Sur poitiers et les différentes prises de position
Catégorie : Local
Thèmes : Actions directes
Lieux : Poitiers
Il y a quelque chose d’assez étonnant dans la façon dont s’organise les débats, comment à partir d’un fait assez simple – une attaque de vitrines dans le centre ville de Poitiers – on en arrive à de grands échanges sur la question de la transformation du capitalisme et autre. En passant par la condamnation, l’insulte et le mépris.
Il me semble important de prime abord d’éviter d’opposer deux champs considérés à tort comme distincts : l’action directe d’un côté, supposée modifier le rapport de force habituel ; la sensibilisation de l’autre, supposée convaincre. Ne pas opérer cette distinction, c’est considérer que toute tentative de déstabiliser l’ordre et les principes qui le soutient sont bons. Fondamentalement, la portée d’un geste ne tient pas à sa qualité (tract ou casse ou débat) mais à ce qu’il ouvre de brèches dans le soi-disant équilibre policé de nos mondes, ce vers quoi il tend. A ce sujet, un très beau texte à lire, je trouve : « A couteaux tirés avec l’existant, ses défenseurs, ses faux critiques ».
De ce point de vue, tant le communiqué de l’OCL (1) que le texte publié sur Non Fides – dit NF – (2) tombent dans le piège de vouloir légitimer leurs pratiques en convainquant leur auditoire que « l’autre » est dans l’erreur.
Un texte publié sur Indymedia (3) répondant au texte publié sur NF est tout aussi dans l’erreur mais d’une autre façon : il considère sans discussion que cet opus serait l’expression juste et partagée qui donnerait sens à la casse de Poitiers. Rien n’empêche de critiquer le texte publié sur NF, parce qu’effectivement, et comme le dit un commentaire, il est snob. Pour autant, la discussion autour de la casse ne peut se limiter à cette critique. Tout comme la journée anti-carcérale ne peut être appréciée à la stricte lecture du communiqué de l’OCL, tout aussi critiquable mais pour d’autres raisons (voir ci-après).
Mon impression est que des deux côtés, tant pour l’OCL que pour les tenants de l’insurrection immédiate, il s’agit de reporter sur autrui leur propre impuissance. Je ne veux pas dire que tout ce qui est tenté pour renverser l’ordre existant n’a aucun effet, mais plutôt que celles et ceux qui portent ce projet, confrontés à la puissance de la réaction, à l’atomisation de leurs pratiques, ont tendance à taper sur le voisin immédiat, refusant d’assumer complètement leur limites : l’impossibilité de transformation immédiate, la sensation de fragilité ou d’isolement, les contradictions que renferment toute pratique ou doctrine. Tout cela ne me semble pas un problème en soi, mais peut le devenir dès lors que ces limites ne sont plus considérées pour ce qu’elles sont : des éléments propres à soi tout autant que des choses imposées du dehors, à questionner, éventuellement à dépasser. Elles deviennent véritablement nocives et inhibitrices dès lors que ces limites sont expulsées de l’intime et du politique dont elle dépendent par celles et ceux qui y sont confrontées, pour être projetées intégralement en dehors soi, sur « l’ennemi » supposé : le camarade qui n’agit pas “bien”, la société, le voisin, le patron, etc. Somme toute, les limites sont humaines et fort heureusement, nous ne sommes pourvus d’aucune puissance totale. Affirmer le contraire ne nous distinguerait plus guère de celles et ceux qui prétendent nous diriger. Le sur-homme de Nietzsche nous rappelle à nos limites, et ne préfigure malheureusement (?) aucune vérité à venir.
Alors finalement, la casse d’Angers ? Il me semble que l’objectif de l’opération (un des objectifs) était de créer une forme rupture, comme je l’écris plus haut, de foutre un peu le bordel dans des centres ville où règne une absence quasi-complète de ce qui habituellement rend la vie un peu intéressante : la surprise, la confrontation, la rencontre, la peur, le vertige, la paresse, l’ivresse, l’amour, la joie, l’exubérance, etc. De ce point de vue, les actions « commando » atteignent en partie cet objectif. Mais il n’y a pas que ça : les actions diverses de sabotage et plus généralement la constitution d’un front plus offensif de la contestation ont induit l’émergence d’une dialectique et d’une tactique policières qui – loin d’être une nouveauté – doivent être considérées dans nos manières d’agir. Les bons principes ne suffisent pas, il s’agit d’être un tant soit peu stratège. En la matière, l’anti-terrorisme est bel et bien une souricière.
