Lettre d’un prisonnier du centre de detention de roanne
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionRacisme
Malheureusement, j´ai fait beaucoup de taule.
J´ai demandé à venir ici pour me rapprocher de ma femme et mes enfants, et essayer de faire baisser ma période de sûreté1.
Mais en arrivant dans cet établissement il y a plein de choses qui sautent aux yeux par exemple au niveau des parloirs famille. Assez vite il y a eu un bras de fer avec le chef des brigadier des communs, parce que comme j´avais l´habitude des UVF, il y avait des choses que je trouvais inadmissibles.
Par exemple, les couvertures étaient sales, il y avait des taches de sperme dessus, et si tu leur disais ils répondaient qu´ils les lavent une fois par semaine. C´est inadmissible, c´est pas un bordel ici !
Il a fallu que j´insiste, un soir j´ai pris les couvertures, je les ai jetées devant la porte en disant qu´on allait dormir sans couverture. J´ai écrit des courriers à la direction, ensuite ils ont cédé, donné des
couvertures dans des plastiques fermés, mais il a fallu se battre. Le chef de commun me disait que j´avais rien a faire ici, que j´avais « pas le profil2 ».
D´ailleurs en arrivant, j´ai demandé à faire une formation de comptabilité de quelques mois : ils m´ont répondu que j´avais pas le profil, que j´étais loin de la sortie
Les problèmes au parloir
A un moment, j´ai eu un parloir avec ma femme et mes enfants, et ils rigolaient. Un surveillant, (on l´appelle « le blond »), a tapé comme une brute à la porte en disant qu´il fallait qu´ils arrêtent « par respect pour les autres détenus », c´était vraiment humiliant pour nous. Ça s´est reproduit une deuxième fois, alors je me suis énervé, et à partir de là, ça a commencé à chauffer.
J´ai écrit à la direction plusieurs fois, on m´a pas répondu, j´ai vu le brigadier qui m´a dit qu´il allait lui toucher un mot… Mais il n´y a rien eu, et ça a duré des mois ces histoires…
Un autre jour le même surveillant, de loin me crie dessus « c´est comme ça qu´on t´a appris le respect » devant tout le monde, d´une façon humiliante.
J´arrive vers lui, ça se met à crier, il met quasiment son front sur moi en disant « qu´est ce qu´il y a, tu fais, le beau etc ». j ai vu qu´il cherchait l´affront avec moi, puis il m´a dit « on verra ». J´ai pris ça comme une menace.
Juste après j´ai eu un autre problème avec les surveillants…et j´ai décidé de faire un combat.
La fouille aux UVF
Ma femme vient aux UVF. Elle m´a expliqué que quand ils arrivent, les surveillants les regardent comme des animaux, sans aucune gêne, comme des vicieux. Juste en face il y a une machine. Quand tu passes les affaires il n´y a rien qui sonne, ou rien qui est suspect, tu n´as pas a ouvrir ton
sac. Ils lui ont demandé de sortir ses dessous. Ma femme a râlé, ils lui ont dit de sortir. Elle a refusé, et c´était humiliant, parce qu´au final elle a du se plier à eux, avec des hommes qui regardaient.
Ce jour là, quand ma femme m´a dit ça, j´ai tapé un bordel. J´ai fait appeler le brigadier, mais c´est une surveillante qui répond, avec qui y avait déjà eu des problèmes quand la prison s´est ouverte. Elle prenait un petit miroir, et se mettait dans l´angle pour regarder. Parce qu´il y en a qui ont un peu d´intimité, des relations sexuelles au parloir, et avec son système de miroir elle regardait tout…
J´ai dit au brigadier que je ne voulais plus avoir affaire avec elle, plus avec « le blond », et qu´il n’ait de contact avec ma famille.
Le lendemain, comme par hasard, c´est lui.
Quand ma femme rentre, comme d´habitude avec son sac, rien ne sonne. Il demande qu´elle ouvre les sacs et fouille sans ses gants. Il enlève une crème de massage en disant que c´est interdit, alors que d’habitude elle la fait rentrer.
Puis il demande à nouveau qu´elle ouvre le sac avec ses dessous, elle refuse, en disant que c´est personnel et intime. Il parle du règlement en disant que si elle est pas contente elle sort. Elle a demandé à voir le responsable. Devant lui, il parle de la crème de massage, mais pas des dessous ; ça fait qu´il ne l´a pas fouillée, il l’a laissée passer.
