Zad : nouvel appel de la châteigne
Catégorie : Global
Thèmes : Aéroport Notre-Dame-des-LandesPrisons / Centres de rétentionZad
Lieux : ZAD
Se sont entrecroisés à partir de la chat-teigne des chantier élec’ et des grand jeux
– des balades anti-tht autour des pylônes ou des promenades pour se repérer sur le futur tracé du barreau routier et joyeusement dépiqueter
– des expos et transmissions orales d’histoires de la zone et de la lutte par des habitant-e-s qui résistent
– des constructions de cabanes, d’un dôme et même d’une villa en ossature bois ou d’un château en kit ailleurs sur la zone
– des récits sur des potagers collectifs, des luttes de paysans indonésiens et des histoires des mouvements ecoloradicaux anglais des années 90
– des retours sur Plogoff ou le Carnet
– des dynamiques féministes et des chantiers entre meufs
– des préparations d’actions, manifs et départs collectifs pour la ZAD d’Avignon
– des moments pour élaborer des contre-attaques coordonnées face à la répression et analyser les armes de la police
– des soirées sur la tôle ou sur un militant anti-nucléaire qui croupit depuis des années dans les prisons suisses – des discussions sur ce que serait une « victoire » ou sur les prévisions d’aménagement du territoire par la DATAR
– des cantines de guerre et des menus succulents
– des ateliers de masques et de défense des barricades, de massage ou de samba, de nœud ou d’escalade, de cuisine vegan, de théâtre forum ou de chorale
– des rencontres avec les paysans venus de toute la région se relayant pour rester auprès des « tracteurs vigilants »
– des assemblées « Sème ta ZAD » et réus d’occupant-e-s,
un tas de nouveaux aménagements et constructions pour que ce soit fonctionnel (big up à la bande des « Cent Noms » restés sur place dans les premiers temps pour assurer les chantiers, l’accueil et tenir le lieu !) et pas mal de fêtes, de chants de (no) TAVerne et de danses à fendre les planchers…
Cela a permis de rencontrer des groupes de Lyon, d’Auvergne, du Diois, de Dijon, de Brest, de rennes, du nord-Nozay, des Millevaches, de Paris et pleins d’autres encore, venus pour participer aux semaines annoncées…
Cette expérience forte et singulière montre comment la résistance ici est entrée en résonance avec des espoirs et révoltes disséminées un peu partout. Ce qui s’est passé à la chat-teigne depuis janvier a sans nul doute contribué à ce que se construise un mouvement et à renforcer des réseaux pour la suite… Par ailleurs divers comités locaux venus à la chat-teigne ont témoigné du fait que le temps passé sur la zad avait représenté un moment précieux pour se connaître dans d’autres cadres, s’organiser ensemble et revenir plus fort-e-s par chez eux.
Nous sommes nombreux-ses à avoir le sentiment d’entrer, pour quelques mois au moins, dans une nouvelle phase de la lutte. Il semble probable que nous n’ayons pas à craindre de grandes opérations d’expulsions à court terme. En outre, les troupes policières se sont retirées des carrefours. Même si leur projet est bien fragilisé et que l’on commence ici à imaginer et construire ce que pourra devenir la zone après la fin du projet d’aéroport, il ne s’agit officiellement pour eux que d’un retard des travaux, le temps de tenir compte des préconisations des diverses commissions qui ont rendu leurs rapports en avril. Ils comptent toujours revenir un jour et en finir avec la zone défendue. On aurait donc bien tort de baisser la garde et la mobilisation reste cruciale. Elle pourra cependant se trouver d’autres rythmes et modalités, se donner d’autres enjeux et ambitions : construction des différents projets agricoles et renforcement du processus « Sème ta ZAD » autour du partage et de la mise en culture des terres, chantiers et réflexions sur les structures collectives et habitats de la ZAD, attention à ne pas laisser de travaux préliminaires au projet d’aéroport et à son barreau routier redémarrer, nouvelles actions de pression sur les décideurs et Vinci, renforcement des liens entre les différentes composantes de la lutte et avec les habitant-e-s des alentours, soutien continu avec tout-e-s ceux et celles qui vont passer en procès dans les mois à venir ou doivent d’ores et déjà subir des peines, moments d’échanges et de bilans avec ceux et celles qui sont venu-e-s participer à cette lutte depuis d’autres coins ou se sont installés sur la ZAD depuis quelques mois, mise en place d’actions de solidarité avec d’autres ZAD et rebellions contre leur aménagement économique et territorial…
Sur divers de ces aspects et sûrement d’autres encore, l’apport de groupes et comités d’ailleurs sera précieux.