Ce débat n’est évidemment pas celui de la violence ou de la non violence, non plus de la qualité de la réception du message apportée aux “foules”, au “peuple”, à “l’opinion” ou tout autre entité dont on se détache et se distingue par le simple fait de la nommer. Il ne s’agit pas d’élaborer une stratégie de communication mais, comme le souligne au milieu de sa vindicte hargneuse le critique déjà cité : éviter la réduction du conflit à « un face à face paranoïaque » et militarisé entre État et fidèles guerriers de la libération. Sur ce terrain, la défaite semble effectivement probable, du moins dans les conditions actuelles.
Ce n’est pas tant l’action de Poitiers qui porte en elle ce risque. Le bris de glace et le tag ne me semblent pas le signe d’une quelconque paranoïa, ni l’émergence d’une force individualiste, militaire, et autres foutaises. Toutefois, il est aussi vrai que le tintamarre policier tout comme la naïveté de certains maquisards (dont la plupart sont tout autant que moi plus occupés à tapoter sur un clavier qu’à produire le chaos libérateur) tendent à faire se rencontrer sur un même terrain les édiles de la sécurité à tout va tout comme les amateurs de révolution toutes écoles confondues. Cette « coïncidence » est désagréable, il convient de la considérer, et d’orienter nos pratiques en conséquences.
Comment ? pour moi ya rien d’évident, et je suis preneur de toute suggestion.
Rapport au texte de l’OCL, je pointe plusieurs choses :
Première remarque : comme le texte publié sur NF le mentionne, faire porter la responsabilité de la casse aux forces de l’ordre est absurde. Le point n’est d’ailleurs pas explicité.
Nous avons ensuite la qualification de militants dits : « hors sol », expression malheureuse renvoyant de façon désagréable à une idée du genre : « pas de chez nous ». Il y a donc le « Nous » que je comprends comme : « nous les organisateurs », et les autres : « eux », que je comprends comme : ne suivant pas la logique des organisateurs.
Le schéma de la séparation/opposition se poursuit avec ce qui suit : dans la critique de « la prise de contrôle » de la manifestation (les gens qui imposent leur rythme, etc). Je répondrais à l’auteur que c’est dans l’idée même d’une manifestation que d’imposer un rythme, des décisions à un ensemble plutôt passif. Ce que regrette en fait l’auteur, ce n’est pas une « prise de pouvoir » en elle-même, mais plutôt le fait d’avoir été – lui – privé de ce pouvoir. Ce sont « eux », ces étrangers, qui ont fait ce qui se fait à toute manif : l’imposition d’un rythme, de slogans, etc. D’une « ambiance », subie tout autant que portée. Je retiens donc ici l’amertume de l’OCL d’avoir été privé de la joie de décider du comment devait se dérouler la manifestation.
Vient ensuite l’argumentaire sur la clarté du message adressé à la « frange de la population » qu’il convenait pour l’occasion de « sensibiliser ». Premièrement, on peut douter du fait que dresser une banderole sans message ou l’absence de tracts rendent caduque tous les efforts de communication de cette journée. D’autre part, la rhétorique ici utilisée (notamment par cette expression « frange de la population ») renvoie de façon désagréable à l’idée qu’il faille aller apporter la bonne parole à la foule sur la question de la prison. Il me semble que ces rencontres sont plus modestement un prétexte à la rencontre, pas beaucoup plus ; ce qui est déjà très bien.
Ensuite vient la référence à « l’absence de démocratie », rengaine relayée dès lors que des groupes d’individus se passent de l’assentiment dit « général » pour faire ce que bon leur semble. A ce titre, la mobilisation étudiante était l’illustration édifiante de la perversion de cette revendication dite démocrate. Ces fameuses « AG souveraines » sensées être l’expression populaire, où l’ont transformait effectivement la contestation en masse bêlante, sous le regard protecteur des organisateurs professionnels de la révolte, soucieux “d’images” et de “messages”. Sans les petits groupes autonomes s’amusant à bloquer routes et trains, la contestation aurait été bien terne.
Et si la démocratie n’est effectivement pas la propriété de la bourgeoisie, il faut bien admettre qu’à l’heure où nous parlons, il n’y en a pas d’autre. Et je ne vois pas bien comment la faire émerger à l’occasion d’une journée anti-carcérale. Là encore, il me semble que ce que déplore l’auteur est avant tout l’absence de prise en compte des organisateurs par celles et ceux qui ont décidé de façon toute aussi unilatérale que cette journée était aussi la leur. De façon pragmatique : on a quand même du mal à se figurer la scène d’une bande de casseurs allant informer le collectif anti-carcéral de leur action, en discuter tranquillement, en leur demandant au passage – démocratie oblige ! – leur approbation.
