Auto-gnômie
Catégorie : Global
Thèmes : Resistances
La médiatisation de l’antiterrorisme n’a servi qu’à mettre en évidence le vide abyssal de toute alternative non-autoritaire au système en place, sous forme d’une cacophonie où le rejet même du système, seul point d’unité, laisse la place au rejet de tout commentaire ou analyse.
Il est possible de se cacher éternellement derrière un masque libertaire, asséner des analyses et contre-analyses, des théories et contre-théories à coups de bibles anar, agrémentées d’invectives et/ou de dérision. L’Ego y trouve sans doute son compte.
Quelle est donc la source de ce désir mortifère de destruction qui se cache derrière la prétendue destruction d’un système mais qui est avant tout auto-destructeur ?
Marre des orthodoxies recrachées, des défenseurs de la Pureté Révolutionnaire..Occupez-vous de votre cul. Par définition, mon autonomie n’a pas besoin de vous.
Désolé, je n’ai pas de Manifeste ni d’Appel à proposer. Encore moins de Programme. Pas d’analyse savante sur la Famille, la Religion ou le Travail.
J’ai une maison. un jardin. Je ne suis propriétaire de rien. Je suis de passage. Je vais planter les oignons. Semer les aubergines, les tomates et les poivrons en godets. Demain, j’irai tailler la vigne. Je suis un travailleur. On parle souvent de moi et de ma condition en mon nom. De quel droit ?
Quand je veux travailler je travaille. Je vends mes bras contre un salaire. Si je ne veux pas travailler, je ne travaille pas. J’ai décidé d’être libre et je suis libre.
J’aime ce qui est beau. Je vois beaucoup de choses belles, beaucoup de personnes libres, qui font leur révolution, librement associées. Elles n’attendent pas l’insurrection à venir, trop occupées à vivre. Rire à la face du démon.
Au fur et à mesure que leur nombre s’élargit grandit l’idée libertaire du monde.
Mais cela est trop simple pour être révolutionnaire. Je vais m’occuper de mes oignons.
L’Auto-gnôme
attendre, t’attends desesperement seul dans ton coin avec tes ognions qu’il se passe quelque chose, sans toi.
Et toi tu radotes. Tu répètes ce que tu as écris ou lu dans un texte qui parlait de « l’attente » et qui a été diffusé il y a quelques jours.
Les autonomes prolos s’organisent, les bourgeois insurrectionnalistes se font un sang d’encre, ils ont peur. C’est dans l’éducation même des bourgeois d’avoir peur, peur de perdre le contrôle de mouvements dont ils se rêvent leader, peur pour leur avenir, peur de l’ennui, peur d’être seul, peur de ne pas entrer dans l’histoire, peur aussi du monde tout simplement, peur du vide, peur de tout.
Ils ne peuvent pas comprendre une condition dont ils ne font pas l’expérience quotidienne. Ils croient l’analyser, tentent de la comprendre pour en saisir la conscience, mais comme tout observateur, même friendly, ils enferment le sujet de leur étude et de leur « solidarité » dans leur pensée et leurs écrits d’universitaires.
Comment vas-tu faire camarade bourgeois pour te désembourgeoiser ?
Dîtes, peut-être on pourrait peut-être faire quelque chose de plus intéressant de nos vies que de se jetter des étiquettes de classe entre anonymes sur le net sur la base de textes et de positions assez vagues, non ? Enfin moi, je dois avouer que ça me saoûle assez comme discussion. Cela dit, p’t’être que vous vous en foutez, mais bon « autonome prolo » ou « bourgeois insurrectionaliste », j’ai pas très envie de choisir mon camp dans cette terrible bataille épique entre inconnu-e-s …
Réponse à CI : à quoi bon se prolétariser ?
Le but du communisme, c’est bien l’abolition de la condition prolétarienne, non ?
Donc arrêtes avec ta morale de stalinien.
Si des camarades s’en sortent mieux que d’autres, tant mieux pour eux !
