Iran Le corps d’un manifestant rendu à sa famille 105 jours après sa mort

Les autorités du régime ont rendu le corps d’Ali Hassanpour à sa famille
105 jours après qu’il ait été tué d’une balle dans la tête par les milices
paramilitaires fascsistes du bassidji lors d’une manifestation le 15 juin
Place Azadi à Téhéran.

Dans une interview par téléphone a une radio américaine en langue perse,
Madame Ladan Mostafai, la femme d’Hassanpour, a déclaré le dimanche 8
novembre que bien qu’elle avait une photo montrant son mari touché d’une
balle dans la tête, les autorités prétendaient n’avoir aucune nouvelle de
lui.

Elle a dit : “J’avais une photo montrant qu’il avait été touché par balle,
mais je n’étais pas certaine qu’il avait reçu une balle dans la tête”.
Ces derniers mois, lors des manifestations anti-gouvernementales, de
nombreux manifestants ont été arrêtés, portés disparus et tués. Leurs
familles se rassemblent quotidiennement devant la prison Evin et d’autres
centres de détention pour obtenir des nouvelles de leurs proches, mais les
autorités ne leur donnent aucune réponse.

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Un autre site en français d’informations sur l’iran que nous conseillons a ceux et celles qui veulent se renseigner sur le soulévement populaire iranien ou prendre contact avec des réfugiéEs et exliléEs politique Iranien en france

http://www.iran-echo.com/

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Pourquoi la Gauche radicale francaise fait-elle l’erreur historique de ne pas
soutenir l’insurection populaire iraniene

IRAN : solidarité et soutien

Le scepticisme est de mise lorsque les médias glorifient ce qu’ils
prétendent être des mouvements démocratiques contre des régimes
déplaisants. Ils sont au premier rang pour chanter les louanges de
l’occupation de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Palestine et ils ont
encore le toupet de parler de démocratie.

Il n’est donc pas étonnant qu’une grande partie de la gauche en Amérique
Latine et au Proche-Orient se soit montrée hostile aux immenses
manifestations qui se se sont déroulées à Téhéran contre le gouvernement
d’Ahmadinejad. Après tout, le gouvernement iranien a épouvanté les
Etats-Unis avec son soutien au Hezbollah au Liban, son hostilité à l’égard
d’Israël et ses relations amicales avec Hugo Chavez [Le samedi 5 septembre
2009 Chavez a rendu visite à Ahmadinejad; l’agence de presse officielle
iranienne, irna, qu’un objectif était de soutenir «les fronts
anti-impérialistes»]

Néanmoins dans ce cas, l’hostilité [d’un secteur de la gauche dite
radicale] à l’égard des manifestations de protestation était une grave
erreur. Malgré toute sa rhétorique religieuse, le régime iranien est un
régime capitaliste prêt à trafiquer avec l’impérialisme – comme le montre
son soutien au gouvernement de Nouri al-Maliki en Irak.

Cet aspect du régime iranien a son origine dans la forme prise par la
stabilisation capitaliste après la révolution de 1979 contre le Shah. Des
slogans religieux ont permis pendant une brève période de fournir une
convergence unitaire aux différentes forces sociales engagées dans le
mouvement. Mais ensuite l’alliance d’un secteur de la classe moyenne avec
une couche de riches marchands et des dirigeants religieux [la
mollahcratie] a pu utiliser le langage religieux et «anti-impérialiste»
pour dissimuler ses véritables objectifs tout en écrasant dans le sang
d’autres forces sociales, y compris des organisations indépendantes de
travailleurs, des minorités ethniques et des organisations de guérilla de
gauche.

Il en résulte une organisation politique où il existe des élections, mais
où c’est un Guide suprême non élu qui détient en réalité le pouvoir, et où
des candidats parlementaires «non conformes» sont empêchés de se
présenter.
Mais ce n’est pas uniquement la répression qui a procuré de la stabilité
pour le régime. Au cours de la période post-révolutionnaire celui-ci a été
capable de réaliser, en s’appuyant sur la rente pétroilière, quelques
«réformes» redistributrice importantes – quoique limitées – qui
bénéficiaient à de couches significatives de la population. Or beaucoup de
secteurs de la gauche vaincue n’ont pas compris ce point.

