Pourquoi l’État cogne-t-il sur les jeunes manifestants ?
Catégorie : Global
Thèmes : Répression
Un de nos lecteurs nous a récemment adressé un courrier qui pose, à notre avis, une question importante : “pourquoi la bourgeoisie a-t-elle intérêt à des mouvements violents aujourd’hui ?” Voici de larges extraits de sa lettre :
“La bourgeoisie sait que la crise va s’approfondir, que le chômage va exploser et que cela ne va pas durer des mois mais des années. En conséquence, avec le temps, la faillite du système apparaîtra chaque jour davantage. Ceci non seulement renforcera la conscience de classe, mais minera aussi les soutiens de la bourgeoisie. (…) L’efficacité du dispositif répressif du maintien de l’ordre ne peut donc que diminuer alors que, dans le même temps, la classe ouvrière va se renforcer. C’est ce qui explique fondamentalement que la bourgeoisie souhaite l’affronter avant qu’elle ne soit trop affaiblie politiquement et matériellement. Il est donc vital pour elle d’enrayer ce processus de prise de conscience. (…) C’est pourquoi nous voyons monter systématiquement les provocations en fin de manifestations, les interpellations, les gardes à vue, les délits pour outrage etc. Elle essaie d’exaspérer toute la population et pas seulement les ouvriers, les employés. Elle veut que se déroulent des mouvements violents mais isolés. Au contraire, elle ne veut pas se trouver avec des mouvements sociaux qui s’exprimeraient dans un contexte de forte solidarité et de compréhension même imparfaite de la faillite du système capitaliste. (…) Ainsi à Strasbourg, c’est volontairement que la police française a encerclé les fameux casseurs des “blacks blocks” dans un quartier populaire où ils ont fait des dégâts conséquents. Les CRS auraient pu intervenir, mais ils ne l’ont pas fait. Pourquoi ? Pour préparer le terrain politique à la prise de mesures de répression en vue d’une situation sociale tendue, il faut rendre impopulaires les manifestations “violentes” et placer la population dans l’attente de l’intervention des policiers. Voilà pourquoi on a choisi un quartier ouvrier, pourquoi on a laissé les vandales agir sans intervenir, sans faire aucune interpellation. Il faut que ce soit les ouvriers eux-mêmes qui appellent à plus de répression. Cela il faut le dénoncer car ce ne sont pas les casseurs qui intéressent la bourgeoisie, ils sont sous son contrôle, totalement manipulés. Ce qu’ils font empêche la prise de conscience du côté totalitaire de l’État bourgeois.”
“Notre réponse”
Nous tenons d’abord à saluer la préoccupation que le camarade exprime. Nous voyons, en effet, se développer ces dernières années de plus en plus d’épisodes de violence en marge des manifestations. Ce fut par exemple le cas en France dans les luttes contre le CPE au printemps 2006 et dans les manifestations des lycéens et étudiants en 2007. Ces derniers mois surtout, à travers l’Europe, les provocations policières se sont multipliées et la répression s’est durcie, comme à Lyon, à Barcelone, mais aussi évidemment en Grèce et en Italie1.
“La jeunesse, cible de la répression”
Pour le camarade “la bourgeoisie souhaite affronter” la classe ouvrière. En réalité, la répression brutale et systématique de toute lutte ouvrière ne semble pas encore à l’ordre du jour. Depuis 2003, le prolétariat a retrouvé le chemin de son combat. Les grèves se multiplient à travers le monde. La bourgeoisie le sait et fait tout pour éviter tout mouvement massif. Or, justement, une bavure policière peut être le genre d’événement qui suscite l’indignation généralisée et la solidarité, en particulier s’il s’agit d’un jeune. Il faut se souvenir à quel point Sarkozy avait peur de la “bavure” en 2005, lors des émeutes de banlieues ou en 2006 pendant le mouvement des étudiants.
Mais alors pourquoi ces “provocations en fin de manifestations, [ces] interpellations, [ces] gardes à vue, [ces] délits pour outrage etc.”, sont-ils effectivement systématiques ? Et surtout, pourquoi ce sont justement les jeunes qui en sont la cible privilégiée ?
