Mise à jour : Dimanche 6 juin, 13 heures ici (6 h au Pérou)

Inquiétude pour les Amérindiens arrêtés

Shapion Nomingo dirigeant amérindien a révélé que plus de150 habitants sont détenus dans la caserne militaire “El Milagro” de Bagua (Amazonas) et que vingt autres ont été conduits à la ville de Chiclayo et a déclaré que le gouvernement est entièrement responsable de ce qui pourrait arriver à propos de leur vie. Dans une conférence de presse donnée dans le local de l’AIDESEP (Association Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne), Nomingo a informé que les forces de l’ordre maintiennent les prisonniers à genou et menacent de les tuer. “Nous rendons responsable le gouvernement pour les éventuels crimes de lèse humanité” a-t-il déclaré.

Hommage et veillées aux morts

A Tarapoto, dans le département voisin de San Martín, a été organisée une soirée de solidarité et d’hommage à ceux qui sont morts sous les balles de la police lors de l’opération de déblocage le matin du vendredi 5 juin. La population s’est rassemblée sur la plaza de Armas à partir 19h jusqu’à minuit. Banderoles et bougies ont exprimé la protestation devant les actes commis par le gouvernement et son refus de revenir sur les décrets, jugés pourtant inconstitutionnels, qui visent à spolier la terre et les ressources naturelles de la zone amazonienne.

« Deux manières de voir le monde »

La directrice du Centre d’Amazonien d’Anthropologie et d’Application Pratique (CAAP), Ada Chuecas, a dénoncé la manière dont l’Etat continue de maintenir les populations originaires dans la discrimination et que c’est cette attitude qui le rend aveugle devant les demandes de ces habitants. Ada Chuecas a rappelé que au siècle dernier, les amazoniens ont été l’objet de massacres et de tortures à cause de la vision occidentale et citadine du développement en se référant à la “fièvre du caoutchouc” qui s’est produite aux début du XXème siècle, quand des aventuriers et des hommes d’affaires ont détruits les communautés de la forêt pour exploiter la caoutchouc qui se trouvait sur leurs territoires. Pour la représentante du CAAP, le conflit entre la Forêt et les gouvernements ont lieu “parce qu’il y a deux manière de voir le monde, de voir le développement et la manière dans laquelle la vie des peuples amazoniens est comprises par les gouvernants.”

Faire taire les témoins ?

Les radios locales et les informations qu’elles diffusent sont apparemment les cibles du gouvernement et de sa police. Déjà, le 5 juin, radio La Voz de Bagua a vu son signal coupé. C’est maintenant Radio Oriente de Yurimaguas qui doit faire face à des menaces policières de fermeture. La militarisation de la zone : déploiement de l’armée, couvre-feu, multiplication des patrouilles mixtes police-armée… rendent de plus en plus problématiques l’information sur ce qu’il se passe et notamment le recoupement concernant les disparus (morts, prisonniers…).

La rhétorique du gouvernement

Face à la montée des protestations et dénonciations, le gouvernement péruvien fait monter les enchères. Pour, les policiers ont été agressés, les morts sont surtout de ce côté là, et l’action des populations amazoniennes depuis plusieurs semaines. « C’est une agression minutieusement préparée contre le Pérou, une conspiration qui a interrompu la production et le transport du pétrole et l’acheminement du gaz vers les villes de la côte et pour laquelle il a été dit qu’il s’agissait d’une insurrection et d’un soulèvement ces dernières semaines », déclare un communiqué de la présidence. La lutte des amérindiens serait une manipulation de politiciens utilisant « des formules extrémistes » pour satisfaire leurs « appétits électoraux ». Le gouvernement a toujours voulu dialoguer avec les représentants des amazoniens mais ceux-ci n’ont jamais pu démontrer en quoi les décrets qu’ils refusent porteraient atteinte aux populations de la région. Le communiqué se conclut ainsi : « Je suis sûr que la population de l’ensemble du Pérou qui dans son immense majorité sait que le pays doit poursuivre sa voie vers le développement, l’emploi et l’investissement, soutiendra les actions contre l’agression subversive et le terrorisme »

Par ailleurs le gouvernement a décrété un jour de deuil national pour les policiers tués au cours des opérations ce dimanche 7 juin.

L’action policière continue

D’après radio La Voz et répercuté par le site de la CNR (coordination des radios), les policiers auraient emmené des blessés soignés dans deux hôpitaux sans qu’il soit possible de savoir où.

Journée de mobilisation le 11 juin

Après une première manifestation vendredi soir dans les rues de Lima, de Arequipa, et d’autres villes, les différents secteurs sociaux, associatifs, politiques se mobilisent. 
Comme l’avait déjà annoncé l’ AIDESEP et son porte-parole Alberto Pizango (en fuite et recherché par la police), un ensemble d’organisations sociales et politiques dont la CGTP ont annoncé que le 11 juin serait une journée de mobilisation générale dans le pays pour exiger l’abrogation des décrets pris par le gouvernement.

De leur côté, des associations de la société civiles se mobilisent également et demande au gouvernement de cesser ses actions dans la zone en conflit. Elles rappellent que le gouvernement est responsable car ce sont les députés apristes (parti gouvernemental) qui ont repoussé une nouvelle fois l’examen de la demande d’abrogation du décret contesté et dont la constitutionalité a été reconnue par Commission constitutionnelle du congrès.