Néanmoins, la stabilité de tout régime capitaliste dépend de sa capacité à
réconcilier les différents intérêts au sein de la classe dirigeante tout
en refrénant le mécontentement dans le gros de la population. Or, à partir
des années 1990, ceci est devenu de plus en plus difficile pour le régime
iranien. Des divergences privées au sein de l’establishment au pouvoir se
sont transformées en débats ouverts au cours des campagnes
présidentielles. Lors de la campagne de cette année 2009, le régime ne
parvenait plus à éviter que ses désaccords internes n’entraînent dans la
rue un grand nombre de personnes extérieures à son cercle étroit.

S’il ne s’était agi que d’une scission entre deux secteurs de la classe
dominante, le scepticisme aurait été justifié. Mais des divergences au
sein d’une classe dirigeante peuvent déclencher des mouvements qu’aucun de
ses éléments ne peut contrôler.

Les nouvelles forces qui descendent dans la rue peuvent avoir des
objectifs très confus. Ils viennent de milieux sociaux différents et ont
des intérêts et des aspirations contradictoires. Parler du «pouvoir du
peuple» cache l’écart entre ceux qui travaillent dur pour gagner leur vie
et ceux qui espèrent que la tourmente leur donnera l’occasion de gagner de
nouveaux privilèges.

Les étudiants jouent souvent un rôle clé pour donner l’élan initial à de
tels mouvements. Ils ne constituent pas par eux-mêmes une classe sociale,
et ils peuvent exprimer un désir de changement profond, plus étendu mais
imprécis. D’où le rôle des étudiants à la fin des années 1960 ou dans le
mouvement de la Place Tienanmen qui a secoué la Chine, il y a 20 ans. Mais
à mesure que le mouvement attire dans l’action des secteurs plus larges
d’exploité•e•s et d’opprimés, les différents intérêts de classe impliqués
ont inévitablement commencé à avoir un impact sur les activistes.

Ainsi une différenciation politique commence à se dessiner : certains
estiment que pour avancer il faut s’appuyer sur le secteur réformiste de
la classe dirigeante, d’autres qu’il faut des formes radicales d’action
directe par une minorité, et d’autres encore qu’il faut une action de
masse par les travailleurs, les paysans ou les pauvres des villes. Ce sont
des différentiations de ce genre qui ont caractérisé les mouvements des
années 1960 et 1970. Il en va de même en Iran.

Toutes sortes de forces politiques vont essayer de faire de la pêche dans
le mouvement. Certaines seront très douteuses. Les figures les plus
corrompues de l’aile réformiste de la classe dirigeante tentera de
manipuler les activistes, tout comme la CIA ou des royalistes en exil.
Mais il suffit d’un coup d’oeil rapide sur ce que disent les
protestataires pour comprendre qu’il existe des courants très différents
dans le mouvement.

Il y a des militants qui soulignent les similitudes entre leur situation
et celle des Palestiniens de Gaza. Il y a des groupes de travailleurs qui
ont vu les forces de l’Etat attaquer leurs grèves et leurs syndicats
indépendants. Il y a des étudiants qui ont affronté l’emprisonnement pour
avoir exprimé des idées socialistes et lu des ouvrages marxistes. Il y a
des intellectuels qui voient les avancées immédiates de la révolution de
1979 être étranglées par la corruption et la répression.

On ne peut jamais garantir d’avance quelles forces vont l’emporter dans
une grande montée politique et sociale. Mais les socialistes ont une
responsabilité claire dans une telle situation: celle d’apporter de la
solidarité et du soutien à ceux qui veulent conduire le mouvement dans une
direction positive. Et cela ne peut pas se faire en s’alignant avec ceux
qui veulent écraser le mouvement.

Il y a vingt ans, une partie de la gauche à niveau international a appuyé
l’écrasement du mouvement de Tienanmen par Deng Xiaping. Or, cet
écrasement a permis aux dirigeants de la Chine de fouler aux pieds toutes
les formes de résistance populaire alors qu’ils déclenchaient la forme la
plus débridée de capitalisme. L’écrasement du mouvement en Iran
n’empêcherait pas le déclenchement par le capitalisme d’une logique
similaire. Mais un tel écrasement rendrait beaucoup plus difficile
l’émergence des forces populaires pour contester cette logique sous
l’impulsion de l’une ou l’autre aile de la classe dirigeante.

Chris Harman est membre du SWP anglais il est l’auteur de nombreux
ouvrages et anime la revue International Socialism