Ensuite, l’auteur parlant au nom de l’OCL associe les casseurs au gauchisme militaro machin des temps passés. Il est vrai que le noir, les cagoules et le reste ont quelque chose d’un peu dérangeant en ce que cela rappelle les milices d’antan. Pour autant, associer ce folklore de mauvais genre aux doctrines d’extrême gauche voyant la lutte armée comme ultime forme de contestation, c’est un peu vite fait. On enjoint l’auteur à s’intéresser de plus près aux contestations des années 60′ 70′ notamment, où la stratégie des combats de rue n’avaient pas grand chose de commun avec celle des groupes armés. Il ne s’agit pas ici de discuter du bien fondé de ces luttes, mais de ne pas tout mélanger.
Enfin, l’auteur déplore la peur et l’angoisse de gens ne comprenant rien au déferlement de petits groupes prenant d’assaut le centre commercial géant qu’est le centre de toute ville actuelle. La formule de l’auteur à des accents dramatiques. Il me semble toutefois que la peur, la surprise et l’angoisse n’ont jamais tué personne (les fragiles du cœur peut-être). Et que bien souvent, ces émotions sont une possibilité donnée à celui qui les traversent de se faire une idée nouvelle du monde qu’il habite. Le fait d’avoir provoqué un peu de panique ne constitue pas à mes yeux un véritable problème. Comme le souligne l’auteur, la conséquence a été que “la fête est gâchée”. Ce qui en soit n’a absolument aucune importance, enfin à mes yeux.
Finalement, les tenants de l’insurrection prétendant déclarer la guerre à l’État (armés de peinture et de fumigènes) n’ont pas grand chose à apprendre des tenants de la sensibilisation de la frange ignorante. Les éducateurs n’ont à leur tour rien à dire aux casseurs, puisqu’ils « ne sont pas dans le même monde. »
Chacun chez soi…
Nous voilà bien.
(1) http://juralibertaire.over-blog.com/article-il-n-y-a-pa….html
Juste une réaction par rapport à ce passage:
“Ces fameuses « AG souveraines » sensées être l’expression populaire, où l’ont transformait effectivement la contestation en masse bêlante, sous le regard protecteur des organisateurs professionnels de la révolte, soucieux “d’images” et de “messages”. Sans les petits groupes autonomes s’amusant à bloquer routes et trains, la contestation aurait été bien terne.”
Cette phrase est en contradiction totale avec le début du texte qui sous-entend que tous les modes d’action se valent et surtout il faut tout de même rappeler que bien souvent, les bloqueurs de routes et trains étaient aussi partie prenante aux AG (en plus de bloquer leurs facs ou lycées)… Mais comme d’hab, ce qui échappe à l’auteur et à beaucoup d’autres, c’est que bloquer une gare quand on a plusieurs millions de personnes qui soutiennent derrière et quand la même action a lieu un peu partout au même moment (et quand ces actions sont décidées en connaissance de cause par un grand nombre…), ça a quand même un peu plus de sens, de force et d’impact que de faire un truc à 300 dans un contexte, certes regrettable, d’apathie générale… Au passage, les vidéos de Poitiers montrent des gens absolument ridicules et parfaitement insensibles aux réactions des gens qui les entourent, défilant tels des zombies dans la ville. Typiquement l’attitude d’avant-gardistes bien sûrs d’eux. Enfin bref, tant pis, il va bien falloir tourner la page à un moment donné et faire autre chose qu’épiloguer sur cet événement… Encore une fois, bon courage aux condamnés et à ceux qui les soutiennent.
Sauf qu’il me semble qu’une action d’info (éducation) a besoin de l’adhésion des destinataires de cette info et donc d’un cadre propice à l’échange et à l’écoute. Or, si cette journée anticarcérale informative était prévue de longue date, on peut dire que les émeutistes, malgré eux peut-être, ont aussi cassé ce cadre propice à l’échange et à l’écoute. Peut-être était-ce là le but aussi ? Certains violents sont très critiques par rapport aux autres types d’actions qu’ils considèrent désormais comme insuffisantes, molles et organisées par des traitres. Alors peut-être qu’il s’agissait de signifier aussi aux organisateurs de la journée anticarcérale que certains s’asseyaient dessus et considéraient que c’était autant à briser qu’une vitrine de banque ? Pas certain, mais possible (genre “on va les remuer ces vieux croutons”).
A contrario, si une action violente est prévue et que certains improvisent une action d’information, cette dernière n’entravera certainement pas le déroulement de la première. Et d’ailleurs, il parait vain de tenter de réaliser une opération d’info surprise au milieu de la baston.
Il semblerait que la violence ne puisse laisser de place à rien d’autre.
On peut aussi, et c’est une autre question, ne pas aimer la violence pour ce qu’elle est. Et peut-être aussi que certains considèrent que cela ne soit plus permis de rejeter la violence ? Auquel cas il y aurait bien incompatibilité et divergence de fond.
Zoubi relève des phrases en leur donnant un éclairage adéquat pour leur faire dire ce k’il veut entendre…
je ne ferais pas dans l’explication de texte.