Quand elle est arrivée aux UVF, elle avait les nerfs. Un surveillant lui a dit « oh mais c´est pas grave si je vois vos culottes, c´est normal ».
Je me suis vraiment fâché. Je voulais plus lui dire bonjour, il a demandé pourquoi, je lui dis qu´il a manqué de respect à ma femme, on s´est embrouillés.
Je précise en plus que toute la bouffe qu´on cantine pour les UVF, ça coute vraiment cher. Maintenant c´est de la bouffe dégueu, c´est que des surgelés qui ont remplacé les produits frais, mais les prix sont les mêmes. D´ailleurs c´est arrivé que quand l´UVF était terminé je demande à récupérer ce que j´avais cantiné et qu´on avait pas consommé, pour que ma famille le ramène, et là ils disent qu´il ne reste rien ! Et là pareil, il faut insister pour qu´à la fin ils te le donnent !
Quand je suis venu ici, c´était marqué que dans cet établissement il y a un UVF tous les 2 mois. Ici il y a plein de gens qui se font rouler, qui ont un UVF une fois tous les 4 ou 5 mois, quand ils demandent ils leur disent qu´il n´y a pas de place !
Les pétitions
Bref. J´avais fait part de ces problèmes à d´autres détenus, par rapport à ce qui se passe aux parloirs famille. On a fait des pétitions, mais pas que sur ce sujet.
Ça parlait aussi des fouilles corporelles, des problèmes aux ateliers, de plein de choses.
Le directeur m´appelle, le jour où je devais partir au Tribunal d´Application des Peines pour faire baisser ma période de sûreté. Et je reste 2heures et ¼ dans son bureau, je lui dis que je vais porter plainte contre les surveillants. Il me dit que si je fais ça il me transférera où il veut lui, il m´a fait un chantage.
En plus quand je suis arrivé dans cet établissement, deux mois après, j´ai demandé 2 UVF, pour maintenir le lien familial. Ma femme ne voulait plus venir aux parloirs. On a vraiment pas de liberté, tu te fais accompagner quand tu vas aux toilettes, tu dois appuyer sur l´interphone, à chaque fois etc. Dans d´autres établissements tu peux sortir, aller prendre un café, revenir… ici non. T as un double parloir, tu restes 3 heures, tu suffoques.
Quand on a fait des années de prison, c´est vraiment pas agréable, on a du mal à rester.
Comme ma femme ne voulait plus venir aux parloirs, ils m´ont donné un deuxième UVF.
Quand j ai eu cet entretien il m´a bien rappelé qu´il avait donné cet UVF, et il m´a garanti que je le verrai plus ce surveillant, qu´il serait plus avec ma famille, pour pas que je porte plainte.
J´en demandais pas plus, qu´on respecte ma famille quand elle vient.
Les surveillants, de bouche à oreille, ont su que j avais vu la direction.
Le fait que j avais deux UVF ça faisait des jalousies, et à chaque fois ils disaient aux autres détenus « tiens c´est pas normal que tel détenu a un UVF en plus » voilà, ils étaient prêts à tout faire pour essayer de me nuire.
Après quand j´ai fait la demande pour baisser ma peine de sûreté, la direction m´a appuyé.
La mise à l´isolement
Ils m´avaient bien fait comprendre que si les pétitions partaient ils me feraient sauter l´UVF.
J´ai dit que j avais déjà 40 lettres qui étaient parties pour l´OIP, et encore d´autres qui n´étaient pas encore parties. Le directeur avait dit qu´il s´en foutait de l´OIP, mais qu´il ne fallait pas les envoyer au ministère.
C´était pas de l´intox, mais l´avocat a mis du temps à les envoyer, et finalement il a envoyé les 80 lettres, signés par d´autres détenus, à la direction, et pas à l´OIP.
Ça parlait notamment des horaires de travail, parce que normalement on est payés 4 euros/heure, et parfois on est payés même pas 2 euros/heure etc.
Par rapport à ces lettres, on m´a envoyé à l´isolement, et ils ont supprimé mon UVF.
Le problème que j´avais eu avec le surveillant avait débordé sur tout, c´est pour ça que j´avais dit a mon avocat d´envoyer toutes les lettres. Le brigadier m´avait dit qu´ils allaient me mettre la misère.
