas d’anciens combattants ayant subi des essais nucléaires et qui poursuivent le Gouvernement de Grande-Bretagne pour exposition lors de ces essais sur les sites, qui ont causé des cancers ; ils incluent des cas de pollution radioactives ; des cas d’exposition dans les conditions de travail ; des cas de retombées suite à un usage d’armes à l’Uranium appauvri. Et ces cas ont été autant de dossiers plaidés avec succès. Tous. Parce que dans un tribunal, face à un juge et un jury, des gens comme Wade Allison et George Montbiot ne tiendraient pas 2 minutes. Parce que devant un tribunal, tout repose sur les preuves. Et non pas sur du bluff.

Joseph Conrad a écrit : «une fois que le fracas des cris est retombé, le silence sinistre des faits, reste». Je pense que ces experts-bidons sont des criminels irresponsables, puisque leurs conseils conduiront à des millions de morts. Je me prends à espérer qu’à un moment ou à un autre, dans l’avenir, je puisse être appelé en tant qu’expert dans une autre affaire, une affaire dans laquelle Wade Allison ou George, ou mon bon vieux copain Richard Wakeford (qui sait tout mieux que tout le monde) seraient accusés devant un tribunal de malhonnêteté scientifique induisant des cancers chez de pauvres victimes qui ont eu le tort de suivre leurs conseils. Et quand ils auront été jugé coupables, j’espère qu’ils seront envoyés en prison, où ils auront tout le temps de prendre connaissance des preuves scientifiques démontrant que leurs conseils étaient mathématiquement fondés sur du vent.

En attendant, je mets au défi chacun d’entre eux de venir débattre de cette question avec moi en public à la télévision, face à face, de manière à ce que les gens puissent se faire une idée de qui a raison et de qui a tort. Car à la fin de sa vie, le Pr John Gofman, une figure éminente de la Commission à l’Energie Nucléaire des Etats-Unis, jusqu’à ce qu’il ait vu ce qui se passait et démissionné, avait prononcé cette phrase restée célèbre : «L’énergie nucléaire mène une guerre contre l’Humanité».
Cette guerre est à présent entrée dans une phase finale qui décidera de la survie de la race humaine. Pas du fait d’une guerre nucléaire impromptue. Mais du fait d’une guerre continue et incrementale qui commença dans les années 1940 avec les relâchements dans l’atmosphère de toutes les retombées des essais nucléaires atmosphériques, et qui se poursuivit inexorablement depuis lors avec Windscale, Kyshtym, Three Mile Island, Tchernobyl, Hanford, Sellafield, La Hague, l’Irak, Fukushima, traînant derrière eux leurs augmentations de taux de cancers et leurs atteintes à la fertilité de la race humaine.

Il y a un fossé entre eux, et nous. Entre les scientifiques-bidons, et le public, qui ne croit pas ce qu’ils disent. Entre ceux qui sont employés et payés pour nous protéger de la pollution radioactive, et ceux qui meurent de ses conséquences. Entre ceux qui dénigrent ce qui est de toute évidence le plus grand scandale de santé publique dans l’Histoire humaine, et les faits qu’ils ignorent.

Attention à la marche, oui, vraiment. »

Chris Busby est Secrétaire Scientifique du European Committee on Radiation Risk.
Il est Professeur invité auprès de l’Université de l’Ulster et également Chercheur invité auprès de l’Institut Allemand d’Agriculture Fédérale de Braunschweig (Allemagne).
Il a été membre du Comité britannique Committee Examining Radiation Risk on Internal Emitters CERRIE et du MoD Depleted Uranium Oversight Board (Bureau de Supervision Uranium Appauvri du Ministre de la Défense).
Il a été responsable de l’interface Réseau d’Information Science & Politique sur la Santé Infantile & l’Environnement basé aux Pays-Bas.
Il a été porte-parole du parti Vert d’Angleterre et du Pays de Galles.
Il a mené des recherches fondamentales sur les effets sanitaires des radiations internes tant d’un point de vue théorique, que d’un point de vue épidémiologique, y compris sur les effets géno-toxiques de l’élément Uranium.

Mensonges ? Vous avez dit mensonges ? Comme c’est bizarre …

http://bellaciao.org/fr/IMG/pdf/leTresGrandCrime_2_-2.pdf