Or, si la Chat-teigne a été occupée quasi en permanence jusqu’ici, peu de demandes nous sont parvenues pour les mois a venir ! C’est pourquoi nous souhaitions relancer un nouvel appel aux comités locaux à se relayer à la chat-teigne. Les changements de contexte et retours, autant positifs que critiques nous amènent cependant à redonner quelques infos afin de mieux appréhender la situation actuelle, ainsi qu’à formuler quelques propositions qui pourraient modifier un peu les bases sur lesquelles des séjours à la chat-teigne pouvaient s’organiser. Voici quelques points qui ressortaient à ce niveau d’une assemblée ouverte qui s’est déroulée le 22 avril sur place.
Situation légale
Légalement, la Chateigne, tout comme la ferme de Bellevue et la plupart des autres lieux de la ZAD sont maintenant expulsables immédiatement. Il semble néanmoins peu probable que les autorités s’amusent à tenter de revenir expulser de manière isolée l’un ou l’autre de ces deux lieux pour l’instant. Dans cette période plus calme en terme de présence policière, et hors contexte particulier et sursaut de tension, il n’y a pas de nécessité à tenir les barricades dont une partie ont été allégées ou déplacées pour faciliter la circulation sur la zone.
Chat-teigne et autres espaces d’organisation
En dehors de l’accueil des comités locaux, la Chat-teigne sert de lieu d’organisation pour le mouvement sur le terrain : réus des occupant-e-s de la ZAD les jeudi soir, assemblées paysannes « Sème ta ZAD » les mercredi soir, ateliers et soirées… Cela n ’en fait pas pour autant, loin de là, le lieu unique et central des diverses composantes de la lutte : les assemblées du mouvement ont lieu tous les 15 jours à la Vacherie, le réseau paysan « COPAIN 44 » s’organise à la ferme de Bellevue, l’ACIPA tient toujours des permanences dans son local situé dans le bourg de Notre Dame des Landes, un point d’info a été installé sur le carrefour de la Saulce (il est possible pour les comités locaux de participer à le tenir les week-ends), sans compter les divers autres lieux de vie dispersés sur la zone….
Par ailleurs d’autres espaces d’activités plus « publics » se sont remis en place sur la ZAD : c’est le cas de la Wardine qui est également, un projet maraîcher et un habitat collectif sur le chemin de Suez et dont la grange accueille régulièrement des concerts, débats et projections – ou de la cuisine collective « Gourbi » sur la route des Fosses Noires qui regroupe des récup’s de nourriture et propose un infokiosque et diverses activités ouvertes. La ferme de Bellevue accueille aussi régulièrement des discussions et projections. Dans chacun des cas il faut discuter avec les occupant-e-s de ces lieux sur les possibilités de les utiliser, mais dans l’idée, ils sont ouvert aux propositions des comités locaux.
Intendance
Les divers collectifs sur la ZAD ont pu retrouver leur propre équipement et ressources. Il y a moins de gens à accueillir dans l’urgence et donc moins d’enjeux aujourd’hui à ce que les comités locaux assurent de grandes cantines collectives pour plein de monde chaque jour. Cela n’empêche pas de pouvoir inviter à une ou deux grandes bouffes pendant leur séjour, que ce soit sur la Chat-teigne ou ailleurs. On était pas mal à se dire que ces moments de repas partagés sur la zone étaient des moments précieux…
Programmes et dissémination
Au mois de décembre/janvier l’effervescence était à son comble, avec un afflux constant de personnes d’un peu partout à la Chat-teigne… Par la suite, en fonction des semaines et des contextes, certains comités ont pu avoir le sentiment de se retrouver parfois un peu seul sur place avec pas toujours foule sur toutes les activités. Au demeurant, certains autres lieux sur la zone ont pu avoir par moment l’impression de moins pouvoir profiter des énergies venues d’ailleurs. La difficulté à se déplacer sur la zone, le développement d’autres pôles de vie et les calendriers chargés ont joué en ce sens. Aujourd’hui le contexte change de nouveau et il est plus aisé de se rendre à la Chat-teigne. Toutefois on se disait qu’il était possible pour les comités locaux de centrer les évènements publics sur certains soirs ou le week-end et d’avoir un programme plus léger le reste du temps : pour se laisser le temps de découvrir la zone, de se balader, d’être ouvert aux rencontres et propositions qui émergent en cours de route….
