Scum manifesto traduit en français (en libre téléchargement)
Catégorie : Global
Thèmes : Genre/sexualités
Post original publié le 29 novembre 2011
http://lille.indymedia.org/article26283.html
Des commentaires trouvés sur ce site évoquent ce superbe texte qu’est SCUM Manifesto de Valérie Solanas. Un peu taquin aux entournures, il nous invite à éliminer la lie de l’humanité au plus tôt, la bien inutile source du mal : les mâles.
Il est consultable en intégralité, en français en libre téléchargement à l’adresse suivante : http://infokiosques.net/spip.php?article4
En voici les premières pages pour vous donner envie !
Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.
Grâce au progrès technique, on peut aujourd’hui reproduire la race humaine sans l’aide des hommes (ou d’ailleurs sans l’aide des femmes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n’a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l’espèce. Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes.
En d’autres termes, l’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme c’est avoir quelque chose en moins, c’est avoir une sensibilité limitée. La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. L’homme est complètement égocentrique, prisonnier de lui-même, incapable de partager, ou de s’identifier à d’autres ; inapte à l’amour, à l’amitié, à l’affection, la tendresse.
Cellule complètement isolée, incapable d’établir des relations avec qui que ce soit, ses enthousiasmes ne sont pas réfléchis, ils sont toujours animaux, viscéraux, son intelligence ne lui sert qu’à satisfaire ses besoins et ses pulsions. Il ne connaît pas les passions de l’esprit ni les échanges mentaux ; il ne s’intéresse qu’à ses petites sensations physiques. Il n’est qu’un mort-vivant, un tas insensible, et pour ce qui est du plaisir et du bonheur, il ne sait ni en donner ni en recevoir.
Au mieux de sa forme, il ne fait que distiller l’ennui, il n’est qu’une bavure sans conséquence, puisque seuls ont du charme ceux qui savent s’absorber dans les autres. Emprisonné dans cette zone crépusculaire qui s’étend des singes aux humains, il est encore beaucoup plus défavorisé que les singes parce que, au contraire d’eux, il présente tout un éventail de sentiments négatifs – haine, jalousie, mépris, dégoût, culpabilité, honte, blâme, doute – pis encore, il est pleinement conscient de ce qu’il est et de ce qu’il n’est pas.
Bien qu’il ne soit qu’un corps, l’homme n’est même pas doué pour la fonction d’étalon. À supposer qu’il possède une compétence purement technique – bien rare en vérité – on ne peut déceler aucune sensualité, aucun humour dans sa façon de s’envoyer en l’air. Quand ça lui arrive, il culpabilise, il est dévoré de honte, de peur et d’angoisse (sentiments qui ont leurs racines profondément ancrées dans la nature du mâle, et même l’éducation la plus éclairée ne peut en venir tout à fait à bout). Ensuite, la jouissance qu’il en tire est proche du néant. Et pour finir, obsédé qu’il est par son désir de bien s’en sortir, de battre un record, de ramoner consciencieusement, il se soucie peu d’être en harmonie avec sa partenaire. C’est encore trop le flatter que de le comparer à un animal. Il n’est qu’une mécanique, un godemiché ambulant. On prétend souvent que les hommes utilisent les femmes. Les utilisent à quoi ? En tout cas, sûrement pas au plaisir.