Au début ils m´ont envoyé à l´isolement 2 jours, mon avocat a trouvé un vice de forme et m´a fait sortir. Dans le dossier, il y avait juste une feuille avec ce que disait Mr KIPAILLE (?), un surveillant d´un autre bâtiment, qui dit que j´avais incité d´autres détenus à l´émeute. C´était leur motif.
Quand je suis sorti ils m´ont fait passer au prétoire. Ils ont trouvé d´autres témoignages, ils disent que sur les 80 lettres que j´ai envoyées, il y a 5 détenus que j´ai forcé à écrire.
Ils m´ont mis ensuite à l´isolement pendant 3 mois et quand je suis sorti, ils m´ont mis en porte fermée au B0.
Les lettres anonymes
Il y a aussi une étape très importante.
Quand j´étais à l´isolement, 15 jours avant que je sorte, j´ai reçu une lettre avec écrit OIP derrière, comme si ça venait d´eux, et mon nom et mon prénom devant.
Dans ce courrier, il y avait des sous entendus par rapport à un article qui parlait de mon affaire à moi. C´est un article d´un journaliste qui a pris en vrac des déclarations qui ont été faites lors du procès pour faire un article racoleur disant « il balance son meilleur ami à la barre ». Moi je suis au clair sur ce que j´ai dit ou pas avant et pendant le procès, mais ceux qui ont envoyé cette lettre anonyme savaient très bien que balancer des rumeurs comme ça sur quelqu´un peut avoir des conséquences très graves.
Ce qui m´a frappé c´est qu´en bas, à la règle, ( règle pour écrire des lettres types) c´était écrit « 80 exemplaires distribués au bâtiment ». C´est une coïncidence ? Derrière c´était marqué OIP mais il n´y a pas le tampon de l´OIP .
Et selon la date à laquelle elle a été postée, ils ont mis 10 jours à me la donner. Normalement, c´est 2 ou 3 jours, 4 s´il y a des problèmes, mais pas plus. Et ils me l´ont donnée un samedi, alors qu´on ne reçoit pas de courrier le samedi en prison.
Donc j´ai écrit à la direction, je me suis plaint par rapport à ça. Arrivé au bâtiment, je tombe sur des amis que je connais, et ils m´ont dit qu´il y a un gros tas de lettres comme ça qui ont été mises sur la table de ping-pong au gymnase. Mais bon au gymnase il y a des caméras !
Donc quand j´ai entendu ça j´ai commencé à paranoïer, je me suis demandé si c´était les surveillants, d´autres détenus… et des détenus m´ont dit qu´ils avaient vu des courriers sur la table, et qu´on voulait mettre une rumeur sur mon dos. Du coup j´en ai parlé avec le moniteur de sport, un surveillant, Franck, il m´a dit qu´il n´avait pas vu un tas, mais une lettre, dans le bureau des surveillants, avec les deux autres moniteurs de sport, et qu´il était prêt à en témoigner. Alors pour moi c´est soit un complot des surveillants, soit un complot de la direction, pour m´entacher, pour que j´aie des problèmes.
Ça aurait pu aller loin, le sang a failli couler dans cette histoire.
J´en avais parlé à mon avocat, en lui demandant de porter plainte contre X, mener une enquête, mais après il a eu des problèmes, et je n´ai plus jamais eu de nouvelles de ça.
Le régime « porte fermées »
Donc le B0 c´est quand t´es en Centre de Détention, mais t´as pas les portes ouvertes. Avant il y avait aussi un bâtiment semi-ouvert, maintenant c´est ouvert partout, sauf le B0. Là on a droit qu´à la promenade.
On a pas droit aux activités. Même en maison d´arrêt t´as droit aux activités. T´as un office pour faire la nourriture, bein ici on y a pas accès, le téléphone ça a changé, maintenant on peut appeler qu´à des horaires précis… T´imagines, quand on est 30 ou 40, si on veut tous téléphoner, c´est impossible.
Et là encore, je dois appeler mon avocate, ça fait une semaine que je demande, et que ce n´est pas possible… parce que celle qui s´en occupe est en vacances !
Le sport on peut y aller une heure le matin une heure l´après midi, sauf le vendredi. Il faut choisir, soit aller au gymnase, soit aller au foot. Et encore, si tu suis des cours, c´est ou l´un ou l´autre !
