Retour vers le primitif
Catégorie : Global
Thèmes : EcologieRacisme
Lieux : La Montagne
Bien-sûr, l’ironie de la contradiction ne perd pas dans mon cas. Car, alors que j’affirme que la civilisation est destructrice de vies, pollueuse de la Terre et diviseuse du travail, j’écris aussi ces mots sur un ordinateur, dans un édifice, avec des lunettes au visage, notant le temps sur ma montre-bracelet et parlant dans un dialecte sophistiqué du langage civilisé. Est-ce que ça rend de telles critiques invalides? Je ne pense pas.
Trop souvent nous sommes tentés d’internaliser tout ce qui est destructeur en ce monde. Ce n’est pas de ma faute si je me dois d’utiliser les outils de la civilisation pour démanteler la civilisation. Et ce n’est pas plus contradictoire que les abolitionnistes d’antan qui utilisaient les routes bâties par l’esclavagisme pour conduire ces mêmes Noirs émancipés vers la liberté. Ou le fait que des activistes des droits animaux et les environnementalistes vont voler à travers le pays ou la planète, pas pour nécessairement sauver un animal ou arbre mais pour se mettre en réseau avec d’autres humains à des conventions pour parler des animaux et des arbres dans l’abstrait.
Quand on en vient à la théorie anti-civilisationnelle, la première ligne d’offensive a toujours a voir avec le fait que nous prenons tous part à la civilisation donc de se soulever contre elle est hypocrite. Ce qui est vrai mais est aussi largement simpliste. Plus à point, presque tout ce que nous faisons dans nos sociétés compartimentées, séparées et ségréguées porte un air d’hypocrisie parce que la civilisation est schizophrène. Encore ici, la faute n’est pas avec l’individu.
La seconde ligne d’offensive est le plus souvent l’idée qu’il est complètement impraticable voire impossible de faire affaisser la société technologique dans le présent, que c’est absurbe et une perte de temps d’essayer. Ça, bien entendu, c’est de l’apathie à l’extrême et peut être appliqué à quoi que ce soit qui nous semble insurmontable ou pourrait nécessiter beaucoup de sacrifice de soi de durs labeurs. Par exemple, parce que des millions et millions de gens vont conduire des voitures, on ne peut arrêter l’industrie pétrolière, or c’est juste stupide de protester contre, non? Ou parce que des milliards de gens mangent des animaux c’est futile de promouvoir ou d’adhérer au véganisme?
L’apathie va au mieux mener vers une assistance sociale contraignante et des solutions superficielles qui dans l’analyse finale vont toujours finir modifiées et ré-emballées au format consommateur pour nous être revendues. Au pire, ça mène à une inactions infectueuse qui empoisonne le radicalisme.
La dernière ligne d’offensive se lira comme suit: Seulement un maniaque pathologiquement dérangé voudrait raser les villes et toute la technologie au sol! Je dois admettre qu’à cause de son attrait dramatique, celui-ci est mon favori. Seulement parce qu’on s’intéresse à la source de toutes les oppressions et pas seulement à leurs diversion manifestations, on doit forcément être cinglés. Ou plus précisément parce qu’on n’a pas foi en la production de valeur et la propriété sur la vie et la terre que nous devons être des casseurs violents! Un saut de logique que les producteurs industriels et les grosses merdes de technocrates ont dupé les gens, capitalistes autant que communistes (et parfois les végans et anarchistes), à croire.
Je déclare avec emphase et sans équivoque, pour la postérité, que les briques et l’acier, le mortier et le styromousse, le béton et les câbles n’égalent pas à la valeur inhérente à la chair et aux os, la montagne et la rivière ou l’air et la terre! La violence est ce que la technologie fait à une vie consciente comme celle d’un animal dans une cage ou un bombe atomique à des civils. La violence s’exerce sur le vivant, la destruction s’exerce sur les édifices et la machinerie, et pas vice versa.
Or, plusieurs d’entre nous commencent à voir que pour vraiment libérer les animaux, la terre ou se libérer entre nous, l’on doit commencer par combattre la source de l’oppression. Ce qu’est dans l’immédiat la civilisation technologiquement avancée. De combattre des oppressions à enjeu unique est comme de piétiner des feux de paille, que chaque qu’on éteint en piétinant ou jetant de l’eau ou étouffant, plusieurs autres prennent naissance. Plusieurs fois le même feu que nous pensons avoir éteint renaît. Nous combattons l’industrie de la fourrure dans un pays et elle renaît dans un autre. Le moment où on arrête de combattre un problème environnemental tout le lobbying et le travail se remet en branle avec le changement de garde politique le jour des élections. Choisissez votre préférence : impérialisme, lutte queer, racisme, féminisme, vivisection ou véganisme.