Rongé qu’il est de culpabilité, de honte, de peurs et d’angoisses, et malgré la vague sensation décrochée au bout de ses efforts, son idée fixe est toujours : baiser, baiser. Il n’hésitera ni à nager dans un océan de merde ni à s’enfoncer dans des kilomètres de vomi, s’il a le moindre espoir de trouver sur l’autre rive un con bien chaud. Il baisera n’importe quelle vieille sorcière édentée, n’importe quelle femme même s’il la méprise, et il ira jusqu’à payer pour ça. Et pourquoi toute cette agitation ? Si c’était pour soulager une tension physique, il lui suffirait de se masturber, et puis s’il va jusqu’à violer des cadavres et des bébés, ce n’est sûrement pas pour combler son ego. Alors pourquoi ? Complètement égocentrique, incapable de communiquer et de s’identifier aux autres (voir plus haut), n’existant que par une sexualité endémique et diffuse, le mâle est psychiquement passif. Et parce que sa propre passivité lui fait horreur, il tente de s’en débarrasser en la projetant sur les femmes. Il postule que l’homme est Actif, et s’attache ensuite à démontrer qu’il est actif, donc qu’il est un Homme. Et pour ce faire, il baise ! (Moi je suis un Vrai Mec et j’ai une Grosse Queue et comment que je Tire mon Coup). Mais comme ce qu’il cherche à démontrer est faux, il est obligé de toujours recommencer. Alors baiser devient un besoin irrépressible, une tentative désespérée de prouver qu’il n’est pas passif, qu’il n’est pas une femme. Mais en fait il est passif, et son désir profond est d’être une femme. Femelle incomplète, le mâle passe sa vie à chercher ce qui lui manque, à tenter de devenir une femme. Voilà pourquoi il est constamment à l’affût des femmes, voilà pourquoi il fraternise ; il veut vivre à travers elles, se fondre en elles. Voilà pourquoi il revendique tout ce qui caractérise en fait les femmes, la force de caractère et l’indépendance affective, l’énergie, le dynamisme, l’esprit d’initiative, l’aisance, l’objectivité, l’assurance, le courage, l’intégrité, la vitalité, l’intensité, la profondeur, le sens de la rigolade, etc. Voilà pourquoi il projette sur les femmes tout ce qui caractérise les hommes, la vanité, la frivolité, la banalité, la faiblesse, etc. (Il faut cependant reconnaître qu’il existe un domaine dans lequel les hommes sont largement supérieurs aux femmes : celui des relations publiques. C’est de cette façon qu’ils réussissent à faire croire à des millions de femmes qu’elles sont des hommes et vice versa). Les hommes prétendent que les femmes trouvent leur épanouissement dans la maternité et la sexualité, ce qui correspond à ce qu’ils trouveraient satisfaisant, les pauvres, s’ils étaient des femmes. Autrement dit, ce ne sont pas les femmes qui envient le pénis, mais les hommes qui envient le vagin. Lorsque le mâle se résout finalement à accepter sa passivité et se définit comme femme (les hommes, aussi bien que les femmes, prennent chaque sexe pour l’autre), bref lorsque le mâle devient un travesti, il perd tout désir de baiser (ou de quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs, son rôle de vamp à pédé lui suffit), et il se fait couper la queue dans l’espoir de ressentir on ne sait quelle vague jouissance permanente à l’idée d’être femme. Baiser permet aux hommes de se protéger contre leur désir d’être des femmes. La sexualité est en elle-même une sublimation.
Sa recherche frénétique de compensations – parce qu’il n’est pas une femme – combinée avec son incapacité fondamentale à communiquer et à compatir, a permis à l’homme de faire du monde un gigantesque tas de merde.
La suite là : http://infokiosques.net/lire.php?id_article=4
l’auteure est passé à l’acte
“Valerie Solanas a été inculpée pour une tentative de meurtre sur Andy Warhol le 3 juin 1968 (accusée de tentative de meurtre, attentat et de possession illégale d’une arme à feu). En août, elle a été déclarée irresponsable de ses actes et a été internée au Ward Island Hospital. Lors de son interpelllation, elle a déclaré à la foule des journalistes et de la police : « Lisez mon manifeste et il vous dira qui je suis. »”
Ce texte est peut-être féministe, mais surtout il est sexiste et androphobe, on peut même le qualifier de misandre (masculin de misogyne).
C’est inquiétant de voir encore à notre époque des féministes qui citent ce texte nauséabond !
A noter que l’auteure propose quelque part dans son texte de gazer les mâles, c’est super classe comme programme politique.
«ce qu’il y a de bien, c’est qu’elle a montré l’exemple»
Trop drôle ! Je vous embauche sur le champ.
je cite
“SCUM exterminera tous les hommes qui ne feront pas partie de l’Auxiliaire Masculin de SCUM. Font partie de l’Auxiliaire Masculin les hommes qui s’emploient méthodiquement à leur propre élimination, les hommes qui pratiquent le bien, quels que soient leurs motifs, et entrent dans le jeu de SCUM. ”
(…)
“Les femmes y consentiront avec obligeance car cela ne leur fera pas le moindre mal et sera une façon particulièrement humaine et généreuse de venir en aide à leurs malheureux compagnons handicapés), ou bien ils procréeront dans les pâturages avec leurs paillassons, ou encore ils pourront se présenter au centre de suicide le plus proche, amical et accueillant, où ils seront passés au gaz en douceur, rapidement et sans douleur”
Voila un beau programme !