Par contre, il y a un brigadier qui entraîne les surveillants à l´aïkido !
On a eu l´eau coupée en promenade pendant des mois. Il y avait eu des problèmes au niveau des canalisations, et il a fallu gueuler, avec la chaleur qui revenait, ils l´ont remise seulement il y a un mois. On a la cour qui est dégueulasse.
Avant, je comprenais pas pourquoi certaines personnes qui allaient au B0 y restaient longtemps, et bien là j´ai bien compris. Je te donne un exemple , moi quand je suis venu au B0, ils ont essayé de me chercher la merde.
Le 28 mars, le chef du bâtiment a essayé de me provoquer, presque en mettant son corps sur moi pour me faire rentrer dans ma cellule. J ai vu qu´ils voulaient à tout prix me coller un rapport d´incident.
Entretemps j´avais vu la directrice en audience. Je lui disais que j´avais rien à faire en porte fermée, que j´avais pas de rapport d´incident et que je voulais aller en porte ouverte. Elle m´a garanti que je resterai qu´un mois.
Et elle me dit, « vous savez, c´est pour l´exemple ». Je demande l´exemple de quoi, j´ai fait 3 mois d´isolement vous voulez quoi encore ? Et elle dit « oui mais c´est pas moi c´est la hiérarchie ».
J´écris à la direction, à Mr BOYER, en disant que je ne comprends pas, que la directrice m´a dit que j´allais sortir etc.
En fait ils m´ont fait passer en commission, et Mme Mme PETIT qui s´occupe de moi normalement , était en vacances, donc c´est Mr GLAPIER (le sous directeur) qui était là.
En fait quand tu es en régime porte fermée, il y a une commission tous les mois, où ils décident de t´y maintenir. Et si tu veux en sortir, il faut faire un courrier. Mais personne ne me l´a dit !
En plus, cette Mme PETIT dit qu´elle est énervée parce qu´elle était en vacances quand la commission a eu lieu, mais elle n´a même pas laissé une note à mon sujet !
Quand je l´ai revue on a eu un accrochage verbal, je lui dis qu´elle m´avait promis que j´allais sortir du B0, elle me répond qu´il aurait fallu que j´écrive, alors qu´elle m´a jamais dit ça…
J´ai répondu que j avais rien à lui dire, qu´ils étaient des hypocrites sans parole qui voulaient juste me mettre la misère et me laisser au bâtiment 0.
Comment ils essayent de justifier le maintien en portes fermées
Et là ils trouvent un prétexte, ils disent qu´il y a un mois et demi j´étais au sport, et c´était pas mon tour, et le brigadier est venu me dire de sortir. Je réponds que je ne comprends pas, qu´il n´y a pas eu de rapport d´incident.
J´ai vu comment ils font, avec moi et tout un tas de jeunes qui sont la, ils leur trouvent des prétextes pour justifier leur placement au B0. Mais vraiment des histoires de rien ! Quand je suis arrivé par exemple, il y a des jeunes, ils leur disaient « tu n´auras pas d´UVF parce que tu as eu un rapport ». Du coup ils lui mettent une sanction avant de passer au prétoire, et après en plus tu te tapes du mitard. C est quand même cher payé !
J´ai remarqué que plusieurs fois il m´ont appelé en me disant par exemple : « oui il y a deux mois en arrière vous avez traîné devant la coursive, qu´est ce que vous avez à dire la dessus ». Non mais vous rigolez ! Je leur dit « ça sert à rien de m´appeler pour ça, des trucs d´il y a deux mois en arrière je ne me rappelle même plus de ce que vous me dites, vous mettez des rapports comme ça pour justifier mon placement en porte fermée »
Bon et voilà avec le temps qui passe, ils essayent de me mettre des rapports et faire monter la pression pour chaque petit détail. Par exemple, à un moment on avait le droit au B0 de faire des machines à laver tous les jours. Maintenant c´est un jour sur 2, dans la même aile, y a un coté qui a droit à un jour et l´autre à un autre. Dans les autres étages, ça n´existe pas ça.
Pareil pour le téléphone, c´est des pressions psychologiques. On a droit a rien, pas de salle d´activité, on est dans le bitume, ça va faire 12 piges à la fin de l´année que je suis en prison, je ne comprends pas cet acharnement contre moi.