A youhou, les « étiquettes » de classe comme tu dis, ne sont-elles pas simplement les noms donnés à des situations sociales et économiques qui ne peuvent trouver entente dans un interclassisme aveugle ?
Les bourgeois apprécient tout naturellement l’interclassisme qui permet la conservation de leurs privilèges de domination. Il n’est en aucun cas dans l’intérêt des révolutionnaires d’adhérer à « tous copains quelques soient nos situations sociales et économiques ».
D’après ton commentaire tu es pour l’interclassisme. Peux-tu exprimer pourquoi ? Et comment tu envisages de lutter dans ces conditions ?
Y’en a marre des conneries des autonomes !
Y’en a franchement ça leur ferait du bien de lire Bourseiller !
Donc, pour ceux qui ne l’ont pas lu, je recommande :
« Histoire générale de l’ultra-gauche », de Christophe Bourseiller (Denoël, 2003)
Ou de lire au moins la page de Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Communisme_de_conseils
Mais bon, quand on voit ce que font les gens qui se réfèrent à Meeting, c’est un peu à désespérer…
L’Autonomie au départ c’était l’Autonomie ouvrière, c’était des luttes dans les usines, c’était pas un truc de marginaux…
Autonome, sous ton blouson noir, tu restes un travailleur !
C’est une question importante.
Je vais donner mon avis personnel (libre à chacun de le partager ou pas).
Je pense que le problème c’est que les « camarades bourgeois » dont parles CI ne sont pas des « bourgeois », mais seulement des « fils de bourgeois » (fils de patrons), ou des enfants de la classe moyenne (fils de cadres supérieurs).
Et qu’on ne peut pas juger l’appartenance de classe sur une simple question de filiation.
En réalité ces camarades ne sont pas des bourgeois, dans le sens où ce ne sont ni des patrons ni des grands actionnaires ni des hauts fonctionnaires. Ce sont juste des étudiants qui ont le privilège de pouvoir vivre des revenus de leurs parents.
En ce sens, ils doivent être considérés comme des membres de la classe moyenne, c’est-à-dire non comme des ennemis mais comme des individus occupant une position intermédiaire entre la bourgeoisie et le prolétariat.
Les membres de la classe moyenne doivent choisir leur camp : le prolétariat ou la bourgeoisie.
Ceux qui choisissent le camp du prolétariat ne doivent pas rallier le prolétariat pour en prendre la direction mais pour lutter aux côtés des prolétaires sur la base de principes égalitaires.
Et non, hélas, apparemment ce ne sont pas de simples « fils de », ni de l’étudiant, c’est du lourd. A priori on trouve entre-autres du gérant de SARL de location de terrains et bâtiments avec des centaines de kilo€ … du lourd.
De toute manière, les questions restent les mêmes. Supposons qu’un camarade soit à la tête de plusieurs centaines de milliers d’€, que pourrait-il proposer pour abolir le pouvoir que lui donne tout naturellement sa puissance de feu économique, par rapport à ses camarades rmistes, étudiants, salariés bas niveau…?
La question se pose aussi dans une moindre mesure entre camarades salariés classe moyenne et camarades pauvres qui, disons-le sans misérabilisme, régulièrement boivent la tasse dès le début du mois.
Effectivement, je crois qu’il y a beaucoup de choses intéressantes et fondamentales politiquement qui tournent autour de problématiques de classe. Mais, mon commentaire d’avant, je crois que je l’ai plus fait parce que je trouve assez étrange de se lancer des étiquettes de « bourgeois-e-s » ou de « prolo » alors qu’on est entre inconnu-e-s sur internet, et donc qu’on a peu près aucune information sur les réalités concrètes de classe des personnes avec lesquels on parle, et que du coup, ça devient un grand jeu de « je suis d’accord avec, c’est une position prolétaire, je suis pas d’accord avec, c’est un-e salopard bourgeois-e qui doit l’avoir écrit ».
Camarade comptable, tu as mal fait tes comptes :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/julien-coupat-….html
1000 euros par mois, et non pas « des centaines de milliers d’euros ».
Un vrai salaire de prolétaire.
