Communiqué du collectif justice pour hakim de lilles, 23 octobre 2009
Catégorie : Global
Thèmes : Répression
Alors des clients se plaignent au réceptionniste, qui monte pour faire cesser le tapage, trouve une table renversée et Hakim en colère l’envoie promener. Il appelle la police. Cinq minutes plus tard, la police sort le jeune homme de 31 ans de sa chambre et l’embarque, menotté, en caleçon et pieds nus, l’emportant tel un ballot jusqu’au fourgon.
Les policiers ont refuser à Hélène sa demande de revêtir son compagnon. Hakim est sorti du fourgon de police un quart d’heure plus tard, peut-être plus, pour être déchoqué à l’hôpital Saint-Vincent suite à un arrêt cardiaque. Nous savons tous que les secondes sont précieuses et qu’en de pareils moments tout geste d’assistance aux premiers secours est décisif et engage le pronostic vital.
On a d’abord fait signer Hélène, 19 ans de deux initiales au bas du PV de police, sans le comprendre, parce qu’elle sait à peine lire et écrire. Aucune double ne lui a été remis.
En arrivant à l’hôpital Hakim était déjà dans le coma avant d’être accueilli par un responsable de l’hôpital. Suite aux premiers soins, le coeur après plus de 5 minutes 10 secondes d’inactivité, est reparti. Ce même responsable a aussitôt appelé le légiste pour faire les premières constatations rédigées. C’est aussi lui, qui a pris les photos du corps meurtri d’Hakim. Après 48h entre la vie et la mort, Hakim Djelassi décède à l’hôpital, le 26 septembre au matin.
Après deux jours d’angoisse, c’est un électrochoc qui parcourt le secteur Winston Churchill où vit la famille Djelassi, dans le vieux Lille. Personne ne doute que le jeune homme, en bonne santé, n’ait été victime d’une bavure.
Le quartier ne parle que de cela, la tension monte ; Hakim y était connu comme un jeune homme sans histoires. Le soir, avec la nouvelle de sa mort, et les infos qui circulent, la colère éclate au pied des tours.
Car le secteur Churchill, c’est un bouquet d’HLM coincé contre le périphérique, entre la caserne Kleber et un centre de gérontologie. A l’autre bout de l’Avenue du peuple belge, c’est le vieux Lille cossu, sa cathédrale gothique, l’Hospice Comtesse, les restos, les boites de nuit. Sur cette avenue trône le palais de justice.
C’est samedi soir. Entre les deux, le dispositif policier, rapidement mis en place, pose un couvercle étanche sur le secteur où une cinquantaine de jeunes en groupes éparts se voient isolés. D’un coté, une soixantaine de policiers casqués, dont les BAC, font masse, de l’autre une demi compagnie de CRS ferment le blocus.
La police se contente de quelques charges de dispersion, elle laissera le quartier bouillir jusqu’à deux heures du matin, là elle ratissera les lieux pour ramasser ce qui y traine encore. Malgré sa détresse, le père d’Hakim appelle au calme et à la dignité, autour de lui, des amis et les acteurs associatifs locaux s’organisent pour relayer son message auprès des jeunes.
Le dimanche 27 septembre, le secteur Churchill est toujours bouclé par la police. Malgré les craintes, l’agitation ne gagnera les autres quartiers de Lille et de la métropole, et les agitateurs de l’extérieur ne seront pas les bienvenus. Le mardi 29, une marche blanche fut organisée, regroupant 250 personnes en procession silencieuse jusqu’au palais de justice, pour qu’une délégation y soit reçue par le procureur de la république. Ce fut l’occasion de voir revenir in extrémis l’avocat qui avait laissé tomber la famille la veille de la manifestation silencieuse, Me Guilhem d’Humières, pour qui le dossier semblait clos mais qui réclame aujourd’hui 3500 euros à la Famille Djelassi.
Ce ne fut pas l’occasion de voir Walid Hanna, adjoint au maire PS, bien qu’il l’ait promis à la famille, la veille, en venant lui apporter son soutien. Pour l’adjoint à la politique de la ville, en effet, le secteur Churchill est à la pointe du travail d’intégration urbaine des quartiers de Lille.
On a d’abord fait signer Hélène, 19 ans de deux initiales au bas du PV de police, sans le comprendre, parce qu’elle sait à peine lire et écrire, et on lui a fait croire que ce n’était qu’une formalité pour l’hôpital.
Comment un homme de 31 ans en bonne santé, peut-il passer un quart d’heure en caleçon et pieds nus dans un fourgon de police et en sortir les deux pieds devant ?
Le préfet et le procureur sont nouveaux dans leurs fonctions. Aux marches du palais de justice, on ne s’attend pas à ce qu’ils soient prompts à bousculer les services de police pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame.
Aujourd’hui la famille d’Hakim continue son combat pour la justice avec un autre avocat.
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