Partout, la jeunesse subit de plein fouet la crise économique. Or, une grande partie d’entre elle refuse les sacrifices qui lui sont demandés et l’avenir sombre qui lui est promis. En France, depuis les premières manifestations lycéennes de février 2005, il ne se passe pas une année sans qu’il n’y ait un mouvement de la jeunesse. C’est toute une génération qui s’éduque ainsi à la lutte, qui apprend à s’organiser, à débattre dans des assemblées générales… La bourgeoisie sait que cette génération représente un véritable danger pour elle, que cette jeunesse peut être un élément moteur dans le développement de la lutte de classe à venir. C’est pourquoi elle lui consacre toute son “attention” : la bourgeoisie essaye de pourrir la réflexion de cette jeunesse combative par, entre autres, la répression policière et l’exacerbation de la violence.
En effet, elle exploite au maximum un défaut de la jeunesse que l’accélération de la crise vient amplifier : l’immédiatisme. Les jeunes sont souvent séduits par l’apparente radicalité, par l’affrontement aux symboles de la puissance bourgeoise que sont les forces de l’ordre. En utilisant les casseurs, forme extrême de cette fausse radicalité, la bourgeoisie cherche tout simplement à décourager cette génération de tout combat politique. Elle cogne là où l’expérience manque encore, là où la fraîcheur de la rébellion s’accompagne parfois d’une relative immaturité politique, en justifiant cette répression par la violence des casseurs (alors qu’elle participe souvent à la provoquer, quand elle n’y envoie tout simplement pas des flics déguisés en incendiaires ou en briseurs de vitres).
De plus, en stigmatisant la jeunesse comme une génération d’émeutiers, la bourgeoisie contribue à diviser la classe ouvrière entre ceux qui veulent lutter efficacement et intelligemment, et ceux qui apparaissent dès lors comme des destructeurs de cette démarche. En gonflant médiatiquement chaque épisode de violence (en réalité très minoritaire et à la marge des mouvements de ces dernières années malgré toutes les provocations), elle contribue à décourager les luttes et à instiller la peur au sein de la classe. Ici, notre lecteur a parfaitement raison : “Cela il faut le dénoncer car ce ne sont pas les casseurs qui intéressent la bourgeoisie, ils sont sous son contrôle, totalement manipulés. Ce qu’ils font empêche la prise de conscience du côté totalitaire de l’État bourgeois.”
“A Strasbourg, une pagaille qui profite à la bourgeoisie”
Les événements de Strasbourg, lors du sommet de l’OTAN, sont une caricature de cette instrumentalisation par la bourgeoisie, contre l’ensemble de la classe ouvrière, d’une minorité de la jeunesse qui veut détruire le capitalisme “tout de suite” et en “découdre” avec les forces de l’ordre.
A Strasbourg, nous étions en présence d’une manifestation pacifiste, rassemblant une population globalement jeune, aux profils politiques hétéroclites, naviguant de l’altermondialisme à l’anarchisme, en passant par le pacifisme. Il s’agissait de lutter contre un symbole de la domination capitaliste : l’OTAN. La manifestation prévue était préparée et encadrée par un collectif fortement marqué par le NPA et l’anarchisme. Bien que les témoignages ne soient pas tous concordants, ce qui doit nous conduire à une certaine prudence, il semblerait que l’imposant dispositif policier franco-allemand mis en place ait tout fait pour empêcher la manifestation de se dérouler normalement et dans le calme. Le lieu prévu, isolé et excentré (la zone portuaire), les ambiguïtés étonnantes sur le sens du parcours, les chicanes construites avec les cars de CRS, le blocage de certains manifestants, ont contribué à provoquer la colère. Par ailleurs, les forces de l’ordre ne sont pas intervenues quand les “black-blocks” (2) se sont mis à casser et même à brûler des bâtiments alors que le reste des manifestants était encerclés par les tirs de flash-balls, de bombes lacrymogènes et assourdissantes, et par le vol au ras des hélicoptères de la police.
Il est clair que la bourgeoisie a pu exploiter cette pagaille contre son ennemi de classe. Face aux manifestants, en exploitants la réputation violente des “black-blocks”, elle a pu déchaîner un certain niveau de violence sans pour autant générer une dynamique de solidarité dans la classe. Et en exploitant médiatiquement ce genre de scènes, elle a voulu décourager les ouvriers en général et les jeunes en particulier à se mobiliser. Enfin et surtout, c’est effectivement “volontairement que la police française a encerclé les fameux casseurs des “black blocks” dans un quartier populaire où ils ont fait des dégâts conséquents” pour, comme le souligne notre lecteur, créer ainsi une situation dans laquelle les ouvriers ont été réduits à demander le secours de la police et à en réclamer la protection.