Par contre si casser ou persuader sont deux moyens à considérer selon la situation, la question qui se posait était la suivante: en cassant peut-on marquer des points contre la taule?
A l’époque de l’autonomie parisienne, une groupe avait fait l’action de la rue de Passy (rue pleine de boutiques de luxe vers l’Etoile). Sortir du métro, courir en pétant toutes les vitrines, et s’engouffrer dans la bouche de métro suivante…
Si le but des totos à Poitiers était de se faire Bouygues, dans le cadre du festival ça pouvait bien se faire hors manif…
Je pense donc que le message de la casse était adressé aux “persuasifs”, comme une critique en actes et une mise en comparaison qui ne pouvait ensuite que déboucher sur la répression des persuasifs , on a vu ce qui s’est passé au “23”.
le capitalisme n’a pas été fanstamé par les capitalistes qui auraient fait ensuite la révolution pour voir l’avènement du capitalisme.
le capitalisme est un long processus historique.
quand est que l’on commencera par construire et VIVRE le socialisme…….
deux siècles d’impasses révolutionnaristes ou politicardes n’ont toujours pas suffit à comprendre l’impasse.
les jacqueries n’ont jamais fait le changement de société .
On a pas du lire le même texte. Moi j’ai lu un texte qui ramenait d’abord à l’impuissance commune, mais qui n’essayait pas pour autant de (re)trouver des coupables, des têtes de turcs ou des boucs émissaires, mais de réamorcer un débat mal démarré. C’est ce qui m’a plu. En tout cas ça nous changeait vachement de la semaine passée et des reglements de compte en série. Le reste, m’est un peu passé au dessus… Forcément ! Vraiment pas eu envie de chercher le détail qui cloche. Mais bon, après tout, comme disait ma grand mère, chacun voit midi à sa porte. Et notre Zoubi finit fort justement ainsi:
“Chacun chez soi…
Nous voilà bien.”
On a en effet pas deux catégories de personnes qui agissent de manières différentes contre la prison.
On a une catégorie qui tente d’agir contre la prison avec des moyens forcément discutables mais choisis et assumés collectivement et l’autre qui agit contre la première pour lui donner une leçon ou vivre des fantasmes violents hors de tout cadre collectif. Et rien à voir avec de l’action directe puisque la violence n’a pas été dirigée contre la dite prison ou contre les transferts qui ont pu se dérouler tout à fait bien pendant que tout le monde était occupé à flipper les copains copines en GAV…
Quant à parler d’impuissance franchement, tout est relatif, des territoires qui “font” le monde aujourd’hui en jetant leurs dernières forces sur les dernières énergies fossiles et terres arables/réserves d’eau on est parmi ceux qui s’en sortent le moins mal.
Concernant cette impuissance on sait justement que parce qu’on est pas suis insignifiantEs la police évite de faire de nous des martyrs et ne s’attaque aux militantEs que lorsqu’elle est certaine d’avoir un large soutient de la population. Par exemple quand des guignols dont le discours n’inclue pas une once d’empathie pour les gens qu’ils ont mis dans la mouise refont Seattle à… Poitiers. Seuls dans leur trip au milieu des familles et des orchestres dégoutés.
On pourra pondre des kilomètres de délires théoriques, la casse comme la violence ne se justifient que rarement comme moyen d’agir et dans les rares cas où ça permet de peser nécessitent dans tous les cas une préparation bien supérieure en qualité et de la discrétion pour être qualifiable d’action directe, voire d’action politique tout court.
Lapinou, éclaire ma lanterne, ça serait pas toi des fois qui fantasme ? Ça fait je ne sais pas combien de fois que tu interviens sur la même chose, pour dire à peu près les mêmes choses… Tu n’adheres pas à certains modes d’action, soit. Tu les condamnes, c’est entendu. Par contre le ton employé et le mépris dont tu fais preuve devient plus qu’agaçant. Je crois que plusieurs personnes (en tout cas plusieurs commentaires) t’on déjà fait remarqué que tes propos étaient schématiques et caricaturaux, tu débites des fausses vérités qui ne volent pas très haut.
Bref, si les façons de lutter que tu défends sont à tes yeux plus respectables, explique un peu plus… Comment tu t’y prends ? Parceque je ne pense pas que cela soit suffisant de dire qu’une action décidée et assumée collectivement est forcément défendable. Tu dirais quoi d’une “ratonade” décidée collectivement ?
J’ai écrit nulle part que je condamnais la casse dans l’absolu.
Je n’écris pas systématiquement partout la même chose, ou alors ça aurait rapidement été démonté avec quelques arguments habiles et facile à copier/coller.
