Mercredi 20 février 2013, le collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes (CSPSP) a occupé la préfecture d’Ille-et-Vilaine. Avec tracts, banderoles et slogans, il s’agissait de dénoncer – une nouvelle fois – la façon dont sont traitées les personnes étrangères qui viennent demander ou renouveler leurs papiers. Car la politique xénophobe de l’Etat français ne se limite pas à des lois toujours plus restrictives et répressives, elle passe aussi par des pratiques quotidiennes inscrites dans le (dys)fonctionnement de l’administration préfectorale : des files d’attente interminables dès 4h du matin, de nouvelles pièces exigées du jour au lendemain, des taxes et des amendes exorbitantes à payer, aucune confidentialité des démarches, un service étranger injoignable par téléphone, un flicage des personnes qui accompagnent les sans-papiers… Sans parler des arrestations en préfecture, guet-apens abjects qui se sont multipliés ces derniers temps.

Qui en est responsable ? Un peu tout le monde, et un peu personne, ce qui est bien pratique pour les expulseurs de tout poil. La faute aux lois racistes qui fabriquent les sans-papiers et soumettent à l’arbitraire administratif, aux réformes qui s’accumulent et rendent les procédures illisibles. La faute à la droite qui a pourri la vie des étranger-e-s pendant des années, et la « gauche » qui trouve encore moyen de faire pire. La faute au ministre et au préfet qui veulent expulser à tout prix, à leurs juristes qui trouvent de nouvelles astuces pour mettre des bâtons dans les roues. La faute aux petits chefs qui s’accrochent à leur pouvoir de contrôler et briser des vies, aux salarié-e-s qui s’habituent au sale boulot, à leurs syndicats qu’on entend à peu près jamais. La faute aux usager-e-s français-e-s qui détournent le regard en attendant sagement leur carte grise, aux médias qui se lassent dès que les files d’attente cessent d’être un scoop. La faute au racisme ambiant qui rend acceptable ce qui ne devrait jamais l’être, dès lors qu’il s’agit d’étrangers/de sans-papiers/d’Arabes/de Noirs/etc…

Symbole de cette dilution des responsabilités : l’absence d’interlocuteur face au CSPSP. En une heure d’occupation, seul un agent de la préfecture leur a adressé la parole, pour expliquer que les guichets allaient fermer et que des dossiers ne seraient pas traités PAR LEUR FAUTE. Tentative habituelle de monter les usager-e-s contre les militant-e-s… Mais elle n’a pas fonctionné, et beaucoup de personnes venues faire leurs démarches ont exprimé leur soutien à l’action, bien plus énervées contre la préfecture que contre les « occupant-e-s ». Certaines ont aussi fait part des problèmes qu’elles rencontraient, parfois bien au-delà de ceux dénoncés dans le tract du CSPSP (voir document joint).

Finalement, la réponse des autorités est arrivée sous une forme assez classique et néanmoins scandaleuse : évacuation policière. Le CSPSP a prévenu qu’il reviendrait.

NB : cet article n’émane pas du collectif de soutien aux personnes sans-papiers, il ne fait que relayer l’action qu’il a réalisé ce jour.