Notre Dame Des Landes, ZAD, octobre 2012,
nouvel appel à occupation

Au nord de Nantes, ca fait deux générations qu’un projet d’aéroport pèse sur 1600 hectares de terres agricoles et de bocages. Laissé longtemps en suspens il a été relancé en 2001 par Lionel Jospin et fermement soutenu depuis par le Parti Socialiste et notamment JM Ayrault, ancien député maire de Nantes et actuel premier ministre. Les raisons évoquées pour construire cet aéroport n’ont cessé d’évoluer jusqu’à la dernière blague: construire un aéroport modèle, HQE (Haute Qualité Environnementale). Projet nuisible, c’est le symbole d’un capitalisme destructeur qui ne vise que la recherche du profit financier. C’est aussi le fruit d’une collaboration étroite entre politiciens avides de “développement” urbain et une grande multinationale, Vinci, spécialiste des projets destructeurs (prisons, autoroutes, centrales nucléaires).

En 2008 un collectif local d’habitant-e-s qui résistent lançaient un appel à occuper les terres réservées pour ce projet, cette Zone d’Aménagement Différée. Cet appel a été largement relayé et après un Camp Action Climat en 2009 le mouvement d’occupation s’est amplifié sur ce qui est devenu la Zone A Défendre (ZAD). Une solidarité est née entre les habitantEs qui résistent et les nouveaux occupantEs.

Aujourd’hui le Parti Socialiste est revenu au pouvoir et n’est pas prêt à renoncer à cet aéroport. Il continue d’afficher son soutien total au projet même si ses alliés écologistes feignent toujours de défendre les terres menacées. Habilement ces bonimenteurs ont utilisé la presse pour faire croire qu’un moratoire était mis en place et que le risque de voir le projet aboutir reculait. (1)

Il n’en est rien! Les mesures préliminaires sont toujours en cours: pseudo enquêtes publiques, études de terrain (forages, géomètres). Le calendrier prévisionnel des travaux a peut être, on l’espère, été remis en cause par le mouvement d’occupation, mais pas par le moratoire ! En tout cas le barreau routier, préliminaire indispensable à la bétonnisation de la zone, est lui bien maintenu pour début 2013. Le laisser faire c’est rendre possible l’arrivée des pelleteuses sur place, c’est abdiquer devant Vinci.

Et pendant ce temps la ZAD continue de se vider, les expropriations se poursuivent. Les habitantEs sont pousséEs en dehors de la zone, relogéEs plus loin, moins bien. Peu à peu celleux qui résistent se retrouvent à occuper sans droits ni titres des maisons qu’illes habitent depuis des années, parfois depuis toujours!
Quant aux maisons et terrains occupés la situation n’est pas meilleure. Beaucoup sont expulsables et démolissables depuis début 2012. Et la machine judiciaire suit son cours. Ainsi le 27 septembre 2012 le tribunal d’instance de Nantes a prononcé l’expulsion immédiate du Sabot et des 100 Chênes. Ce sont deux lieux essentiels de la ZAD, le potager collectif issu d’une occupation initiée par le mouvement Reclaim The Fields et la boulangerie. Ces deux lieux sont habités. Début octobre le dernier squat ouvert à Grand Champ a également été expulsé. Chaque jour la menace se précise. Il y a urgence à réagir! Vinci rêve de tous nous expulser, peut-être demain, si nous laissons faire la zone sera bientôt livrée aux machines de chantier!!!

Si nous portons l’occupation comme moyen de lutte nous nous sentons désormais pleinement habitantEs de cet espace. Nous refusons de voir disparaître ces champs, ces haies, ces bois qui sont devenus nos lieux de vie. Vivre ici c’est refuser de voir disparaître, au nom du profit, les chênes qui nous abritent, les tritons crêtés et les nombreux autres animaux avec qui nous cohabitons.
Vivre ici c’est être aussi dans un rythme chahuté par les urgences de la lutte, les pressions, l’incertitude de la suite, le harcèlement des flics. Vivre ici ce n’est pas facile en ce moment avec l’hiver froid et pluvieux qui s’annonce. Que l’on soit proprio, locataire ou occupantE nous sommes toutEs misEs face aux mêmes procédures, à leur « justice ».
Et pourtant…
La ZAD est devenu un espace privilégié d’expériences alternatives, un lieu où confronter au jour le jour théorie et pratique, où construire de nouvelles solidarités, où apprendre à être chaque jour un peu plus autonome face au système marchand. Des potagers collectifs ont fleuri, les savoirs se partagent tous les jours. De la boulangerie à la mécanique, de la construction en passant par les échanges artistiques nous apprenons sans cesse les unEs des autres.