La violence ultra-minoritaire, surtout quand ce sont les ouvriers eux-mêmes qui en sont les premières victimes, comme à Strasbourg, est toujours un jouet entre les mains de la bourgeoisie. Elle divise notre classe, pourrit la réflexion et pousse les ouvriers à se réfugier derrière l’Etat “protecteur et garant de l’ordre”.
C’est dans ce piège que la classe dominante tente de faire tomber la jeunesse qui lutte et réfléchit, en la provoquant. En 2006, les étudiants avaient su majoritairement éviter ce piège en refusant les affrontements stériles et en recherchant toujours en premier lieu l’extension de la lutte et la solidarité des travailleurs.
Ceux qui sont indignés par la barbarie de ce monde doivent toujours garder en tête qu’“être radical, c’est prendre les choses à la racine” (3), c’est-à-dire détruire ce système d’exploitation. Et cela, ce n’est pas à une petite minorité de l’accomplir, aussi décidée soit-elle, mais à TOUTE la classe ouvrière !
GD – Courant Communiste International.
1) Notre presse traite de ces différents moments de lutte. Consulter notre site.
2) Il s’agit de bandes influencées par l’anarchisme qui profitent des mobilisations, altermondialistes en général, pour mener une action violente, plus ou moins symbolique, mais toujours inutilement destructrice. Leur nom provient de leur tenue vestimentaire, noire de la tête aux pieds.
3) Marx, Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel, 1843.
Un autre point de vue, notamment sur les black blocs, moins marxiste-relou-je-veux-tout-contrôler:
“OTAN en emportent les black blocs”
http://infokiosques.net/spip.php?article684
C’est bizarre, quand des usines se mettent en grève sauvage, elles sont toujours “minoritaires”, si on les compare à “toute” la “classe ouvrière”; pourtant quand ca arrive, on n’entend plus les marxistes et autres adeptes du classisme forcené ressasser leurs vieilles rengaines sur l’avant-gardisme, ou ce vieux débat sur minorité/majorité. CQFD
La différence est totale entre les luttes sur le lieu de travail et les « Black Blocks », au contraire de ce que dit le commentaire ci-dessus.
Une grève sauvage, c’est une possibilité d’extension de la lutte, à d’autres lieux de travail, à d’autres secteurs ouvriers, à d’autres zones géographiques. C’est une possibilité pour les autres secteurs, les autres salariés, d’exprimer à leur tour leur colère, leur détermination à lutter. C’est une possibilité pour tous ceux qui veulent lutter de trouver les moyens d’étendre la lutte et de la prendre en main – puisque, si la grève est sauvage, c’est en général que les saboteurs syndicaux n’ont pas réussi à la circonvenir. Une lutte est toujours minoritaire au départ, mais porte la possibilité de devenir autre chose de plus grand.
Les Black Blocks étendent-ils quoi que ce soit d’utilisable par le mouvement : la solidarité ? L’unité ? La volonté de lutter ?
Rien du tout ! Ils ne font qu’enfermer le mouvement dans une dichotomie stérile : ne rien faire, ou se taper avec les flics ! Minoritaires ils sont, minoritaires ils resteront !
D’où la question : en quoi aller se battre avec les forces de répression aide-t-il en quoi que ce soit à prendre conscience de ce qu’il faut faire, de ce qu’il ne faut pas faire, à prendre les luttes en main, à sortir de l’isolement, à étendre le mouvement ? Les Black Blocks servent essentiellement de repoussoir, ET C’EST BIEN POUR CELA QU’ILS SONT COMPLÈTEMENT MANIPULABLES ET MANIPULÉS !
Tout ce qui ne sert pas la lutte peut être utilisé contre elle ! La bourgeoisie le sait parfaitement, et elle en administre la preuve tous les jours. Qu’il y ait des gens sincères dans les Black Blocks ne change RIEN à cela.