Je refuse la prise en otage du débat sur des mensonges basés sur des interprétations à base de sensations de révolte etc. il y a des faits relativement faciles à vérifier et des victimes en l’occurrence au sein de ce qui est supposé être un même mouvement. Le fait que des gaminEs se retrouvent à payer pour les conneries d’une avant garde virilistes m’estomaque en effet, j’assume!
Et j’espère pas être le seul que ça met hors de lui tant de bêtise et d’incohérences fond/forme.
Je refuse les attaques personnelles et les manipulations sémantiques comme celles contenues dans ton commentaire donc je m’emploie à les démonter. Ca fait un peu de longueur vu le nombre de commentateurs clairement manipulateurs sur ces sujets. Je m’en excuse mais en même temps je ne peux que t’inviter et pas mal d’autres à lire ça : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sophisme#Liste_d.E2.80.99a…cieux
Tu m’indiques qu’il faut que je dise quoi faire pour avoir le droit de critiquer. Sartre avait sorti à Camus qu’il fallait mériter de pouvoir critiquer le Stalinisme. Pour moi c’est le même ressort malhonnête pour censurer la contradiction. Je préfère même pas tenter de me justifier. Une action “festival” contre la prison va sans doutes pas toutes les raser du jour au lendemain mais me semble tout à fait respectable sur le fond comme la forme. Ca a permis de visibiser des débats sur la gestion de la “déviance” en milieu libertaire ce qui est un vieux vieux vieux problème de l’anarchisme qui n’a jamais vraiment eu de bonne réponse.
Sinon une action décidée collectivement serait par définition pas meilleure qu’une somme d’énergies individualistes? Ok, on cesse de s’appeler mouvement social alors? Quand est ce que tu pars seulE te fader toutes les vitrines craignos de Nantes histoire de faire un symbole fort? Faut arrêter de dire n’importe quoi juste pour diaboliser la contradiction.
Sinon pour répondre à l’argument le plus dégueulasse de ton commentaire, Il y a eu des ratonnades de décidées collectivement dans l’histoire de l’anarchisme, ça ne les rend pas défendable pour autant mais il s’agit d’action excessivement marginales et orientée vers des gens qui ont brisé les règles de fonctionnement de collectifs, qui se sont attaqué à d’autres personnes etc. Et en l’absence de prisons ben comment séparer/sanctionner/indiquer le coupable? D’où l’intérêt du débat du matin à Poitiers justement, l’anarchisme ne saurait se limiter juste à fermer les lieux de détention sous peine de risquer autant d’injustices que dans un monde avec prisons.
Je veux bien ne pas voler très haut mais peu sont les personnes qui contredisent au delà de l’anathème et dans tous les cas tu restes libre de ton point de vue, je suis bien conscient que pour certaines personnes viscéralement fascinées par la violence seule la contrainte physique permet de les contraindre au respect de l’AG, des autres personnes et je ne prétend donc pas convaincre tout le monde.
@ Lapinou
Tu refuses deux choses
– “la prise en otage du débat sur des mensonges basés sur des interprétations à base de sensations de révolte etc.”
– ” les attaques personnelles ”
Et t’as trouvé ça dans le texte de Zoubi ? Dans le commentaire sur lequel t’es venu rebondir (“sauf que”)?
Je sais tu vas nous dire :
“et les manipulations sémantiques”
et moi je vais te répondre que c’est toi qui t’y livre en coupant les cheveux en quatre pour trois fois rien:
“confusion regrettable et possiblement malhonnète
par Lapinou mardi 20 octobre 2009 – 22:42
On a en effet pas deux catégories de personnes qui agissent de manières différentes contre la prison.”
t’en vois combien toi ? Elles agissent pas de manière différentes ? Y en a une qu’est pour la prison ?
Yen a une qui agit contre la prison dans le sens où elle diffuse un contenu anti prisons, l’autre se met en scène, ça te va?
Quant à ton point de vue sur mon coupage de cheveux en quatre etc. j’ai bien conscience de tapoter un peu dans la fourmilière à illusions romantiques.
Justement ce sont les petits?!? détails de forme qui font une grande différence, toute la différence.
“Et t’as trouvé ça dans le texte de Zoubi ? Dans le commentaire sur lequel t’es venu rebondir (“sauf que”)?”
Premier paragraphe, suffit de lire mon commentaire en fait… où il/elle assimile la casse de quelques vitrines à de l’action directe : C’est une manipulation grossière car organiser une manifestation sans bureaucratie politique ou sans faire d’action vers les politiques qui dirigent ce monde c’est de l’action directe non violente, alors que casser des vitrines ce n’est pas agir directement contre la prison et comme c’est hors de tout cadre de décision collective ce n’est donc pas de l’action directe.
