Sur l’escalade us-afghanistan de 2009
Category: Global
Themes: Guerre
Sur l’escalade US-Afghanistan de 2009
Communiqué de la Workers Solidarity Alliance
Nous publions ci-dessous un communiqué de Workers Solidarity Alliance traitant de la guerre en Afghanistan. Leur analyse de la situation et leur positionnement nous ont semblé intéressants et apportent des éléments de réflexions sur cette problématique. Il nous a donc paru pertinent de le diffuser même si notre position en tant que fédération pourrait être différente.
Secrétariat aux Relations Internationales – Fédération Anarchiste
Le 1er décembre 2009, le Président Barack Obama a annoncé qu’il enverrait des dizaines de milliers de soldats supplémentaires en Afghanistan, intensifiant la guerre en Asie Centrale. Obama prétend vouloir la paix alors qu’il ordonne plus de guerre et de morts chez les pauvres et les travailleurs. Il prétend que les USA se battent pour la liberté et la démocratie, mais il s’allie avec les chefs de guerre tyranniques afghans. Il le fait avec le soutien des Démocrates comme des Républicains, et des intérêts industriels qu’ils servent. Rien de cela n’est ni nouveau, ni surprenant pour le gouvernement des Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN. La seule chose « nouvelle » est la personne qui donne ces ordres aujourd’hui. Obama, le « candidat de l’espoir », a été élu en promettant le « changement ». Maintenant qu’il est aux affaires, il nous ressert le même menu : utilisation des forces Américaines pour installer des gouvernements pro-capitalistes partout dans le monde dans le but de maintenir et accroître l’accès aux matières premières, à la main d’œuvre bon marché, et aux marchés de consommateurs pour les compagnies occidentales.
Obama et ses partisans ont fourvoyé de nombreux travailleurs sincères dans le soutien à la guerre en Afghanistan, en promettant que cela stopperait les attaques terroristes contre les USA et apporterait la liberté, la démocratie et les droits des femmes en Afghanistan. Les faits réels en Afghanistan montrent que ces préoccupations « humanitaires » ne sont que des mensonges.
les bombardements aériens des EU et de l’OTAN tuent sans trêve des milliers de civils afghans dans leurs foyers, villages et villes ; de fait, les bombardements aériens en Afghanistan ont considérablement augmenté sous la présidence Obama. Les forces EU/OTAN ont fait dès le premier jour alliance (et restent alliées) avec l’ « alliance du Nord », seigneurs de la guerre responsables d’atrocités de masse contre des civils en 1992 et qui dominent maintenant le régime corrompu de Kaboul, à travers lequel il s’assurent une immunité pour leurs crimes passés et présents. Les militantes féministes afghanes – de la cause desquelles les occupants se prévalent – ont constamment dénoncé l’occupation et le régime fantoche dirigé par les Etats-Unis, réclamant le départ des troupes étrangères et appelant à la poursuite des criminels de guerre tant talibans que pro-US.
L’escalade guerrière est un désastre pour les pauvres et les travailleurs opprimés d’Afghanistan. Cette escalade va inévitablement provoquer davantage d’attaques terroristes contre les civils aux Etats-Unis et ailleurs, attaques que les élites vont ensuite utiliser pour justifier le terrorisme bien plus sanguinaire des pouvoirs militaires « occidentaux » contre les villes et villages du Moyen-Orient. Les élites américaines chercheront ensuite à instrumentaliser la peur d’attaques terroristes parmi les travailleurs afin de les rendre partisans de la soi-disant « guerre à la terreur », de l’accroissement des dépenses militaires et de la diminution de celles consacrées à l’éducation, à la protection sociale, à la santé et aux services publics, de la militarisation accrue de la police intérieure, de l’espionnage et de la répression croissants des organisations de travailleurs aux Etats-Unis. Tout cela au nom de la « lutte contre le terrorisme ».