On voulait insister à ce titre sur la possibilité pour les comités locaux de se joindre à des chantiers ou de proposer des activités dans d’autres lieux sur la zone. N’hésitez pas à faire savoir par avance, par le biais de la boîte mail zad.presidio@riseup.net si vous venez avec des compétences, outils et matériaux ou envies particulières… On pourra faire passer ces infos aux réus d’occupant-e-s du jeudi, aux assemblées du mouvement ou par le biais du ZAD News (hebdo sur les rendez-vous et infos sur la ZAD, distribué chaque lundi sur toute la zone.)
Pour les comités locaux qui viennent de pas trop loin notamment, il est tout à fait possible de venir à la Chateigne et d’y proposer des activités sur un soir ou un week-end, sans forcément se donner l’ambition de la tenir pendant toute une semaine.
Accueil des comités
On a souhaité mettre en place un moment de rencontre et d’accueil avec les comités qui viendraient pour quelques jours et que ce moment puisse être annoncé sur le site et le ZAD News à l’avance. Ce sera l’occasion de causer des enjeux du moments sur la ZAD, de découvrir un peu de la réalité des comités, avec quelles envies et propositions ils viennent, et de voir si des collectifs sur la ZAD ont de leur coté des chantiers et projets prévus sur lesquels ils souhaiteraient ds coups de main
Hébergement hors-comités
On a discuté du fait que la Chat-teigne puisse être un lieu d’hébergement pour des personnes de passage. On s’est dit qu’on ne voulait évidemment pas que les portes des sleepings soient fermées si ça pouvait dépanner à des moments. D’un autre coté et hors urgence, nous souhaitions que la Chat-teigne demeure avant tout un espace d’organisation et ne soit pas affichée comme lieu d’accueil et d’hébergement au même titre qu’avait pu l’être le campement « Hors Contrôle » par exemple. On tient fort à ce que la ZAD reste un espace ouvert et accueillant, mais le contexte actuel fait que pas mal d’entre nous souhaitent privilégier que des gens viennent sur des projets particuliers, chez des gens qu’ils connaissent ou sous des formes collectives (lire à ce sujet les réflexions de certains occupant-e-s de la ZAD : http://zad.nadir.org/spip.php?article1181).
Les mardi, assemblées et histoire
On souhaitait inviter les comités locaux à des rendez-vous qui ont lieu alternativement les mardis soir :
– soit l’AG interopposantEs à la Vache Rit qui permet de comprendre les enjeux du moment, d’avoir un aperçu des problématiques de la ZAD et du mouvement d’opposition à l’aéroport. C’est un moment où il peut être intéressant aussi d’avoir le point de vue des comités locaux.
– soit l’autre semaine (quand il n’y a pas les AG) un moment de présentation historique de la lutte fait par des habitantEs, qui sera aussi un moment de discussion autour de la situation actuelle, pour saisir les enjeux de l’occupation, des différents acteurs de la lutte etc etc… Ces discussions auront lieu à 19 h certainement à la Chateigne, sauf info contraire !
La Chat-teigne vous attend
A bientôt sur la zad et ailleurs !
Contact : zad.presidio@riseup.net
Hé oui. Pas facile de mettre en place une gestion des ressources humaines alternative, hein ? Un jour y a trop de monde, faut virer (« Venir sur la Zad… »). Une quinzaine après on s’avise qu’y a plus assez de monde, faut embaucher. L’important est que les gens ne soient là que pour autant qu’ils sont utiles, qu’ils produisent quelque chose, ne fut-ce que du sens – ou de la présence. Si ça ressemble à l’économie et à l’emploi, ce ne peut pourtant pas en être, puisque nous on est « contre », par définition ou au moins par persuasion.
Vous verrez que dans quelques années, on aura fait encore des progrès en la matière, et qu’il y aura des agences d’intérim militant, avec salariat en bons points politiques et existentiels – et portions de soupe. Quand on disait qu’on le gèrerait aussi bien et mieux, ce monde, que les méchants capitalistes !