Si nous vous appelons à nouveau à nous rejoindre c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’un projet urbanistique mais d’un modèle de société dont nous ne voulons pas. C’est parce que cette lutte s’inscrit dans un combat plus large contre un système qui se fout des êtres vivants et de la planète. Ailleurs d’autres que nous luttent contre les systèmes productivistes, de domination et de contrôle social, contre la machine infernale qui nous rend esclave de la technologie pour aller toujours plus vite et plus loin dans la dépossession de nos vie. Nous ne nous sentons pas seulEs à résister. Du val de Susa en Italie, en passant par la Russie ou le Mexique, des opposantEs se dressent contre les projets néfastes d’aménagement. Plus prêt d’ici au pays basque contre une autre ligne de train à grande vitesse ou en Normandie contre les lignes THT (Très Haute Tension), un peu partout contre la gentrification : la résistance s’organise!!!

Ici, sur la ZAD, nous avons besoin d’être plus nombreusEs sur le terrain pour s’opposer physiquement aux travaux préliminaires, pour donner de la force à celleux qui ont fait le choix de rester et de résister. L’occupation n’est pas une fin en soi, c’est un moyen d’être présent-es sur cette terre en lutte, d’être actifs ensemble contre le projet, de développer des réseaux de solidarité avec les autres habitantEs.
Solidaires on se sent capable de tout, de combattre la coalition du pouvoir politique et de ses flics et du pouvoir économique avec son fric.

Aujourd’hui plus d’une trentaine de lieux sont occupés : des maisons, des cabanes construites dans des champs, dans des arbres et des caravanes qui prolifèrent un peu partout. Il reste des maisons vides et Vinci continue à en vider. Deux lieux, Les Planchettes et la Gaité (2) peuvent vous accueillir momentanément le temps de votre arrivée mais pensez à être autonome le plus rapidement possible. Une fois sur place, prenez le temps de discuter avec les gens, de comprendre là où en est la lutte. Ici tout est imaginable, on peut faire tout mais pas n’importe quoi, pas n’importe comment. Pensez que de nombreux projets sont déjà engagés, soyez attentivEs aux sensibilités et vécus de chacunEs.

Venez habiter et lutter avec nous ! Nous sommes ici, nous refusons de perdre.

Cet appel a été rédigé par des occupantEs / habitantEs de la ZAD

En post scriptum nous voudrions rappeler qu’il y a d’autres formes de soutien possible:

– il est possible de cibler Vinci là où il est (à peu près partout!), de mener des actions décentralisées et de nous en tenir informé.
– une manifestation de réoccupation est prévue en réponse aux probables expulsions à venir: tenez vous prêtEs à nous rejoindre!
– Restez informé en suivant les sites: https://zad.nadir.org, http://nddlagirdesobeir.noblogs.org et http://acipa.free.fr Vous pouvez nous écrire à zad@riseup.net et vous inscrire à notre lettre de diffusion sur le site ZAD (rubrique accès et contact)

(1) lire sur le site de la ZAD l’article Moratoire sur l’aéroport : une farce qui ne nous fait pas rire. Extraits:”suspendre les expulsions des exploitant⋅e⋅s agricoles et des habitant⋅e⋅s légaux sur la zone concernée par la Déclaration d’Utilité Publique même jusqu’en 2014 ne gène en rien les prévisions de l’État et d’AGO (…) Somme toute un accord qui ne remet en cause ni les gros travaux, ni les études préliminaires, ni les expropriations qui continuent à être menées, ni la majorité des expulsions.”

(2) Voir la rubrique accès et contact sur le site de la ZAD