Nous affirmons que la paix et la sécurité véritables ne peuvent être obtenues qu’au travers de la solidarité mondiale des travailleurs contre toutes les formes d’oppression. La Workers Solidarity Alliance se tient sans équivoque aux côtés du peuple opprimé d’Afghanistan et des organisations progressistes telles que l’Organisation Révolutionnaire des Femmes d’Afghanistan (RAWA) et d’autres, dont nous savons qu’elles risquent leurs vies aujourd’hui en défiant aussi bien les impérialistes que les seigneurs de la guerre et les fondamentalistes. Le WSA soutient sans équivoque les aspirations de tous les afghans opprimés à une vie libre, démocratique et paisible.
Il ne peut y avoir aucun espoir de libération de l’Afghanistan par les occupants étrangers – seule la lutte des afghans opprimés et une authentique solidarité des peuples en lutte à travers le monde peut offrir un tel espoir. Les travailleurs américains qui veulent se lever en faveur des afghans oppressés devraient se lever contre les efforts de guerre de « notre » gouvernement.
Il est réconfortant de voir le mouvement anti-guerre grandir aux Etats-Unis et internationalement contre l’augmentation des troupes en Afghanistan. Cependant, ce mouvement tel qu’il se présente maintenant souffre de graves limites. Il est signifiant que beaucoup de gens de gauche ou de démocrates qui se sont élevés contre la guerre en Irak soient sur une position de compromis avec la guerre afghane. Ce simple fait souligne le dramatique manque de principes sociaux cohérents du mouvement anti-guerre au sens large. Beaucoup de ceux qui la critiquent le font (comme pour l’Irak) pour des raisons « stratégiques » ou « pragmatiques » : la guerre est une « erreur » ou « ne peut pas être gagnée ». Un tel raisonnement n’est pas anti-guerre. Ces raisons impliquent que la guerre serait acceptable si les Etats-Unis pouvaient parvenir à leurs fins.
Ces arguments ne s’adressent qu’à ceux qui crient maintenant « victoire ». D’un autre côté, pour ce que nous avons pu constater, beaucoup de militants du mouvement de protestation semblent plus préoccupés de prouver leur droiture morale que de construire un mouvement anti-guerre réellement susceptible de vaincre la guerre. Nous trouvons les arguments « pragmatiques » aussi bien que « moraux » contre la guerre insuffisants.
La WSA propose une orientation différente au mouvement anti-guerre. En tant qu’organisation de militants de classe ayant ses racines dans les traditions de l’anarcho-syndicalisme, du socialisme libertaire et de la lutte de classe, nous sommes convaincus que le militarisme ne peut être vaincu que par les travailleurs de base, dans un combat commun contre la classe des bureaucrates, des politiciens et des capitalistes qui profitent du massacre de la guerre. Ce n’est qu’au travers d’un combat de masse contre tous les patrons, et de la liquidation du capitalisme et de la structure politique qui le soutient, que la guerre et l’impérialisme prendront fin définitivement. Tout en soutenant fermement les manifestants anti-guerre, nous savons parfaitement que les marches médiatiques d’une petite équipe d’activistes professionnels ne peuvent en rien se substituer à la résistance de masse des travailleurs qui est venue à bout des efforts militaires au Viêtnam : désobéissance à la base, sabotage et mutinerie, révolte sociale dans les ghettos et les communautés de travailleurs où les soldats étaient recrutés, et ainsi de suite.
