Blocage de la plateforme téléphonique 3949 de pôle emploi, à rennes
Catégorie : Local
Thèmes : Exclusion/précarité/chômage
Lieux : Rennes
Nous entendions protester contre cette machine déshumanisante mise en
place depuis la fusion Anpe / Assédics au sein de Pôle emploi et exiger sa
fermeture. Cette machine met aux prises les chômeurs à des opérateurs
téléphoniques et ne leur permettent plus d’obtenir le conseiller qui est
responsable de leur suivi. Ce qui bien entendu produit une baisse générale
de la qualité des services et plus grave encore des problèmes de dossier,
engendrant retards de paiement d’indemnités, radiation arbitraire,
suspension d’allocations, etc. Le dispositif « 3949 » reflète à lui seul
dans une large mesure la politique de l’emploi du gouvernement Sarkozy :
déshumanisation, mise en place de dispositifs administratifs pour
décourager et culpabiliser les chômeurs à revendiquer leurs simples
droits, fractionnement des services pour ouvrir la voie à la
sous-traitance, précarisation des personnels, etc
Nous avons été très bien accueilli par le personnel de la plateforme (une
quarantaine d’opérateurs) dont bon nombre se retrouvront en fin de contrat
vers la mi-juillet. Nous avons formulé notre solidarité quant aux mots
d’ordre syndicaux de titularisation et d’intégration de ces personnels au
sein des antennes de Pôle emploi. Seule une formatrice de conseillers à
l’emploi et appartenant à une boîte de coaching s’est montrée agressive en
voulant forcer vainement le piquet tout en nous traitant de « fainéants. »
Vers 9h, le manager a demandé au personnel d’évacuer la plateforme et de
se rassembler aux portes du bâtiment. Nous les avons rejoint et poursuivi
la discussion entamée. La direction a finalement décidé de les mettre au
chômage technique jusqu’à 13h.
Vers 10h30, nous avons quitté les lieux et rejoint le rassemblement des
conseillers grévistes devant la direction régionale de pôle emploi. Une
vingtaine de chômeurs et précaires ainsi que quelques 150 conseillers à
l’emploi grévistes venant de toute la Bretagne se sont réunis dans le hall
d’entrée de la direction et ont demandé à la directrice régionale, un
certain nombre d’explications sur la situation à pôle emploi dans
différentes antennes bretonnes.
Le MCPL, solidaires des revendications des grévistes de pôle emploi,
n’entendant apporter auncune leçon à qui que ce soit tient toutefois à
faire part de quelques remarques sur le rassemblement et le déroulement de
la journée :
_ Les conseillers ne peuvent se contenter de demander davantage de moyens
(revendications légitimes par ailleurs) sans remettre fondamentalement en
cause l’orientation de « police emploi ». Il conviendrait selon nous de ne
jamais dissocier ces deux dimensions. A la marge, les conseillers
pourraient obtenir quelques aménagements (titularisation par exemple) sans
que ces derniers ne remettent abolument en cause le projet du gouvernement
présidant à la constitution de ce monstre de police emploi : détruire le
service public de l’emploi en rendant profitable le placement des chômeurs
et indissociablement culpabiliser les chômeurs du fait qu’ils n’ont pas
d’emploi alors même que cette rareté comme cette précarité du travail est
le fruit de décisions politiques pour accroître l’exploitation et
l’isolement des chômeurs et des travailleurs de plus en plus précarisés.
_ Nous tenons également à dire qu’il serait préférable d’organiser des AG
sans la présence de la direction (!) où chaque conseiller comme chaque
chômeur pourrait s’exprimer librement donnant lieu à la formulation de
revendications communes portées ensuite par une déléguation mandatée à la
direction. Ce qui nous semble constituer un principe démocratique minimal.
Dans le cas contraire, la direction peut tranquillement écouter les
récriminations des personnels en hochant de la tête sans s’engager sur
quelques revendications que ce soit et gagner du temps en faisant en sorte
que l’échange avec les personnels s’étalent durant toute la journée sans
aucune perspective concrète d’action mettant réellement la direction sous
pression. Ce qui s’est vérifié dans le fait que la direction a méprisé les
revendications des chômeurs et des personnels en ne donnant suite à aucune
des revendications spontanées formulées par ceux-ci. Sans quoi cette
manière de faire -certains conseillers l’ont exprimé ouvertement- peut
servir d’exutoire aux camarades grévistes de pôle emploi, comme aux
chômeurs.
_ Malgré les difficultés à mobiliser au sein de pôle emploi que nous
considérons volontiers, il est grand temps de rendre visible la solidarité
des revendications des chômeurs/ précaires et des conseillers à l’emploi
dans l’action (occupations, blocage, etc). Nous n’avons pas à choisir
entre l’information massive auprès des conseillers et des chômeurs et
l’action collective régulière exerçant une pression sur la direction et le
gouvernement.
C’est là la clef indispensable pour montrer aux conseillers à l’emploi
comme aux chômeurs qu’ils peuvent compter dans l’action les uns sur les
autres, qu’ils peuvent avoir confiance en l’action collective. Car le
principal problème devant lequel nous nous trouvons n’est pas d’abord le
manque d’informations des conseillers et des chômeurs – sans que ce
problème doive être considéré comme négligeable- mais le manque de
confiance en nos capacités à avoir prise sur le cours de cette institution
infernale.
Si les conseillers à l’emploi veulent parer au démantèlement du service
public et éviter que certains d’entre eux sombrent dans la dépression et
en viennent par désespoir à imiter certains salariés de France Télécom, il
est indispensable de tisser des alliances avec les collectifs de chômeurs
et de précaires qui ne demande que ça, fondée sur la considération
mutuelle et l’égalité si l’on veut renverser le rapport de forces au sein
de police emploi.
_ A l’heure qu’il est, il nous apparaît opportun de multiplier les actions
à l’occasion des « réunions d’informations » dans les pôles emplois où les
chômeurs sont orientés vers des formations sous traités (trajectoire
emploi, cible emploi, etc) par des boîtes de coaching. Ces formations
présentées comme des propositions sont en fait des obligations pour les
chômeurs qui seront radiés en cas de refus ou d’absence à rdv. En plus
d’être inutiles, infantilisantes et culpabilisantes, l’imposition de ces
formations sous-traités constituent un des principaux axes de
sous-traitement et de démantèlement du service public de l’emploi. La
direction de police emploi et le gouvernement Sarkozy cherchant à faire la
démonstration de l’inefficacité des conseillers à l’emploi dans la tâche
de placement.
Des expériences d’interruption de ces pseudo-réunions nous ont démontré la
claire compréhension des chômeurs de l’ineptie de tels dispositifs et la
capacité que nous avions de faire pression sur la direction de pôle emploi
à lâcher du leste sur son caractère obligatoire lorque nous intervenions.
Il faudrait pouvoir multiplier ce genre d’interventions dans ces
« réunions d’informations » qui non seulement dégagent une prise sur
l’institution et sont transformés en réunion de contestation de police
emploi mais en plus dans le même temps contrecarrent localement la mise en
place de la sous-traitance et le démantèlement du service public de
l’emploi.
Nous avons besoin que les conseillers qui ne veulent pas céder au
fatalisme nous informent des lieux et dates de ces pseudo-réunions.
Par le MCPL et le collectif du 3 mai, le mercredi 9 Juin 2010.
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