Comme vous le savez peut-être, ça bouge beaucoup en Espagne en ce moment.
Le printemps social enjambe la Méditerranée et le mouvement du 15 mai « 15-M » espagnol, qui prend une ampleur impressionnante, déstabilise les politicards quelques jours avant les élections locales.

Le mouvement de protestation – non-violent – face à la classe politique (visant tant le « parti populaire » de droite que le PSOE au pouvoir) et aux conséquences de la crise économique capitaliste (21% de chômeurs en Espagne, 40% parmi les jeunes) touche le pays entier.

On dénombre des rassemblements dans plus de 150 villes espagnoles, ainsi que des places occupées en quasi permanence dans toutes les grandes villes.
Le premier campement, place Puerta del Sol, au coeur de Madrid, rebaptisé « Toma la Plaza » (Prends la Place) a désormais des allures de village autogéré.

Les slogans sont clairs : « Que no, que no, que no nos representan » (Non, non, ils ne nous représentent pas), « No les votes » (Ne votons pas pour eux) ou encore « Lo llaman democracia, y no lo es » (Ils appellent ça démocratie, ce n’en est pas une) sont les plus cités.

Ces espagnol-e-s veulent d’une démocratie participative.

Illes exigent une nouvelle constitution, des programmes électoraux impératifs et une réforme de la loi électorale pour en finir avec le bipartisme.
Illes veulent des médias éthiques, respectant une juste répartition des temps de parole.
Illes s’opposent au cumul des mandats, au cumul des salaires, et souhaitent la transparence totale concernant les comptes et le financement des partis.

Ils et elles revendiquent une forte hausse du salaire minimum et la mise en place d’un loyer social universel.
Mais, aussi, la récupération des entreprises publiques privatisées, et l’interdiction de licenciement dans les entreprises réalisant des bénéfices.

Ils et elles veulent abolir la loi sur l’immigration, jugée antidémocratique et discriminatoire, ainsi que de la loi Sinde (l’Hadopi locale.)
Illes demandent également la sortie du nucléaire au profit des énergies renouvelables.

Sur le plan financier, les indignad@s exigent la réduction des pouvoirs du FMI et de la BCE, la création d’un organisme de contrôle des agences de notation, une réforme fiscale favorable aux plus bas revenus, et, enfin, la nationalisation de toutes les banques sauvées par l’Etat durant la crise.

Le 22 mai, c’est-à-dire ce dimanche, ont lieu les élections municipales et régionales espagnoles.

Si les manifestations ont été interdites le week-end du scrutin, cette nuit (à 00:05, samedi), plus de 19 000 personnes à la Puerta del Sol ont accueilli l’invitation à rentrer sagement chez eux par un « cri muet » – soit une minute de silence, du ruban adhésif collé sur les lèvres et le campement a résisté.
Ils et elles n’ont évidemment pas l’intention de quitter les lieux, mais bien de continuer à se réunir quotidiennement en assemblées de quartier, puis en assemblée générale sur la place de « la SOLución. »

Le mouvement se développe largement sur le net (réseaux sociaux…) et inspire déjà de nombreux pays, notamment en Europe.

La France n’est pas en reste. Après des rassemblements devant l’ambassade espagnole à Paris, d’autres sont prévus ce week-end place de la Bastille, mais aussi à Lyon, Bordeaux, Marseille, Toulouse, Grenoble, Strasbourg ou encore Perpignan…

Qu’est ce qu’on attend à Nantes ?

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Et pour ceux qui lisent l’espagnol, je conseille les sites suivants :

http://tomalaplaza.net/
http://madrid.tomalaplaza.net/
http://democraciarealya.es/
http://malestar.org/

Images en direct des places occupées :
de Barcelone http://www.lavanguardia.com/local/barcelona/20110519/54….html
de Madrid http://www.soltv.tv/soltv2/index.html