C’est là que se trouve le talon d’Achille de l’impérialisme américain. L’armée des Etats-Unis est une armée composée de recrues provenant essentiellement de la classe ouvrière. Face à la perspective du chômage ou du sous-emploi dans des boulots précaires de l’industrie, du service, beaucoup de travailleurs voient de plus en plus le service militaire comme leur seule option de carrière viable. Beaucoup d’immigrants s’enrôlent dans l’armée américaine en échange de la citoyenneté Etats-Unienne, vue comme une voie vers un travail décent et une meilleure vie. Les GIs du front sont recrutés largement dans les quartiers de travailleurs, les villes et les ghettos souffrant de difficultés économiques. La base de l’armée américaine ne s’enrôle pas simplement par fidélité patriotique aveugle à l’élite dirigeante. Ils s’enrôlent souvent à cause des difficultés économiques inhérentes au fait d’être des travailleurs forcés à vivre dans un système économique où les besoins essentiels tels que le logement ou la santé sont considérés comme un luxe pour ceux qui peuvent payer plutôt que comme des besoins partagés par tous et auxquels tous doivent avoir accès ; en un mot : à cause du capitalisme. Nous avons déjà vu les premières montées de résistance chez les soldats de base, de la part de soldats qui ont refusé de partir en Irak. Nous respectons profondément le courage de ces soldats et techniciens qui se sont élevés contre la folie de la guerre, affirmant le prix de la vie d’un travailleur. Leur exemple est le témoignage le plus clair du fait que les soldats américains ne vont pas se battre simplement par foi idéologique en les objectifs de l’impérialisme US.
Le mouvement anti-guerre, s’il doit avoir une chance de succès, doit encourager la résistance croissante des couches inférieures des forces armées du capitalisme. Les soldats de base de l’empire capitaliste, recrutés parmi les travailleurs, pourraient se retourner contre les officiers afin de devenir une véritable armée des travailleurs, dédiée au combat contre le véritable ennemi intérieur : la classe dirigeante des capitalistes, des politiciens et de leurs valets.
Nous affirmons notre soutien aux soldats de base qui refusent les ordres de leurs supérieurs. Nous étendons notre soutien en particulier aux Vétérans d’Irak Contre la Guerre, un groupe organisé de vétérans et de soldats actifs qui veulent saboter le soutien à la guerre impérialiste en Irak et en Afghanistan depuis l’intérieur de l’armée américaine. Nous encourageons également les efforts de fraternisation entre les lignes de front avec les soldats de base de toutes les armées nationales du monde.
Tout en soutenant la résistance anti-militariste à l’intérieur des forces armées des Etats-Unis, de l’OTAN et des autres états impérialistes, nous reconnaissons également le droit des afghans opprimés à résister à toute forme d’agression et de despotisme chez eux, que ce soit sous la forme de l’impérialisme étranger ou de l’autocratie locale. C’est pourquoi la Workers Solidarity Alliance étend sa solidarité à tous ceux qui luttent pour construire un Afghanistan vraiment démocratique qui respecte les aspirations et besoins humanitaires de tous les travailleurs afghans, hommes comme femmes. Nous affirmons une fois de plus nos principes internationalistes et anti-autoritaires, et notre solidarité avec les peuples opprimés et en lutte, où qu’ils se trouvent.
Workers Solidarity Alliance (W.S.A.)
(Traduit de l’anglais par l’équipe des Relations Internationales – FA)
wsany@hotmail.com
www.workersolidarity.org
Autant on ne peut qu’être d’accord avec ce texte quand il dénonce Obama comme un va-t-en-guerre bien digne de ses prédécesseurs, ainsi que la politique américaine et son utilisation des moyens les plus barbares, autant on ne peut que demander aux auteurs de ce texte ce que peut bien signifier le soutien « à tous ceux qui luttent pour construire un Afghanistan vraiment démocratique », ce qui est un soutien ouvert à la clique Karzaï qui revendique la même chose !
Quant aux « peuples opprimés et en lutte », il serait bon de préciser de qui il s’agit ; la notion de « peuple » étant complètement NATIONALISTE, elle est en TOTALE CONTRADICTION avec celle de classe sociale, et avec l’internationalisme, qui ne peut être que prolétarien – ce que ce texte dit bien par ailleurs. Alors, qui sont les « peuples » en lutte ?…
Enfin, j’aimerais bien savoir quels États ne sont pas impérialistes…