Enfin, les appels au Pérou et en dehors se multiplient contre l’action du gouvernement péruvien

Solidarité internationale

De leur côté, les anarchistes péruviens de l’ Unión Socialista Libertaria appellent à la solidarité internationale « avec les peuples originaires et amazoniens du Pérou dans leur lutte en défense de leurs terres et culture ancestrale. Celle-ci est atteinte et menacée par le gouvernement péruvien en alliance avec l’impérialisme, les multinationales et la droite (principalement l’APRA, l’Union nationales et le fujimorisme), à travers des décrets législatifs inconstitutionnels et violateurs, dans le cadre de la signature du Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis. ». Ils appellent leurs camarades a cosigner cet appel et à le relayer dans tous les espaces de diffusion possible « listes e-mail, journaux, revues, bulletins, communiqués, affiches, forum, action publiques, culturelles, politiques, etc…[…] Pour cela nous appelons les camarades libertaires à organiser, en relation avec d’autres secteurs proches et en lutte, des mobilisations et des rassemblements devant les ambassades du Pérou dans chaque pays, pour dénoncer les actions de l’Etat et des multinationales dans notre pays. Nous en appelons à la solidarité qui nous caractérise comme révolutionnaires libertaires pour faire cause commune, pour nos frères amérindiens et pour leur faire savoir qu’ils ne sont pas seuls, que leurs luttes sont les nôtres, jusqu’à parvenir à la véritable société de pleine liberté, autonomie, progrès humain, sans exploités ni exploiteurs ».

Premiers signataires : Unión Socialista Libertaria (Lima – Perú), Red Libertaria Popular Mateo Kramer (Colombia), Journal Barrikada (Uruguay), Convergencia Anarquista Específica (Chile), Corriente Acción Libertaria (Chile)…

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Autres sources d’information indépendantes de l’oligarchie :

Red Autónoma de Comunicación – Ucayal

AIDESEP

Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas – CAOI

Coordinadora Nacional de Radio

P.-S.

Pour intervenir en solidarité avec les populations de l’Amazonie péruvienne en lutte

Ambassade du Pérou en France (infos reprises de son propre site Internet)

L’Ambassade du Pérou est l’interlocuteur officiel des autorités et des institutions françaises. Elle représente l’Etat péruvien en France, et a pour mission de participer activement au développement des échanges politiques , économiques et culturels entre le Pérou et la France .

Ambassade du Pérou en France Ambassadeur : Harry Belevan-Mc Bride 50, avenue Kléber – 75016 PARIS Tél : 01.53.70.42.00 Fax : 01.47.04.32.55 Mail : perou.ambassade@amb-perou.fr Web : www.amb-perou.fr

Consulat Général du Pérou Consul Général : José Alberto Carrión Tejada 25, rue de l’Arcade 75008 PARIS Tél : 01.42.65.25.10 Mail : conperparis@wanadoo.fr

En Province

Bordeaux Pierre Vallies, Consul honoraire Juan Vilches, Vice-Consul Honoraire 20-22 rue Saint Rémi – 33000 Bordeaux Tel : 05 56 52 13 10 – Fax : 08 71 16 33 46 Mail : conperburdeos@wanadoo.fr

Le Havre M. Philippe Guian, Consul Honoraire 4, Quai Guillaume-Le-Testu – 76600 Le Havre Tel : 02 35 19 21 00 – Fax : 02 35 21 42 79 Mail : conperlehavre@guian.fr

Marseille Mme Danièle Prieur, Consul Honoraire 1, Place Félix Baret 13006 Marseille Tel : 04 91 04 03 86 – Fax : 04 91 54 36 18 Mail : d.prieur@psavocats.com

Monaco M. Michel Pastor, Consul Honoraire Europa Résidence Place des Moulins – Monte Carlo 98000 MONACO Tel : (00-377)92 16 58 88 – Fax : (00-377)93 25 76 57 Mail : cip@imcn.mc

Nice M. Philippe Rudolph, Consul Honoraire 23 chemin de la Baronne – 06110 Le Cannet tel. : 06 07 77 25 00 – fax : 04 93 68 61 70 Mail : philipperudolph@wanadoo.fr

Toulouse M. Jean Henry Farné, Consul Honoraire 8, avenue Frizac – 31400 Toulouse Tel : 05 61 14 66 77 – Fax : 05 61 14 66 78 Mail : consul_perou_tlse@yahoo.fr

Multinationales

Rappelons que la politique du gouvernement péruvien d’Alan García est de livrer la plus grande partie du territoire aux intérêts des multinationales, en particuliers les sociétés pétrolières et minières.

Entreprises concernées par le décret-loi permettant de créer des concessions minières et de forage et de livrer ainsi les ressources naturelles aux appétits capitalistes. La franco-britanique Perenco, dirigée par François Perrodo, l’une des plus grandes fortunes de France, très en pointe dans les forages pétroliers dans cette zone du nord du Pérou comme elle est déjà très installée en Equateur. http://fr.wikipedia.org/wiki/Perenco http://www.survivalfrance.org/actu/4532 http://www.perenco.com/home.html Addresse : 25 Rue Dumont D’urville, Paris, 75116, France Tel : 33 01 53 57 66 00

Il y a aussi la compagnie canadienne Petrolifera http://www.survivalfrance.org/actu/4554 http://www.petrolifera.ca/

Enfin, signalons aussi une compagnie argentine Pluspetrol et une autre, étatsunienne, BPZ ENERGY, qui sont sur les rangs pour investir dans la région grâce au décret contesté par les populations originaires de cette partie amazonienne du Pérou.

A noter que ces entreprises collaborent sur des programmes de recherche-développement avec l’IRD Français.

http://www.peru.ird.fr/spip.php?pag

D’autres entreprises sont sans doute sur les rangs. On vous tiendra informés dès que l’on en saura plus.