Certain, en d’autres temps, a utilisé ce même procédé envers qu’autres catégories qu’il détestait après mis par écrit sa théorie et est passé à l’échelle industrielle comme le propose ce texte
il a lui aussi ses “doux” nostalgiques…il avait ses fidèles, ses exécuteurs, ses collabos
Que l’on ne vienne pas me dire que celles qui republient partout ce “pamphlet” ne comprennent pas sa signification
Et “Mon Combat”, je peux venir le publier ici aussi ?
Il ne parle pas de gazage, ce n’est venu que bien après son écriture, et je n’avais pas le génie de Valérie.
A moins qu’elle n’ait pompé certaines de mes innovations pour son texte ?
Tonton Adolphe
Trève de plaisanterie, une explication de la modération serait la bienvenue sur la publication de cet appel à la haine.
«Valerie fut placée dans le service pénitentiaire de l’hôpital psychiatrique d’Elmhurst, et adressée au Dr Ruth Cooper pour une expertise psychologique. Plus de vingt ans après, Valerie est un souvenir d’une vivacité étonnante pour le Dr Cooper, qui s’est souvenue d’elle avec sympathie comme d’une “jeune femme attachante – provocante et stimulante,” avec le sens de l’humour, qui était obsédée avec le genre et ramenait continuellement la conversation à l’infériorité de l’homme.
Valerie passa la batterie complète de tests. Il lui fut demandé de faire des “dessins projectifs,” dans lesquels elle créa “une femme qui, excepté la chevelure gracieuse, est une créature extrêmement phallique et agressive, bien plus masculine que les hommes“. »
«La psychiatre conclut que les problèmes de Valerie venaient de son rejet par sa mère, qui était plus intéressées par les hommes: “Alors qu’elle a consciemment consacré beaucoup de son énergie à prouver quels ‘porcs’ et ‘exploiteurs’ étaient les hommes, ses efforts inconscients ont été d’être un mâle et ainsi, peut-être, de gagner l’amour de sa mère.” Elle était victime d’un trouble de l’identité sexuelle, décida le Dr Cooper; les motivations politiques n’étaient pas mentionnées.»
(Extraits traduits de I shot Andy Warhol de Mary Harron et Daniel Minahan, Bloomsburry Publishing 1996)
Une autre citation de Valerie, qui réitère clairement ses lubies sexistes face à un journaliste.
«”Pourquoi vous en prendre aux hommes ? Les hommes sont-ils si différents des femmes ? Si les femmes avaient la responsabilité elles dégueulasseraient probablement le monde de la même manière.”
Elle secoua sa tête. “Les femmes sont réelles. Elles sont des êtres humains. Les hommes ne sont pas des êtres humains complets. Le gène mâle est un gène femelle incomplet. C’est pourquoi il a ce complexe d’infériorité intégré et est toujours en train de faire ses coups foireux. Pour rattraper cela; pour prouver qu’il est quelqu’un.C’est dans le Manifesto…” »
Traduit de Scum Goddess: A Winter Memory Of Valerie Solanis de Robert Marmorstein
Village Voice du 13 juin 1968, Vol XIII, N° 35
Il serait bien de se rappeler, ce qu’on peut aisément faire justement en lisant cet excellent et unique ouvrage, que Valérie Solanas ne limitait pas la critique de ce monde à celle d’une simple prépondérance du sexe masculin ; elle est conséquente, et appelle à sortir de l’économie, du social, de la relation et de la sexualité. Sa critique va bien au delà d’une dénonciation spécifique de tel ou tel groupe, mais s’en prend au système commun ; c’est en cela qu’elle était et reste inacceptable, y compris pour la plupart des féministes, et qu’elle est morte calomniée et isolée.
Il n’est d’ailleurs pas indifférent qu’une des éditions historiques en français de ce texte ait été faite, en 1988, par des gentes de la vieille critique sociale.
Plume