Allez quelques autre liens wikipedia qui sont a priori a peu près fiables de ce que je connais de ces sujets. Pour arrêter d’employer les mots à tort et à travers et pour voir que ces débats ont déjà eu lieu des centaines de fois :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Action_directe_%28th%C3%A9…ue%29
http://fr.wikipedia.org/wiki/Propagande_par_le_fait
http://fr.wikipedia.org/wiki/Autonomie_ouvri%C3%A8re
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ultra-gauche
Allez et je propose qu’on ajoute à l’article de wikipedia le glorieux bilan de la manifestation de poitiers ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_autonome#2009
tu pourrais essayer de rencontrer les gens plutôt que des les estimer selon les mots d’une encyclopédie en ligne qui a tendance à niveler le savoir. Si Wikipedia est la fenêtre qui te permet de comprendre le monde, désolé de t’annoncer qu’elle est un peu étroite, mais ça explique beaucoup de choses. Si tu rencontrais les gens, tu te rendrais peut-être compte que les images que tu t’en fais, et les catégories dans lesquelles tu les mets ne sont pas très réalistes, c’est souvent comme ça que ça finit. Par exemple, est-ce que tu t’es demandé si ces personnes ne faisaient pas d’autres choses à d’autres moments sur le sujet des prisons? On dirait que non, et apparemment t’en sais rien. Tu préfère rester dans tes petits préjugés. Vraiment t’as rien d’autres à faire que noyer le débat de tes tonnes de commentaires? Sors un peu merde, et lache nous la grappe, on a bien compris que t’étais pas content.
Moi je refuse de voire le débat rester au ras des paquerettes parce que des personnes qui passent leur temps derrière leur clavier sans vraiment savoir de quoi elles parlent se permettent de juger les choses de manière aussi binaire.
Par exemple, même Hortefeu a reconnu que la cible au départ c’était la taule de Poitiers et pas le centre-ville mais que à un moment ça a merdé. Et puis ça n’a rien à voire avec les pratiques mises en oeuvres à Seattle non plus.
Moi j’arrête de te répondre, si ton petit jeu c’est d’avoir le dernier mot, bien vas-y, c’est tellement pas intéressant que je veux bien te laisser cette petite victoire sans intérêt. Mais ce serait cool si t’arrêtais un peu de pourrir les discussions.
En fait je cherche pas spécialement le dernier mot, tant que les gens répondent pas -ou pas que- en attaques perso je continue, ça fait avancer le débat et ça laisse pas indymédia qu’aux dogmatiques et aux curés. Après chaque personne qui lit se fait son opinion, c’est le principe du web 2.0
Concernant le fait de rencontrer les gens, c’est trop tard, c’est avant manif qu’il faut causer de ces choses. Et sinon la culture orale est une part importante de la déculturation de pas mal de milieux politiques car ça laisse trop de place à l’émotion qui n’a pas sa place en politique (cf des questions comme la peine de mort) et à ce qu’à l’écrit on qualifierait de troll puisque pas mal de gens utilisent leur grande bouche pour s’imposer. L’avantage de l’écrit est qu’on peut pas te faire partir à l’usure car les écrits restent. L’écrit évite les débats sectaires entre convaincus, et ya qu’à voir les scrupules des gens à se rencontrer en lisant anarnantes pour comprendre, que comme sur les agressions verbales/sexistes, le débat n’aura en fait jamais lieu car il manque aux anars une culture de la gestion du conflit.
Bref…
Concernant Wikipedia il faudra chercher autre chose pour diaboliser mon commentaire, je précise bien que je poste ces liens car ils me semblent corrects sur le fond. Je me refuse à reprendre les discours de nos élites universitaires sur le nivellement par le bas. Si ce qui est écrit ne te convient pas tu le corriges, sinon ça permet d’avoir rapidement une sorte de fond historique qui suffit à comprendre ce que je souhaitais illustrer. J’eus certainement pu dire à tout le monde, “vous avez pas lu maitron, malatesta proudhon fourrier et kropotkine vous êtes nuls j’ai raison” mais c’eut été malhonnête.
Concernant le fait d’être pas content, certes je le suis, par contre je ne poste pas pour exprimer un ressenti mais pour faire du débat. D’ailleurs ce que je lis m’atterre de plus en plus concernant la capacité à aligner un argumentaire (c’est pas forcément de ton commentaire dont je parle). C’est pas le fait que les gens aient une militance honnête et respectueuse de gens 99% du temps sur lequel je les attaque bien évidemment, et je suis persuadé qu’on s’entendrait tout à fait bien sur l’essentiel, le pb est justement les conneries qui ont été faites à Poitiers et qui ont l’air de vouloir se répéter dans une surrenchère de l’incohérence fond/forme ces derniers temps.