Comment peut-on accuser quelqu’un qui vit avec 1000 euros par mois d’être un bourgeois ?
ben ca m arrive aussi de semer des tomates et poivrons et aussi des fleurs mais franchement je ne vois rien d autodestructeur a vouloir saboter « ce meilleur des mondes » dans la joie
« Comment peut-on accuser quelqu’un qui vit avec 1000 euros par mois d’être un bourgeois ? »
1000 € et à la tête d’une entreprise capitaliste de location de 6 appartements à Paris (faut aller les squatter !). C’est quoi ça à ton avis ?
C’est un rentier (et encore pas tout à fait, il fait bien son business de location). Tant mieux pour lui, tant pis pour ceux qui auront écouté « ce cercle des poètes de l’anarchie » comme les décrit l’article de l’express. Et c’est ça le CI qui menace depuis des mois toute velléité critique à son encontre ?
Je suis dépité que des camarades sans le sou et sincères se soient faits bernés depuis deux ans par des bourges manipulateurs. Tout ça pour réaliser la petite insurrection rêvée par des types qui sont à l’abri pendant qu’ils invitent les pauvres bougres de prolos à perdre leur précieux temps et à prendre des risques pour une marotte d’aristo mystique. Pouah !
Deux ans que ce CI bouffe toutes les énergies, jette la confusion et interdit les débats.
C’est bon, maintenant on peut le dégager ce CI autoritaire ou il va encore faire le malin longtemps au sein des anars et autonomes dont il n’a en réalité que faire ?
Un employé d’une agence immobilière n’est pas un patron : c’est un travailleur salarié, et donc un prolétaire qui est contraint de vendre sa force de travail pour survivre.
Ceux qui prétendent le contraire n’ont pas de conscience de classe.
Ils feraient bien de lire Marx.
Faites un effort : lisez au moins le Manifeste du Parti communiste, c’est quand même pas très long à lire…
Ce garçon n’est pas un salarié c’est le pensionné de son pere, ce qui n’en fait pas un prolétaire que je sache. Le fait qu’il en fasse un salaire poura amuser la galerie et divertir le gaucho naif…
6 quittances de loyer a faire pour palper 1000 euros, ça, c’est pas du salaire d’ouvrier!
Ca n’en fait pas non plus un bourgeois.
ben si, parce qu’il n’a pas coupé le cordon ombilical, il fait donc encore partie du cercle bourgeois de ses parents. Il y puise ses ressources et de gros avantages en nature. La condition de bourgeois de ses parents est en fait encore la sienne.
Non, c’est juste du putanat financé par des loyers.
Une question me titille:
quand il a affaire à un mauvais payeur en qualité de gerant immobilier de son pere… il fait appliquer le droit bourgeois ou il regle ça en autonome, a coup d’expulsion autogérée?
@Baliverne, tu exagères, non ?
Pour être du putanat, il faudrait que lui et ses parents soient conscients du rapport marchand, du deal. Qu’ils échangent leur argent contre l’affection de leur fils. Or, à priori c’est moins un rapport marchand pur qu’il entretient avec ses parents qu’une adhésion, affective ou morale, à la communauté familiale qui lui apporte son lot d’agréments et de facilités (logements, thune…). Ce qui n’enlève pas le caractère aliéné de la dépendance aux parents ceci dit. Je suppose, que même si ses parents n’avaient pas d’argent, il continuerait à avoir une relation filiale, contrairement au putanat où « pas d’argent ! pas de rapports ! ».
C’est du putanat parce qu’il transige sur ses principes et les leçons qu’il donne;
Donc il maintient ses liens bourgeois d’argennt en se faisant passer pour ce qu’il n’est pas.
Ce n’est en effet pas une pute de troittoir mais plutot une demi mondaine qui fait des efforts pour en paraitre une autre.
C’est l’idéologie propagée par le CI, et peu importe alors si c’est avec la rente immobilière, la réappropriation prolétarienne, les subsides familiaux, la survie au RMI ou l’auto-exploitation dans la micro entreprise.