J´avais écrit au directeur pour l´histoire du brigadier qui avait mis son front contre moi, et normalement le directeur a 15 jours pour répondre. Au bout de 15 jours, rien.
Par contre Mme PETIT me fait venir pour me parler de cette lettre, comme si je lui avais écrit à elle, disant que tout le monde sait que le courrier arrive chez elle ! Mais c´est au directeur Mr BOYER que j´ai écrit, et c´est de lui que j´attends une réponse. En plus, elle me montre un feuille en me disant qu´elle est contente, que c´est une feuille de profil (qui sert pour les transferts) pour aller à Mauzac. Je suis surpris, je lui dis que mon dossier est déjà parti !
La pression au quotidien avec les surveillants
Ah oui, autre chose. Le jour où je suis sorti de l´isolement, ils m´ont mis qui ? « Le blond ». Et quand il me raccompagne à ma cellule il me dit « t´as entendu ? » j ai demandé quoi, j´avais rien entendu. Il m´a dit « t´as entendu G… il a dit mon prénom, G… la salope » du coup je lui dis « ah ouais c´est comme ça que tu parles, tu fais le voyou »… en fait il attendait que je le frappe.
La direction ils savent que j´ai un conflit avec lui, il le mettent quand même.
Le jour où il y a eu le problème aux UVF avec ma femme, il lui parlait, elle lui disait « arrêtez de parler avec moi », il continuait, pour qu´elle s´énerve, qu´elle l´insulte etc… à la fin il lui dit « au revoir, bonne journée », bon à la fin ma femme elle lui a dit une petite grossièreté, mais c´était à la sortie . Ils nous poussent à bout, ils nous humilient.
Je veux téléphoner, je mets un drapeau3, et j´attends, il vient pas, j´attends ½ heure, puis j´appuie sur l´interphone, je dis que je veux téléphoner, pour qu´ils viennent m´ouvrir la porte. Bon si j´ai un coup de téléphone important, appeler mon avocat ou quoi, je ne peux pas sortir quand je veux au B0, bon ça fait que tu peux appeler sur l´interphone, au bout de 40 minutes ils viennent, t´as le temps de mourir !
Et là il y a 3 ou 4 jours, j´étais à la grille, je sortais de la promenade, j´étais en train de discuter avec l´auxi, on rigolait, y a un surveillant qui a ouvert ma porte et qui est parti. Et puis y a un 2eme surveillant, je sais pas, je sens qu´il y a un truc qui va pas avec ce surveillant, peut etre qu´il est solidaire avec celui avec qui j´ai eu des problèmes. Il me dit « allez on y va » ? Je lui dis « ouais on avance, on y va porte fermées ». D´un seul coup il a pris une crise un truc de fou, « tu te moques de moi, tu te fous de ma gueule, qu´est ce qu´il y a , tu te prend pour un gros », il était vraiment chaud. Et moi j´étais devant ma porte, je lui dis « oh calme toi, t´es mal luné ? » Et il a fermé la porte presque sur mon visage en disant « oh t’as qu´à écrire à papillon4 » juste à coté il y avait une brigadière, elle est nouvelle.
Je me suis énervé, j´ai tapé à la porte, j´appelle l´auxi, la brigadiére vient avec l´autre surveillant.
Du coup je leur dis « pourquoi il me parle de papillon, ça regarde moi et la direction » La brigadière elle dit qu´elle a pas entendu, et après l´autre surveillant qui m´avait parlé il revient et me dit « de toute façon t´es qu´une pleureuse », et il a ramené sa tête vers moi, vraiment le visage sur le visage, « t´es un clown ». Le deuxième surveillant qui était à coté il s´est mis entre nous deux, parce qu´il a vu que c´était chaud.
Je me suis mis en colère, je lui ai dit « tu cherches à me provoquer, je vais pas rentrer dans ton jeu, il y a des caméras, rentre dans ma cellule. Tu veux faire quoi, tu veux m´agresser ? »
Voilà la provocation, ils essayent ils essayent, malheureusement il y a un jeune il y a quelques jours il a pas pu, il a craqué, le surveillant il a mis sa tête sur sa tête, et l´autre il l´a tapé5.
C´est souvent les mêmes surveillants au 0, ceux qui aiment bien chercher la merde. J´essaye de partir de cet établissement, parce que j´ai peur de craquer. J´ai fait des efforts pendant toutes ces années afin de faire baisser ma sûreté, et j´ai peur que ma vie bascule…
Les fouilles corporelles
Je voulais parler aussi des fouilles corporelles.