Le fait que Hortefeu ou n’importe quel politicien pro comprennent le message, je n’en doute pas une seconde, il en sait potentiellement plus sur nous collectivement que nous même individuellement, maintenant c’est pas à eux qu’on s’adresse. Ou alors on est encore plus bas que je pensais. C’est à la population, notre seul allié potentiel. Sinon tu penses bien que de Hortefeu à Besancenot en passant par le Pen il bichent complètement quand on se vautre et qu’on se coupe de la population alors qu’on prétend vouloir la réorganiser. C’est pas pour les grands de ce monde qu’on manifeste.
Et si je parle de Seattle c’est parce qu’avant Seattle (dans les années 80-90 avant j’étais trop petiot) quand ça dégénérait en manif les gens s’en prenaient aux flics, souvent pas longtemps parce que le nombre y était pas, mais les dégâts matériels étaient issus de cet affrontement. De même généralement les mouvements avaient tendance à partir en affrontement quand les simples revendications suffisaient plus, genre escalade du rapport de force, ce qui impliquait que le contenu revendicatif était déjà largement public et connu et que la preuve que c’était pas la casse pour la casse avait déjà été faite.
Depuis Seattle (qui est un échec en termes de blocage rappelons le, si ça foire c’est que Europe et US s’opposent mais qui a permis de belles photos d’agence de presse…) une tendance à s’attaquer seulement au matos, si possible quand les flics ne sont pas là a fait jour, ce qui amène plusieurs changements:
– on peut facilement imaginer que ça contente au plus haut point au moins la partie politique de la police pour le fait de faire disparaitre quasi complètement le fond derrière la forme.
– C’est moins dangereux aussi pour eux d’être face à une manif. Ils font d’ailleurs plus de cordons et tortues mais des petites unités mobiles pour interpeller les gens…
– une meilleure endurance des militants qui pratiquent l’abattage de vitrines puisque ce sont rarement ceux qui cassent le plus/mieux -aka les sportifs- qui se font toper. Par sélection naturelle les manifs se vident ou vont se vider des non violents (puisque aucune concertation avant l’action 90% du temps) ou vont devoir se doter de SO genre CNT parisienne qui donnent pas vraiment une bonne image, ou tout au moins une image représentative.
– Manifester va couter une fortune individuellement aux gens, fortune qui aurait pu être largement plus délivreuse de contenu que descendre quelques vitrines.
– une image minable en termes de courage personnel, de contenu et de solidarité politique délivrée à la population lors de la casse ce qui réduit considérablement l’intérêt de s’afficher en manifestations qui sont pas au départ des boums entre élite qui a tout compris et vide sa belle énergie mais un moyen de communiquer et de compter ses forces. Donc y compris accueillir dedans des gens non militantEs etc.
Le problème avait globalement disparu depuis la “fin” des Mao au milieu des 70’s, il est vraiment dommage que ce soit pas le meilleur qui remonte de ces années là.
rien pour toi mon grand :
http://medias.lemonde.fr//mmpub/edt/doc/20091021/125696…_.pdf
Tu devrais en avoir pour un moment à le décortiquer. T’es pas obliger de le (la) ramener derrière.
C’est encore plus immature que je pensais entre les violons quand on parle des gosses, l’absence de solidarité avec les gens interpelés et les délires sur la révolution alors qu’on cause de quelques vitrines pétées et d’un coup de bombe sur un monument.
Flicaille de merde, militants déculturés de merde, époque de merde!
Rien à sauver.
“Flicaille de merde, militants déculturés de merde, époque de merde!
Rien à sauver.”
Comme disait Zoubi, nous voilà bien ! Je sais pas s’il est immature ou trop mûr , mais ton programme ne me dit rien qui vaille.
Ce n’est pas un programme mais un diagnostic
@ Lapinou :
A la lecture de ton post « synthèse » (23 oct. 12h59) qui exprime ton désaccord et surtout le pourquoi de ce désaccord, je crois deviner un élément central dans ton discours. Un élément discutable, source de désaccord. Et qui a tendance à énerver les gens.
Cet élément est le suivant : tes critiques s’appuient sur un postulat, c’est considérer que l’activisme sert à délivrer des messages, à montrer, convaincre, rallier, démontrer.
Tu me répondras sûrement « non », et que c’est aussi plein d’autres choses et tu pourras m’en faire une liste détaillée, longue et complexe. Certes.
Il n’empêche, quand tu dis, je cite :
« C’est pas à eux qu’on s’adresse. Ou alors on est encore plus bas que je pensais. C’est à la population, notre seul allié potentiel. Sinon tu penses bien que de Hortefeu à Besancenot en passant par le Pen il bichent complètement quand on se vautre et qu’on se coupe de la population alors qu’on prétend vouloir la réorganiser. »
C’est un beau résumé de cette posture. Que l’on peut trouver encore disséminée dans la totalité de ta prose. Il y a « nous »… qui parlons (et savons ?)… et « eux » à qui il faut « bien parler » et de ce fait « bien agir », sous peine de se voir isolé, et de voir les manif se vider (!!!).
