Temoignage du cra de vincennes
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionResistances
Vincennes camp d’enfermement pour sans-papiers
dimanche 1er
février 2009
Nous appelons au centre de rétention, au lendemain du rassemblement
nocturne. Nous les informons de ce qu’il s’est passé à la suite de ce
rassemblement, les 4 arrestations puis la vingtaine qui a suivi à gare
de Lyon, et que finalement tout le monde semble avoir été libérés.
L’Etat semble vouloir nous faire réfléchir à 10 fois avant d’y retourner.
Dans la conversation nous apprenons aussi que le mineur d’avant-hier a
été déclaré majeur par les autorités médicales.
« Ici c’est toujours le même rythme, et c’est l’obligation de manger
comme des animaux. La guerre est déclarée depuis hier soir. Il y a eu
trois bagarres, deux hier soir et une ce matin. Il y a eu une bagarre
entre nous à cause du manger et après avec les flics. La bouffe n’est
pas bien. Il y a eu la sirène car quelqu’un fumait. Les flics nous
empêchent de fumer dans les couloirs alors que dehors il fait trop
froid, les regards de travers de la police nous provoquent, ils nous
empêchent le soir de discuter dans les couloirs. Hier soir ils voulaient
qu’on dorme mais les jeunes voulaient rester ensemble et parler, ça a
énervé les policiers. Il y a un problème avec la date de la bouffe, hier
on mange la date du 31, ce matin, la date du premier. Moi j’ai pas mangé
ce matin. C’est tout le temps des produits datés du dernier jour, on
mange rien ou on donne aux Chinois, eux ils mangent tout »
« Pendant votre manifestation, on vous entendait, on est sorti dehors
dans la cour, on a crié Liberté Liberté, Vous nous avez entendu ? La
police est monté nous voir, ils sont sortis de leur niche, ils ont fait
un tour autour de nous. On a essayé de faire des choses mais ils nous
ont encerclés, c’est pas facile pour nous, on est entre 4 murs au milieu
des policiers et il faisait très froid, il y a des caméras partout. On
ne vous voyait pas, et on risque l’isolement. On était super content, ça
fait chaud au cœur de voir qu’il y a des gens qui pensent à nous dehors. »
« Avec le juge des libertés, c’est toujours la même chose. On a trouvé
une blague on l’appelle « Bonjour – quinze jours », ils ne savent dire
que ça « bonjour, quinze jours », on a pas le temps de s’expliquer on
est recollé tout de suite en détention. Cela fait 20 ans que je suis en
France j’ai une femme, une petite fille de 7 ans et ma femme est
enceinte. Le juge il s’en fout. Je suis tombée sur la juge qui est
probablement alsacienne, elle est raciste. Je me suis fais contrôlé
bêtement en voiture je suis tombé sur des flics cons, excusez moi de
dire ça, pour une histoire de permis algérien, ils m’ont embarqué, mis
en garde à vue j’ai eu très froid sans couverture et maintenant ça fait
29 jours que je suis là.
On a fait une grève de la faim de deux jours, on a des doutes sur le
côté Hallal de la bouffe, ça n’a pas marché, on a arrêté et les leaders
sont toujours mis de côté. De toutes façons, les grèves de la faim ça ne
marchent pas, j’en ai déjà fait une ailleurs dans un autre centre. On a
aussi fait une pétition remise à la Cimade, il y a quinze jours sur la
bouffe sur la gélatine de porc dans les yaourts ou les féculents qui ne
sont pas assez cuits, ici, quand tu arrives les gars perdent 3-4 kilos
en 5 jours. On a réclamé aussi une tondeuse pour les cheveux, c’est une
question d’hygiène aussi. Le capitaine nous a dit qu’il n’y avait pas de
problème mais on a toujours pas de nouvelle de la tondeuse, ça fait 15
jours. A la cimade il y a une fille compétente et un Monsieur qui vient
d’Alsace, il nous aide beaucoup moralement.
fermeturetention@yahoo.fr
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