Dans la langue vernaculaire du Congo Brazzaville on parlera de friser la syncope, en France, on dira plutôt être tout près de « tomber dans les pommes ».

Une nouvelle audience est prévue le vendredi 5 décembre au Tribunal administratif de Nantes à 14 Heures.

A l’issue de l’audience du 14 novembre qui a vu l’annulation de l’OQTF, le Préfet de la Sarthe leur a délivré un titre provisoire de séjour. Ils sont convoqués le 8 décembre prochain pour venir retirer leur Carte de Séjour Temporaire.

Bénédict Diagambana est en France depuis 2001, sa compagne, Isbealisme Nkoumbou, a demandé l’asile en 2003. Bénédict et Isbealisme avaient fui le Congo-Brazzaville. Ils ont deux enfants nés en France, âgés de 8 mois et 2 ans. Ils résident à Sablé, dans la Sarthe. Ils ont déjà connu, à leur âge, les délices du centre de rétention de Saint-Jacques de la Lande.

ça compte pas pour des prunes, mais des pommes… « escroquerie par usurpation d’identité » !

Mais Mr. Diagambana a été contrôlé positif après une cueillette de pommes.

Mr. Diagambana a objectivement emprunté l’identité d’un de ses proches pour travailler pendant 15 jours, après que les deux parents avaient perdu titre de séjour et moyens de subsistance. Une annonce sur l’Internet, un employeur qui demande une photocopie de titre de séjour. Benedict emprunte celle d’un membre de sa famille et travaille pendant deux semaines à la cueillette. Un contrôle inopommé de l’inspection du travail et voilà la famille frappée d’une OQTF (4 septembre).

L’un et l’autre parents ont eu depuis des années des titres de séjour, Isbealisme, pour raison de santé. Mais, dans son dernier avis, du 28 mai dernier, le médecin inspecteur de la DDASS a décidé d’en changer. Retournement et renversement de situation. Isbealisme a eu deux enfants, le contrôle des naissances n’est pas officiellement établi en France pour les étrangers, mais deux enfants, c’était déjà formidable. Alors, de là à imaginer un troisième mangeur de pomme dans la famille, c’en était trop, le préfet a préféré refuser le renouvellement des titres de séjour des deux parents.

M. Diagambana a travaillé régulièrement jusqu’en août 2008. Cette famille a un appartement et cotise à des comptes « épargne assurance vie » pour ses enfants. M. Diagambana a suivi un stage de soudure au GRETA en 2006, obtenu sa qualification et une succession de contrats, en CDD et un CDI. Mme Nkoumbou travaillait en CDD lorsqu’elle trouvait du travail. Cette famille était donc parfaitement intégrée et autonome. Vendredi prochain, leur avocat tentera de plaider que la perte de leurs titres de séjour, qui il est difficile de dissocier de la politique des quotas et de ses dérives, est à l’origine du dénuement dans lequel le couple s’est trouvé brutalement, et qu’au lieu d’incriminer ce comportement répréhensible de l’utilisation des papiers d’un autre, on pourra tout autant faire valoir le préjudice subi du fait de la non prolongation de leurs titres qui engendrait pour eux l’impossibilité de continuer à travailler normalement et à subvenir à leurs besoins. Sachant que depuis la médiatisation de leur interpellation musclée, la banque a appelé Benedict pour le prévenir que dorénavant toute autorisation de découvert leur était retirée… ou comment l’on fragilise une famille, sans aucun bénéfice pour la société ! Juste pour déstabiliser un peu plus les uns et les autres.

Pour cette famille, comme pour la famille d’Hélène Gombi, qui comparaissait en urgence ce même 14 novembre, – ces deux audiences ayant été saluées par cette belle chute d’un article de Ouest-France, daté du 15, «le Préfet a été désavoué deux fois ce vendredi. » et qui, elle, comparaîtra le 19 décembre prochain, nous demandons que la raison l’emporte sur la logique du chiffre et des quotas d’expulsion.

Pour Le Collectif Enfants étrangers, Citoyens solidaires – RESF Loire-Atlantique (44) et le Collectif Réseau Education Sans Frontière – RESF Sarthe (72)