Et quant à vouloir « réorganiser » la population ? (!!!) Pour ce qui me concerne, j’ai plutôt envie d’avoir la liberté de vivre selon mes propres principes, sans contraindre qui que ce soit, et sans qu’on vienne me dire ce qui est bon pour moi ; En cela, les gens de Poitiers n’ont pas vraiment contraint grand monde, ils ont agit selon leur volonté et leurs principes, en attaquant des symboles du grand capital. Moi ça me va.
Et oui, ils prennent des risques, et en font prendre à des gens qui n’y ont pas participé. Les risques qui les concernent, ça les regarde. Les soutenir, tu peux t’en dispenser, d’autres s’en occuperont , tu n’es pas indispensable, tout comme ceux qui se sentent “forcés” de le faire.
Quant aux risques indirects pesant sur le milieu militant, ils sont dus à l’arbitraire policier d’une part, et d’autre part à l’éventuelle réalité de forces de soutien et d’organisation proches des casseurs qui occuperaient les espaces visibles du milieu libertaire.
On peut difficilement rendre responsable les casseurs de l’arbitraire policier qui enferme des « innocents », au mépris des droits et des lois. Quant au fait que les milieux libertaires soient la cible privilégiée de la police, là encore, faut quand même s’y attendre. S’abstenir de toute action illégale ou plus offensive pour protéger le petit monde associatif anar serait quand même un peu exagéré.
Pour revenir au début :
Personne ne peut parler à la place des gens, pour les gens, et prétendre savoir ce que ces gens pensent. Toi le lecteur attentif des écrits libertaires devrait savoir que la pierre angulaire de cette pensée est bien : contester toute volonté de parler à la place du « peuple » (et de cette façon s’en distinguer nettement), et prétendre savoir ce qui est bon pour eux, ce qu’ils condamnent, acceptent ou refusent, etc.
L’activisme libertaire – de mon point de vue – c’est beaucoup plus simple : c’est mettre en place des expériences de vie et de rencontres fugaces ou durables qui de part leur nature s’opposent au pouvoir et à ses réalisations. Cette définition englobe tout aussi bien les expériences dites « positives » (travailler sur l’autonomie énergétique et alimentaire par ex.), que « négatives » (travailler à la sape du pouvoir et des principes qui le soutiennent). Il est d’ailleurs bon de noter que cette distinction binaire est stupide et inutile. Positive ou négative, toute tentative libératrice rencontre inévitablement la répression (policière, administrative, morale ou autre), et toute proposition émancipatrice doit inévitablement œuvrer à l’intérieur de cette répression.(*)
La police s’est toujours servi de prétexte. Tu reproches au casseurs d’avoir fourni ce prétexte. Sur ce point, la police ou l’Etat n’a aucun besoin d’aide : les outils qu’elles possèdent ou contrôlent lui suffise amplement.
Tu ajoutes :
« C’est pas pour les grands de ce monde qu’on manifeste ». Sauf que malheureusement si. C’est effectivement contre eux : toute attention subversive sera de fait dirigée contre eux. Pour prendre un exemple plus trivial, ne plus payer de loyer, c’est évidement pratique, mais c’est aussi de fait dirigé contre le propriétaire, protégé par l’Etat, sa justice et sa police. Prendre possession de l’espace public relève d’une même nature. Contester l’impunité et la main mise de Bouygues et consort, idem.
Et comme le postait intelligemment un internaute sur ce site : on pourrait se poser la question de savoir comment les personnes incarcérées et déplacées durant ce week-end ont accueilli le fait qu’une bande de casseur aient profité de l’occasion d’un débat à leur sujet pour briser des vitrines de celles et ceux qui participent activement ou passivement à leur enferment. Et quitte à parler à leur place, ce qui n’est pas bien, je peux supposer que tous n’ont pas été choqués par la violence et la soi-disant ineptie d’une telle débauche.
Et pour finir sur la revendication de la casse :
Je trouve fatigante la prose mystique et compliquée qui prétend expliquer tout de la société, parler encore une fois aux noms de tous, des enfants qui pleurent et des casseurs de Poitiers (se seraient-il sont donc réunis approuver ce communiqué ?). Enfin, le journal Le Monde est-il vraiment un interlocuteur intéressant à qui il est bon d’adresser ses feuillets en priorité ?
(*) C’est d’ailleurs un outil simple (un peu simpliste je l’admets) pour considérer la pertinence d’une démarche. Dès lors qu’elle porte l’assentiment de formes que l’on prétend combattre, on peut très sûrement se poser la question de sa réelle portée émancipatrice.