Je connais des gens à qui les surveillants ont dit « lève tes testicules », pour regarder dessous.
C´est très humiliant quand ils te demandent de te baisser de faire des flexions. Parfois on refuse.
Un gars s´est embrouillé avec eux parce que quand il tournait ils lui disaient « serre pas les fesses » c´est hallucinant, le gars il a pas le droit de serrer ses fesses !
Il y a la loi qui est passée, ils ne peuvent soit-disant pas nous fouiller (intégralement)
Mais dès qu´ils trouvent quelqu´un avec par exemple des stupéfiants, ça fait jurisprudence. Sauf qu´ils doivent mettre une feuille qui dit que ça va durer 1 mois, et là rien n´est précisé, et c´est reparti pour des fouilles intégrales sur qui ça leur chante pendant 3 mois !
Les ateliers de travail
Ici c´est géré par GEPSA. Je m´étais inscrit pour travailler, j´avais eu Mme PIVERT, et il a fallu que je bataille pour aller aux ateliers, mais franchement, si j´avais su, je me serais pas bataillé pour ces problèmes. Donc c´est ce qu´ils appellent une « plate forme », elle fait faire des test de rapidité, d´intelligence etc pour voir qui va aller sur quel poste.
Sur 7 personnes, elle avait pris tout le monde sauf moi. Tu sais pourquoi ? Quand elle parlait, le seul qui répondait ou qui posait des questions c´était moi. Elle nous disait des choses, genre « c´est pas parce que je suis pas intelligente que j´ai pas pu réussir etc »je lui demandais « mais pourquoi vous nous parlez de ça ? Ça veut dire que nous on est pas intelligents ? » « mais non c´est pas ce que je voulais dire », bref…
Après ils m´ont mis aux oignons, pendant 2 ou 3 mois, tu gagnais même pas 12 euros dans la journée. On était pas au taux horaire, et s´il y a des pièces à refaire, c´est autant en moins.
Après j´ai fait un travail pour OXO, tu enlèves le joint du mastic des fenêtres. Quand j´ai pris le rythme j´allais vite, ils voulaient que j´aille moins vite. Après ils ont diminué le nombre de bacs qu´on pouvait faire, puis ils ont baissé les prix, sans explications, c´est pas l´usine c´est GEPSA qui le faisait.
Ils voulaient obliger les gens à manger le casse croûte là où tout le monde fume.
Et y a des jours où ils te mettent à l heure, alors que sur le contrat c´est noté à la pièce. Et quand tu travaillais à l´heure, si tu faisais ½ heure de plus ils te payaient pas. Une fois j´ai dû menacer de porter plainte contre eux pour me faire payer .
Bon après ils voulaient encore baisser le nombre des bacs.
J´ai calculé, j´ai même pas fait 2 euros de l´heure. Du coup j´ai dit « ça va pas du tout, je remonte ». Il voulait m´empêcher, j´ai fait appeler le chef. Je suis monté. Depuis ce jour la, ils m´ont plus rappelé.
Quand j´ai vu le chef, je lui ai expliqué le problème. Il me dit « oui, il faut pas se prendre la tête… »
Puis ils me mettent sur un autre poste de travail, sur les siphons de douche
Pareil, on travaillait à deux sur un poste, on gagnait deux euros de l´heure ! Au début on gagnait 18 euros dans la matinée, j´ai rien dit, mais là j´ai refusé de travailler dans ces conditions, du coup je suis remonté.
Dernièrement j´ai écrit à la direction parce qu´il m´avaient pris la télé, parce qu´ils disaient que j´avais pas d´argent. J´ai dit que je l´aurais à la fin du mois, mais quand ils m´ont envoyé le papier, deux jours après ils m´ont enlevé la télé !
Il y a aussi le racisme. Par exemple, Mme FAURENBACH, qui est chef des ateliers de travail, a dit qu´elle ne voulait « ni un noir, ni un barbu pour le poste d´auxiliaire télé ». Elle a dit ça devant un autre prisonnier, qui est auxiliaire d´étage, et qui peut témoigner de ça !
Voilà ils veulent me faire craquer, mais je tiens bon, et je veux partir d´ici. Il n´y a que pression et répression, tous les prétextes sont bons pour eux.
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