Toujours les mêmes vieilles lunes, et les mêmes critiques policières des black blocs. Flics, CCI même combat et ça n’a rien de neuf. Ca fait des années qu’ils condamnent les débordements violents.
créer de faux clivages entre ceux et celles qui lutteraient au quotidien (sur le lieu de travail uniquement ?) et ceux et celles qui participeraient occasionnellement ou à des contre-sommets, ou à des débordements, comme les black blocs, c’est d’une connerie manifeste. C’est feindre de croire que derrière les visages masqués,, il n’y pas des étudiante-s bloquant leur fac, des tavailleurs, des squatteur-se-s. Et que la force de propagation du refus, et de l’illégalisme, n’a aucune valeur.
Que l’on conteste la stratégie émeutière, pourquoi pas, mais avec un peu plus d’intelligence et de bonne foi. ce qui fait cruellement défaut au CCI, incapable de comprendre tout mouvement qui ne rentre pas dans sa grille de lecture, cherchant sans cesse à ce que lréalité y colle, la bonne vieille ritournelle de l’idéologie si chère aux marxistes. et comme disaient les situs en 68, qui idéologise pue…
on a parfois tendance a écouter le CCI, à entendre le ministère de l’Intérieur tant ça trimballe de clichés populistes…
C’est clair que le CCI est dépassé, mais les black blocks aussi. Suffit de regarder l’actualité concernant les flics déguisés en émeutiers, chargés de “chauffer” les manifs pour permettre à la répression de se lâcher.
Comment repérer les “chauffeurs” de la police, des sincères activistes ? Comment faire pour qu’une manif ne devienne pas systématiquement une manip de masse. Ni le CCI, ni les black blockers n’ont pour l’instant émis de propositions pour résoudre cette question.
Il est quand même intéressant de voir le même intervenant – le susnommé Relou – nous dire que le CCI ne fait preuve ni d’intelligence ni de bonne foi alors même qu’il emploie en même temps des procédés d’amalgame qui aboutissent à de complètes contre-vérités : où le CCI a-t-il condamné les « débordements violents »?
Le CCI serait « incapable de comprendre tout mouvement qui ne rentre pas dans sa grille de lecture ». Cependant, la démonstration de Relou ne repose sur RIEN sinon sur l’idée suivante : si tu n’es pas d’accord avec les Black Blocks – c’est-à-dire avec moi -, c’est que tu es avec les flics ! D’une part, cet état d’esprit ne témoigne pas d’une grande ouverture, il faudrait donc que Relou balaie devant sa porte, et d’autre part quand on traite quelqu’un de flic, mieux vaut ne pas le faire avec des arguments de stalinien !
La critique que je fais des Black Blocks n’est pas policière, pas plus que celle du CCI. Mon commentaire pose simplement une question : les Black Blocks servent-ils la lutte, comment et pourquoi ?
Force est de constater que Relou a plus de muscles que de cervelle : pas l’ombre d’une réponse à cette question ! Et quand on lui dit – y compris Chess, qui semble pourtant plutôt d’accord avec lui ! – que les Black Blocks font le lit de la provocation policière, pas de réponse non plus !
Il ne s’agit pas, contrairement à ce que dit Relou, de CONDAMNER les débordements violents, et c’est là qu’il ne comprend pas le texte du CCI ni mon commentaire. Encore une fois, il peut y avoir des gens très sincèrement dégoûtés de la situation actuelle dans les Blacks Blocks. Mais À QUOI SERT-IL D’ALLER TAPER GRATUITEMENT SUR LES FLICS, QUI NE DEMANDENT QUE ÇA ?
Le CCI dénonce, non les Black Blocks, mais les syndicats comme la CGT par exemple, qui ont TOUJOURS CHERCHÉ à entraîner les ouvriers dans des actions violentes type Blacks Blocks sans les cagoules. Pourquoi ? Parce que dans ce cadre-là, on fait agir les gens sans qu’ils ne contrôlent rien, dans des actions paraissant « radicales » qui ne débouchent sur RIEN et n’ont AUCUNE PERSPECTIVE, et en plus AUCUNE SOLIDARITÉ des autres mouvements de grève n’est possible : on isole les gens dans des actions « secrètes », où le syndicat les mène absolument par le bout du nez ! C’est ça ce que veulent Relou et Chess ? Des mouvements où personne ne réfléchit à ce qu’il fait ? Je comprends mieux l’accusation « d’idéologie » que Relou portent au CCI, qui préfère quant à lui qu’on réfléchisse d’abord et qu’on agisse ensuite… J’ajouterai pour le plaisir que c’était déjà une accusation portée par les Situationnistes au CCI en 68, mais que le CCI existe toujours, pas les Situs !
