Appel interprofessionnel de l’assemblée générale de Rennes II en 10 points

Depuis plusieurs semaines en Guadeloupe et maintenant en Martinique, une grève générale s’est construite sur le refus de « l’exploitation outrancière ». Il s’agit d’une réponse populaire à l’offensive capitaliste menée sous le prétexte commode de la nouvelle crise. Crise qui vient indûment justifier les centaines de milliards versées aux banques et aux plus riches (par le « bouclier fiscal » notamment) au détriment des pauvres et du plus grand nombre.
En métropole, une journée d’action interprofessionnelle a réuni le 29 janvier 2 à 3 millions de personnes démontrant qu’il existait dans la population un refus réel et diffus de payer les effets de la logique meurtrière du capitalisme.
Néanmoins, cette journée a aussi fait état du manque de combativité des grandes structures syndicales, lesquelles s’interdisent d’aller au-delà du principe d’une journée d’action tous les trois ou six mois ou encore s’engagent dans des luttes sectorielles sans réelle volonté de les étendre à d’autres secteurs. Chacun sait pourtant que cette stratégie n’a aucune chance de réussir
.
Si nous nous ne donnons pas les moyens d’ouvrir des espaces de luttes autonomes des directions syndicales, l’attente considérable traversant tous les « secteurs », les composantes de la société risque d’être déçue, et de conduire au découragement et à une résignation durable. A notre sens, face à la barbarie capitaliste dont le gouvernement Sarkozy est le nom et dans la situation de passivité des confédérations syndicales, il ne suffira pas de s’en tenir aux réflexes d’organisation en corps de métier mais il est nécessaire de construire dès à présent des formes de liaison, de décloisonnement des identités socio-professionnelles (qui sont autant de fausses divisions) entre tous ceux qui veulent se donner les moyens de lutter contre cette politique.

Pour ce faire, nous proposons d’aller à la rencontre des salariés, des chômeurs, des paysans, des jeunes scolarisés, en lutte ou potentiellement en lutte, et avec eux d’organiser des assemblées générales, des actions communes (par exemple des actions de blocage économique) et d’élaborer des revendications qui puissent être portées en commun. Nous insistons sur le fait que ces démarches doivent, selon nous, être ouvertes à tous (syndiqués ou non) et égalitaires. Faisant exister par là une autre idée de la démocratie que celle qui voudrait l’assimiler au maintien de l’ordre public et à la pérennité du pouvoir des riches et des propriétaires : celle de la compétence égale de tous et de chacun à décider du cours des choses.
Nous avons commencé à concevoir des revendications sur 10 thèmes, nous soulignons qu’elles n’ont de valeur qu’indicatives. A chaque rencontre elles peuvent et doivent faire l’objet d’une refonte. L’ordre d’apparition des thèmes ne définissant aucune hiérarchie d’importance.

Point 0. « Casse-toi, pauvre-con ! » Démission de Sarkozy

1. Salaires et emplois
Interdiction des licenciements
Réaffirmation et baisse de la durée légale et maximale du travail à 32h hebdomadaire
Augmentation de 500 euros du smic et indexation sur les prix. Pas de salaire au dessus de 3 x le smic
37,5 années de cotisations pour tous
Egalité des salaires et des conditions de travail entre hommes et femmes
Fin du travail précaire et du temps partiel subi
2. Sans-papiers
Régularisation de tous les sans-papiers vivant en France et qui en font la demande
Arrêt des rafles. Fermeture des Centres de Rétention Administrative
Liberté de circulation et d’installation

3. Chômeurs
Arrêt de la mise au travail forcé des chômeurs (fin des radiations, des sanctions, du suivi mensuel obligatoire)
Abandon du Revenu de Solidarité Active
Un revenu inconditionnel pour toute personne sans emploi à partir de 18 ans

4. Ecologie
Plan de démantèlement des centrales nucléaires et des lignes THT
Interdiction du brevetage du vivant (OGM, cellules souches…)
Réorganisation de l’industrie selon des impératifs environnmentaux sous le contrôle des travailleurs et de la population locale.
Autonomie alimentaire locale à partir du développement de l’agriculture paysanne.

5. Logement
Réquisition des logements vides pour les sans-logis
Baisse unilatérale des loyers
Construction de logements sociaux

6. Education
Enseignement gratuit, laic et ouvert à tous
Refus de l’évaluation et de la professionnalisation
Soutien matériel et financier aux écoles des langues minoritaires (Diwan, etc)

7. Transports
Gratuité des transports en commun
Abandon des grands projets (aéroports, ligne à grande vitesse, etc)
Développement des réseaux de transports locaux (Ter, bus, etc)

8. Justice et police
Abolitions des lois sécuritaires et anti-terroristes
Dissolution des Brigades Anti-Criminalité et des ERIS
Interdiction de l’usage des flashs-ball et tasers pour toutes les polices.
Libération de tous les prisonniers politiques

9. Anti-impérialisme
Retrait des troupes françaises du Liban, d’Afrique, d’Irak et d’Afghanistan
Droit à l’autodétermination des peuples sous domination française
Réduction drastique des dépenses militaires
Maintien de la France hors de l’OTAN

10. Santé
Gratuité totale des soins médicaux
Dissolution des Agences Régionales Hospitalières
Extension du service public à l’ensemble des acteurs de la santé
Indépendance des hopitaux, de la recherche médicale vis à vis des laboratoires pharmaceutiques

Voté par l’Assemblée générale de Rennes II-Villejean,
en grève avec blocage de l’université,
le 9 février 2009