Il y a quelque chose de pourri au danemark
Catégorie : Global
Thèmes : Contre-sommets
Cette déclaration des “prisonniers climatique” a été diffusée par et pour les militants qui sont toujours emprisonnés à Copenhague.
Vous êtes invités à la redistribuer aussi. Merci de faire circuler !
(Traduction de R. Zaharia, le 2 janvier 2010)
Il y a quelque chose de pourri au Danemark (et pas seulement au Danemark !). En fait, des milliers de personnes ont été classées, sans aucune preuve, comme une menace pour la société. Des centaines d’entre nous ont été arrêtés et certains sont toujours en détention, en attente de jugement ou sous enquête. Parmi eux, nous, les soussignés.
Nous voulons raconter cette histoire du point de vue particulier de ceux qui voient encore le ciel a travers les barreaux.
Une réunion de l’ONU d’une importance cruciale a échoué en raison de plusieurs contradictions et de tensions qui sont devenues flagrantes au cours de la conférence COP15. La principale préoccupation des puissants est la maîtrise de l’approvisionnement énergétique pour la croissance sans fin. C’est le cas, hélas, que ces représentants viennent du monde surdéveloppé, comme les pays de l’UE ou les États-Unis, ou de soi-disant pays en développement, comme la Chine ou le Brésil.
Au contraire, des centaines de délégués a COP-15 et des milliers de personnes dans les rues ont posé avec insistance la question de savoir si la logique du profit n’est pas opposée à celle de la vie ? (et elle l’est, en réalité !). Nous avons affirmé avec force notre volonté d’arrêter la pression anthropique sur la biosphère.
Une crise du paradigme de l’énergie abondante et pas chère surviendra bientôt. Les mécanismes de la gouvernance mondiale se sont avérés extrêmement fragiles. Les puissants ont non seulement échoué à parvenir à un accord mais également a maintenir un contrôle formel de la discussion.
Le changement climatique est une expression extrême et ultime de la violence du modèle de croissance capitaliste. De plus en plus de gens dans le monde manifestent leur volonté d’abandonner ce modèle et de se rebeller contre sa violence. Nous l’avons vu à Copenhague, comme nous avons vu cette même violence. Des centaines de personnes ont été arrêtées sans aucune raison, ni preuve claire, ou pour avoir participé à des manifestations pacifiques et légitimes. Des cas mineurs de désobéissance civile ont été considérés comme une menace grave pour l’ordre social.
En réponse nous demandons: Quel ordre menaçons nous et qui donc l’a établi ? Quel est cet ordre dans lequel nous ne possédons plus la liberté élémentaire de disposer de notre personne ? Un ordre bien au-delà des termes de tout “contrat social” raisonnable que nous aurions jamais signé, un ordre dans lequel nos corps peuvent être pris, gérés, contraints et incarcérés sans preuves sérieuses de criminalité ? Quel est cet ordre dans lequel les décisions sont de plus en plus éloignées des exigences sociales ? Lorsque la gouvernance appartient de moins en moins au peuple, pas même au Parlement? En fait, des organismes non démocratiques comme l’OMC, le NB, le G-je ne sais plus combien… décident de notre avenir en dehors de tout contrôle.
Dès que l’on se rapproche du cœur du pouvoir, on est forcé de constater que la pantomime de la démocratie n’est qu’un leurre . C’est pourquoi nous réclamons le retour du pouvoir au peuple. Nous revendiquons le pouvoir sur nos propres vies. Surtout, nous voulons reconquérir le pouvoir d’opposer la logique de la vie et des biens communs à la logique du profit. Peu importe que cette exigence soit déclarée illégale, nous considérons cependant qu’elle est pleinement légitime.
Étant donné qu’aucun espace libre ne subsiste dans ce jeu faussé, nous avons réclamé notre pouvoir collectif – en fait, nous y comptions !- de parler des questions climatiques et énergétiques. Sujets qui, pour nous, relient des exigences critiques de justice globale, de survie de l’humanité, et d’indépendance énergétique. Nous l’avons manifesté, par notre présence physique, en marchant.
Nous préférons danser et chanter pour entrer dans l’espace où le pouvoir est verrouillé. C’est ce que nous souhaitions faire au Bella Center, pour interrompre , en accord avec des centaines de délégués, la session en cours. Mais nous en avons été, une fois de plus, violemment empêchés par la police. Ils ont arrêté nos personnes dans une tentative d’arrêter nos idées. Nous avons pris des risques physiques, essayant de protéger notre corps, juste en restant serrés les uns contre les autres. Nous tenons a notre corps: nous avons besoin de lui pour faire l’amour, pour rester ensemble et pour profiter de la vie. Notre corps contient notre cerveau, avec plein de belles et lumineuses idées et conceptions. Nos corps contiennent nos cœurs remplis de passion et de joie. Néanmoins, nous les avons risqués. nous avons pris le risque que notre corps soit enfermé dans une prison.
En effet, quelle serait l’intérêt de penser et de sentir si nos corps ne manifestaient pas ? Ne rien faire, laisser aller, serait la pire forme de complicité avec le monde des affaires, déterminé à pirater la réunion de l’ONU. À la COP15, nous avons fait bouger les choses, et nous allons continuer de le faire.
Exactement comme pour l’amour, la désobéissance civile ne peut pas simplement être racontée. Nous devons l’accomplir, avec notre corps. Sinon, c’est que nous n’avons pas bien réfléchi à ce que nous aimons, et que nous n’aimons pas vraiment ce à quoi nous pensons. C’est aussi simple que cela. C’est une question d’amour, de justice, et de dignité.
La façon dont la conférence COP15 a pris fin montre que nous avions raison. Beaucoup d’entre nous paient le prix obligatoire pour un pouvoir de répression obsédante, envahissante, et totale: Trouver un coupable et a défaut, l’inventer (ainsi que le crime, le cas échéant).
Nous sommes détenus en raison d’accusations manifestement absurdes, qu’il s’agisse de violences qui n’ont pas eu lieu, ou de complots et d’actions imaginaires en vue de violer la loi.
Nous ne nous sentons en rien coupables d’avoir montré, avec des milliers d’autres, combien nous tenons à soustraire nos vies, à la domination du profit. Si des lois s’y opposent, il est légitime de refuser pacifiquement mais fermement de les observer.
Nous sommes juste temporairement à quai, prêts à naviguer de nouveau, avec un vent plus fort que jamais. C’est seulement une question d’amour, de justice et de dignité.
Luca Tornatore – Du réseau social italien des centres “See you in Copenhagen”.
Natasha Verco – Climate Justice Action
Stine Gry Jonassen – Climate Justice Action
Tannie Nyboe – Climate Justice Action
Johannes Paul Schul Meyer
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