Plus on concentre notre lutte plus on épuise nos énergies pendant que l’appareil d’oppression et ses machines vrombissent. Ce n’est pas que les causes à enjeu unique sont invalides. On devrait tous-tes placer nos énergies dans ce qui nous tient à cœur. Et pour plusieurs d’entre nous l’enjeu unique a une signification personnelle et émotive. Comme exemple, après avoir bâti des abattoir pour subsister quand j’étais jeune homme je fus à jamais horrifié et ébranlé par l’apathie et l’inaction. Pour moi d’aider les animaux et combattre en leur nom me définit dans ce que je suis. Et combattre les oppressions que nous et d’autres faisons face dans l’ici-et-maintenant est énormément important pour ceuxcelles au nom de qui on lutte. Cependant, pour que toutes les cause uniques luttant pour la libération et une société sans chefs se fusionnent sous le chapeau de la libération totale, ça ne fait que du sens que de reconnaître notre oppresseur commun. Cet enfer qui est la source de tout feu de broussailles, la totalité, la civilisation.
C’est vraiment facile d’oublier ou d’être complètement aveugles face à la mination et la dévastation haineuses qui se mettent à l’oeuvre pour soutenir la civilisation. Malheureusement les abus, subjuguations et la violence profonde sont des têtes d’hydres bien trop réelles. En Amérique, des millions de millions de vies autochtones ont été décimées, assassinées des façons les plus brutales et plus tard accoutumées à l’alcoholisme et la vie dans des réserves. Ça s’est produit, pour faire place au pillage de la terre, la destruction des forêts, le meurtre massif du bison, le développement de l’industrie des produits animaux et l’esclavage domestiqué de la terre pour l’agriculture massive. Les premières villes modernes furent bâties sur le travail forcé de l’esclavage et sur le sang et les os de la terre des nations de la terre et de ses animaux. Plusieurs couches de domination ouverte servent de fondation à la société qu’on voit autour de nous. Des Blancs sur les Noirs, des hommes sur les femmes, des humains sur les animaux, de l’industrie sur la terre, des riches sur les pauvres, et des éduqués sur les ignorants.
Aujourd’hui est pire que ça n’a jamais été. La mécanisation a accéléré la cadence de l’industrie et le viol de la planète pour la nourrir de produits bruts. Les animaux meurent plus vite et en plus grand nombres que jamais à cause des usines de démontage et de la machinerie lourde, pour ne pas mentionner les modifications génétiques et la reproduction innaturelle. Les pédophiles sont en mesure de proliférer et produire de la pornographie infantile pour la distribuer à des millions de mésadaptés malades d’un seul clic de bouton. Pas d’écosystèmes, montagnes, océans ou espèce vivante sont véritablement hors-limites quand les machinations de grosses corporations entrent en jeu. L’aliénation et la dépression sont des pandémiques et on grandit décrépits et malades bien avant qu’on le devrait. L’industrie médicale est passée maître dans le domaine de réguler les aliments qui étaient jadis inconnues des société primitives alors que nos vies tordues de névrosées continuent d’aller à la traîne.
Tout cela alors que nous sommes devenus collectivement adroits à tenir ces oppressions qu’on supporte cachées et hors de vue. Dans le cas présent du travail d’enfants dans les pays du Tiers-Monde pour fabriquer des souliers et vêtements bon marché. Des abattoirs en plein milieu de nulle part, des millions de gens sous verrous dans des prisons. Tout bien caché, on en entend pas parler, alors que c’est d’aucun intérêt pour les consommateurs de masse d’aujourd’hui. Le pain et les cirques prévalent à haute définition par des façons qui feraient paraître la Rome antique comme une pièce de vaudeville en comparaison. Hors de vue, ça égale vraiment avec hors d’esprit, pour la plupart d’entre nous.
La poussée exercée dans les cercles éthiques, activistes et anarchistes d’utiliser la technologie et tous ses produits d’oppression est pour nous élever hors de la marre de la hiérarchie et la domination. Il y a cette croyance irrationnelle que les choses vont mieux, quand en réalité seulement les apparences et couvertures s’améliorent. Cette notion linéaire que de l’autre côté de toute la dévastation environmentale et l’inadéquation sociale dont la technologie est responsable, nous attends un bouleversement techno-utopien est non seulement un mirage non-fondé mais de pures balivernes.