Ce qui est bourgeois c’est d’exalter le refus de l’ennui (vacuité de la vie bourgeoise, capitaliste), qui conditionne effectivement pour une bonne part une révolte fondatrice, pour prôner une aristocratique intensification de la vie qui mettra toujours en avant la beauté du conflit pour le conflit, et » la violence » comme vérification pratique du degré de rupture avec l’ordre social, sans jamais se référer, non pas aux critères de ce sociologisme débile qui a cours ici et ailleurs lorsqu’en mal de repères efficaces on croit les trouver dans une logique d’assignation au rôle et au statut, mais à une lecture des rapports sociaux : l’oppression sociale n’est pas secondaire mais centrale.
Ce qui est bourgeois, c’est de croire que la répression est la clé « du pouvoir » (cf : »les prisons seront l’université de l’insurrection »). Le capital ne dispose pas de sa théorie et doit répondre à ce qui s’oppose à lui. L’insurrectionnalisme est dans la même fuite en avant. Essayant de proposer une perspective à d’innombrables vaincus des luttes, il croit pouvoir le faire en se plaçant « au-delà des luttes ». On conchie les revendications (morale d’esclave !), on dit « mort à la démocratie » sans plus vouloir jamais envisager qu’avec la quantité, le nombre, vient une qualité, une profondeur effective, et non pas imaginaire. En abandonnant toute perspective égalitaire qui ne soit pas bornée à des cercles d’égaux toujours plus sélectifs.
On confond la puissance-construction avec la toute-puissance que l’on s’attribue à coups d’énoncés élitistes. Face à cela, il ne s’agit pas de refuser la pensée, et sa sophistication éventuelle, mais bien d’opposer à l’élitisme politique (un pli que l’IS et d’autres avant-gardes ont induit ici chez tant de révoltés, une plaie) de ces « heideggériens de gauche » et de ces « anarchistes individualistes » une activité politique conséquente, nécessairement égalitaire, collective, matérialiste.
Le matérialisme des états d’âme, l’usurpation de l’analyse existentielle opérée par le Comité invisible veut nous convertir à un communisme…. sans mouvement réel. Quelle belle économie d’énergie, d’investissement ! On retrouve là le rentier qui vient prélever la richesse (notre refus, les luttes, nos échecs) pour en vivre.
Bégaiement blanquiste : croire qu’un groupe décidé peut déclencher l’insurrection… c’est au plus un ticket pour la prison et la gloire (on sait combien compte la gloire pour des adeptes de l’héroïsme). On a suffisamment vérifié que les insurections sont des événements, une coupure de l’histoire qui ne procède pas de la volonté. En Russie, aussi décidés qu’aient été les populistes ou les bolchéviks, ils ont eu à suivre les insurrections (en 1905, l’invention des conseils ouvriers surprend et déstabilise toutes les conceptions politiques existantes, c’est Trotsky, eh oui, qui convaincra Lénine que cette critique en actes de la centralité du parti ne peut être niée mais fournit au contraire un modèle de démocratie de masse, un modèle de dictature ouvrière, évitons d’ailleurs en lisant des mots qui fâchent de tout confondre et d’amalgamer tous les moments révolutionnaires, et les diverses périodes de la révolution russe : guerre civile, bureaucratisation, industrialisation socialiste).
Quoi de plus aimables que les carottes ? Il y aurait là comme un base possible pour du commun. Mais cela ne modifie pas ce qui est fondamentalement bourgeois dans ces positions politiques : elles repoussent vers la vie privée ceux qui se refusent à satisfaire aux critères qui définissent cette politique héroïque et élitaire. On coupe alors de leur politicité des individus toujours plus assujettis à l’individualisation néolibérale.
Il faut quand même conclure, c’est à dire sortir de ce monde enchanté régi par un rapport spéculaire à l’État (nous sommes réprimés donc révolutionnaires). Crise capitaliste, crise des représentations politiques, conflictualité sociale, le C.I va vraisemblablement s’avérer un épiphénomène passager dans la recherche et l’invention de formes d’autonomie.