Il peut être nécessaire de s’affronter aux flics, mais c’est dans un cadre qui n’a rien à voir avec la violence de quelques-uns contre la police : quand les flics empêchent deux manifs de se rejoindre, quand ils chargent pour disperser une fin de cortège, qui est en général le moment où on peut discuter de quoi faire la prochaine fois, quand ils empêchent les ouvriers de discuter, de sentir leur force, quand ils essaient de s’emparer des « meneurs » ou des révolutionnaires, ou quand, comme pendant le CPE, ils tentent de diviser le mouvement en pourchassant les petits loulous de banlieue qui voulaient se joindre aux manifs… On peut d’ailleurs – chose que fait le CCI mais pas Relou ! – échanger le terme « police » contre celui de « syndicat ». Autant que je le sache, les Black Blocks n’ont JAMAIS pris pour cible les syndicalistes qui cherchent tout autant que la police à empêcher le mouvement de déborder. Ce qui veut bien dire que dans les Black Blocks, il y a peut-être des muscles, mais surtout pas de cervelle !
Ceci dit, je vais aller plus loin en posant moi aussi une question : c’est quoi votre vision d’un mouvement qui déborde la bourgeoisie ? Parce que a priori vous êtes un chouïa hors de la réalité : les Black Blocks n’ont RIEN gagné, jamais, nulle part, alors qu’en Guadeloupe ou pendant le CPE le mouvement a fait reculer l’État. Oh, pas de beaucoup, mais ça n’est arrivé que deux fois depuis Mai 68… où les barricades n’ont abouti à rien, je le rappelle…
A VSGCI, CCI et autres restes trotsko-autoritaires:
Dire que Mai 68 n’a abouti à rien, c’est débile. Si les accords de Grenelle ont été une manière d’enterrer la lutte, il serait complètement aberrant d’affirmer que les barricades de Mai n’ont eu aucun impact.
L’impact d’une lutte ne se mesure pas aux réformes gagnées et autres “acquis sociaux”, mais aussi à l’accroissement du rapport de forces qu’il impose, etc.
Pour revenir aux deux exemples que tu donnes, le côté victorieux du mouvement anti-CPE et de la récente grève générale en Guadeloupe ne se situe pas (en tout cas, pas uniquement, loin de là) dans le retrait du CPE d’une part et dans les différentes petites réformes (aussi nombreuses soient-elles) acquises par le LKP, mais bien dans un rapport au monde et au pouvoir qui s’est profondément transformé pour tout un tas de gens, dans l’expérience de la lutte et de l’opposition à l’Etat, le début de perspectives révolutionnaires, etc.
A lire, par exemple, concernant le mouvement contre le CPE et son monde:
Le CPE, une goutte d’eau dans un lac de rage
Quelques remarques sur la violence, l’illégalité et l’orientation des luttes sociales (Grenoble, avril 2006)
http://infokiosques.net/article.php3?id_article=340
D’une part, ni le CCI ni moi ne sommes trotskystes ! Le Courant Communiste International, qui a écrit le texte ci-dessus, n’a rien à voir avec le Courant communiste internationaliste, composante centrale du PCI lambertiste, anciennement appelé MPPT, puis PT, et actuellement Parti Ouvrier si j’ai bien compris toutes les transformations de ce caméléon quant à lui bien trotskyste. La différence entre les deux tient à ceci : le CCI qui a écrit le texte ci-dessus est internationaliste et pour la destruction des États, le CCI trotskyste est complètement nationaliste et réformiste.
D’autre part, qu’est-ce qu’un « autoritaire »? J’ai déjà vu la mouvance anarchiste utiliser ce terme, qui ne signifie rien ! En ce qui me concerne, soit on milite pour la destruction des États, des frontières, de l’armée, de la police, du salariat, du profit, de la loi de la valeur, et on est communiste, soit on défend autre chose et on ne l’est pas !
Je ne crois pas avoir dit que Mai 68 n’a abouti à rien ! Ce qui fait que Mai 68 est resté dans l’histoire, ce ne sont pas les barricades des étudiants, mais les 10 millions de grévistes qu’il y a eu après ! Que lesdites barricades aient eu un impact est certain ; que ce soient elles qui aient fait reculer l’État et fait comprendre la lutte de classe à toute une génération, c’est faux !
Pour le reste, je suis entièrement d’accord avec le commentaire de 17h24.