La fonctionnalité est réelle, tout comme la cause et l’effet, et on ne peut y échapper. Une société juste et équitable ne va pas être produite par la suprématie blanche, l’impérialisme, et le fascisme religieux sur lesquels se fondent une grande partie de l’histoire contemporaine, peu importe à quel point les gens sont pathologiquement patriotiques. Les lacquais peuvent brandir des crédos comme la « liberté » autant qu’ils le veulent, mais ça ne va pas changer la fonctionnalité de l’oppression. Pour transposer cette prémisse en des termes plus terre-à-terres, il est ridicule de penser qu’une personne prise dans une relation physiquement abusive avec son partenaire va changer son partenaire en un confidant compassionné et respectueux. Non, la dysfonction ne va pas tourner en fonction. Au contraire c’est condamné à empirer malgré les souhaits et fantaisies de l’abusé-e. Dans une telle situation les abusé-s sont souvent conseillés de se sortir de la relation abusive et de jeter un regard sur leurs habitudes, idées et croyances par rapport aux relations.
Les politiques, incluant les politiques classiques et celles des anarchistes rouges, semblent prises à même l’idée que c’est l’organisation de la société qui est la mouche dans la soupe.
De prendre cette position neutre envers l’industrie et la technologie ou même dans plusieurs cas de les couvrir de louanges tient plus d’une tromperie du Marxisme ou du capitalisme, pour arracher les fruits de la production et du travail. L’anarchie verte ne devrait pas être leurrée dans ce blanchiment vert politique et industriel. L’anarchie consiste en la dissolution de l’autorité et de la hiérarchie et de les opposer de toutes mains. Pas de réarranger la terminologie d’une situation en laissant toutes les composantes de l’oppression intacte (autre tactique marxiste). Il est temps d’avoir une anarchie qui est plus que du gauchisme radical ou simplement de s’affairer à épier le style de vie et les luttes à enjeu unique des autres. Il est temps de faire un retour vers l’anarchie vivante qui a existé durant des milliers de milliers de générations humaines. Une anarchie qui existe encore chez les animaux et les écosystèmes aujourd’hui. Une anarchie où des millions de communautés libres vivent et interagissent à un niveau surprenant de civilité, de chevalerie et d’adaptabilité. Il est temps de revenir au primitif.
Loin d’être une idéal utopique, l’anarcho-primitivism a fonctionné chez les humains et nos relations avec la terre depuis l’aube de notre espèce. C’est un fait facilement observable qu’avant la technologie, la société, la semaine de travail, ou l’aliénation de notre malaise du jour, nous savions comment vivre, comment jouer, comment manger et comment s’épanouir. Sans stations de flics, églises, commerce entre États ou avarice financier. Comme toutes les autres créature nous savions quoi faire et quoi ne pas faire car nous étions connectés à la terre, plutôt qu’en guerre contre elle.
L’illusion précédement mentionnée de « l’avancement » qui un jour nous amènerait dans une ère d’illumination et d’abondance, si on y croit, ne fait que nous écarter encore plus de la réalité qu’en tant qu’entités biologiques (ce qui veut dire en tant que parties et parcelles de la terre qui est sous nos pieds*), la seule voie pour l’enrichissement, la paix et la prospérité personnelle (pour autant que nous soyons réalistement capables d’atteindre) est de vivre à nouveau en faisant partie et non en se départant de la biosphère.
Si on veut voir la fin de milliards de milliards d’animaux tués, or il nous faudrait voir la fin des abattoirs (et routes, et labos) qui les tuent, des technologies grossières qui les reproduisent, et de la science de la modification génétique qui les dégrade pour la consommation de masse. Vous ne pouvez pas arrêter leurs meurtres tout en gardant parfaitement intacts les moyens de leurs meurtriers. Si on est vraiment contre la guerre on devrait alors s’opposer à la science, la chimie et la mécanisation qui rend le développement des machines de guerre et des bombes non seulement possible, mais toujours plus haineux et largement répandu à chaque innovation. Si nous sommes contre toute forme d’oppression nous devrions aussi être contre les technologies qui les amplifient. Parce qu’aucun de ces enjeux se déroule dans un vaccum ou sans un support mécanique formidable.
Nous retournons vers le primitif peu importe la direction où nous allons dans notre ligne imaginaire du progrès. La seule question reste en si nous y arriverons par une conscience terrestre et une destruction radicale de l’édifice de la civilisation. Ou ce sera-t-il à cause d’une faille technologique, de la destruction environnementale et de la surpopulation dans une société consumériste qui a perdu la tête?
Pour la libération,
Walter Edmund Bond
37096-013
USP Marion CMU
PO Box 1000
Marion IL 62959
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